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France Musique ou la persévérance 09/19/2006
Peu de modifications dans la grille de France Musique en cet automne 2006, concentrées essentiellement sur les samedis et les dimanches. Si la disparition du «Pavé dans la mare» – et, partant, de la tradition quasi ininterrompue d’une tribune radiophonique de critique de disques en France – a d’ores et déjà été largement commentée (Frédéric Lodéon resurgit toutefois le samedi après-midi pour parler, sous le titre «Plaisirs d’amour», des grands interprètes chers à son cœur), de nouvelles émissions apparaissent en effet durant les week-ends, notamment une matinale «Chantons sous la couette» confiée à François Hudry, qui continue par ailleurs de diriger France Vivace (une chaîne qu’on ne peut pour l’heure écouter que via le câble, le satellite ou internet), «Le cabaret classique» animé par Jean-François Zygel et «La querelle des bouffons», où les frères Dratwicki revisitent à leur manière l’histoire de la musique.
S’agissant de la semaine, les principales innovations mises en avant consistent à limiter à deux le nombre des producteurs présentant «Prima la musica», c’est-à-dire les concerts du matin (Anne-Charlotte Rémond) et de l’après-midi (Jean-Michel Damian), et à élargir l’équipe de «L’Atelier» quotidien. Pour le reste, le développement du podcasting, du streaming et du téléchargement sera poursuivi tandis que des «journées exceptionnelles» seront à nouveau organisées.
On aurait donc pu se contenter de parler, faute d’avoir autre chose à se mettre sous la dent, de continuité à propos de ces programmes, s’il n’avait été sans cesse question, au cours de la conférence de presse de rentrée de France Musique, tenue le 19 septembre à L’Archipel et entrecoupée de plaisantes improvisations de Jean-François Zygel, d’une grande absente: Radio Classique, accusée successivement de «radicalisme» par Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de Radio France, puis de «peopolisation» par Thierry Beauvert, directeur de la musique, avant que François Castang ne s’émeuve de sa «force de frappe» économique et publicitaire.
En fait, derrière un non-évènement apparent se dissimule une importante confirmation: malgré le succès de la nouvelle formule de Radio Classique, France Musique maintient fermement le cap, conservant l’ambition de s’adresser à un auditeur qui ne se contente pas d’écouter mais qui veut aussi entendre et comprendre. Bref, une mission de service public par excellence, qu’elle est aujourd’hui la seule à assumer. Cela étant, la voie est étroite et périlleuse, car Cluzel et Beauvert se veulent en même temps antiélitistes et continuent de se fixer un objectif d’audience (le directeur de la musique se satisferait ainsi de 2 %): un travail patient et de longue haleine, loin des strass et paillettes, que traduit la courageuse persévérance de France Musique.
Le site de France Musique
Simon Corley
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