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12/28/2011 Felix Mendelssohn : Oedipus in Kolonos Angela Winkler (Antigone), Joachim Kuntzsch (Oedipus), Kammerchor Stuttgart, Klassiche Philharmonie Stuttgart, Frieder Bernius (direction)
Enregistré à la Liederhalle de Stuttgart (septembre 2004) – 63’
CD Carus 83.225 (distribué par DistrArt)
Né dans un milieu familial cultivé, Mendelssohn a bénéficié tôt d’une éducation littéraire approfondie incluant une véritable familiarité avec l’antiquité grecque et sa langue, qui faillit se concrétiser précocement par un projet d’opéra de jeunesse d’après Aristophane. Mais ce fut plus tard le roi Frédéric-Guillaume IV, féru de culture classique, qui suggéra à Mendelssohn de s’intéresser plus sérieusement aux tragiques grecs. Des projets musicaux aux intentions archéologiques bien en phase avec les préoccupations architecturales de la capitale prussienne de l’époque, pour lesquels Mendelssohn décida cependant après mûre réflexion d’en rester à la spontanéité de son langage musical naturel, essentiellement romantique, à peine bridé par le sérieux des sujets abordés, en renonçant à tout archaïsme.
En pleine hellénomanie ambiante ces musiques destinées à accompagner une représentation théâtrale détonent par leur caractère très germanique et mélodique, qui fait souvent l’impasse sur l’aspect déclamatoire que l’on associerait spontanément à la tragédie grecque. Il ne reste qu’à apprécier dans cet Œdipe la beauté intrinsèque d’interpolations chorales (dont le splendide N°3, "Zur rossprangenden Flur, o Freund") qui paraissent plaquées sur un texte ancien, traduction allemande dont les aspérités peuvent rebuter, surtout quand elles sont comme ici débitées par des acteurs certes très en vue (dont la célèbre Angela Winkler) mais dont les qualités de déclamation classique (le problème est d’ailleurs le même en France aujourd’hui) paraissent discutables. Au crédit de cette nouvelle parution on inscrira donc surtout la beauté d’une série de magnifiques chœurs d’hommes que Frieder Bernius dirige avec sa sensibilité et sa souplesse coutumières. Cet enregistrement s’impose grâce à cette élégance chorale, la partie déclamée paraissant en revanche plus convaincante (et aussi d’une longueur plus modeste, mieux adaptée à l’écoute au disque) dans l’ancien enregistrement de Stefan Soltesz publié par Capriccio.
Laurent Barthel
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