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CD et livres: l’actualité de janvier
01/01/2024


Au sommaire :

Les chroniques du mois
En bref
Face-à-face
ConcertoNet a également reçu





Les chroniques du mois




Must de ConcertoNet


   Clara Schumann de Brigitte François‑Sappey


   La soprano Adèle Charvet


   De Stockholm à Verbier de Martin Engstroem


   Isabelle Faust interprète Locatelli


   Andrea Buccarella dirige Vivaldi


   Samuel Hasselhorn chante Schubert


   Barbara Hannigan et le Quatuor Emerson


   Laurent Campellone dirige Ariane de Massenet


   L’organiste Arnaud De Pasquale


   La soprano Virginie Thomas


   Le pianiste Lorenzo Soulès


   Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie




Sélectionnés par la rédaction


    L’Ensemble Semura Sonora


    Fugue américaine de Bruno Le Maire


    Herbert Blomstedt dirige Bruckner


    Bach n’a pas écrit d’opéra de Gilles Cantagrel


    L’Ensemble Il Caravaggio


    Le pianiste Joaquín Achúcarro


    La pianiste H. Grimaud


    Jean-Christophe Revel interprète Raison


    La Musique minimaliste de Renaud Machart


    Sébastien Wonner interprète Gabrieli


    Gergely Madaras dirige Hulda de Franck


    Les Trios d’Iroise et Syriab


    William Christie dirige Haydn


    Raphaël Sévère interprète Mozart


    Œuvres d’Hersant et Menut


    Le pianiste Igor Levit


    Michel Bouvard interprète Franck


    Olivier Vernet interprète Franck


    Adam Laloum interprète Schubert




 Oui !

La violoniste Chouchane Siranossian
Christophe Rousset dirige La Vestale
Le violoniste Jonian Ilias Kadesha
Christophe Rousset dirige Psyché de Lully
David Reiland dirige l’Orchestre national de Metz
Le Quatuor (de clarinettes) Anches Hantées
Fabio Biondi interprète Vivaldi
Giuliano Carmignola interprète Vivaldi
Rendre audible l’inaudible de Lukas Haselböck
Katherine Nikitine interprète Balakirev
Le harpiste Xavier de Maistre
Pierre Génisson interprète Mozart
Mathieu Romano dirige Poulenc et Janequin
Joris Verdin interprète Franck
Stéphane Degout et Marielou Jacquard chantent Brahms
L’Académie Orsay-Royaumont
Herbert Blomstedt dirige Mozart
La violoniste Elsa Moatti
Florian Noack interprète Liapounov
Enregistrements de Walter Gieseking
Le Quatuor Van Kuijk interprète Mendelssohn
Le Quatuor Dover interprète Beethoven
Gianandrea Noseda dirige Beethoven
Chostakovitch plus ou moins inédit
Augusta Holmès d’Hélène Cao
Carl Ghazarossian chante Poulenc
Alexandre Baldo chante Caldara
Ouvrage collectif Offenbach, musicien européen
Enregistrements d’Alfred Cortot (1919‑1960)
Nicolas Dautricourt et ses amis interprètent Enesco
Le pianiste Konstantin Emelyanov
Jean‑Paul Gasparian interprète Debussy
Le Quatuor Voce interprète Ravel et Mantovani




Pourquoi pas ?

Bande dessinée L’Héritage Wagner
Rinaldo Alessandrini dirige Legrenzi
L’ensemble El Gran Teatro del Mundo
Le harpiste Alexander Boldachev
Le Trio (hautbois, clarinette et piano) Talea
Dans les coulisses de l’Opéra de Laetitia Cénac
Le Chœur de chambre Mélisme(s) et le BanKal Trio
La Chapelle musicale Reine Elisabeth
Le Quatuor Telegraph interprète Ravel et Schönberg
Keith Jarrett interprète C. P. E. Bach
Dalia Stasevska dirige Leiviskä
Gustavo Gimeno dirige Messiaen




Pas la peine

La Rivale d’Eric-Emmanuel Schmitt
Jean-Luc Thellin interprète Franck
Gianandrea Noseda dirige Chostakovitch
Dimitri Liss dirige Chostakovitch
La pianiste Olga Jegunova
La mezzo Victoria Shereshevskaya




Hélas !

L’Orchestre baroque irlandais
Nemanja Radulovic interprète Beethoven
La violoniste Maria Solozobova
Daniel Harding dirige Holst





En bref


Blomstedt complète son cycle mozartien
Holmès, compositrice atypique
Chostakovitch plus ou moins inédit
Les exils d’Elsa Moatti
La destinée méconnue de Destenay
Mendelssohn pour quatre archets
Des airs inédits de Caldara
Offenbach l’Européen
Carl Ghazarossian ramène sa fraise
Liapounov transcendant
Beethoven : le défi des intégrales
Mélodies et lieder d’Orsay à Royaumont
Une visite en dessins de l’Opéra
Brahms à la magyar
Cortot monumental
Gieseking monumental
Les violons de la honte



Blomstedt complète son cycle mozartien





Nous avions déjà fait l’éloge dans ces colonnes du disque BR Klassik dans lequel Herbert Blomstedt dirigeait (en concert) les Quarantième et Quarante-et-unième Symphonies de Mozart à la tête du magnifique Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. L’éditeur accroît ici l’offre en y adjoignant, dans un coffret de désormais deux disques, la Trente-neuvième Symphonie. Enregistrée également en concert les 18 et 19 décembre 2019 à la Philharmonie am Gasteig de Munich, elle a déjà eu les honneurs de nos colonnes puisque ConcertoNet était présent lors de cette soirée, quelques jours à peine après le décès de Mariss Jansons. Et nous ne pouvons que partager l’enthousiasme alors exprimé ! Blomstedt livre là en effet une lecture tout à fait enthousiasmante de cette symphonie grâce à un orchestre de premier ordre – mais est‑il besoin de le rappeler ? Des cordes d’une finesse et d’une légèreté absolues (avec des sonorités plus allemandes que viennoises dirons‑nous), une petite harmonie étincelante (la clarinette dans le Menuet, à l’évidence battu à un temps et non à trois, ce qui lui donne un rebond irrésistible et un côté extrêmement joyeux), des cuivres au soutien sans être trop présents et des timbales (visiblement frappées avec des baguettes en bois et non en feutre). Tout n’est qu’élan, vie intérieure, souci du détail mais sans perdre de vue la construction des phrases : du grand art quand tant d’autres ânonnent une partition qu’ils ont sans doute à peine regardée avant de la diriger. Blomstedt l’aborde avec une vivacité que son âge déjà fort respectable (92 ans passés au moment du concert) n’entame en rien ; il suffit d’écouter la manière avec laquelle il conduit l’Allegro final, jouant la carte de la vivacité certes mais sans précipitation, respectant autant les contrastes de nuances que les détails de la partition (appogiatures, accents...). Une magnifique version donc, qui complète ainsi ce cycle des trois dernières symphonies de Mozart (la réécoute des deux dernières symphonies ne fait que confirmer ce que nous avions écrit il y a quelques années) et qui offre à l’évidence au mélomane une référence sur instruments modernes. Avec la Trente-huitième captée en 2020 à Leipzig (Accentus), on dispose donc désormais de témoignages récents de l’art du chef nonagénaire dans les quatre dernières symphonies de Mozart (900196). SGa




