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CD, DVD et livres: l’actualité de mai
05/15/2019



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    La pianiste Ludmila Berlinskaïa

    Le Trio Busch interprète Dvorák

    Pinocchio de Boesmans à la Monnaie

    John Eliot Gardiner dirige Mendelssohn

    Otto Klemperer d’Eva Weissweiler

    Une vie de musicien de Fritz Busch

    Fritz Busch, L’exil de Fabian Gastellier

    Réflexions sur Toscanini de Harvey Sachs

    Rudolf Lutz dirige Bach

    Masaaki Suzuki dirige Bach

    Giselle d’Ek à Monte-Carlo (1987)

    Barbe-Bleue à L’Avant-Scène Opéra

Zubin Mehta dirige Schönberg

    Le Trio Talweg

    Alma Rosé de Richard Newman

    Le harpiste Emmanuel Ceysson

    Frieder Bernius dirige Zelenka

    Corelli par l’Orchestre de Fribourg

    L’Ensemble Ouranos




 Sélectionnés par la rédaction


    François Dumont interprète Mozart

    Hervé Niquet dirige Gounod

    Le pianiste David Lively

    Le Quintette (à vent) Aquilon

    Raymonda de Petipa à la Scala (2011)

    Lionel Meunier dirige Vox Luminis

    Masaaki Suzuki dirige Bach

    Philippe Herreweghe dirige Bach

    La Petite Danseuse de Degas de Bart

    Les Horaces de Salieri

    Rodelinda à L’Avant-Scène Opéra

    Lucrezia Borgia à L’Avant-Scène Opéra

    Lachenmann de Laurent Feneyrou

    Vivaldi à deux clavecins

    Frieder Bernius dirige Haydn

    Compositrices. L’Egalité en acte

    Jodie Devos chante Offenbach

    Herbert Blomstedt dirige Mozart

    Rudi. La Leçon Serkin d’André Tubeuf

    Riccardo Muti dirige Bruckner





 Oui !

Lili d’Alain Galliari
Dusapin de Jacques Amblard
Olivier Korber interprète Chopin
La violoncelliste Olivia Gay
Ottavio Dantone dirige Vivaldi
Les récits cachés de Wagner de Jean-Jacques Nattiez
La violoniste Isabelle Durin
Anthologie et entretiens avec Philippe Herreweghe
Rudolf Lutz dirige Bach
Giselle de Petipa à Londres (2016)
Pavol Breslik chante Dvorák
Se mettre en quatre de Sonia Simmenauer
Ivan Repusic dirige Suppé
Corrado Rovaris dirige Donizetti
Véronique Bonnecaze interprète Debussy
L’ensemble La Pastorella interprète Vivaldi
Vincent Lucas interprète Vivaldi
Miho Fukui interprète Vivaldi
Frieder Bernius dirige Holzbauer
Olga Pashchenko interprète Dussek
Lisa Della Casa de Christophe Capacci
Nicolas Bucher dirige Bozza
Emmanuelle Moriat interprète Dohnányi et Rózsa
Herbert von Karajan dirige Mozart
Christian Thielemann dirige Bruckner et Wagner
Les Silencieux de Laurent Vilarem
La Grande-Duchesse de Gérolstein à L’Avant-Scène Opéra
Médée à L’Avant-Scène Opéra
La rondine à L’Avant-Scène Opéra
Don Pasquale à L’Avant-Scène Opéra
Voces Suaves et Concerto Scirocco interprètent Croce
Les vihuelistes Ariel Abramovich et Jacob Heringman
Intégrale de l’œuvre de Debussy
Hervé Niquet dirige Dante de Godard
Hervé Niquet dirige Le Tribut de Zamora de Gounod
Hervé Niquet dirige La Reine de Chypre d’Halévy



Pourquoi pas ?

Vincent Bernhardt dirige Vivaldi
Masaaki Suzuki dirige Bach
John Eliot Gardiner dirige Schubert
Daniele Orlando interprète Vivaldi
Lina Tur Bonet interprète Vivaldi
Les Percussions de Strasbourg interprètent Jodlowski
Mon dictionnaire intime de Roberto Alagna



Pas la peine

Mémoires de Nathan Milstein
L’opéra sans rédemption de Marc Goldschmit
Barbara Hannigan interprète Berio, Berg et Gershwin
Herbert von Karajan dirige le Philharmonia (1958-1960)
Orchestrations de lieder de Schubert
Siddharta de Preljocaj à Bastille (2010)
Mariss Jansons dirige Schubert
Chantal Stigliani interprète Bach
Riccardo Muti dirige Bruckner



Hélas!

