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12/15/2011
Johannes Brahms : Variations sur un thème de Paganini, opus 35 – Variations sur un thème original, opus 21 n° 1 – Variations sur un thème de Schumann, opus 9

Ali Hirèche (piano)
Enregistré à Paris (septembre 2008) – 57’39
Intégral INT 221.337 (distribué par Intégral)





Johannes Brahms : Rhapsodies, opus 79 – Intermezzi, opus 117 – Klavierstücke, opus 118 et opus 119 – Intermezzo, opus 116 n° 6
Jonas Vitaud (piano)
Enregistré à Paris (25-28 février 2009) – 76’51
Orchid Classics ORC100020 (distribué par Codaex)





Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haendel, opus 24 – Valses, opus 39 – Rhapsodies, opus 79
Ragna Schirmer (piano)
Enregistré à Halle (27 juillet-4 août 2010) – 64’36
Berlin Classics 0016652BC (distribué par Intégral)





Johannes Brahms : Variations sur un thème original, opus 21 n° 1 – Klavierstücke, opus 79 – Rhapsodies, opus 79 – Intermezzi, opus 117
Adam Laloum (piano)
Enregistré à Villefavard (2-5 novembre 2010) –
Mirare MIR 131 (distribué par Harmonia mundi)





Quatre pianistes – une Allemande et trois Français –, quatre jeunes pianistes – ils ont entre vingt-quatre et trente-huit ans: ils viennent chacun de consacrer une publication à Brahms. La confrontation se situe d’abord quant à leurs programmes respectifs: aucun ne s’est intéressé à l’une des trois redoutables Sonates, la diversité du choix de Ragna Schirmer (née en 1972) contraste aussi bien avec le «tout variations» d’Ali Hirèche (né en 1976) qu’avec le «(presque) tout Klavierstücke» de Jonas Vitaud (né en 1980) et d’Adam Laloum (né en 1987).


L’Allemande, qui s’impose au fil des années comme l’égérie pianistique de Berlin Classics dans les répertoires les plus variés, de Bach à Corigliano en passant par Mendelssohn et Chopin, déçoit franchement: à l’image de son Schumann, où «Eusebius se fai[sai]t trop discret», son Brahms, certes solide, reste toutefois désespérément sage et sérieux, non exempt de dureté et de raideur, mais dépourvu de charme et de poésie. Les Variations sur un thème de Haendel (1861) ne quittent pas un registre assez académique tandis que le goût sucré et l’approche anecdotique de certaines des seize Valses de l’Opus 39 (1865) – généralement jouées à quatre mains – trouvent sans doute leur explication dans la notice (en allemand et en anglais) où, avant une présentation de Stefan Weymar, la pianiste expose ce qu’elle a retenu de la lecture des souvenirs de Joseph Victor Widmann sur le compositeur: «il avait toujours quelques bonbons dans sa poche afin de faire plaisir aux enfants qu’il rencontrerait» et il s’arrêta un jour «de composer jusqu’à ce qu’il ait retrouvé un chien qui s’était enfui».


Nettement plus engagée dans les deux Rhapsodies de l’Opus 79 (1879), elle le cède cependant, dans ce même diptyque, à ses deux rivaux. Jonas Vitaud fait admirer un jeu varié, jamais pesant, un phrasé chantant et un parfait sens de la respiration, tout en allant sans cesse de l’avant. Sans doute mieux servi par la prise de son, le piano d’Adam Laloum est encore plus soigné, au point de paraître un tantinet apprêté et précautionneux, mais aussi plus lent et, bien qu’on entende quelque souffle et grognements, témoigne de plus de hauteur que de fougue.


Un deuxième point de comparaison, les assez rares Variations sur un thème original (1857), fait entrer en lice le dernier compétiteur, Ali Hirèche (né en 1976), qui a la tâche difficile de lutter contre la profondeur et la poésie de Laloum: sensiblement plus rapide, toucher plus sec, réalisation instrumentale moins somptueuse, il ne démérite cependant pas et fait preuve d’une vraie sensibilité, qui se retrouve également dans les belles et inexplicablement négligées Variations sur un thème de Schumann (1854). Les deux périlleux cahiers de Variations sur un thème de Paganini (1863) bénéficient d’un interprète dont la technique n’est jamais prise en défaut, mais si certains numéros sont indéniablement réussis et captivants, d’autres manquent un peu de caractère, de cette part diabolique que doit faire peser l’ombre du violoniste virtuose. La notice (en français et en anglais) est intéressante et originale, même s’il faut regretter de fâcheuses approximations («Malher») et un commentaire tout à fait déplacé du disque, dont le caractère inutilement dithyrambique finit par devenir gênant pour l’artiste.


Grâce à un généreux minutage, l’enregistrement de Vitaud, agrémenté d’une notice (en anglais et en français) courte mais personnelle et pertinente de Christophe Ghristi (qui oublie toutefois les onze Chorals pour orgue dans son énumération des ultimes pages de Brahms), peut offrir trois des quatre recueils tardifs – outre les trois Intermezzi de l’Opus 117 (1892), les Klavierstücke des Opus 118 et Opus 119 (1893) – et même, comme un bis, un Intermezzo tiré des sept Fantaisies de l’Opus 116 (1892), qui apporte une splendide conclusion à son travail. Cultivant une retenue, une simplicité de ton, une fluidité, il n’en rajoute pas dans le terrible Andante largo et mesto de l’Opus 118, mais n’émascule pas pour autant les pièces plus viriles et vaillantes – Ballade de l’Opus 118, Rhapsodie de l’Opus 119.


Dans l’Opus 117, Laloum se retrouve de nouveau face à Vitaud pour un dialogue de très haut niveau: la différence d’approche se confirme, plus «française» chez le second, avec son constant souci de clarté, à laquelle on pourra préférer les... clairs-obscurs du premier, sans doute plus conformes à une certaine tradition brahmsienne. Pour le reste, Laloum, dont le récital est accompagné d’une notice complète (en français et en anglais) de Rodolphe Bruneau-Boulmier, donne les huit Klavierstücke de l’Opus 76 (1878), avec une délicatesse, une subtilité et une richesse de couleurs qui forcent l’admiration.


Peu de temps après la magnifique réussite de Philippe Cassard (Accord), Laloum et Vitaud, dans des optiques différentes, ne peuvent être départagés, et Hirèche n’est pas loin derrière eux.


Le site de Ragna Schirmer
Le site d’Ali Hirèche
Le site de Jonas Vitaud


Simon Corley

 

 

 

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