Holmès, compositrice atypique





Hélène Cao a rédigé pour Actes Sud une monographie consacrée à Augusta Holmès (1847‑1903). La musicologue expose sa vie et son œuvre en s’appuyant sur une documentation assez riche, constituée de nombreux articles de presse d’auteurs à la sensibilité et aux opinions pour le moins différentes. Il s’agit d’une base solide, mais nous aurions aimé lire aussi des extraits de la correspondance ou d’autres écrits d’Holmès elle‑même, pour autant que cela existe, pour connaître son ressenti, comprendre son point de vue, percevoir son engagement : une telle figure devait certainement avoir bien des choses à exprimer. Influencée par Wagner, qu’elle a pu approcher dans sa jeunesse, mais aussi par Franck, dont elle fut une élève, cette musicienne, qui se consacra aussi à la poésie, possédait manifestement un sacré tempérament. Elle devait avoir le cuir épais pour subir la misogynie assez sidérante d’une époque à laquelle il était peu envisageable qu’une femme évolue dans les plus hautes sphères. Si sa musique bénéficia d’un assez important succès critique et public, notamment à l’opéra (La Montagne noire, qui a rapidement quitté le répertoire, mais qui sera monté à Dortmund en 2024), ses contemporains revenaient souvent, dans leurs écrits, sur le physique et la tenue apparemment atypiques de cette femme d’ascendance irlandaise et dont même la vie sentimentale faisait les choux gras de la presse. Ambitieuse dans les formes qu’elle aborde (poèmes symphoniques, cantates, œuvres lyriques avec orchestre) et éprise de liberté, celle qui fut aussi la compagne de Catulle Mendès, de qui elle a eu plusieurs enfants, et l’interlocutrice d’illustres figures de l’époque (Proust, Verlaine, Mallarmé, Daudet, Goncourt) laisse une image assez éloignée de celle laissée par ces compositrices de tendance romantique. Holmès est même parvenue à se hisser à un rang officiel, en particulier grâce à son Ode triomphale, jouée lors des célébrations du centenaire de la Révolution française. A cause d’une discographie relativement pauvre, encore que la situation semble s’améliorer (voir ici et ici), compte tenu de l’actuel regain d’intérêt, sous l’impulsion, notamment, du Palazzetto Bru Zane, pour les œuvres rares de musique française du XIXe , cette compositrice risque malheureusement de ne rester connue que par son seul nom pendant longtemps. Cette monographie en format de poche a donc le mérite essentiel de rappeler avec rigueur et conviction la figure intrigante d’Augusta Holmès (336 pages, 11 euros). SF




Chostakovitch plus ou moins inédit


                    

          
          


Il n’y a pas que des opéras baroques à redécouvrir : même un compositeur du XXe siècle comme Chostakovitch peut encore réserver des surprises. Ainsi de cet arrangement inédit de la Quatorzième Symphonie autour duquel l’album « Works Unveiled » a été conçu par Nicolas Stavy (né en 1975). L’orchestre (cordes et percussion à l’origine) est remplacé par un piano (jouant épisodiquement du célesta), qui a bien du mérite à s’efforcer de restituer les lentes lignes sinueuses et dépouillées des cordes, et un percussionniste Florent Jodelet (né en 1962). Pour les chanteurs, l’exercice est également sans filet, ou presque, mais tant la soprano Ekaterina Bakanova (née en 1984) que la basse Alexandros Stavrakakis (né en 1988) s’en tirent remarquablement. Sueye Park (née en 2000) donne les 5 minutes du Moderato con moto inachevé d’une Sonate pour violon et piano de 1945 – l’unique contribution du compositeur au genre n’aboutira que vingt‑trois ans plus tard – qu’il retravaillera au début des années 1950 dans sa Dixième Symphonie et son Cinquième Quatuor. Quatre Pièces (vers 1918‑1919) pour piano de 1 à 2 minutes chacune permettent de mesurer le talent, sinon le génie, d’un musicien de 13 ans : une « Marche funèbre à la mémoire des victimes de la Révolution » qui se souvient de la Douzième Sonate de Beethoven, une « Aspiration » dans l’esprit de Chopin, « Dans la forêt », où une sorte de prélude à la Rachmaninov sertit une petite valse de boîte à musique, et « Bagatelle » qui, tenant plus d’une toccata, trahit le pianiste virtuose. Cédric Tiberghien (né en 1975) se joint au projet pour les 8 premières minutes de l’Adagio de la Dixième Symphonie de Mahler, une réduction inachevée pour piano à quatre mains effectuée probablement dans la seconde moitié des années 1920, confirmant l’intérêt très marqué de Chostakovitch pour l’univers mahlérien (SACD Bis BIS 2550).
Parallèlement à ces raretés, l’ordinaire symphonique suit son cours, avec une deuxième contribution de Jaap van Zweden (né en 1960) et de l’Orchestre philharmonique de Hong Kong, dont il est directeur musical depuis 2012 : après la Dixième, voici deux autres symphonies dirigées avec autorité, dans une prise de son un peu lointaine qui permet néanmoins d’entendre un orchestre pas exceptionnellement raffiné, mais très solide, collectivement comme individuellement. Des versions efficaces mais sans débordements démonstratifs aussi bien de la Cinquième d’avant‑guerre, au dessin expressif bien souligné, que de la Neuvième d’après‑guerre, dont la légèreté fortement empreinte d’ironie, voire de drame, est tout aussi bien saisie (Naxos 8.574549).
Voici également le sixième volume de l’intégrale entreprise par Gianandrea Noseda (né en 1964) avec l’Orchestre symphonique de Londres, dont il est le principal guest conductor depuis 2016. Malheureusement, le résultat, dans ces Sixième et Quinzième Symphonies, se situe davantage au niveau de celui, décevant, de la Septième que de celui, enthousiasmant, des Neuvième et Dixième. L’orchestre, bien sûr, demeure fidèle à sa réputation d’excellence mais le Largo initial de la Sixième ne décolle pas, à l’image d’une direction qui contrôle certes tout parfaitement mais bride l’élan, raidissant et étouffant le discours. L’ultime Quinzième, avec ses deux mouvements lents dont la clef ne se livre pas toujours aisément aux interprètes, pose les mêmes difficultés (LSO Live 0878).
L’Orchestre philharmonique de l’Oural (Ekaterinbourg) et Dimitri Liss (né en 1960), qui en est le chef principal et directeur artistique depuis 1995, se confrontent à la terrible Dixième Symphonie, écrite au printemps 1953, juste après la mort de Staline. Selon la quatrième de couverture, « les orchestres des pays qui ont connu la dictature et la répression entretiennent une relation particulière avec cette œuvre. Les interprètes de la Philharmonie de l’Oural comprennent à demi‑mot les sentiments qui se cachent derrière la notation musicale, le sens du secret et de l’ambiguïté, et le danger inhérent au fait de jouer avec le feu. ». On ne saurait si bien dire, mais le propos prend un relief tout particulier s’agissant d’un enregistrement (public) réalisé en novembre 2021 en Russie... L’orchestre paraît bien trop terne, mais pourquoi pas, car après tout, l’époque dont témoigne Chostakovitch est pour le moins très sombre. Mais trop souvent, le manque de tension est en revanche plus rédhibitoire, alors que le chef russe, chez le même éditeur, avait réalisé il y a cinq ans une gravure bien plus convaincante de l’œuvre avec la Philharmonie du Sud des Pays‑Bas dont il était alors le chef‑dirigent (Fuga Libera FUG 809).
L’Orchestre philharmonique de Radio France et Mikko Franck (né en 1979), qui en est le directeur musical depuis 2015, se sont adjoints des solistes de choix dans la pénultième Quatorzième : Asmik Grigorian (née en 1981) et Matthias Goerne (né en 1967). Cette association de talents ne tient malheureusement pas toutes ses promesses : la soprano lituanienne et le baryton allemand semblent préoccupés avant tout par les défis techniques et restent à la surface de cette œuvre pourtant si expressive, tandis que le chef finlandais ne parvient pas non plus à faire parler la partition. Le complément renvoie plus de trente ans plus tôt, au temps de l’audacieuse Quatrième Symphonie : avec les Cinq Fragments (1935, créées en 1965), desquels la notice ne pipe mot, on a accès à l’atelier d’un Chostakovitch qui, dans ces pièces de 1 à près de 5 minutes, souvent d’esprit chambriste, frappe par sa radicalité expressive, entre expérimentation, ironie et désespoir. Mais on ne saura jamais à quelle œuvre de plus grande envergure aurait mené ce travail préparatoire dans le contexte politique peu favorable de l’époque (Alpha 918). SC




