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CD et livres: l’actualité d’août
08/15/2022

Au sommaire :

Les chroniques du mois
En bref
Face-à-face
ConcertoNet a également reçu




Les chroniques du mois




Must de ConcertoNet

    Hervé Niquet dirige Phryné de Saint‑Saëns

    Amandine Beyer dirige Vivaldi



 Sélectionnés par la rédaction

    Hanna‑Elisabeth Müller chante Strauss

  Sur les traces de J.‑S. Bach de Gilles Cantagrel

    Intégrale des Mélodies de Franck

    Nelson Goerner interprète Albéniz

    Le Voyage dans la Lune d’Offenbach

    Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia

    Sarah Maria Sun et l’Ensemble SONGS

    Le pianiste Mikhail Bouzine

    Le pianiste François‑Frédéric Guy




 Oui !

L’accordéoniste Marie‑Andrée Joerger
Florent Marie interprète Terzi
Cyrille Dubois et Tristan Raës interprètent Fauré
Le Quintette (de cuivres) Local Brass
Sébastien Rouland dirige La Fille de Madame Angot
Anna Prohaska et Isabelle Faust interprètent Kurtág
Florian Sempey chante Rossini
Œuvres de Charlotte Sohy
Guy Van Waas dirige La Caravane du Caire
Le pianiste Florian Caroubi
Le violoniste Augustin Hadelich
Le Quatuor Mandelring interprète Debussy et Rivier
Le Quatuor Voce
Zlata Chochieva interprète Mozart et Scriabine
Le Quatuor Hermès interprète Schubert
Jean‑Marc Luisada interprète Schubert
En avant les percussions !




Pourquoi pas ?

La violoniste Patricia Kopatchinskaja
Le Trio George Sand interprète Mahler
Collectif9 interprète Mahler
Beatrice Berrut interprète Mahler
Vadim Gluzman interprète Beethoven et Schnittke
Tomás Netopil dirige le Freischütz
René Jacobs dirige le Freischütz
Tianwa Yang interprète Prokofiev
Tom Hicks interprète Liszt et Ireland
Michel Dalberto interprète Liszt
Catalin Serban interprète Chopin et Scriabine
Thomas Adès dirige Beethoven et Barry
Jörg Widmann dirige Beethoven, Widmann et Strauss
Œuvres d’Elise Bertrand



Pas la peine

Œuvres d’Olivier Calmel
Fortissima de Beatrice Venezi
Stefan Blunier dirige Passionnément de Messager
Charlie Siem interprète Beethoven
Nicolas Horvath interprète Tailleferre




Hélas!

Manrico Padovani interprète Beethoven
Joanna Goodale interprète Debussy





En bref

Sempey ? Sì!
Fragments de Kurtág
Tout Fauré avec Cyrille Dubois
Les musiciennes rebelles de Beatrice Venezi
Encore un opéra de Saint‑Saëns
Dans les « Sillages » de Florian Caroubi
Mahler « intime » et Jugendstil
Charlotte Sohy, une découverte utile
Germaine Tailleferre, une découverte décevante
Concerto pour violon de Beethoven : encore trois versions
Passionnément sans grande passion
Consommez Local (Brass) !
Bonne Fille
Une Caravane du Caire à chérir



Sempey ? Sì!



En quelques années, Florian Sempey (né en 1988) est parvenu à brillamment s’imposer dans le répertoire italien du dix‑neuvième siècle. Que vaut son Rossini ? Ce compositeur lui convient très bien, et cet album, intitulé « Figaro ? Sì ! » en apporte la preuve. Le baryton français met en valeur une voix idéale, par sa tessiture et sa souplesse, qualité renforcée par une caractérisation juste des personnages et un raffinement du phrasé, toujours assuré, même dans les passages les plus périlleux. Le chant syllabique, les crescendos et les montées en puissance suscitent l’admiration. La virtuosité paraît vraiment naturelle et toujours au service de la caractérisation. Le chanteur semble donc se jouer des difficultés dans tous ces extraits (Le Barbier de Séville, L’Echelle de soie, La Cenerentola, L’occasione fa il ladro, Le Comte Ory), aussi convaincants l’un que l’autre, certains interprétés en duo avec d’excellents partenaires –Karine Deshayes, rien de moins, Nahuel Di Pierro et Yoann Dubruque. L’accompagnement vigoureux et précis de Marc Minkowski contribue à l’intérêt de cette précieuse carte de visite. Les ouvertures du Barbier de Séville et de L’Italienne à Alger, vives et claires, témoignent de la saveur des bois et du rebond des cordes du remarquable Orchestre national Bordeaux Aquitaine – nous aurions tout de même été curieux d’entendre les Musiciens du Louvre dans ce répertoire. Il faudrait que Sempey aborde dans un second disque le versant sérieux du maître de Pesaro pour confirmer que nous tenons là un rossinien complet. Laissez filer la dernière plage jusqu’à son terme pour découvrir un bis savoureux et drôle. Espérons qu’une bonne âme voudra bien se dévouer pour porter cet article à la connaissance de l’artiste, qui a unilatéralement décidé de bloquer l’accès de ConcertoNet à son compte Twitter (Alpha 791). SF



Fragments de Kurtág



Le titre tient de la redondance, puisqu’à la manière de Webern, Győrgy Kurtág (né en 1926) pratique l’aphorisme, même s’il est parvenu à édifier sur cette concision des œuvres d’assez grande ampleur, comme son récent opéra Fin de partie. C’est aussi le cas de ses cycles vocaux Messages de feu Demoiselle R. V. Troussova et, plus encore, Fragments de Kafka (1987), quarante pièces d’une durée de 10 secondes à 7 minutes, soit au total près d’une heure. Au‑delà de ce seul laconisme, tout le compositeur hongrois est là, ses hommages (Schumann, Boulez, János Pilinszky, Zoltán Jeney), sa frugalité funambulesque (seul un violon accompagne la voix), son écriture millimétrée, son exploitation exhaustive des ressources vocales et instrumentales, ses grands écarts expressifs. D’un défi à l’autre (voir ici), Anna Prohaska (née en 1983) se lance dans l’aventure avec succès, sans en rajouter dans les excès ou dans l’excentricité – après tout, ce n’est pas du théâtre musical. La soprano autrichienne trouve en Isabelle Faust (née en 1972) une fantastique partenaire, techniquement impressionnante et esthétiquement en phase (Harmonia mundi HMM 902359). SC



