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CD et livres: l’actualité d’août
08/01/2024


Au sommaire :

Les chroniques du mois
En bref
Face-à-face
ConcertoNet a également reçu





Les chroniques du mois




Must de ConcertoNet


   Le Trio Metral


 Marcia Hadjimarkos interprète Montgeroult


    Brahms autour de Geoffroy Couteau




Sélectionnés par la rédaction


    Interpréter de Theodor Adorno


    Sergei Babayan et Daniil Trifonov


    Martin Kaltenecker et la mélodie au XXe siècle


    Le Quatuor Hanson interprète Schumann


    L’organiste Carlos Gonzáléz Martínez


    Le Trio Nebelmeer


    L’accordéoniste Théo Ould


    La soprano Sarah Aristidou


    Le pianiste Behzod Abduraimov


    La violoniste Patricia Kopatchinskaja


    Pascal Rophé dirige Jarrell


    Alexis Kossenko dirige Zoroastre


    Lukas Geniusas interprète Rachmaninov


    Inon Barnatan interprète Rachmaninov




 Oui !

Concertos de Mozart
Camille Delaforge dirige Les Génies de Mlle Duval
Stéphane Degout et Alain Planès interprètent Fauré
Proust musicien de Jean-Jacques Nattiez
La harpiste Claire Augier de Lajallet
Judith Jáuregui interprète Grieg et Falla
Noelia Rodiles interprète Schubert et Sánchez Allú
Noelia Rodiles interprète Orbón et Martínez Burgos
Hervé Niquet dirige l’Orchestre de la Garde républicaine
Gary Hoffman et David Selig interprètent Beethoven
Reed Tetzloff interprète Beethoven
Elim Chan dirige Prokofiev, Ogonek et Ravel
Emmeran Rollin interprète Bach
Le baryton Samuel Hasselhorn
L’Orchestre Pasdeloup
Le pianiste Lars Vogt
Bernhard Forck dirige Mozart
Le trompettiste Romain Leleu
La soprano Mélanie Adami
Le guitariste Pedro Aguiar
Le Quatuor Agate interprète Brahms
Philip Glass interprète ses œuvres pour piano
Concertos de Thomas de Hartmann
La pianiste Stella Almondo




Pourquoi pas ?

Florian Krumpöck interprète Chopin
Michel Strauss interprète Beethoven
Jonathan Biss interprète Beethoven et Dean
Aziz Shokhakimov dirige Prokofiev
Carlos Kleiber dirige C. P. E. Bach et Telemann
Le chef d’orchestre Joolz Gale
Les Cahiers Maurice Ravel
La trompettiste Mary Elizabeth Bowden
Georges Prêtre à Stuttgart (1991‑2004)
Katharina Kammerloher et Arttu Kataja chantent Mahler
L’OSR : une histoire insoupçonnée d’André Piguet
La soprano Elizaveta Agrafenina




Pas la peine

Beatrice Rana interprète Beethoven et Chopin
La pianiste Laure Favre-Kahn
Nathalie Stutzmann dirige Dvorák




Hélas !

Zubin Mehta dirige Brahms
Œuvres de Schittenhelm





En bref


Lieder oubliés
Coup d’essai brahmsien
Des femmes composent et interprètent
Un Mozart radieux à souhait
Petite et grande histoire d’un orchestre suisse
Glass mélancolique
Hommage à Lars Vogt
Sans tambour mais avec trompette
Samuel Hasselhorn : chants de mort et de résurrection
Georges Prêtre à Stuttgart
Un répertoire inattendu pour (le jeune) Kleiber
Le retour de Thomas de Hartmann
Mahler en duo
Maman, j’ai rétréci l’orchestre
Ravel : à vos cahiers !
Concepts pianistiques
Mélodies juives d’Europe de l’Est
La guitare des années 1920



Lieder oubliés





Dans ce panorama de lieder du tournant du XIXe au XXe siècle en coproduction avec la chaîne 2 Kultur de la Radio-télévision suisse, deux interprètes rompus au lied redonnent vie à tout un répertoire oublié de compositeurs comme Ernő Dohnányi, dont un lied, « Vergessene Lieder, vergessene Lieb », a donné son titre à l’album, mais également moins connus, tels Willy Heinz Müller (1900‑1974), Franz Ries (1846‑1932), Eugen Hildach (1849‑1924), Béla Laszky (1867‑1935) et Carl Götze (1836‑1887), tout un florilège, dont nombreux seront des découvertes, collecté par la soprano suisse Mélanie Adami (née en 1979) pendant la période du printemps 2020, dont la rigueur des confinements a contraint ou incité nombreux interprètes à travailler un nouveau répertoire. Elle a puisé dans les archives familiales pour apprendre les lieder du Viennois Willy Müller, son propre arrière-grand-père, jamais enregistrés jusqu’alors. Ce sont de charmantes vignettes d’un romantisme à la Schumann et d’une modernité harmonique très timide. Les autres lieder du programme évoquent tout autant l’atmosphère délétère du début du XXe siècle. Avec l’excellent soutien de la pianiste hongroise Judit Polgar, ce passionnant programme s’impose notamment dans les quelques lieder en duo avec le baryton suisse Aeneas Humm (né en 1995) (Prospero PROSP0087). OB




Coup d’essai brahmsien





Formé en 2016, le Quatuor Agate a déjà enregistré un disque avec le ténor Eric Ferring (Delos) mais il n’oublie pas qu’il doit son nom à Brahms, qui a dédié son Second Sextuor à Agathe von Siebold : son premier album à part entière est donc logiquement consacré à ses trois Quatuors ainsi qu’à un arrangement du Cinquième (Romance) des Klavierstücke pour piano de l’Opus 118. Adrien Jurkovic (auteur dudit arrangement), Thomas Descamps, Raphaël Pagnon et Simon Iachemet ne s’en attaquent pas moins à forte partie et leur démarche constitue un défi audacieux : si les ensembles, et sans doute davantage encore les ensembles français, leur préfèrent souvent d’autres œuvres, c’est qu’elles ne sont pas considérées comme les plus faciles et les plus valorisantes du répertoire romantique. Mais le résultat se révèle à la hauteur des espérances, tant par la qualité technique que par la cohésion d’ensemble et le niveau d’interprétation. On pourra certes trouver ailleurs des formations plus typées et des options plus marquées dans ce répertoire mais ni l’engagement ni la finesse ne font défaut, et l’intérêt ne faiblit jamais (album de deux disques Le Label APP003). SC