Les exils d’Elsa Moatti





Dans son album « Exils », La violoniste Elsa Moatti a imaginé un programme autour de la notion, vaste, et à sens multiples, d’exil. Des pièces de sa propre composition alternent avec celles d’Ernest Bloch, Esa‑Pekka Salonen, Lili Boulanger, Johan Farjot, Vincent Lê Quang, qui joue du saxophone dans deux des plages, Fiona Monbet, au violon à la treizième plage, et Maël Bailly. Elle joue du violon, parfois seule, le plus souvent entourée d’amis musiciens, Suzanne Ben Zakoun (piano), Julia Macarez (alto), en plus de ceux déjà cités, et elle chante également. Dans une succession bien agencée de pièces évocatrices, nostalgiques, intimistes, le plus souvent profondes et pénétrantes, toutes ces pages convoquent diverses influences, le fado, le jazz, mais aussi les musiques balkanique, juive, irlandaise. L’écoute en entier, sans interruption, dans une démarche méditative, permet de prendre toute la mesure de la cohérence de la démarche et de l’unité de la conception. Le tout se conclut sur une note entraînante, régénératrice, porteuse d’espoir. Un disque fraternel, sincère et vraiment à part (Klarthe KLA135). SF




La destinée méconnue de Destenay





Vu le peu qu’évoque aujourd’hui en France le nom d’Edouard Destenay (1850‑1924), il faut saluer les musiciens du Trio Talea, constitué en 2019 à l’Université du Missouri, pour l’avoir identifié et pour avoir enregistré son Trio pour hautbois, clarinette et piano (1906), même si cette formation est suffisamment rare pour inciter les interprètes en quête de nouveaux répertoires à fouiller les bibliothèques. Militaire de carrière, Destenay prend une retraite anticipée à l’âge de 53 ans, ce qui lui permet de se consacrer alors à la musique jusqu’à la Première Guerre mondiale, à l’issue de laquelle il n’écrit presque plus. Dédié « à Messieurs [Louis] Bleuzet, Hautbois solo de la Société des Concerts du Conservatoire, et [Emile] Stiewenard [Stiévenard], Clarinette solo des Concerts Lamoureux » en « Hommage et Cordial souvenir », ce trio met en valeur la volubilité des instruments à vent dans un langage qui évoque davantage le milieu du XIXe siècle que le début du XXe. Vaillamment empoignées par le hautboïste Dan Willett et le clarinettiste Wes Warnhoff, soutenus par la pianiste Natalia Bolshakova, les figures virtuoses se succèdent sans faiblir dans l’Allegro vivace initial (en si mineur) et dans le Presto final, comme une tarentelle à la Saint‑Saëns (en sol majeur), mais l’Andante non troppo central (en sol dièse mineur) offre une très bel intermède expressif. Outre des transcriptions de Bach (choral de la Cantate « Wachet auf, ruft uns die Stimme » arrangé par Willett) et Schubert (Le Pâtre sur le rocher, arrangé par le trio), deux œuvres originales complètent le programme : un plaisant Trio (2007) d’inspiration jazzistique du Canadien Bill Douglas (né en 1944), avec en son centre un « Lament » orientalisant, et une Fantaisie (2017) d’un sinueux chromatisme de l’Américano-chypriote Christos Tsitsaros (né en 1961) (MSR Classics MS 1770). SC




Mendelssohn pour quatre archets


          


Fondé en 2012, le Quatuor Van Kuijk enrichit sa discographie chez Alpha avec les Quatuors de Mendelssohn, répartis sur deux volumes qui ont été enregistrés, pour les trois premiers, en juillet 2021 et, pour les trois autres, en juin 2022, toujours à l’Arsenal de Metz. La prise de son, au plus près de la respiration des musiciens et du grain des cordes, permet de percevoir tout l’engagement de cette formation qui propose, de ce corpus de premier ordre, une lecture nerveuse, au sens positif du terme, aussi engagée que physique. Plus rugueuse que raffinée, cette interprétation demeure, d’une année à l’autre, d’une qualité égale en termes de cohésion, de profondeur et de vitalité. Ces musiciens impétueux impressionnent par leur maîtrise, la beauté et la densité de leur sonorité, le souci du détail et l’intensité du phrasé. La clarté et l’équilibre des échanges, la limpidité et la précision du dialogue instrumental, relèvent sans conteste d’un authentique esprit de musique de chambre. Une légère tendance à forcer le trait constitue, tout au plus, un bémol relatif pour cette version tout à fait recommandable (873 et 931). SF




