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CD, DVD et livres: l’actualité de janvier
01/15/2020


Au sommaire :

Les chroniques du mois
En bref
ConcertoNet a également reçu





Les chroniques du mois





 Sélectionnés par la rédaction


Concertos pour hautbois de C. P. E. Bach


    Œuvres de Ravel


    Le Trio Neave


    Byron en musique


    Mariss Jansons dirige





 Oui !

La violoncelliste Olivia Gay
Mémoire d’opéra d’I. Tedeschi
Le Trio Fidelio interprète Saint-Saëns et Ravel
Leonardo García Alarcón dirige Lully
Myriam Barbaux-Cohen interprète Granados
Cyprien Katsaris interprète Beethoven
Le baryton Philippe Cantor et le pianiste Daniel Propper
Rééditions Alpha
Les Basses réunies interprètent Boccherini



Pourquoi pas ?

Seule compte la musique par Philippe Jaroussky
John Butt dirige Samson de Händel
Mariss Jansons dirige Mahler
Le sextuor à cordes Les Pléiades
Le pianiste Cyril Guillotin
Les solistes de l’Orchestre de la WDR interprètent Brahms
Esa-Pekka Salonen dirige Stravinski



Pas la peine

La soprano Valentina Nafornită
Roger Norrington dirige Dvorák
Le violoncelliste Jean-Guihen Queyras
Marc Mauillon et Anne Le Bozec interprètent Fauré




En bref


Un Granados inattendu
In memoriam: Jansons dirige Mahler
Beethoven hors des sentiers battus
Le Trio Fidelio en France
Lamartine mis en musique par ses contemporains
Boccherini le violoncelliste: Bruno Cocset récidive
García Alarcón au service du texte chez Lully
Alpha puise dans ses stocks (1)
Nouveau terrain de découverte pour Sir Roger Norrington



Un Granados inattendu





Pour un compositeur tel que Granados, estampillé typiquement espagnol s’il en est et chasse gardée des grands interprètes de son pays, c’est une surprise que de voir un enregistrement réalisé à Wuppertal par une pianiste française, élève puis assistante de la Lituanienne Mūza Rubackytė au Conservatoire russe Serge Rachmaninov de Paris, membre pendant cinq ans d’un quintette consacré au tango nuevo, résidant désormais à Francfort... et dont le site est en anglais. Mais la plus belle surprise réside dans la réussite de cet album, d’autant que Myriam Barbaux-Cohen, hormis peut-être avec l’Allegro de concert et un extrait («Oriental») des Danses espagnoles, n’a pas confortablement choisi les pages les plus célèbres (Goyescas, Scènes romantiques), préférant au contraire des recueils moins fréquentés (Lettres d’amour, Valses poétiques, les deux séries de Scènes poétiques, Livre d’heures). Certes, le Bechstein est superbe, et superbement mis en valeur par la prise de son, mais encore faut-il un interprète qui sache en tirer un parti optimal. Elle y parvient, sans se contenter, comme le feraient certains, de ce régal de timbres, de profondeur et de souplesse: ce n’est pas ici une fin en soi mais simplement un moyen lui permettant d’asseoir une interprétation où l’osmose parfaite avec la musique, une fluidité constante et une respiration d’un naturel confondant ne cessent de susciter l’émerveillement. Sans complaisance ni mièvrerie, Myriam Barbaux-Cohen excelle dans les demi-teintes, les confidences à mi-voix, la douceur, voire la torpeur de ces pièces où résonnent encore les échos de Chopin et Schumann, mais, même si le programme ne lui donne que peu l’occasion de le montrer, le brio ne lui est pas non plus étranger. On attend déjà avec impatience la prochaine publication de cette artiste dont le jeu maîtrisé et apaisé rayonne avec une inaltérable sérénité (SACD Ars Produktion ARS 38 288). SC