Des femmes composent et interprètent





Soutenant la création musicale des femmes, le centre de ressources et de promotion Présence Compositrices publie son deuxième disque, consacré à sept compositrices, dont quatre contemporaines. A la tête de l’Orchestre Pasdeloup, quatre cheffes, Sora Elisabeth Lee, Monika Wolinska, Chloé Dufresne et Kanako Abe, se partagent sept œuvres. Le programme débute par Intrada. La Septième Trompette (2004), courte et saisissante pièce d’Edith Canat de Chizy. Suit l’Ouverture en do (1830‑1834) de Fanny Mendelssohn, une œuvre stimulante et légère. La Petite Suite pour orchestre (1957) de Germaine Tailleferre réjouit, quant à elle, par ses couleurs et son pittoresque. Inspiré d’un poème d’Aude Lorde (A Woman Speaks), Restless Oceans (2018) d’Anna Clyne suscite l’intérêt grâce à l’énergie et au lyrisme qui s’en dégagent. Cette partition dédiée à Marin Alsop sollicite la voix humaine, les musiciens devant en plus produire des vocalises. Bushra El‑Turk inscrit Mosaic (2009) dans le sillage du Chant de la Terre : c’est, cette fois, la finesse et la précision de l’écriture qui attirent l’attention. Convoquant le marimba d’Adélaïde Ferrière et la harpe d’Emilie Gastaud, Aether (2019) de Camille Pépin témoigne d’un langage original, voire singulier, qui fait un peu penser à celui des compositeurs minimalistes américains. Des sept, il s’agit probablement de la pièce qui affiche le plus de liberté créatrice, et des sept compositrices, celle que nous retenons avant tout. Liberté, voilà un terme qui caractérise bien la personnalité d’Augusta Holmès à qui Hélène Cao a récemment consacré un intéressant ouvrage (Actes Sud). Poème symphonique vigoureux et expressif, Andromède (1883) témoigne d’une personnalité affirmée, malgré l’influence de Franck et de Wagner. L’orchestre exécute toutes ces musiques avec ce qu’il faut de rigueur et de conviction. Un projet artistique nécessaire (PC002). SF




Un Mozart radieux à souhait





Ce généreux album associe certes trois des œuvres les plus lumineuses de Mozart mais cela n’aurait pas suffi à ce qu’il semble si radieux. Ce supplément aussi ténu qu’indispensable provient avant tout de la fraîcheur d’esprit des musiciens de l’Académie de musique ancienne de Berlin, qui, sous la houlette du Konzertmeister Bernhard Forck, mordent avec gourmandise dans les Vingt‑neuvième et Trente‑troisième Symphonies, sans que cette verdeur paraisse acide ou agressive, d’autant que les seize cordes de la formation sur instruments d’époque ne sonnent pas de façon trop étique. A la clarinette de basset, l’Autrichien Ernst Schlader (né en 1981) n’est pas en reste dans le Concerto, qu’il ornemente joyeusement et aborde moins comme une page ultime teintée de nostalgie que comme un hommage amical, espiègle et facétieux à son destinataire, Anton Stadler (Pentatone PTC 5187 208). SC




Petite et grande histoire d’un orchestre suisse





En 2018, les éditions Infolio ont publié un ouvrage sur l’Orchestre de la Suisse romande, par le musicologue Jean‑François Monnard. Slatkine en publie un autre, cette fois sous la plume d’André Piguet qui, d’après la notice, aime se qualifier de simple mélomane. Dans L’OSR : une histoire insoupçonnée, l’auteur se plonge dans l’histoire de la phalange genevoise, de ses origines jusqu’à aujourd’hui. Simple mélomane ? L’auteur de cet ouvrage sérieusement documenté, mais d’un abord aisé, a tout de même fait partie du Comité des amis de cet orchestre où il a gravi les échelons, secrétaire, vice‑président, ensuite président, tout en étant impliqué dans la gestion de la formation helvétique. L’auteur connaît donc probablement fort bien son sujet, mais cela ne le dispense pas pour autant d’inclure dans cet ouvrage une bibliographie contenant les sources consultées ou recommandées, d’autant plus que les informations abondent. Ce livre contient aussi beaucoup d’illustrations, notamment d’anciennes affiches de concert, de chefs qui ont dirigé cet orchestre et de solistes accompagnés. André Piguet, qui manifeste sincèrement son intérêt pour son sujet, a le mérite d’aborder l’histoire non sans accrocs de cet orchestre sans occulter les difficultés et autres conflits depuis sa fondation en 1918. Indiquant bien en gras les années pour aider le lecteur à garder ses marques, l’auteur adopte un style sans fioriture, parfois trop banal, avec même le recours à des puces, comme dans un syllabus, en particulier dans une conclusion fort relâchée. Il manque à cet ouvrage honnête et instructif, mais non dépourvu de coquilles, un véritable souffle littéraire qui en aurait rendu la lecture plus palpitante. Nous nous demandons ce qu’aurait accompli sur le même sujet un Christian Merlin (252 pages, 34 francs suisses). SF




Glass mélancolique





A la faveur, si l’on peut dire, de la pandémie et des confinements, Philip Glass (né en 1935) s’est replongé dans son œuvre pour piano pour graver chez lui en mai 2021, sous le simple titre « Philip Glass Solo », Mad Rush (1979), « Opening », qui ouvre Glassworks (1981), quatre des cinq Metamorphosis (1988) et une version révisée de Truman Sleeps (1988), tiré de la musique pour le film de Peter Weir. Dans ces 54 minutes de musique évidemment minimaliste ou répétitive, comme on voudra, il surprend par une interprétation souple, au rubato très marqué et à la mélancolie prégnante (Mad Rush dure ainsi 3 minutes de plus que dans son enregistrement de 1989), bien loin de toute froideur mécanique, impression accrue par des doigts parfois hésitants, une pédale généreuse et un instrument certes pas parfait mais dont la sonorité moelleuse se révèle étrangement attachante (Orange Mountain Music OMM0168). LPL