Des airs inédits de Caldara





Antonio Caldara (1671 ?‑1736) fait partie de ces nombreux compositeurs à la croisée des deux siècles de la musique baroque, dont la figure a été reléguée par la confrontation avec quelques monstres sacrés (Bach, Händel et autres Vivaldi). Pour autant, il nous laisse une œuvre prolifique qui se compose assez communément d’opéras (mentionnons ici, pour les avoir commentés dans nos colonnes, La conversione di Clodoveo, Rè di Francia ou La concorda de’ pianeti), d’oratorios et de pièces instrumentales diverses. Tout juste auréolée du prix du public au concours Cesti d’Innsbruck d’août 2023, la jeune basse Alexandre Baldo explore à son tour le monde opératique de Caldara au travers de différents airs, tous enregistrés en première mondiale, qu’il a découverts au cours de recherches menées à la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne et qui étaient principalement dédiés à une des basses stars de l’époque, Christoph Praun (1696‑1772), membre de la Hofkapelle de Vienne de 1715 à 1764. Même si la voix force parfois un peu dans les aigus (l’air de Mars tiré de La contesa de’ numi), Baldo convainc sans peine au fil de ces extraits fort diversifiés. Panache dans l’incarnation (même air), capacité à murmurer sans peine lorsque la partition le requiert (l’air d’Il Temistocle), longueur de souffle évidente (l’extrait de Mitridate), il use de tous les registres de l’expressivité pour nous charmer d’air en air, celle-ci culminant dans le très bel air issu de Gesù presentato nel tempio, ouvrage à mi‑chemin entre l’opéra et l’oratorio. A ce titre, l’interprétation du récitatif « Sapienza increata, De l’uomo Dio... » extrait de la même œuvre nous fait dire qu’Alexandre Baldo serait certainement superbe dans les œuvres sacrées de la période baroque, où les airs de basse ne manquent assurément pas ! L’accompagnement par le petit Ensemble Mozaïque (six musiciens) est à la fois présent et discret quand nécessaire, les deux violons épaulant idéalement la voix dans le premier air du disque (l’air de Mars déjà évoqué). Si l’on pourrait parfois souhaiter davantage de personnalisation dans l’interprétation (l’air « Tronchi, sì, la falce irata » tiré de Cajo Marzio Coriolano est bien sage, du côté vocal comme instrumental), voilà tout de même une belle carte de visite pour un chanteur qu’il convient de suivre avec attention (Pan Classics PC 10447). SGa




Offenbach l’Européen





Actes Sud et le Palazzetto Bru Zane publient les actes d’un colloque qui s’est tenu à Paris et à Cologne, du 19 au 22 juin 2019, à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Offenbach. Sous la direction de Jean‑Claude Yon, d’Arnold Jacobshagen et de Ralf‑Olivier Schwarz, Offenbach, musicien européen, somme d’un peu plus de 500 pages, explore à travers vingt‑neuf articles, rédigés par différents auteurs, la dimension européenne d’un compositeur dont le nom demeure associé surtout à la ville de Paris. Ce livre s’articule en quatre parties, qui se penchent, selon une approche multidisciplinaire, sur la vie d’Offenbach, ses œuvres (et il en reste encore bien à découvrir ou à mieux connaître, comme cette mystérieuse Duchesse d’Albe), sa diffusion (même après sa mort) et sa réception, en particuliers en Espagne et au Portugal, deux pays auxquels nous ne pensons pas spontanément s’agissant de ce compositeur. Partageant les mêmes qualités d’écriture et de rigueur, les différents articles apportent un éclairage supplémentaire sur ce véritable homme de théâtre et sur son œuvre. Cette publication, comme d’habitude, avec cet éditeur, impeccablement présentée et bien illustrée, demeure tout de même assez savante. Elle est donc destinée prioritairement à ceux qui veulent approfondir leurs connaissances. Elle fait en tout cas prendre conscience de la diversité et du rayon d’action de la recherche sur ce grand musicien dont l’œuvre et la personne ne justifient vraiment plus la moindre attitude condescendante à son égard (516 pages, 45 euros). SF





Carl Ghazarossian ramène sa fraise





Déplorons, avant de louer cet excellent album consacré aux mélodie de Poulenc, que les textes des poèmes ne fassent pas partie de la mince notice de l’album. En effet, le programme versatile extrêmement bien équilibré choisi par Carl Ghazarossian juxtapose de magnifiques textes d’Apollinaire, Cocteau, Ronsard, Eluard, Moréas et Vilmorin (qui, avec le vers « Le cœur en forme de fraise », donne à cet album son titre, qui peut sembler étrange tout comme l’esthétique de sa pochette) que l’on aimerait pouvoir suivre. Car même si la diction du ténor français, venu du chant baroque, est très intelligible, elle n’est pas exempte de certains défauts, notamment quand il donne un peu trop d’éclat aux phrases véhémentes : c’est un peu son péché mignon, accentué par une prise de son trop proche. Mais si son phrasé dans les mélodies les plus élégiaques, comme celles de Tel jour telle nuit (Eluard) est exemplaire, il ne réussit pas à donner à ce cycle toute son étrange ambiguïté. Mais l’élégance, maître mot dans ce répertoire, et l’esprit sont toujours au rendez‑vous, notamment dans l’accompagnement d’Emmanuel Olivier, sur un Pleyel de 1905. Et, si Carl Ghazarossian ne démérite pas dans le Poulenc le plus grave, c’est certainement dans sa facette la plus légère et ironique qu’il excelle. Toréador (Cocteau), Fiançailles pour rire (Vilmorin) et trois des quatre exquises Chansons pour enfants de Jean Nohain, que Poulenc s’est régalé à mettre en musique, en sont le meilleur exemple (Hortus 225). OB




Liapounov transcendant





Nous rendons compte malheureusement trop tardivement d’un disque pourtant remarquable, celui que Florian Noack a consacré aux Etudes d’exécution transcendante (1905) de Serge Liapounov (1859‑1924). Presque contemporaines d’Iberia d’Albéniz, ces douze pièces, puissamment évocatrices et hautement inspirées, valent assurément le détour. Cet élève de Balakirev les a composées dans l’esprit et le sillage du cycle homonyme de Liszt, la dernière consistant même en une élégie à la mémoire de ce dernier, mais il ne s’agit aucunement d’un pastiche ou d’une imitation. Cette musique au ton personnel, du niveau de celle d’un Rachmaninov, d’un Scriabine ou d’un Moussorgski, et plutôt introspective trouve ses influences dans la musique folklorique, caucasienne, russe ou encore tzigane, sans pour autant se réduire à cela. L’écriture en est savante, d’une grande finesse. Connu, depuis le début de son parcours artistique, pour sa prédilection pour les œuvres méconnues, l’excellent pianiste belge défend brillamment ce cycle d’une haute valeur musicale, en conciliant parfaitement maîtrise et exaltation, souffle et limpidité, vitalité et profondeur, l’attention aux détails allant de pair avec le contrôle de la forme. La prise de son rend justice à une sonorité splendide (La Dolce Volta LDV90). SF




Beethoven : le défi des intégrales


          