In memoriam: Jansons dirige Mahler





Etrange de voir paraître ce disque aujourd’hui, témoignage d’un concert qui s’est déroulé les 1er et 2 mars 2007 à la Herkulessaal de Munich: Mariss Jansons dirigeait alors son cher Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dans la Première Symphonie de Mahler. C’est le troisième et dernier enregistrement de cette œuvre par le chef letton, après une version très convaincante avec Oslo (Simax Classics, dont les tempi sont quasiment identiques, parfois à seulement quelques secondes près, à ceux du présent disque) et une lecture beaucoup plus hédoniste avec Amsterdam (RCO Live). Avouons que cette ultime gravure, qui se rapproche en raison de son esthétique de la version amstellodamoise, n’apporte pas grand-chose à la discographie de référence de l’œuvre et ne ravira en priorité que les inconditionnels du chef récemment disparu. La lecture de Jansons frappe surtout par sa perfection un peu glacée, qui s’entend dès le premier mouvement où brillent tant les cordes (le pupitre de violoncelles, à se damner à 7’35) que les bois, étincelants et d’une précision diabolique. Mais, pour autant, quel discours lisse! On n’entendra ici aucun épanchement, ni débordement; au contraire, Jansons nous semble avoir tout calculé, tout répété avec un tel luxe de détails que l’orchestre en paraît bridé. C’est patent à l’écoute du deuxième mouvement (Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell - Trio. Recht gemächlich), où rien ne nous semble vraiment spontané, l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise ne donnant aucun sentiment de liberté interprétative (la moindre nuance, le moindre ralenti nous apparaît au contraire des plus calculés et, de fait, des plus artificiels): l’ensemble est à l’évidence excellent mais l’émotion absente. Le troisième mouvement, tout en étant toujours très encadré, bénéficie tout de même d’un certain rubato qui permet aux musiciens de distiller davantage de chaleur, le discours gagnant un soudain intérêt. Quant au dernier mouvement, il offre à l’orchestre l’occasion de briller encore davantage qu’il ne l’avait fait jusqu’alors si tant est que cela soit possible (pupitre de cors glorieux, cordes d’une évidente puissance évocatrice) mais on en reste néanmoins sur le même constat global: une version grand luxe, somme toute assez uniforme. A privilégier pour ceux qui souhaiteraient tester leurs enceintes dernier cri mais, sans doute, à éviter pour ceux qui privilégient une approche un tant soit peu habitée de l’œuvre de Mahler (BR-Klassik 900179). SGa




Beethoven hors des sentiers battus


          


«Année» Beethoven oblige, paraissent force intégrales ou énièmes versions d’œuvres dont on ne peut dire qu’elles ne soient pas déjà bien représentées au disque. D’où, sans doute, l’idée salutaire qu’ont certains de tirer parti de cette occasion pour réaliser des publications plus originales.
Ainsi de Cyprien Katsaris, qui, sous le titre «A Chronological Odyssey», propose dans un coffret de six disques (bien remplis) un parcours au travers de l’œuvre, depuis les toutes premières Variations sur une marche de Dressler (1782) et l’une des trois Sonates «Au prince-électeur» (1783) jusqu’aux brèves ultimes pages, «plaisanterie musicale» Wir irren allesamt (1826) et (assez décevante) esquisse pour un Quintette à cordes (1827) transcrite par Diabelli. Entre cet alpha et cet oméga, se succèdent pages célèbres – sonates (ici aussi, de la Première à la Trente-deuxième, en passant par les Cinquième, Dixième, Quatorzième «Clair de lune», Dix-septième «La Tempête», Vingt-troisième «Appassionata» et Vingt-quatrième «A Thérèse»), les Bagatelles opus 33, le Rondo «Colère pour un sou perdu», les Variations en ut mineur – mais aussi raretés (Préludes dans toutes les tonalités, Fantaisie en sol mineur) et, surtout, transcriptions, pour lesquelles le pianiste franco-chypriote conserve un intérêt marqué. Certaines sont (probablement) de Beethoven lui-même (Musique pour un ballet chevaleresque, cinq des six mouvements du Premier Trio à cordes, une des douze Contredanses pour orchestre, Marche d’York) ou de compositeurs célèbres – Czerny (avec l’aide d’un anonyme pour la Neuvième Sonate pour violon et piano «A Kreutzer»), Liszt (Menuet du Septuor), Wagner (Adagio de la Neuvième Symphonie, pianistiquement pas très abouti), Saint-Saëns (Adagio du Sixième Quatuor), Moussorgski (Lento assai du Seizième Quatuor). Mais les noms de Franz Kullak (Finale du Concerto pour violon, Gustav Rösler (Allegro initial du Quatrième Quatuor), Louis Winkler (Finale de la Deuxième Sonate pour violoncelle et piano, Cinquième Sonate pour violon et piano «Le Printemps», Entrata de la Sérénade pour flûte, violon et alto, Adagio de la Septième Sonate pour violon et piano) et Vladimir Blok (une Sonatine et un Adagio pour mandoline et piano) ne nous parlent plus guère aujourd’hui. Dans une prise de son très naturelle en l’église évangélique Saint-Marcel et sur un de ces Bechstein qu’il affectionne, Katsaris conduit l’auditeur de versions inventives, subtiles et équilibrées des sonates en tours de force de certaines transcriptions: une odyssée très recommandable au cours de laquelle l’auditeur, tel Ulysse, cédera sans nul doute au chant des sirènes beethovéniennes (Piano 21 P21 060-N).
Sont issus de l’orchestre Les Siècles de François-Xavier Roth non seulement un quintette de cuivres (masculin) mais aussi un sextuor à cordes (féminin), Les Pléiades. Les musiciennes ont opportunément choisi d’enregistrer l’arrangement de la Sixième Symphonie «Pastorale» réalisé dès 1810 par Michael Gotthard Fischer (1773-1829), un organiste actif à Erfurt dans le premier quart du XIXe siècle, élève de Kittel (lui-même élève de Bach): une véritable curiosité, dont on se demande pourquoi et pour qui elle a été réalisée, car elle semble excéder le niveau d’amateurs même chevronnés. Nullement acquis d’avance, tant la couleur instrumentale semble essentielle dans cette symphonie, le résultat convainc pourtant sans réserve: en effet, non seulement ce travail est tout à fait fidèle à la partition originale mais il fonctionne parfaitement, tout en faisant ressortir dans cette musique un côté à la fois Biedermeyer et Hausmusik qu’on ne s’attendait pas à y trouver mais qui, après tout, n’est pas si déplacé que cela. Cet arrangement mérite d’être donc d’être découvert, même si la prise de son ne flatte pas les sonorités et si la justesse est parfois prise en défaut, de même que dans La Nuit transfigurée de Schönberg, autre puissante évocation de la nature par le romantisme germanique (NoMadMusic NMM070). SC