Hommage à Lars Vogt





Le pianiste allemand Lars Vogt (1970‑2022) aura fait une carrière de chef d’orchestre à la façon d’une étoile filante, mais son legs discographique est considérable comme soliste, concertiste et chambriste. Warner Classics publie la première partie (1991‑2005) de ses enregistrements pianistiques et chambristes. Aussi grande soit la curiosité d’un chroniqueur, les lacunes sont inévitables... Avouons humblement être passé à côté de cet immense artiste qui vient de disparaître au mitan de sa vie et d’une carrière riche autant comme soliste – révélé à 20 ans en 1990 par un deuxième prix au concours de Leeds, aussitôt suivi d’un adoubement par le chef Simon Rattle – que comme chambriste, puis en 2015 comme chef d’orchestre à la tête du Royal Northern Sinfonia et éphémèrement en 2020 de l’Orchestre de chambre de Paris, qu’il dirigea jusqu’à sa disparition prématurée, tout comme Nicholas Angelich, à la veille de ses 52 ans L’hommage que lui rend aujourd’hui Warner, en publiant un coffret avec tous ses enregistrements réalisés en studio et en public pour EMI et Virgin dans des prises de son souvent remarquables avec les pochettes d’origine (procédé toujours le bienvenu mais ici entaché de quelques erreurs dans sa réalisation...), permettra à ceux qui auront manqué d’écouter ce pianiste, tout comme aux générations suivantes, de le découvrir.
Né à Düren (Rhénanie-Westphalie), Lars Vogt y a créé dès 1998 à Heimsbach, au cœur de l’Eifel, dans une centrale électrique encore en activité – un bâtiment Art nouveau au bord d’un lac –, le festival « Spannungen (tensions) im Kraftwerk », à l’image des nombreux festivals de musique de chambre qui florissaient alors l’été en Europe. Il y a attiré ce que ses affinités musicales et amicales pouvaient offrir de meilleur à la fin du siècle dernier. Ont répondu présent et y sont revenus régulièrement les fidèles Christian et Tanja Tetzlaff, les violonistes Sarah Chang, Antje Weithaas, Julia Fischer et Isabelle van Keulen, la clarinettiste Sabine Meyer, les violoncellistes Truls Mørk et Boris Pergamenschikow, l’altiste Kim Kashkashian et bien d’autres. Une demi‑douzaine de disques de ce coffret témoignent de la richesse des programmes de ces festivals (Berg, Schoenberg, Messiaen, Lutoslawski, Hindemith, Milhaud, Tatiana Komarova et Volker David Kirchner voisinent avec Brahms, Beethoven, Dvorák et Schumann) et de la qualité des interprétations.
Vogt soliste s’est préférentiellement dévoué à Brahms. Un Brahms peut être moins uniformément tourmenté que ne le révélaient ses collègues de la fin du siècle dernier mais dont il exploite et savoure tous les états d’âme mélancoliques et les toutes sonorités automnales de sa palette de couleurs. Après des sonates de Haydn d’une fraîcheur et d’un humour juvéniles, deux disques de sonates, fantaisies et rondos de Mozart suivent (2006), un Mozart qui paraît à la première impression d’une sagesse angélique mais qui révèle à l’approfondissement de l’écoute des trésors de mystère et de drame. C’est autant avec ce compositeur qu’avec Brahms, Beethoven et Schumann (certainement les plus belles Bunte Blätter enregistrées) que s’est forgée la réputation de Vogt comme pianiste à la sonorité miraculeuse, sans affectation, un son aussi proche que l’on peut se faire de l’idée du romantisme allemand.
Quelques « entorses » à ce répertoire germanique émaillent ce florilège comme l’outsider total qu’est son disque de sonates françaises (Franck, Saint‑Saëns et Ravel) avec la violoniste Sarah Chang et deux fois les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, respectivement de 1991 en studio dans un disque de musique russe (avec des œuvres de Tchaïkovski et Komarova) et de 2001 (en public à Heimbach), où il fait alterner avec les numéros de la version originale de 1874 des textes de la littérature mondiale, de Hugo, Platon, Heine, Kafka, Dante..., récités en allemand par Konrad Beikircher. Dans cette vaste discographie passionnante à explorer, Stravinsky, Prokofiev et Chostakovitch ne sont pas de reste, ce dernier avec sa Sonate pour violoncelle (avec Mørk) et son Second Trio (avec Tetzlaff et Pergamenschikow, un autre habitué de Heimbach disparu trop tôt). On conseillera pour butiner dans ce que ce coffret offre de meilleur d’écouter les podcasts des quatre émissions qui lui ont été consacrées sur France Musique en novembre 2023 (« Les essentiels » par François‑Xavier Szymczak), tout comme l’hommage rendu par Lionel Esparza (« Relax ! » le 5 septembre 2023) ainsi que les quelques concerts disponibles dans les archives de cette même chaîne comme récitaliste (3 août 1991 et le 8 décembre 2019), chambriste (8 septembre 2013), soliste (18 octobre 2013, le 11 août 2017) ou chef (5 septembre 2021 et 22 septembre 2021).
Entre 2005 et sa disparition, Lars Vogt a enregistré pour les éditeurs allemand Oehms Classics et finlandais Ondine, notamment des œuvres concertantes qu’il dirigeait du piano, de Mozart, de Brahms (avec les Tetzlaff), de Dvorák et de Schubert, singulièrement peu représenté dans la première partie de ce legs discographique (coffret de vingt‑sept disques 505419760490).
Comme post-scriptum, il faut ajouter à cette somme monumentale les quelques enregistrements réalisés lors des dernières années de sa carrière à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris, dont il était directeur musical depuis 2020. Plusieurs concertos pour piano de Mozart ainsi que les œuvres concertantes de Mendelssohn ont été réalisées pour Ondine avec cet ensemble et son chef comme soliste. Et surtout, bouleversant chant du cygne, le tout dernier enregistrement réalisé pendant les dernières semaines de sa vie avec ses partenaires privilégiés Christian et Tanja Tetzlaff des deux Trios et du Nocturne de Schubert. Quelques mois auparavant, en octobre 2021, il avait enregistré avec son orchestre et Raphaël Sévère le Concerto pour clarinette de Mozart, complété par son Quintette interprété par le Quatuor Modigliani, soit les deux œuvres dédiées à son frère de Loge, le clarinettiste Anton Stadler. Avec notre meilleur clarinettiste du moment et l’un des plus brillants quatuors à cordes français, ces versions pourront rivaliser dignement avec les plus grandes de la discographie, Martin Fröst, Sabine Meyer et les quatuors Hagen et de Tokyo ainsi que l’enregistrement de Michel Portal (Mirare MIR626). OB




Sans tambour mais avec trompette


          


Se plaçant résolument au‑devant de la scène, deux quadragénaires confirment avec brio que leur instrument n’a pas vocation à rester cantonné au fond de l’orchestre.
Dans « Nuit fantastique », Romain Leleu (né en 1983), accompagné par son quintette à cordes, décline en quinze morceaux une thématique nocturne au gré de divers répertoires, dans des arrangements du violoniste Manuel Doutrelant : vocal et lyrique (second air de la Reine de la nuit à la trompette piccolo, Nuit et rêves et Le Roi des aulnes de Schubert), musical (Gay Divorce de Porter, medley de West Side Story), symphonique (Danse macabre de Saint‑Saëns), instrumental (La danza de Rossini, une « suite » de Shéhérazade de Rimski‑Korsakov, Le Bœuf sur le toit et Scaramouche de Milhaud), cinéma (Huit et demi de Rota, Les Choses de la vie de Sarde au bugle, Talons aiguilles de Sakamoto), jazz (Night in Tunisia de Gillespie, Round Midnight de Monk, où le bugle est également idéal). On se régale : bien plus que de virtuosité, il faut parler ici de sonorité moelleuse, de phrasé ductile et de versatilité stylistique, une tenue et une exigence constantes épargnant en outre l’auditeur de tout crossover douteux (RL Records RLP1983001).
Ces dernières années, Alison Balsom, Tine Thing Helseth et Lucienne Renaudin Vary, pour ne citer qu’elles, ont amplement démontré, s’il en était besoin, que l’instrument n’était pas un apanage masculin. Mary Elizabeth Bowden (née en 1982) offre le premier enregistrement de sept pièces concertantes nord‑américaines, avec l’Orchestre symphonique des jeunes de Chicago dirigé par Allen Tinkham, sous le titre The Storyteller (2013) (« Le Conteur »), qui est celui d’une courte pièce de James M. Stephenson (né en 1969) cultivant avec douceur mais pas de manière doucereuse le registre lyrique de l’instrument et écrite à la mémoire du légendaire Adolph « Bud » Herseth, soliste au Symphonique de Chicago de 1948 à 2001. Dans cette version pour orchestre à cordes, la trompette dialogue avec le violon solo (Yvonne Lam) mais aussi avec une seconde trompette en coulisse, qui cite Le Chant du rossignol de Stravinski. Les six autres œuvres ont été écrites pour Bowden. Entre écriture un tantinet plus audacieuse et références jazzy, le triptyque Bohemian Queen (2022) de l’Américano-brésilienne Clarice Assad (née en 1978) est inspiré par des tableaux (Girl Searching, The Stroll) et la personnalité de la Chicagolaise Gertrude Abercrombie (1909‑1977), surnommée « la reine des artistes bohèmes ». Egalement composé pour Bowden, le Concerto (2019) de la Canadienne Vivian Fung (née en 1975) est d’un seul tenant mais il s’y passe beaucoup de choses plaisantes, jusqu’à une danse hip‑hop : voilà sans doute la partition qui, dans ce programme, met le mieux en valeur la trompette et son interprète. Les deux mouvements de Veiled Light (2021) de Tyson Gholston Davis (né en 2000), avec la seconde trompette de David Dash, s’efforcent de restituer certains des effets visuels révolutionnaires du Nocturne: Black and Red–Back Canal, Holland de Whistler. Suit un arrangement de Caritas de Sarah Kirkland Snider (née en 1973), à l’origine une mélodie pour soprano d’après des textes de Hildegard von Bingen, qui apparaît comme une pâle copie de Pärt, même si Bowden y fait magnifiquement changer le bugle. A cantabile équivalent, on lui préférera les sortilèges sonores de Rosa de Sal (2020) de Reena Esmail (née en 1983), qui porte le titre d’un sonnet de Neruda et qui fut lui aussi conçu initialement pour soprano (et piano). L’album se referme avec Stephenson et son arrangement de Scram! (2018) (« Fous le camp ! »), courte page brillante à l’origine destinée à une fanfare (Cedille CDR 90000 229). SC