Pierre Hantaï et Aapo Häkkinen interprètent Bach
Vincent Beer-Demander interprète Vivaldi





En bref


Croce, artisan des fastes musicaux vénitiens
Renaissance bienvenue pour Halévy
Intégrale Debussy chez Warner
La rondine à redécouvrir
La vihuela à l’ombre des grenadiers en fleurs
Le retour en grâce de Godard se poursuit avec Dante
Les affinités dresdoises de Haitink
Un Gounod mineur brillamment servi
Don Pasquale revient à L’Avant-Scène Opéra




Croce, artisan des fastes musicaux vénitiens





Lorsqu’on lit l’ouvrage que H. C. Robbins Landon et John Julius Norwich ont consacré à Cinq Siècles de musique à Venise (Jean-Claude Lattès, 1991), la vie musicale vénitienne semble avoir certes été très riche au XVIe siècle mais dominée alors par seulement deux ou trois noms, parmi lesquels trône fièrement Gabrieli (Giovanni surtout, son oncle et professeur, Andrea, ayant une renommée moindre). C’est donc une lacune fort dommageable que comblent en partie Francesco Saverio Pedrini et son ensemble Voces Suaves, accompagnés par l’ensemble instrumental Concerto Scirocco dirigé du dulcian par Giulia Genini, en rendant hommage à Giovanni Croce (1557-1609). Même si l’on ne connaît guère sa vie, mentionnons seulement qu’il arriva semble-t-il vers 1570 dans La Sérénissime, où il devint en juillet 1603 maître de chapelle de l’église Saint-Marc, et où il jouit d’une excellente réputation, ayant servi plusieurs grandes familles de mécènes issues tant du commerce que de la noblesse vénitienne. Comme le souligne fort justement la très riche notice de Rodolfo Baroncini, les compositions de Croce ne se caractérisent guère par de grandes recherches dans les alliances sonores ou le rythme, Croce préférant une «clarté structurelle» propre à faciliter la remémoration par le public de ce qu’il pouvait écouter, ces «structures limpides» se retrouvant dans ses œuvres aussi bien instrumentales que vocales. Le disque alterne justement des œuvres de Croce pour un ou deux chœurs avec des pièces instrumentales composées par Giovanni Picchi (remarquable Canzon Decimaquarta où le début, pataud, joué par les sacqueboutes et le dulcian, est tout à coup illuminé par le jeu du violon et du cornet), Giovanni Gabrieli ou Claudio Merulo (belle Toccata pour orgue, tenu avec adresse par Pedrini). L’art de Croce est réel: des effets incontestables à travers des lignes mélodiques simples, où les deux chœurs de quatre chanteurs chacun se répondent et se livrent à de doux échanges (Anima mea liquefacta est), grâce tout d’un coup à un dialogue entre un chœur principal et le second qui lui sert d’écho (magnifique Virgo decus nemorum) ou à un jeu, là encore assez basique, d’entremêlement des huit voix auxquelles s’ajoute un instrumentarium des plus restreints qui suffit à faire vivre intensément le texte (la pièce conclusive, Quaeramus cum pastoribus). Même s’il n’y a rien d’innovant là-dedans, comment ne pas écouter avec ravissement ce Percussit Saul mille où la mélodie, lancée par le cornet parfaitement joué par Matthew Jannejohn, est ensuite reprise par la soprano, les échanges «parallèles» se multipliant de la sorte entre voix et instruments? Par ailleurs, et ce n’est pas la moindre qualité de ce disque, l’ensemble est fort bien enregistré et c’est sans doute ce qui fait en partie toute la saveur: la Basilique palatine de Mantoue possède une légère réverbération mais le son ne se perd jamais, les voix sont bien individualisées et, si le jeu de pédales de l’orgue est parfois trop présent (on aurait peut-être pu l’amoindrir dans la Canzon ariosa d’Andrea Gabrieli), le résultat conduit à une spatialisation optimale. Un disque fort réussi qui nous fait guetter avec une certaine avidité les futures réalisations de ces deux ensembles (Arcana A 439). SGa




