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Rendez nous Erato !
09/24/2002
Nous avions dénoncé, dans un précédent éditorial (lire ici), la disparition d’Erato en tant que société autonome et son ravalement au rang de simple marque gérée depuis Londres par sa maison mère Warner ; nous pressentions la disparition pure et simple de la grande firme française et elle vient malheureusement de se produire puisque son dernier grand artiste, William Christie, vient de voir son contrat rompu. Réussir à annihiler en si peu de temps une entreprise renommée et dynamique relève de l’exploit et l’on comprend pourquoi le groupe AOL-Time-Warner a battu le record mondial de pertes (une perte nette de 54,2 - cinquante quatre - milliards de dollars au premier trimestre 2002 !). Ce qui se révèle inquiétant, c’est le peu de réactions qu’a entraîné cette descente aux enfers, alors qu’actuellement de nombreux responsables se mobilisent - fort justement - pour éviter que les activités d’édition de Vivendi (Larousse, Robert, La Découverte, Nathan, Bordas, etc) ne partent à l’étranger. Erato représente pourtant un pan important de notre patrimoine culturel (citons Charles Munch, Marie-Claire Alain, Paul Tortelier, Jean-Pierre Rampal, les compositeurs Olivier Messiaen, Henri Dutilleux ou Darius Milhaud, la première mondiale des Boréades par John Eliot Gardiner, etc). Puisque la marque Erato ne signifie plus rien pour Warner, ne serait-il pas possible d’inciter la major américaine à la rétrocéder à une société française qui pourrait en valoriser le catalogue et en relancer le développement ? Le gouvernement, qui s’implique dans le dossier Vivendi Edition, ne doit pas manquer de «moyens de pression» pour aller dans ce sens... Ce retour au bercail serait un vœu pieux ? Sans doute. Mais qu’au moins il y ait une intention, juste pour monter que l’on ne se contrefiche pas de notre patrimoine musical.
Philippe Herlin
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