Samuel Hasselhorn : chants de mort et de résurrection





On aurait aimé être plus enthousiaste pour rendre compte de ce dernier disque, « Urlicht (Songs of Death and Resurrection) », enregistré par Samuel Hasselhorn sur le thème des chants de la mort et de la résurrection. Ce baryton allemand nous a donné tant de plaisir avec des albums consacrés au lied allemand, Schumann et Schubert principalement, qu’on attendait impatiemment de l’entendre aborder les lieder de Mahler et même les postromantiques Pfitzner, Braunfels et Zemlinsky qui composent ce programme à la thématique riche et pesante. Est‑ce le volume un peu trop fort imposé par la Philharmonie de Poznan, pourtant excellente sous la direction de Lukasz Borowicz, qui l’oblige à sortir des limites de la mezza voce dans laquelle il est tellement à l’aise et lui permet d’exprimer mille nuances et couleurs ? L’impression de chant en force domine presque tout au long du récital. On mettra à part les lieder de Mahler choisis dans le Knaben Wunderhorn et les Rückert-Lieder, que l’on préférerait pour ces raisons entendre dans la version avec accompagnement de piano : le style est magnifique, on retrouve, sauf quand il doit forcer la voix, la splendeur du timbre qui nous a tant séduit chez Brahms, Schumann et Schubert. Le lied de Braunfels, Sur la tombe d’un soldat, est également remarquable, chanté avec un recueillement et une profondeur admirables. Mais la déception vient de l’opéra, abordé ici avec des extraits des Enfants de roi de Humperdinck, de Wozzeck de Berg (avec Julia Grüter) et de La Ville morte de Korngold : du premier, on retiendra un chant en force, contre l’orchestre ; pour la scène finale de Wozzeck, il n’a pas le timbre halluciné du personnage ; au lied de Pierrot, « Mein Sehnen, mein Wähnen », manquent la couleur vocale, la morbidezza du timbre et surtout la nostalgie, la Heimweh, qu’y mettaient sublimement Hermann Prey et plus récemment Mathias Goerne. Herr Oluf de Pfitzner, curiosité du programme, le laisse un peu à distance dans l’interprétation, comparable à celle du Roi des aulnes de Schubert, consistant à rendre crédibles les différents protagonistes de l’histoire. Moins rare mais bienvenu aussi, « Le Vieux Jardin », premier des Deux Chants de Zemlinsky, suscite les mêmes réserves quant au volume vocal (Harmonia mundi HMM 902384). OB




Georges Prêtre à Stuttgart





Alors que le 14 août prochain marquera le centenaire de la naissance de Georges Prêtre (1924‑1917), est rééditée une anthologie d’un peu plus de 8 heures avec feu l’Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart (SWR), dont il fut brièvement le directeur artistique (1996‑1998), faisant la jonction entre les mandats de Chefdirigent de Gianluigi Gelmetti et Roger Norrington. Ces extraits de concerts captés entre juin 1991 et octobre 2004 complètent ainsi le coffret de dix‑sept disques d’enregistrements de studio réalisés entre 1960 et 1990 publié chez Erato en 2016. Ils permettent également d’affiner le portrait d’un chef qu’il serait injuste de cantonner à ses succès avec Poulenc, Callas ou, plus généralement, l’opéra. On retrouve certes ici ses chevaux de bataille : Symphonie fantastique et extraits de La Damnation de Faust (« Marche hongroise » et « Ballet des sylphes ») de Berlioz, Symphonie en ut de Bizet, Symphonie « Du nouveau monde » de Dvorák, Seconde Suite de Daphnis et Chloé et La Valse de Ravel, Don Juan, Till l’espiègle et Suite du Chevalier à la rose de Strauss, Fontaines de Rome et Pins de Rome de Respighi, Suite de L’Oiseau de feu de Stravinski. Mais dans un répertoire germanique où on l’attend sans doute moins – Ouverture d’Egmont et Troisième Symphonie « Héroïque » de Beethoven, Première de Brahms, Quatrième de Bruckner, Totenfeier (première version du premier mouvement de la Deuxième Symphonie « Résurrection ») de Mahler – c’est le sens dramatique du chef de théâtre qui prédomine. Les interprétations ne sont pas placées sous le sceau de la précision et du respect de la partition, tandis que l’orchestre n’est pas toujours au meilleur de sa forme. Et si Prêtre ne s’abandonne pas encore aux malversations esthétiques de certains de ses derniers concerts parisiens, quelques tendances fâcheuses n’en commencent pas moins à poindre, notamment une tendance à manipuler le tempo, culminant dans quatre Danses hongroises de Brahms d’un goût contestable (coffret de huit disques SWR Music SWR19155CD). SC




