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04/14/2013 Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125
Gré Brouwenstijn (soprano), Ira Malaniuk (alto), Wolfgang Windgassen (ténor), Ludwig Weber (basse), Chor der Bayreuther Festspiele, Wilhelm Pitz (chef de chœur), Orchester der Bayreuther Festspiele, Wilhelm Furtwängler (direction)
Enregistré en public au Festspielhaus de Bayreuth (9 août 1954) – 75’11
Orfeo C 851 121 B – Notice bilingue (allemand et allemand) de Klaus Schultz
Relativisons d’emblée l’intérêt de cette nouvelle version de la Neuvième de Ludwig van Beethoven (1770-1827) par Wilhelm Furtwängler (1886-1954).
Tout d’abord, et même si nous bénéficions là d’une restauration officielle de ce concert donné le 9 août 1954, celui-ci n’est pas totalement inédit puisque la bande circulait déjà sous l’étiquette Refrain, un autre disque paru sous la même étiquette associant au concert la répétition des troisième et quatrième mouvements de la symphonie. On consultera à cet égard la discographie exhaustive du grand chef allemand établie par Gérard Gefen aussi bien dans son livre Furtwängler, une biographie par le disque (Belfond, janvier 1986, p. 113) que dans son ouvrage plus récent Wilhelm Furtwängler, la puissance et la gloire (L’Archipel, novembre 2001, p. 197). Ensuite, lorsqu’on pense à Furtwängler dirigeant une Neuvième à Bayreuth, c’est bien évidemment au mythique concert du 29 juillet 1951 que l’on fait référence, dont les qualités d’enregistrement (et de restauration de la bande) et strictement musicales sont supérieures au présent disque. Pour autant, songeons qu’il s’agit là tout de même de la dernière version connue de la Neuvième avant la mort de Furtwängler, qui surviendra le 30 novembre, celui-ci ne devant plus la diriger qu’à deux reprises, au Festival de Lucerne les 22 et 23 août.
Les qualités, d’aucuns diront les travers, de Furtwängler sont là, sans aucun doute. Tout d’abord, une lenteur impressionnante (plus de 18 minutes pour le premier mouvement notamment), mais guère différente de certaines autres versions, dont celle de 1951 (qui ne fait que trente secondes de moins que celle-ci), qui distille une grandeur exceptionnelle. Le troisième mouvement (Adagio e molto cantabile) est à cet égard une véritable démonstration: on perçoit là une sorte d’apaisement, voire d’abandon, assez similaire d’ailleurs à ce que l’on peut entendre dans les derniers disques de Karajan ou de Giulini, lorsque ces immenses chefs savaient que leur vie était derrière eux et que l’avenir devait être appréhendé avec toute la sérénité possible. Furtwängler impose à l’orchestre une très grande tenue que l’on perçoit immédiatement, en dépit de la qualité globalement médiocre du son qui, en plus d’une occasion, sature (notamment lors des tutti, comme ce début du quatrième mouvement ou lors des interventions des timbales). Sinon médiocre, le mot serait ici trop fort, l’Orchestre du Festival de Bayreuth n’est pas irréprochable, comme ces cors bien faux dans le troisième mouvement (à partir de 15’42) ou ces trompettes dont la netteté du trait est plus que perfectible au début du quatrième (à 3’12). Le quatuor de solistes bénéficie essentiellement des deux voix masculines, le chant de la soprano et de la mezzo souffrant pour sa part d’une prise de son extrêmement défavorable et d’un discours trop haché. Les Chœurs du Festival, préparés par l’inamovible Wilhelm Pitz, sont, en revanche, excellents et insufflent une vraie ferveur à la représentation qui s’achève dans un accelerando tout à fait étonnant.
En dépit de qualités indéniables, ce disque doit donc avant tout être réservé aux fans de Furtwängler qui bénéficient ici du report officiel d’une dixième version discographique de la Neuvième par – c’est incontestable – un de ses plus grands interprètes.
Le site de la Société Furtwängler (discographie exhaustive)
Sébastien Gauthier
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