Tout Fauré avec Cyrille Dubois



Le ténor français Cyrille Dubois enregistre l’intégralité des mélodies de Gabriel Fauré, dont on célébrera en 2024 le centenaire de la mort. Pour la première fois interprétée par un seul chanteur, c’est une belle initiative musicologique qui ne prévient hélas pas un certain degré de monotonie. A l’occasion de la sortie de ces trois disques publiés par Aparté avec le soutien de la Fondation Palazzetto Bru Zane‑Centre de musique romantique française, soit cent‑trois mélodies interprétées sans volonté chronologique, au prix de quelques transpositions, par le seul ténor Cyrille Dubois accompagné par le pianiste Tristan Raës, on peut faire le point sur la discographie de référence de ce trésor de la musique française. Historiquement, le baryton‑martin suisse Charles Panzéra, pour qui nombre de ces mélodies ont été composées, accompagné au piano par Magdeleine Panzéra‑Baillot, est la référence. Il leur imprime un style qui allie noblesse et mélancolie avec, sans aucune afféterie, une parfaite diction française. Camille Maurane, autre baryton‑martin à la voix claire, a enregistré avec un style tout à fait impeccable et beaucoup de rigueur dans la diction nombre de ces mélodies accompagné par Pierre Maillard‑Verger et Lily Bienvenu, qu’Erato et Philips ont republiées dans les débuts du compact disc. Pour beaucoup, il est inégalé dans ces mélodies. Plus sombre de timbre, le baryton Gérard Souzay en a enregistré pour Decca avec Jacqueline Bonneau, puis pour Philips les principaux cycles avec l’excellent Dalton Baldwin. Puis il a, avec le même accompagnateur, participé tardivement à une intégrale en quatre disques pour EMI, partagée avec une Elly Ameling au ton très affecté. Le style de Souzay est volontiers artificiel, grandiloquent, gardant une certaine distance par rapport au texte, mais la diction est toujours excellente. Plus récemment, certains contre‑ténors se sont également approprié ce répertoire avec plus ou moins de bonheur... L’approche de Cyrille Dubois pour la plupart de ces mélodies est plus romantique, lyrique, passionnée. Le style n’a plus la rigueur des interprètes historiques car la diction est parfois sacrifiée à la ligne de chant, elle‑même non exempte d’un certain degré de rubato. Sa voix, qui est plus riche dans les registres médians et bas, a moins tendance à nasaliser que chez ses augustes prédécesseurs mais reste beaucoup plus dans une démarche interprétative que déclamative. Le revers de l’entreprise est que, écoutée à la suite comme on le fait pour un récital, la monotonie arrive vite tant par l’uniformité des couleurs vocales que par la tendance à surinterpréter des textes à qui sied mieux une neutralité, voire nudité, dans l’approche. Et cela malgré l’accompagnement très varié et riche en couleurs et climats de Tristan Raës. La présentation de ce coffret est impeccable, avec ses textes d’introduction et des poèmes donnés en français et anglais et une belle iconographie sur le compositeur (coffret AP284). OB



Les musiciennes rebelles de Beatrice Venezi



La cheffe d’orchestre Beatrice Venezi (née en 1990) tient à se faire appeler dans son pays natal maestro et direttore d’orchestra (et non maestra et direttora ou direttrice), mais le titre retenu pour la traduction française de son ouvrage Les Sœurs de Mozart (2020) est... Fortissima. Comprenne qui pourra. Sous‑titré « Destins de musiciennes rebelles », il consiste en treize chapitres présentant seize portraits de musiciennes, de Hildegard von Bingen à... Hildur Gudnadóttir, compositrices pour la plupart, mais également interprètes (Callas, Argerich, du Pré). L’auteur a l’honnêteté de reconnaître que ces hommages – exercices d’admiration aurait dit Cioran – ne sont en réalité que des « moments musicaux, esquisses littéraires, miniatures ». Si elles sont d’une lecture aisée, grâce à une traduction fluide (mais non exempte d’erreurs, tel ce « scherzo spasmodique essentiellement exécuté au piano » ... à propos d’une symphonie de Farrenc), ces vignettes, complétées par une « Playlist » (discographie) un peu décousue, aspirent certes davantage à la vulgarisation qu’à la musicologie mais gagneraient parfois à davantage de rigueur : à peut‑être trop vouloir démontrer, il est quand même un peu audacieux d’avancer que la victoire d’Argerich au concours Chopin en 1965 était « rare pour un étranger », alors même que le vainqueur de la précédente édition, en 1960, n’était autre que... Pollini (Payot, 176 pages,18 euros). SC



Encore un opéra de Saint‑Saëns



La providentielle collection « Opéra français » du Palazzetto Bru Zane atteint désormais la trentaine de parutions et Saint‑Saëns y tient une place de choix : après Les Barbares, Proserpine, Le Timbre d’argent et Phryné, voici maintenant La Princesse jaune (1872), opéra‑comique en un acte. Décidément, il y a encore des découvertes à faire parmi les treize ouvrages lyriques de l’auteur de Samson et Dalila. Le livret met en scène Kornélis, poète orientaliste hollandais dont la fascination pour la représentation d’une princesse sur un paravent japonais est amplifiée par l’usage de la cocaïne, et sa cousine Léna, qui préférerait qu’il revienne à la raison et, surtout, que son attention se porte sur elle – elle l’emportera finalement, bien sûr, car après quelques péripéties, « le rêve est vaincu par la réalité ». En un peu plus de trois quarts d’heure, le compositeur livre une fort belle partition à l’orientalisme certain mais pas caricatural, à l’orchestration subtilement colorée par la harpe et à la perfection d’écriture vocale, bien de l’époque de Bizet et Gounod. On ne perd pas une miette du texte de Louis Gallet grâce à l’attention portée aux mots par Judith van Wanroij et Mathias Vidal, le ténor français ne cessant de ravir par sa voix lumineuse et son phrasé soigné. Tous deux sont admirablement soutenus par Leo Hussain à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.
Le complément, peut‑être un rien moins inspiré mais toujours dans un esprit « exotique » du temps, surprend quelque peu de la part d’un Palazzetto Bru Zane d’ordinaire farouchement attaché à l’authenticité mais auquel on ne tiendra cependant pas rigueur de son initiative. Il s’agit des six Mélodies persanes (1870), telles qu’orchestrées isolément pour une d’entre elles et, pour les cinq autres dans le cadre de Nuit persane (1891)  en retirant les parties chorales de cette « ode‑symphonie » mais en en conservant un Prélude et un Interlude symphoniques, on obtient un cycle de six mélodies intégralement orchestrées par Saint‑Saëns et confiées chacune ici à un (bon) chanteur différent, Philippe Estèphe, Jérôme Boutillier, Eléonore Pancrazi, Artavazd Sargsyan, Anaïs Constans et Axelle Fanyo (Bru Zane BZ 1045). SC