Un répertoire inattendu pour (le jeune) Kleiber





En écoutant ce disque, on ne peut se poser qu’une question : mais qui était vraiment Carlos Kleiber (1930‑2004) ? Car le mystère entourant sans doute l’un des plus géniaux chefs d’orchestre que nous ayons jamais connus à ce jour s’épaissit avec ce (bref) album qui le voit diriger, étonnamment il faut bien le dire, Georg Philipp Telemann et Carl Philipp Emanuel Bach. On sait que Kleiber cultivait un répertoire des plus réduits tant à l’opéra (Tristan et Isolde, Otello, Le Chevalier à la rose notamment) qu’à l’orchestre (en premier lieu les Quatrième et Septième Symphonies de Beethoven, ainsi que les Deuxième et Quatrième de Brahms, la Symphonie « Linz » de Mozart ou l’Ouverture de La Chauve‑Souris...) mais il pouvait également sortir des sentiers battus. Qu’il se soit agi du Concerto pour piano de Dvorák (avec Sviatoslav Richter chez EMI) ou de la Deuxième Symphonie de Borodine (Profil Hänssler), le chef savait nous ménager quelques surprises. En voici donc une nouvelle avec ces deux œuvres, qui plus est à la tête d’un orchestre qu’il a peu fréquenté, l’Orchestre de la Radio de Hambourg (second orchestre de la NDR, la Radio de l’Allemagne du nord). La Suite en si bémol majeur de Telemann, tirée de son recueil Tafelmusik, compte six mouvements aux titres français (« Bergerie », « Allégresse », « Flatterie »...) comme cela se faisait souvent à l’époque. Elle s’écoute ici avec curiosité, l’orchestre enregistré sur ce disque jouant tout cela avec une certaine emphase mais également, avouons‑le, avec esprit (la partie rapide de l’Ouverture, par exemple) ; la prise de son, de qualité moyenne alors que la technique de l’époque permettait de bien meilleures choses (on est là en 1960), entoure cette interprétation d’un léger halo qui noie quelque peu la précision des cordes, d’un niveau pourtant tout à fait acceptable. On sourira (tout en le plaignant, puisque Kleiber fils a toujours eu un problème à régler avec Kleiber père) en voyant sur YouTube une brève vidéo nous montrant Erich Kleiber diriger l’Orchestre de l’Opéra d’Etat de Berlin en 1934 dans... l’« Allégresse » de cette même suite de Telemann, mais dans un tempo autrement plus vif que celui adopté par Carlos dans le présent enregistrement ! Quant au Concerto Wq. 171 de C. P. E. Bach, il nous permet surtout d’entendre la violoncelliste suisse Irene Güdel (1930‑2023). Le jeu de la soliste dans le premier mouvement est très agréable, les larges sonorités de l’instrument nous permettant d’entendre une interprétation d’antan, où absence de vibrato et cordes râpeuses n’étaient pas encore de mise. L’Adagio, là aussi très romantique et pleinement symphonique, offre un dialogue soliste/orchestre de très haute tenue quoiqu’un peu trop corseté, là où l’on aurait souhaité davantage de liberté tant dans la baguette que dans l’archet. L’Allegro assai conclut de belle manière ce concerto, qui a été enregistré en concert comme en témoignent les applaudissements de la fin (ce concert datant peut‑être, comme certains sites l’avancent, du 7 décembre 1960). En complément, un entretien (en allemand) réalisé par un journaliste avec Irene Güdel et Carlos Kleiber, ce dernier ayant alors été essentiellement interrogé sur le rôle et l’influence de son père sur sa propre destinée de chef d’orchestre : décidément, difficile pour le jeune Carlos de s’extraire de cette si forte et si importante figure... Un disque en forme de curiosité avant tout mais que tout admirateur de Kleiber fils se fera fort d’acquérir (Profil Hänssler PH 11031). SGa




Le retour de Thomas de Hartmann





Après plusieurs publications passionnantes (voir ici), la redécouverte des œuvres de Thomas de Hartmann (1884‑1956) se poursuit avec deux de ses concertos, chez un autre éditeur mais toujours sous l’égide du « project » conduit par le pianiste Elan Sicroff et le guitariste Robert Fripp, une entreprise qui, depuis février 2022, prend un relief particulier pour ce compositeur né en Ukraine. En couverture de l’album, Lignes intersécantes de Kandinsky oriente sur une fausse piste car ce n’est pas ici de Schönberg, Messiaen ou même Prokofiev qu’il s’agit, mais plutôt de Barber ou Khatchatourian, avec cette musique puissante, haute en couleur, qui évoque clairement l’Europe orientale. Avec son gigantesque et rhapsodique Allegro con brio (plus de 20 minutes), son magnifique Andante central, marqué par un « folklore imaginaire » juif, et son irrésistible Allegro ma non troppo final à 5/8 dans le style populaire, le Concerto pour violoncelle (1935), composé à l’instigation de Gérard Hekking, trouve en Matt Haimovitz un soliste vigoureux et chantant, accompagné avec conviction par l’Orchestre symphonique de la Radio de l’Allemagne centrale (MDR) de Leipzig et son Chefdirigent depuis 2020, Dennis Russell Davies. De coupe plus originale, avec un bref « Menuet fantasque » s’insérant dans le schéma traditionnel en trois mouvements, le Concerto pour violon (1943), qualifié par Hartmann de « concerto klezmer », fut secrètement dédié à son ami violoniste Albert Bloch. Son caractère lyrique convient parfaitement à l’archet volontiers généreux de Joshua Bell. Il y a quelque chose de poignant à ce que le premier enregistrement de cette partition, écrite à Garches durant l’occupation allemande et sous le coup de l’invasion de l’Ukraine par le régime nazi, soit aujourd’hui réalisé par l’Orchestre symphonique INSO [International Symphony Orchestra] de Lviv (Philharmonie nationale), sous la direction de Dalia Stasevska (Pentatone PTC 5187 076). SC




Mahler en duo





Cet enregistrement allemand des lieder d’après Le Cor merveilleux de l’enfant comporte vingt des vingt‑quatre pièces composées par Mahler sur les poésies d’Achim von Arnim et Clemens Brentano. Depuis un enregistrement de Wyn Morris avec Janet Baker et Geraint Evans (Nimbus, 1966), l’habitude a été prise de transformer en duos ces Wunderhorn-Lieder quand le texte est dialogué. Cet artifice, auquel Mahler n’a probablement jamais songé, s’est généralisé depuis, même, sous la baguette de chefs réputés pour leur fidélité aux textes. Cet album comprend tous les lieder de jeunesse composés pour voix et piano, les douze lieder plus tardifs composés avec orchestre ainsi qu’« Urlicht », inséré dans la Deuxième Symphonie « Résurrection ». Ils sont arbitrairement groupés par thèmes : fables et paraboles, chants pour les enfants, chants amoureux et chansons de la guerre et soldatesques. Les quatre lieder transformés en duos sont « Verlorne Müh! », « Aus! Aus! », « Trost im Unglück » et « Lied des Verfolgten in Turm ». L’interprétation vocale est loin d’être à la hauteur des très nombreuses versions enregistrées de l’œuvre. Le baryton finlandais Arttu Kataja a un timbre monotone, il est volontiers sentencieux ou grandiloquent et force trop souvent la voix pour nuancer au détriment de la diction ; son interprétation est généralement trop expressionniste, surtout dans les lieder guerriers, qui n’en n’ont guère besoin, le texte étant suffisamment évocateur. La mezzo‑soprano allemande Katharina Kammerloher a un registre grave qui sied à cette musique mais ses aigus stridents et une tendance à beaucoup minauder ruinent certains lieder. « Urlicht » et « Wo die schönen Trompeten blasen », chantés mezza voce, sont les deux meilleurs du disque. L’accompagnement au piano d’Eric Schneider est excellent, le meilleur de cet enregistrement, toujours fluide, imagé, coloré et mieux enregistré que les voix, sans jamais les couvrir. On rappellera la référence majeure pour ces Wunderhorn-Lieder qu’est l’enregistrement de Leonard Bernstein – à la tête du Philharmonique de New York avec Christa Ludwig et Walter Berry, couple merveilleux d’humour et d’humanité (Sony, 1967/1969) – dont la version où il est au piano a également été publiée (SACD MDG908 2322‑6). OB




