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Carlo Maria Giulini
06/17/2005

Le monde musical a appris avec une grande tristesse la disparition à l’age de 91 ans de Carlo Maria Giulini. Le grand chef Italien avait arrêté toute activité musicale après un inoubliable Requiem de Verdi en 1998 à la tête de l’Orchestre et les Chœurs de Paris. Si avec l’âge, ses tempis s’étaient un peu ralentis et la pâte orchestrale était un peu moins fluide que par le passé, il se dégageait de sa lecture une spiritualité et une ferveur qu’il savait communiquer à ses musiciens et son public comme personne.


Altiste de formation, il avait joué sous la direction des plus grands baguettes de son époque et aimait évoquer le souvenir de chefs comme Otto Klemperer ou Bruno Walter. Le son qu’il obtenait de ses orchestres était éclairé de l’intérieur, lumineux sans la brillance parfois forcée qui est la marque d’une certaine école de direction Italienne. La noblesse de ses phrasés et son sens inné du cantabile en ont fait le plus grand chef Verdien de sa génération. Les lectures qu’il a données de Don Carlos, Rigoletto, de l’historique Traviata avec l’équipe Callas/Di Stefano/Visconti et du Requiem sont des références absolues au disque. Il avait également éclairé comme personne les chefs-d’œuvre de compositeurs comme Mozart, Schubert, Mahler, Dvorak, la musique Française ou enfin celle de Britten. Sans être aussi mince que celui de Carlos Kleiber, le répertoire de Giulini était volontairement limité, signe de l’exigence de ces deux musiciens, une exigence qui lui avait fait renoncer à travailler à l’Opéra (à l’exception en 1982 d’un Falstaff mémorable aux couleurs d’Automne).


Alors que tant de chefs d’orchestre présentent des egos monstrueux, Giulini a toujours gardé une attitude d’une probité et d’une modestie exemplaire en serviteur respectueux des compositeurs. Un des derniers assistants de Karajan me racontait l’étonnement ou l’envie de celui devant l’enthousiasme des Berlinois lors de ses répétitions et ce au moment même où les relations entre le chef Autrichien et ses musiciens avaient atteint un point de non retour. Les Parisiens ont pu apprécier à quel point les musiciens de l’Orchestre de Paris étaient transfigurés et atteignaient des sommets lorsque Giulini était à leur tête. Ceux qui les ont entendu jouer des inoubliables Chant de la Terre de Mahler, la 8iéme Symphonie de Dvorak, le Stabat Mater de Rossini, la Messe en Si de Bach, Ma mère l’Oye de Ravel ou la 4ième Symphonie de Schubert garderont un souvenir unique, non seulement de musique de très haut niveau mais surtout de moments de communion et d’élévation rares et uniques.


Antoine Leboyer

 

 

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