Le Trio Fidelio en France





C’est là une bien belle idée que de s’intéresser au Second Trio avec piano (1892) de Saint-Saëns, peu souvent enregistré et ce malgré son incontestable séduction au niveau mélodique. Le Trio Fidelio choisit de prendre le contrepied du Saint-Saëns volontiers charmeur ici à l’œuvre pour rudoyer l’expressivité au service de tempi endiablés, d’une précision technique redoutable – un disque par ailleurs bien enregistré. Le tout est bien servi par les interprètes, même si le violoncelle d’Adi Tal est plus à l’aise dans les parties apaisées et le piano de Mary Dullea parfois prévisible. On leur préfère grandement l’énergie sensible et colorée de Darragh Morgan au violon, de loin le meilleur élément individuel de la formation. Le Trio de Ravel joue davantage la carte de l’épure en aplanissant les angles, au service d’une lecture classique mais de bonne tenue. Un disque surtout intéressant pour le Saint-Saëns (Resonus Classics RES10173). FC




Lamartine mis en musique par ses contemporains





Programme éclectique et couvrant un demi-siècle de mélodie française avec pour dénominateur commun les vers d’Alphonse de Lamartine (1790-1869), mis en musique par une vingtaine de compositeurs de plusieurs générations, pas tous français, mais presque, sur lesquels le livret donne des détails biographiques. Si ce parcours romantique ne manque pas d’intérêt, il n’évite pas le piège de la monotonie. Quelques mélodies sortent du lot comme Douce mer de Bizet, La Source dans les bois de Benjamin Godard, Le Lac de Saint-Saëns et Prière d’Allyre Bureau (1810-1859), compositeur normand à la trajectoire surprenante. Philippe Cantor sacrifie sauvent la prononciation à la ligne de chant et ne trouve pas toujours, pas plus que son accompagnateur Daniel Propper, le moyen de sauver les vignettes les plus fades de cet ensemble. Curiosité notable, une longue pièce pour piano seul initialement conçue pour chœur, Hymne de l’enfant à son réveil de Liszt à qui Lamartine avait inspiré Les Préludes et Harmonies poétiques et religieuses. Beaucoup de ces mélodies sont enregistrées pour la première fois et le projet a été finalisé en studio début 2019 à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la mort du poète (Forlane FOR 16892). OB




