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Le mois du mélomane professionnel
06/01/2020




Je crois que, du point de vue musical, j’ai bien utilisé ce temps de confinement. En avril, comme vous avez pu le lire, c’était la fête du violon au XXe siècle. Trente concertos. J’y ai ajouté l’intégrale des symphonies de Chostakovitch, Prokofiev et Sibelius. Pour le mois de mai, j’ai retrouvé un de mes sujets favoris, les débuts de l’Ecole de Vienne. De la mort de Brahms à La Main heureuse de Schönberg.
Il y a quelques années déjà, mon voisin et ami Dominique Jameux m’a offert son livre sur la question et c’était l’occasion idéale de m’y plonger. La taille du livre, 750 pages, me faisait peur mais la disponibilité offerte par le confinement rendait les choses plus faciles. On a le temps. C’est le secret du confinement, on n’est pas pressé.
J’ai commencé par les adieux, les Quatre Chants sérieux de Brahms et sa Quatrième Symphonie, musique qui tintait dans les oreilles de Schönberg, de Webern et de Berg. Tous les trois étaient sous l’influence de Brahms et de Wagner et, du fait de la mort de Wagner longtemps avant, ce fut Brahms dont ils pouvaient écouter encore les créations.


Tonalité d’abord et, puis, un glissement vers une des premières innovations du siècle, l’atonalité. Il allait y avoir aussi une autre nouveauté: la couleur entrait en force dans l’écriture musicale. La musique des douze sons devait encore attendre. Comme je connaissais déjà nombre des œuvres de cette période, j’ai pu m’offrir le luxe d’une écoute répétée qui m’a permis de mieux assimiler tous les détails. De Schönberg, Nuit transfigurée, Pelléas et Mélisande, le Premier Quatuor et la Première Symphonie de chambre. De Webern, Im Sommerwind, le Quatuor de 1905 et son opus 1, la Passacaille. De Berg, les Sept Lieder de jeunesse et son opus 1, la Sonate, que j’ai écoutée dans sa version originale au piano et dans son orchestration.
Là, j’arrive en 1908, où Jameux consacre tout un magnifique chapitre à tout ce qui se faisait à Vienne en dehors de la musique: littérature, peinture etc., et il trouve des parallèles entre Schönberg et Kokoschka ou Kandinsky, entre Webern et Schiele, et entre Berg et Klimt. Une idée géniale que de mettre en perspective la musique dans l’ensemble de la culture. Même Freud est présent. Quand on plonge dans cet océan de culture du début du siècle, on a du mal à imaginer que très peu de temps après, tout cela aboutira à l’horreur de la guerre de 1914. La culture serait-elle un vernis à la barbarie? Serait-elle incapable de la corriger?
Je laisse attendre les années 1908-1914 pour ne pas trop alourdir mon propos.


Je n’ai pas besoin de vous dire quel sera le contenu de mon dernier éditorial de la saison. Vous l’avez deviné, ce sera la suite de l’histoire de l’Ecole de Vienne, donc justement 1908-1914. Je ne saurais trop insister sur la valeur de ce chef-d’œuvre de la musicologie et de vous inciter à y plonger. Je suis sûr que vous me remercierez.


Bon déconfinement! On risque de regretter encore ce temps (béni?) du confinement.


Benjamin Duvshani

 

 

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