Maman, j’ai rétréci l’orchestre





L’Ensemble Freigeist se définit comme un « courageux collectif de solistes supersoniques d’orchestres symphoniques allemands qui reconditionne de la super musique symphonique pour de nouveaux publics ». Précédemment connu sous le nom d’Ensemble Mini, il s’est déjà attaqué à forte partie, comme les Huitième Symphonie de Bruckner ou Neuvième de Mahler dans des arrangements qui ne sont pas sans évoquer ceux réalisés pour la « Société d’exécutions musicales privées » de Schönberg au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans son style comme dans son propos, la profession de foi est dépourvue d’ambiguïté : toucher de nouveaux auditeurs et pour ce faire, la formation, se produit ailleurs que dans les salles de concert traditionnelles. Ainsi de la Meistersaal de Berlin au passé prestigieux mais qui n’est plus aujourd’hui principalement dédiée à cette activité et où elle a néanmoins donné une série de six concerts thématiques dont le premier volume relie la capitale allemande à Vienne. Totenfeier (1888), première version du premier mouvement de la Symphonie « Résurrection » de Mahler, sonne parfois étrangement dans un arrangement du directeur artistique, Joolz Gale (né en 1983), et, surtout, cette musique perd deux de ses dimensions capitales : les effets de masse et la qualité de l’orchestration. Quant à la Première Symphonie de chambre (1905) de Schönberg, originellement écrite pour quinze instruments, elle sonne paradoxalement de manière... symphonique, voire épaisse et touffue, même si le chef britannique s’emploie inlassablement à dynamiser le discours. En fin de compte, ce sont cinq lieder de Strauss qui donnent le plus satisfaction : le célèbre « Ruhe, meine Seele! », premier des quatre lieder de l’Opus 27 (1894), et le cycle moins connu de l’Opus 22, Des fleurs en demoiselles (1888), adaptés respectivement par Gale et par Eberhard Kloke et dits autant que chantés avec beaucoup de minutie par Marlis Petersen (EuroArts 2013517). SC




Ravel : à vos cahiers !





Quoi de neuf, dans le vingt-quatrième numéro des Cahiers Maurice Ravel ? Quelques articles riches et intéressants, en particulier un texte ancien de Michel‑Dimitri Calvocoressi, à qui Ravel a dédié Alborada del gracioso, présenté et annoté par François Dru, sur la manière dont Ravel travaillait sur commande, une contribution de François Porcile sur la princesse Edmond de Polignac, l’illustre mécène, un autre sur une autre grande mécène, Elizabeth Sprague Coolidge, les relations pas toujours simples de Ravel avec le très difficile Serge Diaghilev, ainsi que deux textes sur Ida Rubinstein et Paul Wittgenstein, le célèbre pianiste manchot à l’arrogance et au mauvais caractère franchement consternants. Gilbert Amy évoque également l’admiration qu’il porte à ce compositeur. La publication précise qu’à cause d’un « incident informatique de dernière heure », il n’a pas été possible d’inclure dans ce numéro la chronique des ventes publiques et privées, contrairement au numéro précédent, une lacune, selon nous, sans la moindre gravité. Voilà ce qu’il faut retenir de cette publication assez pointue, sérieuse, mais tout de même un peu confidentielle. A noter que l’éditeur, L’Harmattan, offre, sur son site internet, la possibilité de télécharger, pour 4 euros de moins, la version numérique en format pdf, une option à considérer compte tenu de la qualité quelconque du papier et du format broché (154 pages, 18 euros). SF




Concepts pianistiques


          


Peut‑on désormais publier un album, notamment récitaliste, sans un concept ? Deux pianistes se conforment à ce nouveau diktat, qui peut toutefois dissimuler des produits de qualité et d’intérêt très différents.
Alexandre Tharaud a partagé son récent « Four Hands » avec des amis pianistes, qu’ils fussent ou non connus comme tels. Pour son treizième album, intitulé « Dédicaces », Laure Favre‑Kahn (née en 1976) reste dans la thématique du carnet d’adresses. Mais elle a choisi quant à elle de demander à quatorze proches, musiciens, « classiques » (Pierre Génisson, Daniel Harding, Nemanja Radulovic) ou non (Matthieu Chedid, Biréli Lagrène), et non‑musiciens (Charles Berling, Alain Duault, Delphine Horvilleur, Axel Kahn, Christian Lacroix, Claude Lelouch, Hugo Marchand, Jean-Jacques Sempé, Amanda Sthers), le morceau, original ou arrangé par Cyrille Lehn, qu’ils souhaiteraient qu’elle enregistre. Née au moment du covid – la pianiste en profitant dans la notice pour reprendre avec une facilité démagogique l’antienne bien connue selon laquelle la culture n’aurait alors pas été considérée comme « essentielle » alors que la priorité était de sauver des vies et que la France a déployé des moyens considérables en faveur de ses artistes –, cette idée donne lieu à un panorama d’un grand éclectisme, de Beethoven à Glass en passant par un medley de trois mélodies liturgiques juives. Quand ce n’est pas goût douteux (Un homme et une femme de Francis Lai), effets de manche (Prélude en ut dièse mineur de Rachmaninov), clins d’œil appuyés (Alborada del gracioso de Ravel), superficialité (Variations Abegg de Schumann) et trépignements ridicules (« Farandole » de L’Arlésienne de Bizet), on reste dans une tiédeur de plus ou moins bon ton. Les fans manqueront en tout cas pas de photos de l’artiste sous tous les angles (Opus47 OP2410).
Le titre « Passion » choisi par Stella Almondo (née en 2006) pourrait être celui de n’importe quel album, puisqu’elle définit la passion comme « synonyme d’intensité », avant d’ajouter : « je dois tout à ma passion ». Il ne permet donc pas de deviner que son programme se caractérise par une parfaite cohérence thématique et historique : trois pianistes-compositeurs russes nés à dix ans d’intervalle, dans des sonates, études et préludes écrits pour l’essentiel au tournant du siècle (1892-1903), dont le rapprochement fait apparaître une forte parenté. S’y ajoute la possibilité, somme toute assez rare, d’entendre des pages de Felix Blumenfeld, natif d’Ukraine, comme une spectaculaire Etude de concert en fa dièse mineur et quatre des vingt‑quatre Préambules dans tous les tons, le Dix‑neuvième faisant écho au Prélude de Tristan, dont il avait dirigé la première en Russie. Scriabine et Rachmaninov constituent cependant l’essentiel de ce disque : du premier, les Deuxième « Sonate-Fantaisie » et Quatrième Sonates et deux des douze Etudes de l’Opus 8, dont l’incontournable Patetico ; du second, un des Morceaux de fantaisie, un des six Moments musicaux, deux des dix Préludes de l’Opus 23, l’une des Etudes-Tableaux de l’Opus 39 et l’arrangement par Arcadi Volodos de l’Andante de la Sonate pour violoncelle et piano. Formée par Amédée Briggen à Nice puis Igor Lazko et Marie‑Josèphe Jude à Paris, la pianiste monégasque, bien qu’ayant participé à l’émission « Prodiges », n’est pas un pur produit de marketing. En effet, elle déjoue les pièges non seulement techniques mais également esthétiques de ces musiques, où il faut que la passion se déploie sans pour autant perdre le contrôle. De ce point de vue, la réussite de ce premier album est magistrale, sur un Steinway D qu’elle fait sonner de manière splendide, avec un toucher puissant mais sans brutalité. Elle n’avait pas encore 18 ans quand elle a réalisé cet enregistrement : voilà qui est pour le moins prometteur (Naïve V8445). LPL