Encore des intégrales des Quatuors et des Symphonies ? Une fois n’est pas coutume, on ne cèdera cependant pas à l’aquoibonisme grâce à deux intéressantes parutions venues des Etats‑Unis.
Publiés en 2020, 2021 et 2022, les trois volumes successifs de l’intégrale du Quatuor Dover sont désormais regroupés en un unique coffret. Constituée en 2008 au Curtis Institute of Music, la formation américaine, qui se revendique comme héritière des Quatuors Guarneri, Vermeer et de Cleveland, aborde ce corpus de façon décomplexée, faisant toujours progresser très sûrement le discours. Plutôt que de grandes séductions instrumentales, elle fait valoir un enthousiasme constant et une capacité à traverser les différentes « périodes » beethovéniennes sans véritable faiblesse, de l’Opus 18 à la Grande Fugue en passant par les quatuors « médians ». A noter qu’il s’agit du dernier témoignage de ce quatuor dans sa composition d’origine, l’altiste Julianne Lee ayant succédé en septembre dernier à Milena Pajaro-van de Stadt (coffret de huit disques Cedille 1005).
Voilà fort longtemps qu’on n’avait pas entendu parler de l’Orchestre symphonique national. Avec Gianandrea Noseda (né en 1965), directeur musical depuis 2017, l’orchestre, en résidence au Kennedy Center de Washington, a enregistré une intégrale live durant les saisons 2021‑2022 et 2022‑2023. Cette publication, illustrée par Mo Willems (né en 1968), satisfait moins par ses qualités individuelles, à l’image de cors à la sonorité assez exotique, que son sens collectif, visiblement dynamisé par l’énergie du concert. Le chef italien empoigne les choses avec sa fougue coutumière – les micros ne laissent pas échapper ses encouragements aux musiciens, tant de la voix que du pied qui frappe le sol – pour donner des interprétations qui, dans un respect de la tradition tempéré par des tempi plutôt rapides et une transparence instrumentale mise en valeur par une très belle prise de son, ne cherchent pas midi à quatorze heures mais témoignent d’un plaisir communicatif de faire partager cette musique. Dans la Neuvième, le quatuor soliste (Camilla Tilling, Kelley O’Connor, Issachah Savage et Ryan McKinny) ainsi que le Chœur de Washington défendent vaillamment ces parties vocales ô combien périlleuses (coffret de cinq SACD et deux Blu‑ray National Symphony Orchestra NSO0013). SC




Mélodies et lieder d’Orsay à Royaumont





Cet album réunit plusieurs extraits d’un récital de chant et piano donné par les lauréats de l’Académie Orsay-Royaumont enregistré en l’abbaye de Royaumont le 8 mai dernier. Son titre, « Voyage à Paris », celui d’une des mélodies de Banalités de Poulenc qui figure au programme du récital, évoque aussi la dimension parisienne de cette académie, qui est un magnifique partenariat passé entre Royaumont, lieu musical historique situé dans le Val‑d’Oise, et le musée d’Orsay, au cœur de Paris, à qui le photographe Charles d’Aspermont rend magnifiquement justice dans la plaquette. Chacun des quatre couples d’interprètes a choisi de juxtaposer la mélodie française et le lied germanique.
Le premier duo réunit la mezzo-soprano Brenda Poupard et la pianiste Anne‑Louise Bourion. Si le recueil Banalités ne saurait convaincre, chanté avec une voix exagérément pointue, aux intentions toujours outrées, jamais spirituelles, les trois lieder de Liszt qui suivent sont très réussis, notamment Uber allen Gipfeln ist Ruh’, chanté avec une ligne exemplaire et une belle gravité.
Le baryton-basse Adrien Fournaison, avec Natallia Yeliseyeva, réussit tout le parcours avec un style et une diction parfaites pour Fauré, Duparc et la « Sérénade » des Chansons gaillardes de Poulenc aussi bien que dans le lied, avec la ballade Le Roi des aulnes de Loewe et le premier Harfenspieler de Schubert.
On reste plus réservé devant la ballade Le Nain de Schubert que chante le soprano Cyrielle Ndjiki Nya, accompagnée par Kaoli Ono, plutôt linéairement, sans souci véritable d’en faire un récit, meilleure dans La Nostalgie du fossoyeur, mais pas dans les Chansons de Bilitis de Debussy, qui manquent totalement du recul nécessaire pour rendre crédible cette poésie symboliste.
Ce récital au programme bien équilibré s’achève mieux avec le ténor britannique Ted Black (accompagné par Dylan Perez, le meilleur pianiste de cette sélection), davantage pour deux des Chants d’adieu de Korngold, dont la diction pourrait être meilleure mais interprétés avec esprit, que pour les deux extraits de Proses lyriques de Debussy chantés de façon trop véhémente (B·Records LBM053). OB




Une visite en dessins de l’Opéra





Des livres sur l’Opéra national de Paris, il y en a déjà beaucoup, même pour plonger dans les coulisses. L’originalité de celui des Editions de La Martinière, Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris, réside dans les illustrations de Laure Fissore. En effet, il n’y a pas la moindre photographie dans cette publication racontant de fond en comble le fonctionnement de l’institution parisienne. De nombreux dessins illustrent le reportage de Laetitia Cénac, journaliste à Madame Figaro, qui a rencontré les différents corps de métier. Aucun discipline ne semble avoir été oubliée, même pour le volet administratif. Il s’agit d’une lecture immersive assez plaisante, vraiment instructive, souvent étonnante (les chiffres cités sont édifiants), agréable à feuilleter. Un livre à offrir ou à s’offrir, à condition de ne pas nourrir de grandes attentes littéraires. Toutefois, si ce reportage comportait, au lieu de dessins, des photographies, en noir et blanc, par exemple, le sentiment de proximité ressenti avec cette institution et ceux qui la font vivre aurait été probablement différent. Pour la même collection, l’auteur avait déjà pu s’immiscer dans les coulisses de Chanel et de la Comédie‑Française (128 pages, 19,90 euros). SF




Brahms à la magyar





On dit parfois que Brahms est le plus grand compositeur... hongrois. Toujours est‑il que bien au‑delà de ses seules Danses hongroises, sa musique possède souvent un (fort) parfum magyar. Mais c’est de l’ouest que vient ce « Brahms le Tzigane » conçu par Gildas Pungier, fondateur du Chœur de chambre Mélisme(s), avec la pianiste Colette Diard et le BanKal Trio (clarinette, accordéon et contrebasse). En un « Prélude », cinq « tableaux » et un « Postlude », alternent quatorze extraits des Chants populaires allemands, des Chants tziganes, des Liebesliederwalzer, des Chants opus 43 ainsi que des Quatuors vocaux opus 64, opus 92 et opus 112 dans des arrangements de Pungier (également auteur du Von Zigeunerliebe conclusif) avec des airs traditionnels où le trio lorientais plonge parfois l’auditeur dans une ambiance klezmer. Les douze chanteurs lannionnais, guère avantagés par une prise de son assez mate, ne sont pas toujours parfaits, y compris dans la diction, mais ils rendent justice avec esprit à ce retour aux sources de l’inspiration hongroise de Brahms, entre fougue et mélancolie (Ad Vitam AV 230915). SC