Dans les « Sillages » de Florian Caroubi



Un disque « Belle Epoque » de musique française inspirée par la mer ? Rien de plus facile avec Debussy et Ravel, bien sûr. Mais rien de plus commun aussi. Excellente proposition, dès lors, pour son deuxième album, que celle de Florian Caroubi (né en 1989) de ne retenir du premier que « Reflets dans l’eau » (première des trois pièces de la Première Série des Images) et du second qu’« Une barque sur l’océan » (troisième des cinq Miroirs), toutes deux de 1905, comme un paysage familier en arrière‑plan, et d’élargir la perspective avec trois de leurs contemporains, au demeurant excellents pianistes et proches de Ravel mais désormais bien oubliés, d’ailleurs partiellement en raison de l’ombre que sa musique a pu leur faire. Louis Aubert (1877‑1968), d’abord, Malouin de naissance et Basque d’adoption, dédicataire et créateur des Valses nobles et sentimentales : à peine en retrait de Gaspard de la nuit, ses Sillages (1912), qui donnent leur titre à l’album, mériteraient d’être au répertoire de tous les pianistes français, chacun des trois volets (« Sur le rivage », « Socorry », sur un rythme de habanera, et « Dans la nuit ») se situant au même niveau d’inspiration. Peut‑être plus debussyste que ravélien, Le Chant de la mer (1919) de Gustave Samazeuilh (1877‑1967) se déroule également en trois temps (« Prélude », « Clair de lune au large » et « Tempête et lever du jour sur les flots »). Sans doute le moins oublié des trois, tenant davantage de Fauré ou du premier Debussy, Gabriel Dupont (1878‑1914), qui devança Ravel au Prix de Rome en 1901, a conçu La Maison dans les dunes (1910) lors de sa convalescence à Arcachon : de ce cycle de dix pièces, on entendra bien sûr « Voiles sur l’eau » mais aussi « Le Soir dans les pins » et « Clair d’étoiles », pleinement en harmonie avec les autres pages de l’album. La succession des œuvres est admirablement construite, les deux grands triptyques d’Aubert et Samazeuilh sertissant les trois – forcément – pièces de Dupont, elles‑mêmes entrecoupées de celles de Debussy et Ravel. Montrant qu’il gagne à quitter le rôle d’accompagnateur, où il acquis une juste reconnaissance, pour occuper le devant de la scène, le pianiste lyonnais sert toutes ces musiques d’une considérable difficulté d’exécution avec un jeu à la fois fluide et structuré. Encore un disque magnifique à porter au crédit d’un éditeur aussi discret que remarquable (Hortus 210). SC



Mahler « intime » et Jugendstil

                    
          

Il y quelque chose de paradoxal, voire de téméraire, à vouloir réduire Mahler, dont les symphonies sont très développées et requièrent d’opulents effectifs instrumentaux. Trois récents albums viennent cependant de tenter le pari.
Intitulé « Mahler intime », celui du Trio George Sand commence prudemment, avec une partition originale, le Mouvement de quatuor avec piano de jeunesse, pour lequel il s’adjoint l’altiste Violaine Despeyroux, puis s’enhardit à des transcriptions pour violon et piano de l’Adagietto de la Cinquième Symphonie par Otto Wittenbecher (1875‑1948) et du début du Ruhevoll de la Quatrième par Edouard Delale (né en 1980), suivi du lied conclusif de cette même symphonie (pour quatuor avec piano) avec la soprano Jennifer Tani. Elle chante également deux lieder d’Alma Mahler, un des Rückert-Lieder et Au pavillon de (Monsieur) Porcelaine de Noriko Baba (née en 1972), qui évoque par sa distance au texte original (le troisième des lieder du Chant de la terre) et son humour l’« interprétation composée » du Voyage d’hiver par Zender. Autre compositeur contemporain associé à ce projet, Gérard Pesson (né en 1958) donne sa transcription fantomatique pour trio avec piano de la dernière des Six Petites Pièces pour piano opus 19 de Schönberg. Mahler lui‑même a toutefois le dernier mot, parfois un peu à la peine, capté en 1905 sur un piano à rouleaux grâce au procédé Welte‑Mignon dans le dernier mouvement de sa Quatrième Symphonie. Un itinéraire intéressant que celui de cet album dont le titre pouvait pourtant apparaître comme un oxymore mais qui se présente en outre comme un ouvrage riche de contributions diverses (en français en anglais), dont une d’Evelyne Bloch‑Dano, récent auteur d’un ouvrage consacré à Natalie Bauer‑Lechner, amie de Mahler, et un entretien avec Marina, sa petite‑fille (Elstir 003).
« No Time for Chamber Music » : en choisissant ce titre pour son album, Collectif9 fait sienne l’ironie de ces mots qui apparaissent dans le troisième mouvement de la Sinfonia de Berio (fondé, précisément, sur une page de Mahler, en l’occurrence le scherzo de sa Deuxième Symphonie). L’ensemble québécois (quatre violons, deux altos, deux violoncelles et une contrebasse) s’approprie et réinterprète l’univers mahlérien, dans une adaptation plus ou moins libre par le contrebassiste Thibault Bertin‑Maghit d’extraits (parfois enchaînés) de longueur variée de plusieurs symphonies et de lieder. Il y a de l’humour, faisant par exemple ressortir le côté klezmer du troisième mouvement de la Première ou, de façon plus inattendue, celui du premier mouvement de la Cinquième, mais aussi de la poésie. Malgré le recours à tous les « effets spéciaux » qu’autorisent les différents modes de jeu des cordes, la démarche reste fidèle à l’esprit de Mahler et un arrangement de la Fantaisie à la manière de Callot (2014) de Philippe Hersant (né en 1948), fondée sur des thèmes de la Première Symphonie et écrite à l’origine pour octuor de violoncelles, s’insère parfaitement dans le programme (Alpha 770).
Dans son album intitulé « Jugendstil », Beatrice Berrut (née en 1985) s’attaque à forte partie en jouant ses transcriptions du Tempo di Menuetto de la Troisième Symphonie, de l’Adagietto de la Cinquième et de l’Andante moderato de la Sixième, avant de livrer une « paraphrase » de Nuit transfigurée qui suit assez fidèlement l’œuvre de Schönberg tout en l’enrichissant de nombreux traits virtuoses. A la Liszt, son compositeur de prédilection, inlassable transcripteur lui‑même. L’équilibre entre le respect du texte et les libertés qu’impose l’exercice est remarquable, la musicalité de l’interprète pas moins, tirant du Bösendorfer des sonorités somptueuses. Mais au‑delà du tour de force, de l’attrait de la curiosité et du plaisir de l’interprète, dont l’imaginaire est stimulé au point de proposer dans la notice deux courtes nouvelles en rapport avec les pièces du programme, on n’est pas certain que tout cela soit bien nécessaire et on en vient à se demander si la pianiste suisse n’essaye pas de satisfaire autrement sa passion de l’orchestre en se consacrant désormais également à la direction (La Dolce Volta LDV100). SC