Renaissance bienvenue pour Halévy





L’heure de la renaissance de Fromental Halévy (1799-1862) a-t-elle sonné? Il reste aujourd’hui pour le grand public et la quasi-totalité des mélomanes l’homme d’un seul opéra, La Juive (1835). Cet immense succès «de jeunesse» allait en faire un des compositeurs les plus en vue, avant la longue éclipse que l’on connaît encore aujourd’hui, hormis, donc, La Juive. C’est donc un événement que de découvrir son grand opéra La Reine de Chypre (1843), où l’on retrouve ses talents d’orchestrateur, tendre et gracieux, au service de la primauté du chant. Cette simplicité aux allures presque mozartiennes par endroit lui a été reprochée, même si on note aussi quelques passages plus verticaux, tels que le superbe finale de l’acte I avec la présence notable des chœurs, ou en un acte IV un peu raide et répétitif (comme le soulignait Didier van Moere dans son compte rendu de la représentation de concert donnée au Théâtre des Champs-Elysées l’an passé). Le présent enregistrement (sans les ballets) a été réalisé dans les mêmes lieux, deux jours avant le concert. C’est là l’un des points faibles de ce double disque, tant l’acoustique perfectible de la célèbre salle parisienne place les interprètes en une sorte de halo lointain. Le disque bénéficie en revanche de la présence de Cyril Dubois, dont la pharyngite allait le contraindre à renoncer ensuite au concert. On note d’emblée une fragilisation de son timbre, moins apollinien qu’à l’habitude, mais qui ne nuit en rien à la caractérisation du rôle, lui donnant une aspérité bienvenue. A ses côtés, on retrouve les impeccables Véronique Gens et Etienne Dupuis, déjà loués par le compte rendu précité, tandis que la direction d’Hervé Niquet semble avoir gagné ici en modulations et en variété, en comparaison du concert (deux disques et un livre Glossa ES 1032). FC




Intégrale Debussy chez Warner





Bicentenaire de sa mort oblige, chacun y est allé de sa «Debussy Edition» ou de sa «Debussy Collection», puisant dans ses placards. Warner fait autre chose. Certes il emprunte à son fonds, déjà copieux, mais il va au-delà: voici des «œuvres complètes», fruit d’un vrai travail éditorial réalisé par Denis Herlin, le «monsieur Debussy» de la musicologie française, dont la présentation est en réalité une mini-monographie. On s’attachera donc moins à ce qu’on connaît et qu’on aime déjà – des gravures d’Aldo Ciccolini ou de Samson François, de Pierre-Laurent Aimard ou de Youri Egorov, de Jean Martinon ou d’André Cluytens, de Kent Nagano ou de François-Xavier Roth – qu’aux inédits que nous révèle cette somme de trente-trois CD, récompensée par un très mérité prix de l’Association professionnelle de la critique. Savait-on, par exemple, que Debussy, à la fin du siècle, avait transcrit pour deux pianos la Deuxième Symphonie et des airs de ballet d’Etienne Marcel de Saint-Saëns? Que vient d’être découvert le manuscrit de la Chanson des brises, pour soprano, chœur de femmes et piano à quatre mains? Qu’il existe une version avec piano des fragments de La Chute de la Maison Usher? Des enregistrements de Debussy lui-même, seul ou avec Mary Garden, à ces «premières mondiales», tout un monde s’ouvre à nous, familier, méconnu ou ignoré: quand vous y entrerez, vous n’en sortirez plus (coffret de trente-trois disques Warner 5536426). DvM