Mélodies juives d’Europe de l’Est





Ce récital intitulé, « Elegies and Echoes », fera découvrir à beaucoup quatre compositeurs juifs du XXe siècle juifs, nés en Europe de l’Est et qui, hormis le Polonais Mieczyslaw (Moishe) Weinberg (1919‑1996), sont nés en Ukraine. Beaucoup des mélodies de ce programmes sont enregistrées pour la première fois. Ces quatre compositeurs ont choisi l’exil pour des raisons politiques mais durent toute leur vie faire face aux persécutions raciales. Toutes ces mélodies sont le témoin d’une histoire tragique aux prolongements aujourd’hui encore sensibles. Felix Blumenfeld (1863‑1931), né en Ukraine centrale, pianiste et chef élève de Rimski‑Korsakov et maître de Vladimir Horowitz, a participé à la vie musicale russe. Trois mélodies très romantiques de facture évoquent la mélancolie slave. Samuil Feinberg (1890‑1962), natif d’Odessa, qui fut surtout connu comme pianiste et pédagogue, est représenté par trois de ses Huit Romances d’après Pouchkine, qui n’ont pas une grande originalité mélodique ni harmonique. Ignace Lilien (1897‑1964), originaire de Lviv, a fait carrière aux Pays‑Bas. Son cycle de quatre mélodies Elégie sur la mort d’une princesse enchantée est très mélodique et a le charme des contes de fées russes. Les Quatre chansons des mendiants ont une grande originalité musicale et poétique (il est l’auteur en français des vers mis en musique). Weinberg, né à Varsovie, est aujourd’hui un compositeur dont la musique symphonique et religieuse est jouée et enregistrée grâce aux efforts d’interprètes comme Gidon Kremer. Il fit carrière en Union soviétique où il fut un proche de Chostakovitch. On est au regret de dire que la soprano norvégienne Elizaveta Agrafenina (née en 1991) ne rend pas vraiment justice à cette musique, avec une voix très stridente dans le registre aigu mais surtout extrêmement monotone et si peu idiomatique, donnant l’impression de mettre le même poids émotionnel, souvent exprimé par des stridences, dans chacune des mélodies, sauf peut‑être dans les Chansons juives enfantines (en yiddish, d’après Isaac Leib Peretz) de Weinberg, auxquelles elle donne beaucoup de charme et de relief. Elle est accompagnée très efficacement par le pianiste français Dimitri Malignan (né en 1998), qui a rédigé l’excellente introduction historique de ce passionnant programme (Sheva Collection SH 322). OB




La guitare des années 1920





Après un récital pour Naxos faisant suite au premier prix qui lui a été décerné lors de l’édition 2018 du concours Alhambra (Valence), le guitariste brésilien Pedro Aguiar (né en 1990) propose, sous le titre « Les Années folles », un programme qui ne met pas en évidence la supposée « folie » de ce temps mais rassemble simplement des œuvres presque toutes nées dans les années 1920. Une clef d’entrée de ce programme est la personnalité d’Andrés Segovia (1893‑1987), commanditaire ou créateur de la Sérénade (1925) de Gustave Samazeuilh, des Douze Etudes (1929) de Villa‑Lobos et de la Suite en la mineur (1929) de Manuel Ponce. Autre fil rouge : les références à la musique ancienne, manifestes chez Villa‑Lobos et Ponce – qui, facétieux comme un Kreisler ou un Casadesus à la même époque, tenta de faire passer sa Suite pour du Weiss ! – mais aussi dans Guitare, une pièce tardive, brève et dépouillée, de Germaine Tailleferre, membre du groupe du Six emblématique de l’après-Première Guerre mondiale. La géographique donne d’autre clefs : Paris, au‑delà même de Samazeuilh et Tailleferre, car c’est là que Segovia rencontra Villa‑Lobos tandis que Falla écrivit un Hommage pour le Tombeau de Claude Debussy (1920), et évidemment l’Espagne, Samazeuilh étant au moins autant prodigue en « couleur locale » que Falla. Des monuments du répertoire (Falla, Villa‑Lobos) encadrant des pages aussi rares que remarquables, un excellent texte de présentation de Rémi Jacobs et, bien sûr, un interprète investi et virtuose, n’hésitant pas à faire parler le caractère puissant et percussif de l’instrument tout en sachant créer des atmosphères recueillies : la réussite est complète (Evidence Classics EVCD120). SC





Face-à-face




Beethoven : l’œuvre pour violoncelle et piano


          
Avec cinq sonates et trois cycles de variations (deux sur des thèmes de La Flûte enchantée, un sur un air de Judas Maccabée de Haendel) couvrant les trois « périodes » qu’on s’accorde à identifier dans l’œuvre du compositeur, celui‑ci consacre le violoncelle à parité avec le clavier, quand bien même les titres de ces partitions continuent à mentionner le piano en premier. Ce corpus fondateur demeure évidemment très prisé des violoncellistes : en voici encore deux enregistrements récents par des musiciens chevronnés.
Avec Gary Hoffman (né en 1956) et David Selig (né en en1957), on apprécie un duo harmonieux et équitable, où le pianiste se révèle un partenaire à part entière, inventif et investi aux côtés d’un violoncelliste plein d’esprit. L’entente est parfaite autour d’une conception à la fois éloquente et naturelle, qui rassure et repose en ne cherchant pas midi à quatorze heures (album de deux disques La dolce volta LDV111.2).
Curieusement, un disque supplémentaire a été jugé nécessaire pour l’intégrale de Michel Strauss (né en 1951), qui souffre d’une prise de son plus terne et confinée. Dans son texte introductif, le violoncelliste inscrit Beethoven sous le signe de l’humanisme et de l’idéalisme de Romain Rolland, dont la vie et l’œuvre furent fortement marquées par le compositeur. De fait, voilà un propos sans artifice, à hauteur d’homme, volontiers combatif, mais un peu avare de couleur et de contrastes, où la musicalité l’emporte sur la précision, voire sur la sonorité. Au piano, Jean‑Claude Vanden Eynden (né en 1947), comme toujours, est irréprochable (album de trois disques Et’cetera KTC 1813). SC




Beethoven : Concerto « L’Empereur »


          
Dans la même tonalité de mi bémol et dans le même esprit martial que la Symphonie « Héroïque » initialement dédiée à Bonaparte, le Cinquième Concerto ne tient pas son surnom de Napoléon, lequel, au demeurant, assiégeait Vienne au moment de sa composition, mais de la conviction (et du talent commercial) d’un éditeur qui considérait que c’était là l’« empereur des concertos [de Beethoven] ». Deux pianistes américains viennent de commencer leur intégrale avec le dernier des cinq Concertos.
Pour le premier volume d’une série intitulée « Beethoven/5 », enregistrée en public et associant à chaque concerto une commande passée à un compositeur contemporain, Jonathan Biss (né en 1980) explique être stimulé à l’idée de rendre à ces œuvres (trop) connues « leur urgence et leur force ». Ce n’est pas vraiment ce qu’on entend dans cette interprétation assez scolaire, raide et étale, propre jusqu’à la fadeur, accompagnée à l’unisson avec application par l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise sous la direction de David Afkham. On trouvera en revanche de l’urgence et de la force dans le Concerto pour piano (2019) de Brett Dean (né en 1961). Sous‑titré « Gneixendorf Music - A Winter’s Journey », il évoque le séjour de Beethoven de septembre à novembre 1826 dans ce village proche de Vienne, au retour duquel il attrapa une pneumonie dont il ne se remettra jamais complètement jusqu’à son décès en mars 1827 des suites d’une cirrhose du foie. L’Australien indique avoir tenté d’« entrer dans l’état d’esprit du compositeur confronté à de profonds conflits familiaux et à une santé défaillante ». Moins spéculatifs qu’obéissant à une dramaturgie bien ordonnée – citations (de L’Empereur, bien sûr), piano droit avec pédale d’appartement –, les trois mouvements enchaînés de durée fortement décroissante (de 14 à 3 minutes) font assurément le spectacle (Orchid Classics ORC100291).
Reed Tetzloff (né en 1992) se pose sans doute moins de questions que son compatriote mais on apprécie ce premier degré réjouissant, ce piano plus coloré, voire espiègle avec ses petits ornements inattendus. Et tout le monde y croit, car cette gourmandise est partagée par Pawel Kapula à la tête de l’Orchestre philharmonique de Prague. Le Quatrième Concerto est l’avenant, inhabituellement léger et fantasque, parfois presque insolent. Une intégrale dont on aura donc plaisir à découvrir les prochains volumes (Aparté AP364). SC