Charlotte Sohy, une découverte utile



Fondée en 2020, l’association Elles – Women Composers a son festival, « Un temps pour Elles », et sa chaîne vidéo, « La Boîte à Pépites », laquelle se fait désormais aussi éditeur. Sa mission est aussi simple que vaste : « Recording women composers » (en anglais dans le texte), autrement dit, comme l’explique sa directrice artistique, la violoncelliste Héloïse Luzzati, « redonner vie à des œuvres inconnues ou – au mieux – méconnues de compositrices ». C’est évidemment le cas de Charlotte Sohy (1887‑1955), dont peu sans doute peuvent prétendre avoir entendu parler avant la parution de cette abondante monographie (plus de trois heures de musique) qui permet de faire connaissance avec quatorze (dont treize inédits au disque) des trente‑cinq numéros d’opus que compte son catalogue. Née deux mois avant Nadia Boulanger (et décédée trois semaines après Honegger), cette épouse et cousine de deux compositeurs (respectivement Marcel Labey et Louis Durey), mère de sept enfants, est un pur produit de la Schola Cantorum, avec Guilmant et Vierne pour l’orgue, Roussel pour le contrepoint et d’Indy pour l’écriture et la composition. Impeccablement écrite, sa musique n’est pas dénuée d’ambitions, comme sa Sonate pour piano (même si elle n’a certes pas les mêmes aspirations que celle de Dukas, par exemple), interprétée par Célia Oneto Bensaid. Sans prétention révolutionnaire, elle est, avant tout, par sa concision et son élégance, indéniablement française, plus ravélienne que fauréenne ou debussyste, quand elle n’évoque pas Chausson dans les Trois Chants nostalgiques (d’ailleurs originellement écrits, comme la Chanson perpétuelle, avec accompagnement d’un quintette avec piano). Dans cette œuvre comme dans les Deux Poèmes chantés, on entend la mezzo Aude Extrémo, et la soprano Marie‑Laure Garnier dans les Chants de la lande, mais on pourra préférer la soprano Marie Perbost dans les trois Méditations, qui témoignent de la foi profonde de Sohy. Il ne faut pas s’arrêter au titre donné à chacun des trois disques (complétés par une notice riche en informations et en reproductions de documents divers). Ainsi, « Autour du piano » comprend certes, outre la sonate susmentionnée, une Fantaisie par David Kadouch et Quatre Pièces romantiques par Marie Vermeulin, mais aussi le mélancolique Octobre pour violoncelle et piano et, surtout, un splendide Trio avec piano avec Nikola Nikolov et Xavier Phillips. « Autour du quatuor », en revanche, offre effectivement les deux Quatuors par le Quatuor Hermès et y ajoute le Triptyque champêtre, visiblement conçu pour le quintette de Pierre Jamet (flûte, trio à cordes et harpe), avec Mathilde Calderini et Constance Luzzati. « Autour de l’orchestre » est le plus trompeur, avec trois recueils chantés accompagnés par l’Orchestre national Avignon-Provence sous la direction de Debora Waldman, dont le premier violon, Cordelia Palm, est la soliste d’un bref Thème varié, tandis qu’à la place de la courte et assez insignifiante Histoire sentimentale (projet de musique de film), on aurait nettement préféré entendre la Symphonie « Grande Guerre », dont la cheffe a donné la première en 2019 (coffret BAP01.03). SC



Germaine Tailleferre, une découverte décevante



Parmi les Six, association un peu accidentelle constituée pour une très brève durée, il y a ceux dont la notoriété est assurée – Honegger, Milhaud, Poulenc –, au besoin grâce au cinéma, comme Auric, et puis il y a ceux dont on ne parle jamais, Louis Durey et Germaine Tailleferre (1892‑1983). On se réjouissait donc d’avoir la possibilité d’en savoir plus sur la seule femme du groupe, compositrice prolifique et excellente pianiste, mais à l’audition de ce premier volume de « Her Piano Works, Revived », regroupant des pages écrites entre 1912 et 1937 qui, on n’en sera pas surpris, comprend un lot important de premières au disque, la déception est de taille. Peut‑être déjà en raison du souci d’exhaustivité, qui se retourne parfois contre ses initiateurs : il y a sans doute l’attrait de la curiosité pour le bref Exercice d’harmonie sur un chant donné par son maître Florent Schmitt mais les vingt‑quatre Petites ouvertures d’airs anciens (arrangements de dix‑sept compositeurs français et italiens allant de Monteverdi à Philidor en passant par Lully et Pergolèse) n’apportent vraiment pas grand‑chose. Pour le reste, le décor est clairement planté, celui de ses contemporains Ravel, Milhaud et Poulenc, mais c’est un chapelet de pièces ne dépassant pas 4 minutes (cinq Pastorales, Impromptu, Romance, Fandango, Sicilienne, Berceuse, Marche funèbre (comique ?)...), parfois regroupées en recueils (Fleurs de France, Suite dans le style « Louis XV »), dominées par une agaçante mécanique néoclassique, souvent corsées de polytonalité ou de mètres irréguliers et volontiers ironiques ou pince‑sans‑rire. L’œuvre la plus longue est une musique de scène pour Sous le rempart d’Athènes, « dialogue philosophique » de Claudel, mais dont l’intérêt est limité par le caractère fragmentaire du propos contraint de suivre le texte. La dureté du Steinway et la raideur du phrasé de Nicolas Horvath (né en 1977) ne contribuent pas non plus à rendre l’écoute plaisante. Espérons que le ou les volumes suivants donnent une image plus favorable de cette créatrice (Grand Piano GP891). SC



Concerto pour violon de Beethoven : encore trois versions

                    
          

Quel violoniste ne souhaite pas laisser un témoignage de son art dans le Concerto pour Beethoven ? Dès lors, même si ces récentes parutions qui, par coïncidence, tournent autour de la Suisse, convainquent inégalement, voire hérissent les oreilles, on ne pourra en vouloir à aucun des trois solistes de s’être jeté à l’eau.
La biographie de Manrico Padovani (né en 1973) fait état de critiques louant un « lyrisme pénétrant », un « violoniste diabolique », un « violon enchanteur » et un « héros du violon ». Pourtant, l’enregistrement du violoniste suisse, réalisé en public en octobre 2018 en l’église Saint‑Nicolas de Prague, est en tout point catastrophique : prise de son ne laissant rien ignorer de la réverbération du lieu, Philharmonique de Prague en état de déliquescence avancée, baguette pesante de Boris Perrenoud (né en 1966) et, surtout, partie soliste défigurée par les fautes de goût et une intonation d’une instabilité insupportable. Dommage, car c’est pour une fois l’occasion d’entendre la cadence de Leopold Auer. En comparaison d’un tel naufrage, les compléments ne peuvent qu’être (un peu) meilleurs : on ne sait pas trop ce que vient faire la Seconde Romance issue d’un disque réalisé avec l’« Orchestre philharmonique russe de Moscou » et paru chez Cascavelle en 2002 (qui comprenait l’autre Romance ainsi qu’un premier enregistrement du Concerto), et par la captation en public en septembre 2016 à Milan de la Première Sonate avec le pianiste Igor Longato (Ars Produktion ARS 38 585).
On n’en apprécie davantage que l’archet sûr et musical, l’équilibre, la puissance et la somptuosité de Vadim Gluzman (né en 1973), qui a choisi pour sa part les formidables cadences qu’Alfred Schnittke écrivit en 1975 et 1977 pour Gidon Kremer, celle du premier mouvement décrivant un parcours à la fois dramatique et étonnant à travers l’histoire du genre, passant notamment par Brahms, Bartók, Berg, Chostakovitch et... Schnittke, le tout avec timbales associées comme dans la cadence de la version piano que Beethoven réalisa lui‑même de son concerto. L’Américain James Gaffigan (né en 1979) et le très fiable Orchestre symphonique de Lucerne, dont il a été le Chefdirigent de 2010 à 2021, inquiètent dans un début très militaire avec la scansion des timbales mais se montrent ensuite très à l’écoute du violoniste israélien. Le programme offre une cohérence certaine en proposant ensuite le Troisième (1978) des quatre concertos de Schnittke, dédié à Oleg Kagan et avec un accompagnement limité à treize vents et quatre cordes, mais l’expression musicale de cette dépression et de cette grisaille brejnéviennes, qui pouvait paraître audacieuse et même courageuse dans le contexte politico-esthétique de l’Union soviétique finissante, apparaît terriblement périmée aujourd’hui (SACD Bis BIS‑2392).
On retrouve la cadence traditionnelle de Kreisler avec Charlie Siem (né en 1986), mais le violoniste anglais, un peu narcissique, n’est pas toujours agréable à écouter, avec une sonorité souvent serrée dans l’aigu et une justesse parfois tendancieuse. A la tête de l’Orchestre Philharmonia, Oleg Caetani (né en 1956) recherche le raffinement et l’originalité, et ce dès les notes introductives des timbales d’Antoine Siguré. Sans surprise, les deux Romances complètent l’album (Signum Classics SIGCD704). LPL



