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06/01/1999
Pas de musique sans amour, souvenirs Josef Krips
Editions Saint Augustin, 1999, 585 pages, 285 F

"A mon avis, Krips fut le chef le plus sous-estimé de sa génération. Un bon nombre d'autres manieurs de la baguette pouvaient atteindre un même degré de précision, Szell, Reiner et consorts, mais Krips avait quelque chose de plus". Ainsi s'exprimait Glenn Gould à la fin de sa vie dans un livre d'entretiens (Glenn Gould, le dernier des puritains de Bruno Monsaingeon) et dont un passage est repris dans ce volumineux livre de souvenirs (page 279). Catalogué trop exclusivement, mais justement, "chef mozartien", Josef Krips (1902-1974) n'est encore présent dans les bacs des disquaires qu'au rayon de son compositeur de prédilection. Pourtant ce magicien de la direction d'orchestre, doté d'une finesse d'articulation et d'une souplesse des phrasés souveraines, brille également dans Beethoven, Brahms, Bruckner, Mahler, Strauss (Johann et Richard) ainsi que dans l'opéra italien. Sa discographie, reprise en fin d'ouvrage, le montre plus polyvalent mais seuls ses Mozart restent régulièrement édités. Les éditeurs ambitieux possèdent une occasion historique de réaliser un travail de redécouverte essentiel, et même de découverte tout court puisque nombre d'enregistrements n'ont encore jamais été publiés (la liste figure également dans les annexes). On se délecte d'avance d'entendre des inédits absolus comme les Symphonies n° 7, 8 et 9 de Bruckner (avec les philharmonies de Vienne et New York), le Concerto pour violon de Brahms avec, au choix, Oïstrakh, Stern ou Francescatti (!), les Symphonies n° 1, 2, 4 et 8 de Mahler, la Symphonie n° 7 de Sibelius, Simon Boccanegra au Staatsoper de Vienne avec Eberhard Wächter, Gundula Janowitz et Nicolai Ghiaurov, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg à Bayreuth en 1961 avec Josef Greindl, Theo Adam, Wolfgang Windgassen, Elisabeth Grümmer, etc. Il y a même des inédits chez Mozart... Cette somme incontournable réunissant tous les témoignages existant (bandes, interviews, lettres), publié en allemand en 1994 et maintenant en français, permettra assurément de réévaluer cette personnalité captivante. Aux éditeurs de disques de prendre la suite !


Philippe Herlin

 

 

 

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