Boccherini le violoncelliste: Bruno Cocset récidive





Enregistré à l’auditorium de la Chapelle des Carmes de Vannes, ce disque est le deuxième que le violoncelliste Bruno Cocset consacre à Boccherini (après un premier volume édité sous la référence Alpha 084) avec, dans ses Basses réunies, Emmanuel Jacques au violoncelle continu, Maude Gratton au pianoforte et Bertrand Cuiller au clavecin. Au menu, cinq sonates, chacune construites sur un même schéma de trois mouvements, le mouvement lent étant placé tantôt en première, tantôt en deuxième position. N’en tirons pas pour autant la conclusion d’une uniformité de style puisque nous avons au contraire affaire à des sonates extrêmement contrastées, où l’on perçoit tout un foisonnement d’idées, de l’Allegro alla militare de la Sonate en sol majeur (à vrai dire plus dansant que militaire, moins martial qu’enjoué) au jeu un rien hautain de la Sonate en si bémol majeur en passant par la souplesse d’archet qui innerve l’Adagio de la Sonate en ut mineur. La diversité vient également de l’instrumentarium puisque le pianoforte de Maude Gratton recourt aussi bien aux marteaux en bois (Sonate en ut mineur qu’aux marteaux en cuir (Sonate en si bémol majeur). On se séparera du propos de Bruno Cocset dans la notice de présentation lorsqu’il fait référence au «dépouillement» de la Sonate en sol majeur alors qu’elle nous donne au contraire à entendre un troisième mouvement plein d’imagination dans les reprises (de légers ralentis, une douceur du jeu qui tout d’un coup s’avère plus cinglant): la diversité est bel et bien le maître-mot de ce disque. Moderne dans ses sonorités, l’Adagio de la Sonate en fa majeur interpelle autant que son Allegro introductif, où le caractère enjoué alterne dans un élan très naturel avec des couleurs plus sombres, le Grave de la Sonate en si bémol majeur s’avérant presque romantique pour sa part. Un excellent disque pour qui souhaiterait découvrir un pan de la musique de chambre de Boccherini, décidément pleine de ressources (Alpha 409). SGa




García Alarcón au service du texte chez Lully





Disque après disque, Leonardo García Alarcón n’en finit pas d’accumuler réussite sur réussite, ce que confirme encore le présent enregistrement dédié à quelques uns des plus beaux fleurons de la musique religieuse de Lully (Dies irae, De profundis, Te Deum). On retrouve le style du chef argentin qui fuit tout effet spectaculaire pour se rapprocher au plus près du sens, au service d’une ferveur religieuse sincère. Les phrasés orchestraux peuvent dérouter au début par leur côté sensuel et fuyant, là où un Hervé Niquet a pu préférer des attaques plus sèches et une architecture globale plus affirmée dans ses enregistrements réalisés pour Naxos dans les années 1990, avec Véronique Gens notamment. Le présent disque vaut pour ses solistes (mis en avant par l’allégement des effectifs), tout particulièrement la voix immédiatement identifiable de Mathias Vidal, toujours aussi impressionnant de justesse dans ce répertoire ( Alpha 444). FC




Alpha puise dans ses stocks (1)


          


          


