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Centenaire de la naissance d’Astor Piazzolla 03/08/2021
Tango de la démesure
Le 11 mars, le compositeur argentin Astor Piazzolla aurait eu 100 ans. Le sort en a voulu autrement mais sa musique profondément originale continue d’inspirer des générations de musiciens de tous genres.
Aussi curieux que cela puisse paraître, aucun film documentaire n’avait jamais été réalisé sur Astor Piazzolla (1921-1992). Quand Daniel, le fils du plus célèbre bandonéoniste du siècle dernier, a décidé d’ouvrir les archives familiales, il a convaincu le cinéaste argentin Daniel Rosenfeld de combler cette lacune et Piazzolla, Les Années du requin sortit en 2018 sur les écrans d’Argentine. EuroArts publie sur DVD ce passionnant film enrichi de documents inédits, de nombreux extraits de concerts et de répétitions et fondé sur les célèbres bandes magnétiques d’interviews qu’enregistra sa fille Diana lors du retour du compositeur au pays. Et quel sujet pour un film que la vie sans cesse itinérante de cet outsider qui n’obtint que partiellement l’adhésion de son propre pays et n’y gagna la grande célébrité que peu de temps avant sa mort! De l’enfance à New York en retours au pays, en France où il obtint une bourse pour étudier auprès de Nadia Boulanger, muse de tous les grands compositeurs du XXe siècle qui le remit sur le chemin du tango et du bandonéon quand il avait des vues de compositeur «sérieux» (il avait étudié en Argentine auprès d’Alberto Ginastera), en Italie et en tournée dans le monde entier, Piazzolla s’est forgé un style et a réinventé le tango. Son tango nuevo lui a valu de sacrés adversaires mais à l’aide de poètes sud-américains comme Jorge Luis Borges et Horacio Ferrer, il s’est imposé comme une voie d’évolution inéluctable de cette musique emblématique de l’Argentine des années 1930.
La France n’est pas en reste pour le célébrer. Ainsi aura lieu le 11 mars, jour anniversaire de sa mort, un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Leonardo García Alarcón, avec trois bandéonistes, dont Richard Galliano, diffusé par France Musique (qui lui rendra largement hommage) et que l’on pourra revoir sur Arte Concert. Nombreux sont les musiciens classiques à rendre hommage à Piazzolla, en tête ses compatriotes Martha Argerich et Daniel Barenboim (disque «Mi Buenos Aires querido», Teldec). Plus récemment, quelques parutions de qualité diverses comme le pittoresque «Fuga y Misterio» du vibraphoniste Simone Rubino, qui confronte Bach à Piazzolla (disque La Música), le degré zéro de la musique d’ambiance avec la trompettiste Lucienne Renaudin Vary (disque Warner) et un grand espoir pour le futur de l’instrument, la française Louise Jallu, qui, avec «Piazzolla 2021», lui rend le plus bel hommage possible dans un concert de bandonéon enregistré en janvier dernier à la Philharmonie de Paris (disque Klarthe). Chez Outhere, plusieurs parutions lui rendent hommage, dont celle de l’accordéoniste lettone Ksenija Sidorova «Piazzolla Reflections» (disque Alpha) et les albums du Quatuor Caliente, de Vincent Peirani, de Johan Farjot et de l’ensemble Astoria.
Olivier Brunel
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