Passionnément sans grande passion



L’inépuisable collection « Opéra français » du Palazzetto Bru Zane a déjà honoré Messager avec Les P’tites Michu. Voici maintenant Passionnément (1926), vaudeville un peu sentimental sur un livret de Maurice Hennequin et des lyrics de l’incontournable Albert Willemetz. Pour les besoins de l’enregistrement, cette comédie musicale en trois actes est privée de ses longs dialogues parlés (toutefois scrupuleusement reproduits dans le livre qui, comme toujours dans cette collection, sertit le disque). Il reste donc les vingt‑trois numéros d’une musique où l’on retrouve tout le charme et la grâce de l’auteur de Véronique. Du moins sur le papier, car bien que captée en public, cette version manque de vie, Stefan Blunier ne parvenant pas, malgré un Orchestre de la Radio de Munich à l’effectif très allégé, à distiller élan et finesse. On regrettera en outre que le texte ne soit pas toujours clairement articulé, même s’il faut évidemment saluer la hauteur altière de Véronique Gens, la classe vocale d’Etienne Dupuis, la fraîcheur de Nicole Car ou la vis comica d’Eric Huchet avec son faux accent américain (Bru Zane BZ 1044). SC



Consommez Local (Brass) !



On se plie bien volontiers à cette injonction quand il s’agit du Quintette (de cuivres) Local Brass, dont le deuxième disque, en compagnie de la pianiste Mathilde Nguyen, associe Debussy – La plus que lente, « Clair de lune » de la Suite bergamasque, Danse (Tarentelle styrienne), Prélude à l’après‑midi d’un faune – et Ravel – Scherzo du Quatuor, Adagio assai du Concerto en sol, Don Quichotte à Dulcinée. Il s’agit bien sûr toujours d’arrangements, d’une qualité superlative, car quelle que soit l’effectif instrumental original (piano, cordes, voix, orchestre), les cuivres s’approprient la musique comme si elle avait été écrite pour eux en première intention. A deux exceptions debussystes près – « La Fille aux cheveux de lin » du Premier Livre des Préludes par Huug Steketee et l’Andantino du Quatuor par Javier Rossetto, l’un des deux trompettistes du quintette –, ces arrangements sont signés Gabriel Philippot (né en 1987), qui a lui‑même écrit pour la formation Trois Danses. Après une « Danse mélancolique » et une « Danse langoureuse », il se fonde non sans humour sur les thèmes du Prélude à l’après‑midi d’un faune et du Boléro dans une « Danse frénétique » qui va certainement devenir un tube pour tous les quintettes de cuivres. En tout cas pour tous ceux qui s’en saisiront avec la virtuosité et l’enthousiasme dont le Quintette Local Brass investit l’ensemble de cet album (Klarthe KLA134). SC



Bonne Fille



Dans sa collection « Opéra français », le Palazzetto Bru Zane s’intéresse souvent à des œuvres oubliées, mais on ne pourra pas dire que c’est le cas de La Fille de Madame Angot (1872). Toutefois, comme la fondation vénitienne ne fait jamais les choses à moitié, c’est la partition originale de l’opéra‑comique de Lecocq pour sa création bruxelloise qu’elle a choisi de publier et d’enregistrer, avec une orchestration légèrement différente et, surtout, une alternative inédite pour deux numéros (dont la version « parisienne » habituelle est également incluse). Ce n’est pas pour rien que cette musique a traversé les années sans dommage, tant on en entend ici les qualités d’écriture, l’inspiration mélodique et le charme. En juin 2021, l’équipe réunie quatre mois plus tôt en studio avait fait mouche au Théâtre des Champs-Elysées et on retrouve donc avec plaisir le soin apporté, jusqu’au moindre rôle secondaire et au luxueux Chœur du Concert Spirituel, au style mais également à la diction, ainsi que la direction fine et spirituelle de Sébastien Rouland à la tête d’un lumineux Orchestre de chambre de Paris (livre et deux disques Palazzetto Bru Zane BZ 1046). SC



Une Caravane du Caire à chérir



La récente production de La Caravane du Caire (1783) de Grétry montée à Tours, qui sera reprise à l’Opéra de Versailles l’an prochain avec Hervé Niquet, nous a donné envie de nous replonger dans l’un des plus beaux enregistrements réalisés par les équipes du Palazzetto Bru Zane, alors associé avec le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV). Ce disque sorti en 2014 n’a pas pris une ride, tant la solide distribution, dominée par un solaire Cyrille Dubois, déjà si précis dans la diction, bénéficie de la direction élégante et colorée de Guy Van Waas (né en 1948), et ce malgré un humour trop peu présent au II. A la tête de son ensemble sur instruments d’époque Les Agrémens, le chef belge a été l’un des partenaires réguliers de la première période discographique lancée par les deux frères Dratwicki (l’un et l’autre étant à la tête, encore aujourd’hui, du Palazzetto et du CMBV), avec notamment trois disques de référence consacrés à Rodolphe Kreutzer (La Mort d’Abel en 2012), Gossec (Thésée en 2013 ), puis Rameau (Le Temple de la Gloire en 2014, également donné en concert à Liège et à Versailles). On est heureux de le retrouver aux côtés du désormais bien connu Chœur de chambre de Namur, qui s’impose par ses qualités d’engagement et de diction, audibles ici dès son entrée dans le fameux chœur « Après un long voyage », qui ouvre et conclut l’opéra‑ballet. Le plateau vocal réuni apporte beaucoup de satisfactions tout du long. Outre Cyrille Dubois, Alain Buet (Husca) se régale de son rôle trouble avec jubilation, et ce malgré un léger vibrato et une émission un rien pâteuse. A ses côtés, Jennifer Borghi (Almaïde) et Chantal Santon Jeffery (Esclave italienne), séduisent par leur instrument velouté, mais leur interprétation manque quelque peu de caractère et de folie. De même, le beau timbre de Katia Velletaz (Zélime) ne peut faire oublier une expressivité un rien trop sage. Comme à leur habitude, Julien Véronèse (Osman) et Tassis Christoyannis (Florestan) apportent un supplément de caractérisation bienvenu à leur rôle, le tout parfaitement articulé au niveau technique. Un enregistrement à chérir, malgré des interprétations féminines trop pâles, aux côtés de celui de Marc Minkowski, plus nerveux, paru chez le même éditeur en 2008 (livre et deux disques Ricercar RIC 345). FC