Cortot monumental





Cette monumentale édition remastérisée, réalisée en 2012 par Rémi Jacobs et rééditée en 2023 avec un livret très bien illustré et une notice de François Anselmini (« Cortot, un romantique du XXe siècle), ne constitue pas – nous avertit l’éditeur – une « intégrale » mais une collection d’enregistrements s’échelonnant sur une quarantaine d’années, de 1919 à 1960, de la prise de son directe jusqu’à la stéréophonie, portant la marque sonore des évolutions technologiques du XXe siècle qui ont jalonné l’histoire du disque. Quelques pages issues de l’intégrale inaboutie des Sonates de Beethoven ont été ajoutées, malgré les imperfections pianistiques des enregistrements (documents de 1958 et 1960). Alfred Cortot (1877‑1962) est l’incontournable du piano français du XXe siècle. La liste de ses élèves est impressionnante et, aujourd’hui encore, nombre de pianistes de premier rang interrogés sur leurs références absolues le citent en premier chef. La tache d’ombre due à sa supposée participation au Gouvernement de Vichy et au fait qu’il se soit produit pendant la guerre en Allemagne n’a jamais réussi à ternir sa réputation musicale et il est mort couvert d’honneurs tant en France qu’à l’étranger. Il est difficile de hiérarchiser les œuvres de cette édition, tout étant d’un niveau exceptionnel tant pour l’interprétation que pour la technique pianistique. Certaines œuvres étant enregistrées plusieurs fois, on peut préférer une prise à une autre mais dans l’ensemble, c’est affaire de goût personnel. Citons le Cinquième Concerto brandebourgeois de Bach, dont la cadence du premier mouvement est probablement la plus ébouriffante de la discographie. Ineffables aussi les témoignages du trio qu’il forma avec Jacques Thibault et Pablo Casals (un Archiduc de Beethoven d’anthologie). Et de Chopin, Valses et Préludes qui n’ont que rarement été égalés. Ses Schumann sont moins célèbres et c’est injuste, car autant Papillons que Carnaval et les Danses des compagnons de David sont prodigieux. La Sonate de Liszt et les quelques Rhapsodies hongroises restent inapprochées. Même malgré leur caractère très tardif, les extraits de Sonates de Beethoven resteront un témoignage précieux et le petit plus de cette réédition attendue (coffret de quarante disques Warner 5054197471940). OB




Gieseking monumental





Dans cet énorme édition de quarante‑huit disques, « His Columbia Graphophone Recordings » hommage au pianiste franco-allemand Walter Gieseking (1895‑1956), parfaitement iconographiée et documentée, onze proviennent des 78 tours gravés sur gomme‑laque entre 1923 et 1949, huit furent enregistrés en la seule année 1951 et vingt‑neuf sont les remastérisations en 2021 de 33 tours enregistrés entre 1953 et 1956. Soit plus de 50 heures de musique ! Manquent à cette « non‑intégrale » les enregistrements réalisés en Amérique pour Columbia. On y trouve quelques inédits – des bribes de Debussy, Beethoven, Mozart, une composition du pianiste (Spiel um ein Kinderlied) – mais il semble qu’il reste beaucoup de documents radiophoniques et des enregistrements pour d’autres éditeurs pour tenir une véritable intégrale. Mais le studio Columbia à lui seul est un legs colossal avec les intégrales Debussy, Ravel et des Sonates de Mozart magnifiquement remastérisées et l’évidence de la grande versatilité de répertoire du pianiste (Chopin, Scarlatti, Grieg, Liszt, et des compositeurs du XXe comme Poulenc et Tansman).
Comment définir l’art de Gieseking ? En tenant compte de l’évolution des techniques d’enregistrement d’abord, car il est passé par tous les stades depuis le 78 tours jusqu’à la stéréophonie, et de la longévité de sa carrière, avec la fougue de la première jeunesse et la maturité des dernières années, les derniers enregistrements étant datés de 1956, année de sa disparition. La magnifique sonorité du pianiste est une constante tout au long de ce parcours et l’art subtil de créer des paysages autant chez Mozart, Debussy que Grieg ou Ravel. De ce coffret, on pourra préférer les Sonates de Mozart et les intégrales Ravel et Debussy qui l’ont rendu célèbre (de ce derniers les Etudes sont prodigieuses et bien sûr aussi les Préludes et les Images). Mais il faut aussi considérer ses Beethoven moins connus (trois concertos, le Quintette avec instruments à vent et la quasi‑intégrale (manquent seulement les Seizième et Trente‑deuxième) des Sonates (avec parfois plusieurs prises). On retrouve le célébrissime et prodigieux récital Mozart dans lequel il se faisait l’accompagnateur d’Elisabeth Schwarzkopf avec la première édition de Warnung, lied écarté lors de la publication du microsillon d’époque (1956) et dans toutes ses rééditions, et le Quintette en mi bémol avec l’Ensemble à vent du Philharmonia, dont le corniste Dennis Brain. Le Vingt‑troisième Concerto, pourtant joué sous la direction de Karajan, déçoit un peu, tout comme celui de Grieg (tous deux de 1951) si l’on compare à d’autres interprètes de la même époque. A l’intégrale des Sonates de Mozart on peut ajouter toute une collection de courtes pièces, Menuets, Variations, Caprices et Fantaisies qui les complètent fort bien, tout comme de nombreuses pièces miniatures de Grieg, Mendelssohn et Scarlatti qui font le prix de ce passionnant coffret (Warner Classics 019029624559). OB




Les violons de la honte


          


On se demande parfois ce qui passe par la tête des éditeurs, ou bien simplement s’ils en ont une. Deux récentes parutions violonistiques conduisent ainsi à s’interroger.
Mais qu’est-il arrivé à Nemanja Radulovic (né en 1985) ? On se souvient en effet du jeune protégé de Patrice Fontanarosa, dont la sonorité et la personnalité radieuses ont souvent été saluées dans nos colonnes : ainsi de ce Concerto pour violon de Beethoven dans lequel il avait remplacé au pied levé rien moins que Maxim Vengerov en décembre 2006. Mais revoici ce concerto dans une interprétation dont le seul projet semble être de faire un sort à chaque note au travers d’une succession d’arrêts sur image. Le violoniste a quelque peu étoffé l’effectif de son ensemble Double Sens, mais avec seulement vingt cordes, la prise de son ne parvient pas à assurer un équilibre satisfaisant entre les pupitres, d’où les cuivres ressortent excessivement. Le chef n’est pas plus recommandable que le soliste, emmenant les musiciens dans diverses errances coupables (changements de tempo et de dynamique, ornementation du hautbois solo dans le finale). Il a par ailleurs arrangé pour violon et cordes la Neuvième Sonate « A Kreutzer », pour un résultat d’autant plus étrange que l’interprétation tire l’œuvre vers un hors sujet presque cocasse, entre Paganini et orchestre des cent violons tziganes (Warner Classics 5419774339).
Par-delà l’admiration sans bornes que suscite Martha Argerich (née en 1941), elle a parfois surpris dans le choix des musiciens dont elle s’entoure. En voici un nouvel exemple avec Maria Solozobova (née en 1979), violoniste russe établie en Suisse. On retrouve la Sonate « A Kreutzer », cette fois‑ci dans sa version originale – encore qu’on ne reconnaisse guère la partition entre une justesse constamment prise en défaut, des pizzicatos de guimbarde, un legato baveux, des traits savonnés et une sonorité particulièrement désagréable, aigre dans les aigus et râpeuse dans les graves... Donnant l’impression de regarder de loin ce désastre, la pianiste argentine en paraît éteinte – un comble ! Egalement enregistrée en public à Zurich en 2021, la Seconde Sonate de Prokofiev réserve les mêmes déconvenues. Nul n’est toujours parfait, bien sûr, notamment en concert, mais nul n’est non plus obligé de publier de tels enregistrements (Antes BM319328). LPL