L’éditeur Alpha fait partie des «marques» les plus dynamiques du Belge Outhere, qui rassemble, entre autres, Aeon, Arcana, Phi, Ramée et Ricercar. A la faveur notamment d’une réorganisation de son catalogue poursuivant ainsi une «Alpha Collection» qui comprend désormais soixante-dix volumes, voici plusieurs disques sur lesquels nous ne nous attarderons guère puisqu’il s’agit de rééditions de versions bien connues des amateurs du genre, principalement dans le répertoire baroque.
On commencera pourtant avec un compositeur qui a déjà quitté cette époque et qui lorgne de plus en plus vers le classicisme, en la personne de Carl Philipp Emanuel Bach: le disque d’Amandine Beyer au violon et Edna Stern au piano rassemble ainsi quatre sonates dont la première parution date de 2005 (Zig-Zag Territoires). L’entente entre les deux musiciennes est manifeste comme on peut l’entendre dans l’Allegro di molto de la Sonate en si bémol majeur Wq. 77 (H. 513) (une véritable course-poursuite entre les deux instruments) ou dans le premier Allegro de la Sonate en sol mineur H. 545. L’approche est d’autant plus intéressante que l’esthétique choisie nous rapproche parfois plus du préromantisme que du milieu du XVIIIe siècle – la Sonate en ut mineur Wq. 78 (Alpha 329).
Restons ensuite dans le monde de la sonate de cette époque avec le moins connu Jean Barrière (1707-1747), pourtant l’un des premiers grands violoncellistes de l’histoire à une époque où celui-ci commençait à prendre le pas sur la viole de gambe, disque interprété par Bruno Cocset et Les Basses réunies (enregistré au mois d’octobre 2000, étant initialement paru sous la référence Alpha 015). Jouant alternativement du violoncelle «classique» (la profondeur de l’Adagio - Andante de la Sonate I en si mineur avant les cordes plus râpeuses du dernier mouvement) et du violoncelle ténor (la Gigue concluant la Sonate II a tre en ré mineur, entraînante à souhait tout en étant pourtant moins rapide que celle de la Sonate en ut mineur), Bruno Cocset n’hésite pas à empoigner une basse de violon pour la Sonate III en ré mineur où les trois instruments requis (une basse de viole et un théorbe) sont traités à égalité (Alpha 330).
Le disque réalisé sous la houlette de Jos van Immerseel, consacré à trois concertos de Mozart (le Concerto pour deux pianos, le Concerto pour flûte et harpe et le Troisième Concerto pour cor), est pour sa part moins enthousiasmant (datant de 2005, il fut également publié sous le label Zig-Zag Territoires). Certes les musiciens connaissent leur partition mais tout cela est finalement bien neutre: pour le premier, on est loin de la joie et de la chaleur de la fameuse version Perahia-Lupu (Sony) tandis que le rayonnement du cor d’Ulrich Hübner s’avère très relatif au regard des versions certes plus anciennes mais indémodables signées Dennis Brain ou Peter Damm, entre autres. Neutralité évidente également dans le Concerto pour flûte et harpe, bien fait mais trop sage (Alpha 339).
Passons ensuite très vite sur «Le Berger poète», disque consacré par François Lazarevitch et Les Musiciens de Saint-Julien à plusieurs suites et sonates dévolues à la flûte et à la musette, disque qui a déjà été salué dans nos colonnes. La Musette pour flûte de Rebel côtoie ainsi avec un plaisir évident Philidor ou Hotteterre mais n’oublions pas pour autant la remarquable Plainte d’Iphise de Michel Pignolet de Montéclair: un disque exemplaire comme nous l’avions écrit et comme sa nouvelle écoute le prouve encore (Alpha 332).
Concluons ce premier volet consacré à ces rééditions par le disque qu’Amandine Beyer a consacré à Nicola Matteis, et que nous avons également signalé dans nos colonnes. Accents tour à tour hispaniques ou italiens surgissent sous l’archet de la violoniste, qui déploie un jeu extrêmement séduisant mais dont nous avions déjà souligné l’étonnante réserve, le caractère assez flamboyant de la musicienne ne transparaissant pas autant qu’on pourrait le souhaiter (Alpha 497).
La suite des rééditions Alpha à venir dans le cadre de nos prochaines actualités mensuelles! SGa




Nouveau terrain de découverte pour Sir Roger Norrington





Qu’il est loin le temps où Sir Roger Norrington, sans tout à fait faire partie des «baroqueux», contribuait néanmoins lui aussi, avant d’investir les mondes romantique et post-romantique, à dépoussiérer les répertoires baroque et classique à la tête de ses London Classical Players! Depuis longtemps, le fantasque chef anglais a parcouru tout le répertoire classique au sens large, dirigeant aussi bien Vaughan Williams que Beethoven, Schubert que Bruckner à la tête des orchestres sur instruments d’époque ou traditionnels, donnant lieu à de plus ou moins belles réussites et collaborations. En voici une nouvelle illustration avec la réédition de ce disque présentant les Septième et Huitième Symphonies d’Antonín Dvorák, captées en concert en 2010 semble-t-il, à la tête de l’Orchestre radio-symphonique de la SWR de Stuttgart. Même si l’on a pu avoir quelque appréhension à l’idée de l’écouter, force est de constater que cette Septième est de belle facture et ne souffre pas des excès dont Norrington a parfois pu user. Le premier mouvement est d’une indéniable grandeur et, si la conduite n’éclipse naturellement ni Kubelík (avec Berlin chez Deutsche Grammophon), ni Kertész (Decca) ou quelques autres, un vrai souffle le parcourt. On perçoit quelque précipitation ici ou là dans le Poco adagio mais, là encore, on en sort assez convaincu, l’orchestre faisant montre d’une réelle distinction (le cor solo, la petite harmonie, les violoncelles). Le Scherzo manque certes un peu d’élan (le passage central, besogneux) mais, surtout, de la puissance requise, qui fait tout le miel de la version berlinoise de Kubelík lorsque les violoncelles doivent être «râpeux» dans cette sorte de Furiant de la Sixième revisitée. Le dernier mouvement conclut en revanche cette symphonie de façon bien maladroite, partant sur un rythme trépidant qui en gomme toute la subtilité pour s’achever dans une légère grandiloquence. La Huitième s’avère d’emblée beaucoup moins convaincante, débutant par un Allegro con brio désordonné, où sont donnés des coups de projecteur sans que jamais la cohérence de l’ensemble ne ressorte, les timbres instrumentaux n’étant par ailleurs pas toujours des plus flatteurs (les bois notamment). L’Adagio tombe bien souvent à côté quand il ne flirte pas avec le grotesque tant les variations de tempo et les accents mis sur un instrument ou un détail orchestral en viennent à le transformer en une sorte de patchwork au sein duquel la vision de Norrington semble elle-même se chercher. Les deux derniers mouvements sont tout aussi étonnants, dans le mauvais sens du terme: précipités, caricaturaux, ils bénéficient d’un bon orchestre mais dont la sécheresse et le manque de conviction disqualifient cette version et, plus largement, ce disque dans son ensemble (SWR Music SWR19511CD). SGa