Face-à-face

Beethoven : Septième Symphonie

          
On ne présente évidemment pas cette symphonie dans laquelle, à sa création en décembre 1813, dix‑huit mois après son achèvement, Weber croyait pouvoir déceler un compositeur « bon pour l’asile de fous » tandis que Wagner, quelques années plus tard, y voyait une « apothéose de la danse ». L’actualité offre dans cette œuvre une intéressante confrontation entre deux compositeurs que deux ans seulement séparent et qui ne dédaignent pas s’adonner (avec talent) à la direction d’orchestre.
L’approche de Thomas Adès (né en 1971) est de facture assez traditionnelle, assise sur un effectif (trente‑deux cordes) volontiers requis pour des effets de puissance. Tradition mais pas routine ou tiédeur pour autant, car au‑delà d’un souci constant de lisibilité et de mise en avant de toutes les voix, la direction, parfois abrupte et anguleuse, sinon raide, n’hésite pas assumer le cliché du compositeur tourmenté et colérique, comme dans un final rageur particulièrement réussi. C’est le même esprit qui préside à la Huitième et à la Neuvième (comprenant toutes les reprises du scherzo, qui devient ainsi plus long que chacun des mouvements qui l’entourent), avec un dernier mouvement presque théâtral dont les parties vocales sont confiées à un quatuor soliste (Jennifer France, Christianne Stotijn, Ed Lyon et Matthew Rose) et à des forces chorales (Voix du Britten Sinfonia et Chœur de Royal Holloway) tout à fait convenables. Comme dans les deux premiers volumes de cette intégrale (voir ici), une œuvre de Gerald Barry (né en 1952) vient en écho, ici The Eternal Recurrence (1999) sur des textes (en anglais) d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche (notamment le poème qu’on retrouve dans la Troisième de Mahler). Comme l’observe le compositeur, « la musique utilise des gestes musicaux du quotidien afin de produire quelque chose de fiévreux et brillant », ce qui met rudement à l’épreuve les aigus et le souffle de la soprano Jennifer France, qui doit ferrailler avec un orchestre hyperactif, dominé par des cuivres d’un néoclassicisme stravinskien (album de deux disques Signum Classics SIGCD659).
De 2017 à 2022, Jörg Widmann (né en 1973) a été le principal conductor et artistic partner de l’Orchestre de chambre d’Irlande. On trouvera chez lui moins de matière et de profondeur, sans doute en raison d’une formation très allégée (vingt‑deux cordes), économe en vibrato et plus incisive, diffusant beaucoup de peps dans les mouvements vifs. L’influence des interprétations « historiquement informées » s’arrête néanmoins aux portes d’un Allegretto... pas du tout allegretto, dense et très mesuré comme le veut l’habitude. En complément, Widmann dirige logiquement son propre Con brio (2008), « ouverture de concert » où les Septième et Huitième sont brillamment pulvérisées dans un feu d’artifice virtuose, et, en compagnie du premier basson de l’orchestre, l’Italien Diego Chenna, rappelle qu’il est par ailleurs l’un des plus brillants clarinettistes de sa génération dans le tardif et délicieux Duo‑concertino (1947) de Strauss (Alpha 767). SC



Weber : Der Freischütz

          
Deux cents ans après sa création triomphale à Berlin, le succès de l’« opéra romantique » de Weber ne se dément pas. Alors que Furtwängler, Keilberth et Kleiber (père et fils) ont durablement marqué la discographie, et deux ans après le deuxième enregistrement de Janowski (voir ici), en voici encore deux nouvelles intégrales, aux objectifs et aux vertus au demeurant fort différentes.
D’un côté, la tradition d’une solide maison provinciale allemande, Essen, avec un spectacle capté en public en décembre 2018 et janvier 2019 (quelques applaudissements ont été conservés). L’enregistrement vaut surtout pour la direction dynamique et colorée de Tomás Netopil (né en 1975), Generalmusikdirektor depuis 2013, qui fait d’ailleurs regretter l’absence du bref entracte orchestral entre le II et le III. Le chant est malheureusement problématique à bien des égards pour les rôles masculins, à commencer par Maximilian Schmitt (Max), en difficulté dans son air du premier acte. Côté féminin, c’est mieux, mais l’Annette de Tamara Banjesevic est inhabituellement corsée et puissante, de telle sorte qu’elle en éclipse presque l’Agathe de Jessica Muirhead (coffret de deux disques Oehms Classics OC988).
De l’autre côté, René Jacobs (né en 1946) considère que dans le livret de Kind, l’Ermite est « la pierre angulaire de l’intrigue » et que Weber a donc eu tort de le cantonner à son intervention finale en coupant les deux premières scènes du livret. Le chef belge insère donc juste après l’Ouverture deux numéros de son propre cru (mais fondés sur des thèmes de l’opéra) : un air quasi wagnérien de l’Ermite, puis un duo avec Agathe (suivra une brève Romance avec chœur de Kuno reprenant la musique d’un extrait d’un singspiel de... Schubert). On trouvera également davantage de dialogues parlés et des bruitages dignes d’un Hörspiel et, sans surprise, la direction d’orchestre ne manque pas d’idées, avec un sens prononcé du pittoresque servi par un Orchestre baroque de Fribourg pas toujours follement séduisant mais aux bois et cors savoureux. Cette version est globalement mieux chantée, y compris Maximilian Schmitt qu’on retrouve en Max, avec à ses côtés l’Agathe un peu verte mais à la technique sûre de Polina Pasztircsák et l’Annette de caractère et virtuose de Kateryna Kasper. Au Kaspar inquiétant et sombre mais un peu fatigué de Dimitry Ivashchenko, qui ne chante pas beaucoup, on préfère l’Ermite tout en rondeur de Christian Immler (coffret de deux disques Harmonia mundi HMM 902664.65). SC



Liszt : Sonate en si mineur

          
Extraordinaire, au sens premier du terme, dans le catalogue de Liszt comme dans l’histoire du genre, l’œuvre ne laisse pas de fasciner par ses exigences techniques, bien sûr, mais aussi par l’originalité de son propos et par sa construction hors norme, que l’interprète doit porter durant près demi‑heure sans interruption. Voici deux pianistes qui, à des stades très différents de leur carrière, ajoutent de nouvelles lignes à une discographie déjà évidemment très fournie.
Le Steinway D de Tom Hicks (né en 1993) a une allure trop clinquante dans les passages forts, phénomène amplifié par une prise de son laissant beaucoup de place à la réverbération, parfois même au prix d’une certaine confusion. Ce défaut n’empêche cependant pas de saluer une interprétation engagée, d’un musicien qui s’en tient peut‑être au premier degré mais qui y croit et qui vainc les difficultés de la partition. Le pianiste guernesiais fait de cette Sonate en si mineur la conclusion inattendue d’un récital dont la première partie est consacrée à des musiciens anglais : Charles Villiers Stanford (deux des Vingt‑quatre Préludes), Samuel Coleridge-Taylor (la deuxième des six valses de la suite Trois-Quatre), Rebecca Clarke (Cortège) et, surtout, l’intense et lyrique Sonate (1920) de John Ireland (créée par Frederic Lamond, l’un des derniers élèves de Liszt), à la croisée des chemins entre chromatisme postromantique, effluves impressionnistes et franchise néoclassique (Divine Art DDA 25227).
Intitulé « Once Upon a Time », l’album de Michel Dalberto (né en 1955) se place ainsi sous le signe de la narration, mais le sens narratif n’apparaît cependant pas comme la qualité la plus saillante de l’interprétation, plus rhétorique que passionnée, au toucher d’un infini raffinement, au phrasé minutieusement travaillé. Comme si le pianiste français, sur un magnifique Bechstein D 282 qui ne sature jamais, admirablement capté par les micros, adoptait la posture du voyageur contemplant une mer de nuages, alors qu’il évoque pourtant, dans la notice en forme d’entretien, un compositeur qui « peut exprimer la folie et "dynamite" les convenances ». Il dit par ailleurs avoir été marqué par un récital parisien d’Arrau : on se trouve assurément ici plus près de lui que d’Horowitz, et les compléments (« Vallée d’Obermann », quatre des douze Etudes d’exécution transcendante) restent sur les hauteurs (La Dolce Volta LDV105). SC