Face-à-face




Enesco : Octuor à cordes


          
Agé de seulement 19 ans (1900), le compositeur roumain livre une partition forte, originale et de grande ampleur (40 minutes), dans laquelle le folklore et de puissants élans postromantiques sont unis par une exceptionnelle science contrapuntique, à la fois comme un héritage de Brahms et une préfiguration de Schönberg. Rare au concert comme au disque, l’œuvre, en quatre mouvements organisés comme une gigantesque forme sonate à neuf (!) thèmes, vient toutefois de bénéficier de deux enregistrements.
Sous l’égide de la Chapelle musicale Reine Elisabeth Miguel da Silva (né en 1961), maître en résidence de la section d’alto et de musique de chambre, Lorenzo Gatto (né en 1986), professeur dans la section de violon, et six jeunes « artistes en résidence » unissent leurs forces dans une interprétation desservie par une prise de son un peu rêche mais dans laquelle ne manquent ni l’énergie, ni l’engagement. Couplage logique, l’Octuor de Mendelssohn, également d’un tout jeune prodige, apparaît en revanche moins fougueux que sage et appliqué (Fuga Libera FUG 808).
Nicolas Dautricourt (né en 1977) s’associe au Quatuor Capriccio (Cécile Agator, Juan‑Fermin Ciriaco, Flore‑Anne Brosseau et Samuel Etienne), aux violonistes Maya Koch, à l’altiste David Gaillard (musiciens de l’Orchestre de Paris) et au violoncelliste Benedict Kloeckner pour une version presque en tout point complémentaire, d’esprit moins symphonique mais offrant davantage de souplesse et de séduction sonore, moins brute de décoffrage mais tendant sans doute en même temps à relativiser le caractère hors norme de l’œuvre. Dans cet album intitulé « The Enescu Project », l’Octuor clôt un panorama diversifié, faisant également intervenir le violoniste Romuald Grimbert-Barré, l’altiste Ludovic Levionnois et le violoncelliste Edouard Sapey-Triomphe : brève et délicieuse Aubade (1899) pour trio à cordes d’Enesco, Troisième Sonate pour violon seul d’Ysaÿe (dédiée à Enesco), arrangements par Dautricourt de la Méditation de Thaïs de Massenet et de la Pavane pour une infante défunte, arrangement par Arthur Lamarre de l’Elégie de Fauré, trois Duos pour deux violons de Bartók ainsi qu’une création, Mémoire déformée (2021) de George‑Ioan Păis (né en 1994), lauréat d’un concours de composition d’une œuvre en hommage à l’Octuor (Orchid Classics ORC100202). SC




Ravel : Quatuor


          
Comme Debussy dix ans plus tôt, le compositeur n’a pas attendu la trentaine (1903) pour apporter sa contribution au genre, elle aussi unique et capitale à la fois : dès lors, deux ans plus tard, le refus, pour la cinquième fois, de lui attribuer le grand prix de Rome ne pourra que faire scandale. L’œuvre s’est évidemment imposée au répertoire de toutes les formations, dont une française et une américaine viennent de réaliser un enregistrement.
Le Quatuor Voce publie le second volume de ses « Poétiques de l’instant », « projet au long cours et diptyque discographique qui s’attache à faire résonner deux œuvres incontournables pour tout quatuor à cordes français – les chefs‑d’œuvre de Debussy et de Ravel – avec d’autres pièces musicales et des créations ». Un Ravel tout en délicatesse et en subtilité, confortable mais pas opulent, raisonnablement contrasté et laissant place à des demi‑teintes très françaises. Mais c’est peut‑être Introduction et Allegro qui est le moment le plus réussi de cet album, en compagnie d’invités de luxe, la flûtiste Juliette Hurel, le clarinettiste Rémi Delangle et le harpiste Emmanuel Ceysson : avec eux, l’œuvre n’a rien à envier au rester de la parcimonieuse production chambriste de Ravel. Par contraste, l’arrangement par Emmanuel Ceysson de Ma mère l’Oye, s’il est astucieux en ce qu’il est destiné au même rare effectif instrumental, fonctionne beaucoup moins que la version originale pour piano à quatre mains ou l’orchestration de Ravel. Enfin, même s’il part de la même note que le Quatuor de Ravel (un la) et si le compositeur s’est dit inspiré par Ravel, dont « l’harmonie toujours mouvante semble créer une perpétuelle métamorphose », on n’est pas certain que le Cinquième Quatuor (2021) de Bruno Mantovani (né en 1974), écrit pour le Quatuor Voce, ait grand‑chose de ravélien, sinon un art d’un parfait accomplissement et d’une grande minutie ; toujours est‑il qu’en à peine 10 minutes, de nombreux événements intéressants et souvent même plaisants se succèdent (Alpha 933).
Fondé en 2013 et en résidence au Conservatoire de San Francisco, le Quatuor Telegraph ne démérite pas, même s’il est nettement plus anguleux et, partant, sans doute moins idiomatique que les Voce. Pour autant, cette vision met sans doute davantage en valeur la modernité du propos, qui est également celle de l’immense Premier Quatuor (1905) de Schönberg, même si, ainsi que le suggère le titre de l’album (« Different Paths »), ce sont des chemins différents qui s’ouvrent (et peut‑être même une voie sans issue pour Schönberg, qui prendra une toute autre direction dans son Deuxième Quatuor). La réalisation instrumentale semble de moins bonne qualité que dans Ravel, mais la générosité, l’engagement et la conviction des Californiens paraissent inépuisables (Azica Records ACD‑71360). SC




Debussy : Préludes (Premier Livre)


          
Si ses Préludes, par leur nombre (vingt‑quatre), évoquent Chopin qu’il admirait, le propos du compositeur n’a guère à voir avec celui de son aîné, ne serait que parce que chacune de ces pièces est suivie (et non précédée) d’un titre, entre parenthèses et avec des points de suspension, afin de ne pas obnubiler l’interprète et l’auditeur. Composé en moins de trois mois au tournant de 1909 et 1910, le Premier Livre, qui marque l’entrée dans la toute dernière période du piano debussyste, vient tout juste de bénéficier de fort remarquables versions enregistrées par des pianistes pas encore trentenaires.
Dans un album dont la « structure [...] reflète les principes de la manifestation photographique », Konstantin Emelyanov (né en 1994), troisième prix au concours Tchaïkovski en 2019, parcourt le recueil avec un goût certain pour les belles sonorités que procure son Yamaha, moins animé par une quête de la modernité que de la couleur, dans les pages les plus dépouillées (« Des pas sur la neige ») comme dans les plus extraverties (« La Cathédrale engloutie »). Mais la fantaisie (« La Danse de Puck », « Minstrels ») ne perd pas ses droits, ce qui convient encore plus aux vingt Visions fugitives (1917) de Prokofiev qui poussent encore plus loin le culte de la petite forme : excellente idée que de mettre au programme ces trop rares aphorismes d’un compositeur encore en veine de provocation et dont l’œuvre semble déjà riche de ces années 1920 parisiennes, de Satie ou Poulenc, qu’il ne va pas tarder à découvrir. Traduisant sans doute entre autres l’influence de Prokofiev et un peu injustement négligée elle aussi – mais peut‑être reviendra‑t‑elle au goût du jour à la faveur du succès de la Fugue américaine de Bruno Le Maire –, la Sonate (1949) de Barber trouve un interprète aux doigts agiles et solides – la partition était destinée à Horowitz – mais jamais tapageurs (Fuga Libera FUG 812).
Après deux premiers albums en solo consacrés à Chopin puis Rachmaninov, Jean‑Paul Gasparian (né en 1995) en vient à Debussy. Minutieux et spéculatif, il prend davantage son temps qu’Emelyanov, sauf dans « La Fille aux cheveux de lin », et en tire profit pour creuser davantage le texte, mais « Les Collines d’Anacapri » n’en sont pas moins étincelantes. Un peu lointaine, la prise de son laisse entrevoir un Steinway plus clair et plus dur, qui contribue à une quête à la fois plus exigeante et plus risquée. Le parti pris est le même dans les Estampes (1903), avec « Pagodes » et « La Soirée dans Grenade » très lentes et étudiées, en contraste avec d’éclatants « Jardins sous la pluie ». Cette dernière pièce cite Nous n’irons plus au bois et est donc ingénieusement suivie de « Rondes de printemps », dernier volet du triptyque orchestral Images (1912), dans une transcription réalisée en 2009 par son père Gérard Gasparian (né en 1960), où l’arrangeur tout autant que l’interprète fascinent par leur habileté (Naïve V 7958). SC