La rondine à redécouvrir





La rondine (L’Hirondelle) de Puccini, un de ses opéras rarement joués (avec Le Villi et Edgar), a connu récemment un regain de popularité. A l’occasion de la reprise à Toulouse de la production réalisée en 2002 pour le Royal Opera de Londres par Nicolas Joel, Ezio Frigerio et Franca Squarciapino, elle a rejoint la série de sept opéras de Puccini publiés par la revue Avant-Scène Opéra. La rondine, enfant de la grande guerre, a cent ans! Sa création eut lieu en 1917 à Monte-Carlo au lieu de Vienne, qui en avait passé à Puccini commande dans les termes d’une opérette. Sa partition en porte les traces avec son intrigue vaudevillesque, son rythme à trois temps, sa légèreté et l’éclectisme de son écriture, Puccini s’étant volontiers ouvert à l’influence de ses contemporains et au jazz américain qui pointait le nez en Europe. L’Avant-Scène Opéra analyse tous ces paramètres avec son habituelle rigueur éditoriale et sa richesse iconographique. C’est sa rédactrice en chef, Chantal Cazaux, qui s’est chargée de la partie «guide d’écoute» et qui en épluche la partition pour la rendre plus proche de l’auditeur. Quelques études viennent éclairer le contexte de la Première Guerre mondiale et son influence sur la composition et la création de cette œuvre très à part dans la production puccinienne. La discographie de Jean-Charles Hoffelé nous apprend qu’elle a été plus populaire au disque qu’à la scène et nous révèle des archives à explorer comme l’interprétation en allemand de Ljuba Welitsch, Anton Dermota, Kurt Equiluz et Walter Berry (Vienne, 1955). Sa vidéographie, on s’en réjouit, donne gagnante la superbe réalisation de Nicolas Joel citée plus haut qui, après Londres, a fait les beaux soirs de nombreux théâtres dont le Châtelet, le Metropolitan Opera, Monte-Carlo, le Capitole de Toulouse, où elle est revenue l’automne 2017. La captation par EMI qui avait eu lieu à New York en 2009 sous la direction de Marco Armiliato réunissait Angela Gheorghiu, Roberto Alagna et Samuel Ramey (n° 301, 114 pages, 28 euros). OB




La vihuela à l’ombre des grenadiers en fleurs





D’origine aragonaise, la vihuela, bien qu’ayant la forme d’une guitare, s’apparente davantage au luth auquel elle emprunte la tessiture et dont le son, plus galbé, plus doux, s’approche davantage de son confrère que de sa consœur. Instrument pratiqué surtout dans l’Espagne du XVIe siècle, dans un cadre intimiste comme le rappelle justement John Griffiths dans une notice fort complète, la vihuela a fait l’objet d’un premier recueil de pièces spécifiques écrit en 1516 par un certain Luys de Milàn. Le présent album «Cifras imaginarias: Música para taner a dos vihuelas» nous fait entendre divers arrangements de pièces composées aussi bien par Josquin des Prez que de ricercares de Giulio Segni ou de fantaisies pour luth de Francesco Canova da Milano. Ariel Abramovich et Jacob Heringman nous font revivre avec une délicatesse constante le caractère intimiste propre à cet instrument, la première vihuela jouant souvent dans le seul registre aigu, la seconde dans le grave, sans que cette dernière tessiture ne la cantonne pour autant au simple accompagnement, le thème et les volutes techniques passant fréquemment de l’une à l’autre comme dans la course-poursuite qu’offre le Ricercar de Giulio Segni da Modena ou dans le bref mais illustratif Passeavase el rey moro de Francisco Fernández Palero. Si le style galant domine bon nombre de pièces (comme le très fin Illibata Dei Virgo nutrix de Josquin des Prez), certaines semblent composées pour narrer, du moins accompagner, une histoire. Ecoutez par exemple ce Gay bergier d’Antonio de Cabezón où, après un début quelque peu bucolique, les deux musiciens marquent une légère pause avant de poursuivre et de conclure la pièce sur une note plus rêveuse, illustrant la légendaire Arcadie telle qu’on pouvait se l’imaginer à l’époque... Enregistrés dans la petite Holy Trinity Church de Weston (dans le Hertfordshire), bénéficiant d’une réverbération idéale permettant d’entendre chaque détail des partitions, Abramovich et Heringman nous offrent un recueil de toute beauté dont on ressort totalement rêveur (Arcana A 428). SGa