ConcertoNet a également reçu




Cyril Guillotin: «Sortilèges»
Enregistré en 2013 pour l’éditeur virtuel Les Belles Ecouteuses, le programme du pianiste français, (re)ssort chez Calliope. On ne sera pas surpris de trouver chez cet élève d’Engerer et Voskresensky une appétence pour le répertoire russe – belle maîtrise technique dans la Suite de concert de Casse-Noisette de Tchaïkovski/Pletnev – mais aussi, chez celui qui a aussi bénéficié de l’enseignement de Ciccolini, une nature aventureuse et poétique, s’épanouissant avec bonheur dans le triptyque Les Visages (2007) que lui a dédié Laurent Lefrançois. Le tout se conjugue dans des Tableaux d’une exposition de Moussorgski à la lenteur et à la profondeur très étudiées (CAL1972). SC


Solistes de la WDR: Brahms
Les musiciens de la phalange colonaise, dont la cohésion instrumentale et le plaisir de faire de la musique traduisent sans nul doute l’habitude de jouer ensemble, confèrent aux deux Sextuors à cordes à peu près tout ce qu’il leur faut (clarté, vivacité, naturel, chaleur), sinon peut-être des sonorités plus rondes et flatteuses (Pentatone Classics PTC 5186 807). SC


Esa-Pekka Salonen: Stravinski
A la tête des forces chorales et orchestrales de l’Opéra national de Finlande, Salonen s’attaque au rare «mélodrame» Perséphone (1934/1949). Sur un texte passablement daté de Gide, Stravinski a composé une musique qui se situe encore dans l’esthétique néoclassique d’Œdipus Rex, d’Apollon musagète et de la Symphonie de psaumes. Malgré tous ses trésors de subtilité voire de suavité, cette version ne parvient pas à susciter l’enthousiasme pour cette œuvre malaimée, d’autant que la diction française, hormis avec la récitante (Pauline Cheviller), n’est pas à la fête, que ce soit avec le ténor Andrew Staples ou avec les choristes (Pentatone Classics PTC 5186 668). SC


Jean-Guihen Queyras: «Complices»
Complicité: celle des artistes avec le public, celle qui s’est nouée entre le violoncelliste et Alexandre Tharaud, celle aussi consistant à se situer «hors-la-loi dans l’acte créateur afin de repousser les limites, les règles, pour mieux s’envoler». Soit. Le résultat est un coq-à-l’âne permanent où l’on a connu Queyras en meilleure forme (justesse, précision) et où les «saucissons» de Brahms, Chopin, Falla, Fauré, Kreisler, Popper, Poulenc, Saint-Saëns, Tchaïkovski et Vecsey alternent curieusement avec des pages plus ambitieuses de Bach (associé à Coltrane, grâce à Raphaël Imbert), Chtchedrine, Dutilleux, Haydn et Zimmermann (Harmonia Mundi HMM 902274). SC


Marc Mauillon: «Fauré et ses poètes»
Etonnamment protéiforme, le baryton français se fait ici ténor, mais on l’entend pourtant à la peine et désagréablement nasal dans le bas du registre. Cela dit, bien sûr, les trente et une mélodies de cette riche anthologie chronologique sont dites intelligemment, chantées avec goût (hormis quelques ports de voix un peu malheureux), supérieurement accompagnées parAnne Le Bozec et lumineusement présentées par Denis Herlin (Harmonia Mundi HMM 902636). SC


La rédaction de ConcertoNet

 

 

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