Debussy : Quatuor

          
Le Quatuor de Debussy ouvre une décennie de pages essentielles, du Prélude à l’après‑midi d’un faune à Pelléas en passant par les Nocturnes. Deux ans seulement après le Quatuor de Franck, il frémit déjà de bien des révolutions à venir et marque l’entrée dans une ère nouvelle pour le genre en France. Le disque propose très souvent un couplage avec celui de Ravel, qu’il écrivit lui aussi à l’âge de 30 ans et qui devait également rester son unique Quatuor. C’est ce que font à nouveau, quoique de façon indirecte, deux enregistrements récents qui permettent d’autres mises en perspective.
Avec une qualité instrumentale quelque peu desservie par une prise de son lointaine et réverbérée, le Quatuor Mandelring aborde l’œuvre avec une objectivité qui met en valeur sa modernité. Après avoir associé Ravel et Fernand de La Tombelle dans un premier volume, les musiciens allemands proposent dans le second un rapprochement tout aussi original, avec les deux Quatuors de Jean Rivier (1896‑1987). Dans leur vigueur comme dans leur subtilité, les quatre mouvements du Premier (1924) sont encore très influencés par Debussy et Ravel, jusque dans les indications de tempo (« Assez vif et très rythmé » du deuxième mouvement), même si le compositeur s’émancipe dans le dernier, avec son allure populaire et sa conclusion piano. Dans le Second (1940), le propos est moins conciliant, plus sombre aussi (élégie du Lento central), ce qu’on doit peut‑être aux circonstances de l’époque ; ses trois mouvements semblent vouloir tracer une voie hors des sentiers battus du postfranckisme ou des Six, partageant l’originalité sinon la modernité d’un Durosoir ou d’un Jolivet et mêlant l’astringence de Roussel à des sensations « folkloriques » à la Maurice Emmanuel. Alors que des figures aussi fades et secondaires que Gouvy ou Dubois ont récemment eu les honneurs du disque, il serait grand temps que les symphonies de Rivier, notamment les Première, Cinquième et Sixième, puissent bénéficier de nouveaux enregistrements (Audite 97.710).
Le Quatuor Voce a également choisi de procéder en deux temps autour des quatuors de Debussy et Ravel, dans ses « Poétiques de l’instant », « projet au long cours et diptyque discographique qui s’attache à faire résonner deux œuvres incontournables pour tout quatuor à cordes français – les chefs‑d’œuvre de Debussy et de Ravel – avec d’autres pièces musicales et des créations ». Dans le Quatuor de Debussy, l’excellence instrumentale n’est pas moindre que chez les Mandelring mais les textures sont plus charnues, les sonorités plus pleines et le romantisme plus affirmé. Yves Balmer (né en 1978) a répondu à la commande du Quatuor Voce d’une partition « en écho » de celle de Debussy avec Fragments soulevés par le vent, titre emprunté au poète Philippe Jaccottet. Courageux mais pas téméraire, Balmer précise que « le lien noué avec Debussy dans cette création, qui n’est en rien un pastiche, est celui d’une relation aux éléments naturels et à la fascination pour le timbre », ce que confirment sans doute ces trois brefs mouvements, qui, par leur versatilité, ne négligent pas pour autant la dimension expressive. Balmer a par ailleurs adapté pour quatuor la partie de piano des Proses lyriques, exactement contemporaines du Quatuor, avec Jodie Devos, dont la diction ne brille pas par la clarté. Le programme est complété par la plus tardive Sonate pour flûte, alto et harpe, où Guillaume Becker, l’altiste des Voce, se joint à Juliette Hurel et Emmanuel Ceysson (Alpha 798). SC


Scriabine : Troisième Sonate

          
Voilà, en cette année 2022, un sesquicentenaire bien discret que celui du compositeur russe. Parmi ses dix Sonates pour piano, la Troisième (1898) est l’une des deux seules à être structurée en quatre mouvements, sans pour autant adopter une coupe réellement classique : non seulement les deux derniers s’enchaînent sans interruption mais ils illustrent un programme où se succèdent différents « états d’âme » du romantisme le plus exacerbé qui soit. Sur un Bechstein D 282, deux pianistes résidant à Berlin (mais ni l’un ni l’autre allemand) se confrontent dans cette œuvre postlisztienne, jusque dans sa redoutable difficulté d’exécution, particulièrement dans son Presto con fuoco final.
Catalin Serban (né en 1978) se joue des difficultés techniques de l’œuvre et fait sonner l’instrument de manière splendide, nonobstant quelque dureté ou raideur, mais son approche paraît trop uniment sombre et tendue, peinant parfois, dans cette écriture volontiers touffue, à bien faire ressortir les différentes voix. En revanche, les deux précoces Nocturnes opus 5 et la Fantaisie en si mineur, contemporaine de la sonate, sont appréhendés avec davantage d’engagement. Intitulé « Ressemblances », ce copieux album rapproche de façon assez habituelle Scriabine et Chopin, mais avec un parti pris assez original, celui d’un strict parallèle : à une œuvre de l’un correspond une œuvre de l’autre, qu’il s’agisse de la Troisième Sonate, des Nocturnes opus 27 ou de la Fantaisie en fa mineur. Probe, plus retenu et intimiste que démonstratif, le Chopin du pianiste roumain n’est pas fade pour autant (Genuin GEN 22767).
Zlata Chochieva (née en 1985) dispense bien plus de caractère, de couleur, d’expression et de fantaisie dans la sonate, à laquelle elle ajoute les cinq Préludes opus 16 et la beaucoup plus tardive Dixième Sonate, restituée dans toute sa finesse et sa modernité. A la différence de Serban, la pianiste russe tente un couplage inattendu, puisqu’il s’agit de Mozart – couplage, car « Mozart est un rayon de lumière sur le ciel apocalyptique de Scriabine », d’où le titre de son album, « Chiaroscuro », mais aussi rapprochement, car selon elle, « le langage musical de Scriabine se rapproche beaucoup de celui de Mozart sur plusieurs points essentiels ». Pourquoi pas, mais voici en tout cas des Mozart assez rares, avec deux cycles de variations (Duport et Gluck) et la Gigue en sol interprétés comme autant d’antidotes aux délicieux poisons scriabiniens, dans une netteté et une clarté qui, effectivement, font indéniablement contraste (Naïve V7542). SC