Prokofiev : Roméo et Juliette


          
En 1934, le Kirov commande un ballet à l’enfant prodigue à peine revenu en Union soviétique, mais ne trouve pas finalement le thème à son goût. Pas mieux au Bolchoï, qui juge quant à lui la musique trop compliquée pour les danseurs. Avant même la création à Brno fin 1938, le compositeur veut faire connaître sa musique en concevant deux Suites comprenant chacune sept extraits, parfois légèrement remaniés. Même si une Troisième Suite verra le jour après‑guerre, les deux premières, regroupant les pages les plus célèbres, se sont imposées. Deux enregistrements récents confiés à des chefs trentenaires confirment cette immense popularité.
Après Tchaïkovski (notamment un autre Roméo et Juliette), l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et Aziz Shokhakimov (né en 1988), directeur musical depuis la saison 2021‑2022, demeurent dans le grand répertoire russe. Cinq mois après avoir interprété l’intégrale des deux Suites en concert, l’enregistrement témoigne d’un lustre orchestral certain, d’une vivacité indéniable dans les sections rapides et d’une direction très ferme – particulièrement oppressante dans « Roméo au tombeau de Juliette » – mais parfois trop raide, qui ne met pas en valeur le lyrisme débordant de maint passage. La Première Symphonie « Classique », plus solide et sérieuse que gracieuse et spirituelle, ne prend hélas son envol que dans le Molto vivace final (Warner Classics 5021732247360).
Elim Chan (née en 1986), à la tête de l’Orchestre symphonique d’Anvers, dont elle a été la chef‑dirigent de 2019 à 2024, ne donne que huit des quatorze pièces des deux Suites mais, servie par une prise de son plus proche et plus chaleureuse, leur confère davantage de caractère, se montre plus généreuse, quitte à soigner parfois excessivement le détail. Le reste du programme est également placé sous le signe de la danse, avec Toutes ces choses illuminées (2017) de l’Américaine Elizabeth Ogonek (née en 1989), qui donne son titre à l’album. Sous‑titrée « trois petites danses pour orchestre », cette commande de Riccardo Muti pour l’Orchestre symphonique de Chicago ne manque ni d’habileté ni d’agréments. La Seconde Suite de Daphnis et Chloé de Ravel conclut de façon capiteuse et haute en couleur à souhait (Alpha 1038). SC




ConcertoNet a également reçu




Nathalie Stutzmann : Dvorák
L’Orchestre symphonique d’Atlanta et sa directrice musicale depuis 2022 consacrent au compositeur tchèque leur premier disque chez Warner, témoignage de concerts donnés en novembre 2023. La chef y salue l’Amérique, comme Dvorák en son temps. L’aller se déroule idéalement : une trop rare Suite américaine à la fête, colorée et pleine d’entrain, solide mais pas pesante. Mais c’est un aller sans retour, la Symphonie « Du nouveau monde » se révélant américaine... dans le pire du sens du qualificatif, vigoureusement animée, bien conduite et instrumentalement satisfaisante mais inutilement spectaculaire, quand elle n’est pas altérée par des ralentissements rédhibitoires (Erato 5021732263797). SC


Zubin Mehta : Brahms
Pour célébrer les vingt années du titre de chef honoraire décerné au musicien indien (né en 1936), l’Orchestre philharmonique de Munich a programmé en janvier dernier un cycle Brahms dont l’enregistrement sera progressivement livré sous sa propre étiquette dans un format digital, avant la publication en coffret de l’intégrale des Symphonies à l’automne 2025. Malheureusement, la Première évoque moins l’état de grâce ressenti dans la Troisième donnée à Munich que la mollesse de la Quatrième entendue en tournée à New York : de fait, en près de 50 minutes (sans la reprise du premier mouvement), le manque d’élan, de passion et de tension se révèle totalement rédhibitoire, nonobstant les qualités coutumières de l’orchestre (MPHIL). SC


Emmeran Rollin : Bach
Le directeur général et artistique du « projet Rocamadour – Musique sacrée » (né en 1987) poursuit sa série « Vibrance », consacrée à Bach : après  mineur voici quatre ans, les pièces au programme de ce deuxième volume sont toutes en sol mineur – on sait les affects et fonctions très précis que les théoriciens et musiciens baroques pouvaient attribuer aux différentes tonalités, sans compter que le Concerto pour orgue de Poulenc, première de ses œuvres marquées par la redécouverte de la foi suivant sa visite à Rocamadour, est également en sol mineur. L’organiste a choisi des pages de caractère très varié : la grande Fantaisie et Fugue BWV 542, la Petite Fugue BWV 578, le Prélude et Fugue BWV 535, trois versions du choral Nun komm, der Heiden Heiland et son Trio, les chorals Wo soll ich fliehen hin et Wir Christenleut hab’n jetzund Freud ainsi que les Partite diverse sopra « Sei gegrüsst, Jesu Gütig ». L’interprétation, tour à tour imposante et recueillie, est servie par une prise de son très réussie qui met en valeur le grand orgue Daldosso (2013) de la basilique Saint‑Sauveur (voir ici), parfaitement adapté à ce répertoire, aux sonorités douces et fruitées. La notice (en français), fort bien faite, inclut l’indication précise de la registration pour chacune des pièces (Label Rocamadour #08). SC


Christian Schittenhelm
Deux albums parus coup sur coup permettent de découvrir le compositeur (né en 1963), qui s’est surtout fait connaître par ses comédies musicales. Le premier, « Back Home With the Moon », porte le titre d’une des dix‑sept courtes pièces pour piano qui y sont regroupées, dont il met modestement en exergue la « poésie pianistique singulière ». On serait plutôt enclin à parler de Poème de l’inutile, l’avant‑dernière pièce du disque, car on se demande ce que l’excellent pianiste suédois Peter Jablonski (né en 1971) est allé faire dans cette galère fade et insipide, hormis les énigmatiques Stellar et Quadratures. Le second album, « Air », reprend le sous‑titre du Quatrième Concerto pour piano : la pianiste ukrainienne Svetlana Andreeva (née en 1988) n’y peut mais face à ce « voyage pianistique aérien » qui ne décolle jamais, évocation décousue et mal orchestrée de Rachmaninov, Gershwin, Poulenc et Michel Legrand. Le programme de cet album – encore plus court (42 minutes) que le premier – placé sous le signe de « la poésie d’une renaissance féminine » (sic) comprend également, toujours avec l’Orchestre national royal d’Ecosse dirigé par Sergey Neller, le médiocre poème symphonique Aube et, excusez du peu, le Prélude à l’après‑midi d’un faune de Debussy avec une flûte au vibrato insensé (Evidence Classics/Sfumato Records EVCD106/PJ‑2021 et EVCD109/CS‑2023). LPL


La rédaction de ConcertoNet

 

 

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