Le retour en grâce de Godard se poursuit avec Dante




Après la musique de chambre et quelques œuvres orchestrales (voir notamment ici), la redécouverte du catalogue de Benjamin Godard (1849-1895) se poursuit avec bonheur avec l’édition de son cinquième opéra, Dante (1890). C’est là un véritable événement tant les disques de ce compositeur trop tôt disparu permettent à chaque fois une réévaluation de sa place dans l’histoire musicale de la fin du XIXe siècle. Fidèle à l’opéra français, davantage qu’au wagnérisme, cette partition foisonnante bénéficie de climats admirablement variés, portés par un début guerrier rapidement contrasté avec les interventions féminines plus bucoliques, tandis que l’orchestre tient une place prépondérante, révélateur du goût de l’auteur en ce domaine. Il ne faudra pas hésiter à écouter plusieurs fois l’ouvrage pour en saisir pleinement tous les trésors d’invention. Il faut dire que l’ensemble des forces réunies par les équipes du Palazzetto Bru Zane ne laissent pas de convaincre par leur sérieux et leur investissement, même si l’on pourra être agacé par le style du rôle-titre Edgaras Montvidas, à l’aigu en force et aux r roulés au moyen d’un vibrato peu distingué. Tous les autres chanteurs offrent un niveau superlatif à ce Dante hautement recommandable, qui baigne de la lumière radieuse de Véronique Gens, très à l’aise dans ce répertoire. On se félicite aussi de la direction toujours aussi équilibrée d’Ulf Schirmer, tandis que l’enregistrement bénéficie d’une excellente prise de son. L’Opéra de Saint-Etienne a permis de découvrir sur scène cet ouvrage en mars dernier, avec des interprètes différents (deux disques et un livre Ediciones singulares ES 1029). FC




Les affinités dresdoises de Haitink




Bernard Haitink a depuis toujours dirigé le vénérable orchestre de la Staatskapelle de Dresde, ayant même été brièvement son directeur musical de 2002 à 2004 après le décès soudain de Giuseppe Sinopoli et avant que Fabio Luisi n’entame son mandat. Ce coffret de six disques, reflet de trois concerts, témoigne de cette parfaite entente dans des œuvres majeures entre un orchestre dont les traditions répondent ici on ne peut mieux au classicisme d’une des plus grandes baguettes actuelles. On ne reviendra pas longuement sur les deux disques alliant dans un programme très balisé Weber, Beethoven et Brahms, qui ont déjà été commentés dans ces colonnes. L’orchestre est bien entendu superbe, notamment dans l’Ouverture d’Obéron, menée tambour battant! Le deuxième concert, également évoqué sur notre site, est consacré à la Huitième Symphonie de Bruckner, lors d’un concert donné au moment du traumatisme qu’avaient subi les habitants de Dresde à la suite des débordements de l’Elbe en 2002, causant d’immenses dégâts dans la ville et même la région tout entière. A sa réécoute, on reste subjugué par le sens de la progression inexorable qui caractérise notamment les mouvements extrêmes, Haitink étant peut-être moins noir que Karajan (avec Vienne) et moins guidé par l’urgence que Böhm (avec Zurich) ou Boulez (avec Vienne) mais délivrant en fin de compte un discours plus apaisé. Le sublime Adagio est conduit avec une plénitude qui force l’admiration (les détails des cuivres, des harpes...): sans aucun doute, nous avons là une des plus belles versions disponibles de cette symphonie, à coup sûr en tout cas l’une des plus belles gravées durant ces trente dernières années. Les deux derniers disques sont consacrés à une des œuvres dans lesquelles le grand chef amstellodamois a toujours donné le meilleur de lui-même puisqu’il s’agit de la Deuxième Symphonie de Mahler. Enregistrée au Semperoper le 13 février 1995 pour célébrer le cinquantième anniversaire du terrible bombardement subi par Dresde, cette version reste à nos yeux en deçà de la version un peu antérieure gravée par Haitink à la tête du Philharmonique de Berlin (Philips). Bizarrement, le premier mouvement nous semble ici beaucoup plus long alors que le minutage n’est en réalité guère différent. Ce qui est remarquable ici, c’est surtout la violence du propos, le déferlement sonore (incroyable passage à partir de 13’10 qui culmine dans un climax apocalyptique à 15’30! On en tremble encore 5 minutes après l’avoir passé...) qui impose une unité emplie de dramatisme, unité qui ne nous empêche pas de profiter de certains détails rarement entendus (les contrechants de cuivres à 2’50 par exemple). Le deuxième mouvement permet à l’auditeur de bénéficier de toute la délicatesse tant de la partition que de l’orchestre avant un troisième mouvement où les couleurs et les contrastes prennent le dessus. Jard van Nes, déjà présente dans l’enregistrement berlinois, est excellente avant un dernier mouvement où l’orchestre se distingue (le passage à partir de 8’15!) avant même le chœur, pourtant très bon. Aucun doute: on aurait aimé être présent à ce concert même si, en fin de compte et contrairement à Bruckner, on peut se demander si sa publication s’imposait véritablement. Pour autant, voici un coffret qui comblera tant les amateurs du «grand répertoire» germanique que les admirateurs de Haitink: une telle alchimie mérite tout de même d’être préservée (Profil Hänssler PH 14002). SGa