Prokofiev : Second Concerto pour violon

          
Comme ceux de Szymanowski, exactement contemporains, les deux Concertos pour violon de Prokofiev, bien qu’également séparés d’une quinzaine d’années seulement, différent nettement. Pour le compositeur russe, c’est l’une des premières œuvres marquant son retour en Union soviétique, et comme beaucoup qui allaient suivre, trouvant le juste équilibre entre exigence esthétique et nécessité de ne pas susciter la critique des autorités. Deux violonistes trentenaires viennent d’en donner des versions radicalement différentes.
Ayant mis les deux concertos à son programme, Tianwa Yang (née en 1987) confirme la solidité technique qu’on lui connaît déjà de longue date, à laquelle elle peut ajouter une sonorité agréable et des choix interprétatifs plutôt consensuels, hormis une tendance légèrement agaçante à ralentir ici ou là le phrasé. L’accompagnement de l’Orchestre symphonique de la Radio autrichienne (ORF) de Vienne dirigé par Jun Märkl est convenable, plutôt acéré mais pas toujours formidablement stimulant. En complément, la violoniste chinoise insuffle beaucoup de caractère à la tardive Sonate pour violon seul (Naxos 8.574107).
Plus puissant et charnu, plus affirmé et prenant davantage de risques, Augustin Hadelich (né en 1984) donne une incarnation somptueuse et colorée, lyrique et contrastée. Intitulé « Recuerdos », l’album se conclut assez logiquement sur l’arrangement (pour violon seul) par Ruggiero Ricci de Recuerdos de la Alhambra de Tárrega mais il commence très fort avec une Fantaisie de concert sur des airs de « Carmen » de Sarasate évidemment brillante mais pas que, d’autant qu’on n’y a sans doute jamais entendu un accompagnement aussi soigné, celui de l’Orchestre symphonique de la Radio de l’Allemagne occidentale (WDR), où le violoniste américain sera en résidence la saison prochaine, avec Cristian Măcelaru, son Chefdirigent depuis 2019. L’album offre par ailleurs le Concerto de Britten (dont l’une des – très nombreuses – inspirations peut sans doute être trouvée dans Prokofiev), poussé ici jusqu’au bout de ses paroxysmes expressifs (Warner 0190296310768). SC



ConcertoNet a également reçu



Quatuor Hermès : Schubert
La formation française, active depuis 2008, complète sa discographie avec deux incontournables quatuors de Schubert. Elle en éclaire avec subtilité la différence de ton et d’allure, mettant en exergue les soubresauts et changements de climat du Treizième, dont elle traduit toute l’ambiguïté, tandis qu’elle délivre du Quatorzième une interprétation plus directe et univoque, avec un degré de finition et d’équilibre remarquable, plus encore dans Rosamonde que dans La Jeune Fille et la Mort. La concurrence est redoutable dans ce répertoire, mais il s’agit d’une belle et solide version, pleine de relief et de sensibilité (La Dolce Volta LDV85). SF


Jean-Marc Luisada : Schubert
Enregistré l’année passée à l’Arsenal de Metz, le pianiste français développe dans les Sonates D. 840 et D. 960 une lecture tout à la fois engagée et cérébrale, austère et réfléchie, en tout cas parfaitement cohérente, pour un résultat impressionnant de maîtrise et de profondeur. Son interprétation se distingue par des contrastes et des ralentissements assez marqués, sans porter atteinte à la rigueur de la construction. Cette approche sans concession, mais propice à l’émotion, reste une affaire de goût personnel, mais il y a dans ces lectures bien des merveilles à admirer, la subtilité de l’intonation et l’élan narratif, par exemple. Le premier mouvement de la Sonate en si bémol présente un relief et une dimension dramatique saisissants. La netteté du toucher, la beauté de la sonorité et la fermeté de l’articulation confèrent à ces deux sonates un grand pouvoir d’évocation. Il ne serait pas étonnant que ce cinéphile ait eu à l’esprit quelque chef‑d’œuvre en noir et blanc en les interprétant. Soumise également à une concurrence impitoyable, cette version pénétrante et inoubliable nécessite une écoute concentrée (La Dolce Volta LDV93). SF


Joanna Goodale : Debussy
Après « Bach in Circle », la pianiste « franco-suisse d’origine anglo-turque », dans « Debussy in Resonance », associe le compositeur français à ses propres œuvres. Au‑delà des difficultés inhérentes à l’interprétation de cette musique, en particulier de ces huit pièces pour la plupart de tempo lent, l’entreprise est risquée, voire audacieuse : « commenter » Debussy, ce n’est quand même pas rien. Comme c’était à craindre, rien de tout cela ne fonctionne : les interprétations présentent d’autant moins de relief que le son du piano est terriblement cotonneux, tandis qu’on peut sérieusement s’interroger sur la plus‑value des cinq pages additionnelles, cocktail planant à base de citations, bols tibétains et gongs (Paraty 422269). LPL


Elise Bertrand
La violoniste et pianiste française n’a pas encore 22 ans mais un disque monographique est déjà consacré à six de ses œuvres (soit un bon tiers de son catalogue à ce jour), des douze habiles Préludes pour piano (2016) à la séduisante Lettera Amorosa (2020) pour flûte et trio à cordes, qui donne son titre à l’album, en passant par quatre tellement françaises Impressions liturgiques pour flûte et piano (avec Caroline Debonne et Ionel Streba), un agile triptyque Mosaïque pour flûte et clarinette (avec Joë Christophe), de sombres Quasi Variazioni pour piano (avec Dana Ciocarlie) et une Sonate pour violon et violoncelle passionnée (avec Hermine Horiot). Elle se pose en épigone de Nicolas Bacri, son professeur de composition et dédicataire de son Opus 1, ce qui ne constitue certes pas une affirmation virulente de modernité, mais est bien mieux que la guimauve ou les bluettes que l’esthétique de la photo de couverture laissait craindre. La pertinence de l’écriture instrumentale est bien là et, surtout, dans le temps pourtant très bref couvert par ce programme, on observe nettement une densification du langage et une complexification de l’harmonie : il faudra donc suivre attentivement l’évolution de ce processus dans les prochaines années (Klarthe KLA141). SC


En avant les percussions !
Dans la collection « En avant la musique ! » destinée aux curieux de plus de 8 ans, après le violon, l’alto, le violoncelle, la flûte, le hautbois, la clarinette, le saxophone, la trompette et le trombone (et avant la contrebasse, le basson, la guitare, le piano, etc.), voici donc les percussions (même si un des prochains volumes annoncés sera consacré au marimba). Avec comme guide Benoît Gaudelette, percussionniste au sein du Philharmonique de Radio France, les principaux instruments – et même le vibraslap ou le caxixi – de cette très nombreuse famille se présentent à la première personne, photos à l’appui, en des termes simples mais pas simplistes. Moyennant l’équipement requis, des QR codes donnent accès à des vidéos qui complètent les textes par des éléments plus concrets. Enfin, les témoignages de quelques apprentis d’Orchestre à l’école pourront contribuer à convaincre les lecteurs de s’engager dans cette voie (Andantino, 32 pages, 14 euros). SC


La rédaction de ConcertoNet

 

 

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