|
Back
Le mois du mélomane professionnel
10/01/2019
Que fait un mélomane professionnel pendant l’été? Eh bien, il écoute de la musique. Comme j’ai entrepris, sur RCJ, un projet gigantesque qui consiste à raconter l’histoire de la musique du XXe siècle en essayant d’expliquer toutes les nouveautés que cela implique, et ceci dans un langage accessible à tous, j’ai décidé de combler mes «trous» dans cette musique. Une de ces lacunes était Chostakovitch, dont la connaissance de ses Cinquième, Dixième et Treizième Symphonies me semblait suffisante. J’ai donc décidé de m’atteler à la tâche consistant à devenir un vrai connaisseur de ses symphonies. Du 1er au 15 août, j’ai écouté tous les matins une de ses symphonies, passé pas mal de temps à lire tout ce qu’il y avait sur cette œuvre et réécouté la symphonie l’après-midi. J’étais aidé par le fait d’avoir la partition de presque toutes les symphonies devant les yeux, un vrai cadeau de YouTube à son public. J’ai recommencé la même chose du 16 au 30 août. Maintenant, je suis satisfait, je crois vraiment bien les connaître. S’il s’avérait que tout ceci n’est pas suffisant, je recommencerai le travail une troisième fois. Rien de tel, pour bien connaître et aimer une œuvre que de l’écouter beaucoup. D’ailleurs, c’est une excellente manière de juger si une œuvre est un chef-d’œuvre. Si votre amour augmente à chaque fois que vous l’écoutez, c’en est un. Je vous recommande cette méthode. N’oubliez jamais de plonger dans la lecture de l’analyse d’une œuvre. Cela décuple le plaisir.
Deux découvertes. Le Concerto pour violon de Salonen qui dirigeait la Tonhalle de Zurich pour accompagner Leila Josefowicz, merveilleuse violoniste que je connais depuis longtemps. J’ai été très impressionné par la qualité de l’œuvre. Chaque nouveau concerto pour violon de grande qualité est une source de joie pour moi. C’est elle qui a créé Scheherazade.2 de John Adams, dont je garde un souvenir inoubliable. Et une seconde découverte, une sonate pour violon seul de Paul Hindemith. Anecdote: mon maître pour le violon fut Jacobi, qui avait été le meilleur élève de Hindemith, ce qui fait que je suis son petit-fils en violon.
Le concours Reine Elisabeth à Bruxelles. La gagnante, Stella Chen, a joué, pour l’épreuve finale, le Concerto de Tchaïkovski comme je l’ai rarement entendu. On peut être surpris, même par une œuvre qu’on connaît très bien.
Magnifique Lucia di Lammermoor au Liceu de Barcelone avec Elena Mosuc et Juan Diego Flórez. Que d’émotions provoquées par cet opéra et que des moments de bonheur à écouter le sextuor du deuxième acte et l’«air de la folie». Il y a eu aussi plusieurs versions de Norma, toutes réussies. J’ai un faible pour cet opéra. Sans doute le meilleur du bel canto.
Je vous avoue que ne pas écrire un éditorial pendant tout le temps de l’été m’a attristé. J’aime vous raconter ma vie musicale. Prochain édito à la Toussaint!
Benjamin Duvshani
|
