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03/30/2013
Robert Schumann : Les quatre Symphonies
Schumann at Pier2

Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi (direction), Christian Berger (réalisation)
Enregistré en public à Brême (2011) – 271’38
Coffret de trois DVD C Major 711908 (ou un Blu-Ray 712004) – Format 16:9/NTSC – Region code: 0 – PCM Stereo DTS 5.1





Le parti pris est aussi sympathique que vain: considérant que le grand public serait intimidé par la musique «classique» et rebuté par le rituel du concert, il suffit de le déplacer dans une salle d’ordinaire dévolue au rap et au rock, au cœur d’une sorte de friche industrielle, et de le filmer comme une émission télévisée, avec force caméras sur rails ou bras articulés, adoptant volontiers des angles inattendus et tournant autour des musiciens, qui n’ont quant à eux nullement renoncé à leur frac traditionnel. Dans ce hangar reconverti en sorte de lounge bobo aux éclairages bleutés ou verdâtres, aux murs de brique habillés en fond de scène par un écran incurvé sur lequel sont projetées des lumières dont la couleur change d’une œuvre à l’autre, l’assistance est alignée de plain-pied face à l’orchestre, avec, pour faire bonne mesure, bien en évidence sur les deux premiers rangs, quelques djeuns assis sur six canapés et dix poufs entourés de lampadaires.


Consensuelle et modasse en diable, l’entreprise apparaît cependant trop naïve pour ne pas être quand même un peu roublarde: s’il suffisait de cela pour vulgariser la «grande musique»... Dans ce Pier2 à l’acoustique assez sèche, Paavo Järvi et l’excellente Philharmonie de chambre allemande de Brême, dont il est le directeur musical depuis 2004, ne surprennent guère, dans la lignée de leur Beethoven chez RCA (voir ici et ici), où les trois premières Symphonies de Schumann sont d’ailleurs déjà parues. Sans pour autant que l’on perde en puissance, l’effectif est délibérément restreint (quarante cordes), offrant des échappées chambristes et des textures faisant mentir la réputation d’épaisseur de l’orchestre schumannien, qui retrouve un mordant et une transparence bienvenus. Cette approche, qui n’est pas si nouvelle que cela, si l’on songe par exemple à Paray ou à Szell, réussit particulièrement à la Première «Le Printemps», juvénile, allégée, presque mendelssohnienne, et à la Troisième «Rhénane», enthousiaste, frémissante et ardente, comme avec l’Orchestre de Paris en juin 2011.


Le chef aime visiblement ces partitions, dont il joue toutes les reprises, mais si son énergie reste tout aussi communicative, sa manière d’en souligner systématiquement les excès et changements d’atmosphère, au prétexte du caractère «névrotique» du compositeur mais au détriment de la continuité et de la cohérence, finit par devenir agaçante et nuire aux symphonies paires, quand il ne cède pas à la tentation d’une virtuosité trop démonstrative (coda du Scherzo de la Deuxième, coda de la Quatrième). En bonus, Brême - Un portrait de la Philharmonie de chambre n’est qu’une plaquette publicitaire de quelques minutes (en version anglaise et allemande) filant la métaphore entre la ville-Etat et son orchestre.


Schumann at Pier2 occupe tout le troisième (et dernier) DVD de ce coffret et lui donne son titre. Dans la notice (en anglais, allemand et français), Christian Berger, qui signe également la réalisation des deux premiers DVD, indique avoir conçu ce concert film de plus d’une heure et demie comme «un film sur la musique classique pour des personnes qui ne s’intéresseraient pas nécessairement à ce sujet». Rebelote: après la délocalisation, voici donc la pédagogie. Le résultat est d’une affligeante vacuité, que n’améliore pas la version française du sous-titrage (par ailleurs en anglais, allemand, espagnol, coréen et chinois), «concertmaster» devant «maître de concert». Après un commentaire lu en américain où l’on apprendra notamment, après avoir subi un nouveau dépliant publicitaire sur la salle et l’orchestre, que «Schumann est le plus célèbre compositeur de son époque», c’est un survol flou et paresseux de chacune des Symphonies, exemples et entretiens (avec le chef et quelques musiciens) à l’appui, entrecoupés de quelques extraits des répétitions et de longues citations des concerts. Järvi enfonce les portes ouvertes («D’après tout ce que pouvons savoir et lire sur lui, Schumann était un romantique, un grand romantique») et, comme certains de ses solistes, livre sa conception très personnelle de certains passages de ces Symphonies. Quand on pense que la série «Presto» de Pierre Charvet et François-Xavier Roth (voir ici), dans une esthétique assez voisine et malgré une finalité vulgarisatrice encore plus large, en dit davantage et de bien meilleure manière en 2 minutes seulement.. Inutile de dire, dès lors, que les près de 20 minutes du making of de ce film (en anglais non sous-titré) s’imposent encore moins, à base de montage d’images des coulisses et de considérations louangeuses de toutes les parties prenantes du film sur le chef, l’orchestre, le lieu, le décor, le graphisme, ...


Simon Corley

 

 

 

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