ConcertoNet a également reçu




Daniel Harding : Holst
Tout chef britannique de soit d’enregistrer Les Planètes mais il n’a choisi ni l’orchestre dont il est le directeur musical et artistique depuis près de vingt ans (Radio suédoise), ni celui dont il prendra la tête en octobre prochain (Académie Sainte‑Cécile), ni même celui dont il est « chef en résidence » (Suisse romande). Cela dit, il ne perd pas au change puisqu’il se trouve en compagnie de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, somptueux comme toujours, à l’occasion de concerts donnés en février 2022 dans la Herkulessaal. Cette version restera comme l’une des trois plus lentes de la discographie, « dépassée » seulement par Bernard Herrmann (Decca, 1970) et Eduardo Mata (Pro Arte, 1987), détenant même le record pour « Saturne » et « Neptune » (un Andante à 54 suivi d’un Allegretto à 60 !). La lenteur, pourquoi pas, mais pas quand elle se fait synonyme de pesanteur, d’engluage et d’ennui (BR Klassik 900208) ! SC


Keith Jarrett : C. P. E. Bach
ECM New Series édite un enregistrement réalisé en mai 1994 des six Sonates wurtembergeoises. Le pianiste américain (né en 1945) ne cherche à imiter ni le clavecin, ni même le pianoforte, et recourt donc à toutes les ressources du piano moderne. Si la sonorité est agréablement charnue, particulièrement au regard du son de Gould dans la Sonate en la mineur, le trait demeure net dans cette interprétation d’un grand classicisme, qui pèche même par un excès de prudence face au caractère éminemment inventif, capricieux et expressif de la musique du plus talentueux des fils de Bach (album de deux disques 2790/91). SC


Dalia Stasevska : Leiviskä
La cheffe finlandaise d’origine ukrainienne (née en 1984), avec le Sinfonia Lahti dont elle a la responsabilité depuis 2021, entame une anthologie orchestrale de sa compatriote Helvi Leiviskä (1902‑1982), élève de Madetoja, Melartin et Funtek à Helsinki, mais aussi de Willner à Vienne, dont plusieurs œuvres ont déjà enregistrées chez Finlandia. La Deuxième Suite d’orchestre (1938) séduit par son caractère expressif et pittoresque – elle est tirée de la musique écrite pour le film Juha de Nyrki Tapiovaara. Davantage orientés vers la musique pure, de caractère volontiers sombre ou méditatif, les trois mouvements de la Deuxième (1954) de ses trois symphonies traduisent bien la dimension spirituelle de l’inspiration de la compositrice, tandis que l’unique mouvement de la Sinfonia brevis (1962/1972), plus abstrait et énigmatique sans pour autant abandonner de solides bases tonales, pourrait évoquer l’ombre tutélaire de Sibelius (Bis BIS‑2701). SC


Gustavo Gimeno : Messiaen
Le chef espagnol (né en 1976) se trouve être directeur musical de deux formations qui ont très tôt contribué à la discographie alors très réduite de la Turangalîla-Symphonie : l’Orchestre philharmonique du Luxembourg (Forlane, 1982, alors « Orchestre symphonique de RTL ») et l’Orchestre symphonique de Toronto (1967, RCA). La phalange ontarienne célèbre son centenaire avec cet enregistrement réalisé plus de cinquante‑cinq ans après celui de Seiji Ozawa, mais le feu sacré semble désormais moins vivace. L’interprétation est remarquable de mise en place, d’équilibre, d’élégance et de raffinement, à la faveur d’une superbe prise de son, et rien ne pourra évidemment déstabiliser des experts tels que Marc‑André Hamelin (né en 1961) au piano et Nathalie Forget (née en 1978) aux ondes Martenot, mais tout cela reste assez lisse, manquant de générosité, de folie et de démesure (Harmonia mundi HMM905336). SC


Olga Jegunova : « SLOW »
Sous le couvert d’une note d’intention bien dans l’air du temps (aller lentement en ce temps de crises), la pianiste russo-lituanienne (née en 1984) regroupe douze pièces de tempo lent – forcément – associant romantiques – Prélude en si mineur de Bach/Siloti, Troisième et Quatrième des Consolations de Liszt, Mélodie de Gluck/Sgambati, Sérénade de Schubert/Heller – et « néos » de tout poil – extrait du Roi Lear de Kancheli, Pour Alina de Pärt, Troisième des Gnossiennes de Satie, Paysage blanc de Vasks, « Glaciers », deuxième des Trois Passions pour notre planète torturée (2021) de Brian Field (né en 1967). Deux pages ont été spécialement écrites pour cet album : Méditation de Luca Tieppo (né en 1966) et Une brise salée sur les roseaux de Raphaël Lucas (né en 1983). Malgré les louanges appuyées que tresse la notice au Steinway de 1957 récemment restauré, la sonorité déçoit et l’interprétation ne fait pas vivre des morceaux dont beaucoup, il est vrai, sont d’un intérêt fort limité (Prima Classic PRIMA029). SC


Autour de Victoria Shereshevskaya
La mezzo russe résidant en France (née en 1983) a conçu avec Alexandra Soumm (née en 1989) et Rémi Geniet (né en 1992) un programme prometteur, associant voix, violon et piano : Poèmes de Rabindranath Tagore d’Ippolitov-Ivanov, Menuet de Chaminade, Violons dans le soir de Saint‑Saëns, cinq Mélodies (sur des poèmes de Baudelaire) de Lucas Debargue (né en 1990), Cosmos d’Odessa de Youli Galperine (1945‑2019) et Si vous l’aviez compris... de Denza (en français). A ces raretés s’ajoutent les célèbres et poignantes Romances sur des poèmes d’Alexandre Blok de Chostakovitch, pour lesquelles se joint le violoncelliste Yan Levionnois (né en 1990), le tout pertinemment éclairé par une notice de François Le Roux. La déception est malheureusement à la mesure des attentes, en raison principalement de lacunes vocales rédhibitoires et secondairement de la surprenante pauvreté de l’inspiration de Debargue (Klarthe KLA154). SC


La rédaction de ConcertoNet

 

 

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