Un Gounod mineur brillamment servi





Avec Le Tribut de Zamora, le Palazzetto Bru Zane poursuit son hommage à Charles Gounod (1818-1893), après le double disque consacré début 2018 à ses cantates et sa musique sacrée. C’est à nouveau Hervé Niquet qui nous révèle ce Gounod méconnu, cette fois avec les forces du Chœur de la Radio bavaroise et de l’Orchestre de la Radio de Munich. On ne dira jamais assez la splendeur vocale de ce chœur à la cohésion et à l’impact physique audibles dès les premières interventions. Niquet conduit son petit monde avec une attention bienvenue dans les parties apaisées, plus tranchant dans les verticalités, le tout sans vibrato et en des tempi équilibrés. Las, on retrouve ici le ténor Edgaras Montvidas, dont on apprécie toujours aussi peu l’émission chargée de vibrato dans l’emphase, en un style très daté, à l’aigu forcé (voir ici ou Dante). C’est d’autant plus regrettable que le reste du plateau vocal réuni force l’admiration. On citera tout particulièrement Judith van Wanroij qui trouve enfin un rôle à sa mesure dans le répertoire du XIXe siècle, faisant valoir son timbre superbe et ses qualités d’articulation, tandis que Tassis Christoyannis, malgré quelques couleurs absentes, nous emporte par la vaillance et la noblesse de la ligne vocale. Que dire aussi du superbe Alcade d’Artavazd Sargsyan, qui fait valoir son beau timbre clair, ou de la profondeur d’incarnation du Roi de Jérôme Boutillier? On citera enfin l’impeccable Juliette Mars, dont les phrasés rappellent souvent l’élégance de style de Véronique Gens. Des conditions quasi idéales au service d’un ouvrage malheureusement inégal – le tout dernier composé par Gounod en 1881. Outre un livret aux rebondissements peu crédibles, ce Tribut de Zamora tourne le dos aux novations musicales de son temps, notamment celles de Wagner, ou encore de Bizet dans la caractérisation exotique, pratiquement absente de l’ouvrage. Toutefois, Gounod séduit toujours autant par un raffinement jamais pris en défaut, hormis dans les passages spectaculaires, peu convaincants (deux disques et un livre Bru Zane BZ 1033). FC




Don Pasquale revient à L’Avant-Scène Opéra





Si l’on compare la réédition du numéro de Don Pasquale de Donizetti de la revue L’Avant-Scène Opéra (n° 108 d’avril 1988), qui, trente ans plus tard, a perdu son article, on pourra déplorer que l’iconographie qui autrefois faisait la part belle aux interprétations historiques des œuvres avec des photos noir et blanc issues de collections privées ou d’archives de scènes prestigieuses a cédé le pas à une illustration moins riche et beaucoup plus monotone de ce qui se passe sur les scènes lyriques aujourd’hui. Soit des photos plus petites, en couleur certes, mais très interchangeables de productions branchées qui ressemblent plus à des séries télévisées qu’à des productions d’opéra. Mais avec une pagination équivalente, le contenu littéraire et musical de la revue a considérablement progressé en trente ans et si quelques articles ont été repris dans la nouvelle édition, elle s’est considérablement enrichie d’analyses, notamment son commentaire musical (ici dû à sa rédactrice en chef, Chantal Cazaux), beaucoup plus riche et complet que dans l’édition précédente. Le prochain numéro annoncé sera consacré aux deux opéras de Bartók et Dukas sur la thématique de ici (n° 302, 132 pages, 28 euros). OB





La rédaction de ConcertoNet

 

 

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