Back
12/23/2009 Les relations franco-allemandes et la musique à programme Damien Ehrhardt
Symétrie – 163 pages, 30 euros
Dans cet ouvrage au sujet particulièrement pointu, Damien Ehrhardt étudie le développement de la musique instrumentale à programme (poème symphonique, drame musical et symphonie à programme) en France et en Allemagne, se concentrant principalement sur la période allant de la fin de la guerre franco-prussienne au début de la Première Guerre mondiale, et montre qu’il résulte d’un transfert culturel complexe entre ces deux pays, un paradoxe à l’heure d’un nationalisme croissant.
Des œuvres pourtant à forte identité nationale naissent d’échanges permanents, mais intensément variables, entre deux écoles, la Société nationale de musique à Paris et la Neudeutsche Schule à Weimar, où Liszt « a forgé le poème symphonique ». L’auteur indique d’emblée que cette dernière compte parmi ses rangs un Hongrois ayant vécu en France (Liszt), un Allemand exilé (Wagner) et un Français (Berlioz). En somme, s’agit-il d’une véritable école « allemande » ? De leur côté, des compositeurs français comme Saint-Saëns et d’Indy, nourris de musique allemande, ont joué un rôle de premier plan pour le développement du mouvement symphonique français. Pour étayer sa thèse, Damien Ehrhardt se penche sur ces institutions de même que sur la réception de cette musique de part et d’autre du Rhin, l’évolution des genres et de l’esthétique, notamment en s’appuyant sur certaines partitions de d’Indy, Chausson ou encore Berlioz, finement analysées.
La démonstration, dense, précise mais austère, convainc et enrichit l’écoute mais cet ouvrage s’adresse avant tout aux musicologues et mélomanes chevronnés : pour intéressante qu’elle soit, la thématique nécessite de disposer d’une fine connaissance de la musique et le style est universitaire, donc ardu, et ce dès la première phrase de l’introduction (« L’histoire de la musique a souvent porté son regard sur des phénomènes nationaux, sans toujours faire appel à la réflexivité indispensable pour cerner les enjeux des situations transculturelles »), déjà dotée d’une note de bas de page. Mais comme d’habitude chez Symétrie, cette publication a fait l’objet d’un soin particulier.
Sébastien Foucart
|