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Le mois du mélomane professionnel 12/01/2016
D’abord, les live. Une soirée, le 13 novembre, consacrée par l’ULIF-Copernic à la mémoire des victimes de cette horrible nuit du Bataclan sous le titre de «Qaddich». Bien que le qaddich ne soit pas, contrairement à ce qu’on croit, la prière des morts dans la tradition juive, il est associé aux devoirs des endeuillés. Ils doivent, dans la douleur, glorifier le Nom de Dieu, parler de la vie et proclamer l’amour de la paix. La soirée fut émouvante et riche. Armand Benhamou, le chantre, accompagné du chœur, a chanté les chants traditionnels du rappel des disparus avec sa voix puissante et expressive. En seconde partie, nous avons pu assister à deux créations mondiales: Qaddich pour mezzo et quatuor à cordes de François Meïmoun, mouvant et émouvant. Nous connaissions déjà Anna Wall pour l’avoir entendu chanter le qaddich de Ravel il y a quelques années. Elle ne nous a pas déçus. Ensuite, un Grand Qaddich pour ténor, chœur et piano à quatre mains du chef de chœur, Itaï Daniel, sommet d’émotion pour une soirée qui l’était toute entière, amplifié par la voix de Sébastien Obrecht. Le souvenir reste douloureux et l’angoisse pour l’avenir est toujours là. A quand la compréhension par tous du désir de paix et de vie de ce Dieu qui est celui de toute l’humanité?
Soirée de musique de chambre à Garnier avec une nouveauté, la Sonate «A Kreutzer» de Beethoven transcrite pour quintette à cordes. Déception. Toute la tension entre le violon et le piano disparue. Quel dommage! En revanche, une surprise avec les Métamorphoses de Strauss dans une transcription pour septuor qui est plus agréable aux oreilles que la version originale avec ses vingt-trois instruments à cordes. Nous avons connu Maxime Tholance en plus grande forme.
Le grand Bernard Haitink est venu diriger le National dans une soirée française, Poulenc-Ravel. Je garde de ce concert le souvenir d’un moment de grâce et de beauté, le «Domine Deus» du Gloria chanté par Patricia Petibon. Sublime. Pas de doute, la musique est l’art le plus proche de Dieu.
Passons aux écrans pour signaler la magnifique idée de Mezzo de programmer l’intégrale des Symphonies de Sibelius dirigées par Hannu Lintu. Une occasion de plonger dans cet océan de beauté. Cela va continuer en décembre. Ne le ratez pas. N’oubliez pas d’acquérir le Sibelius de Marc Vignal chez Fayard où vous pourrez suivre l’analyse détaillée de toute cette musique, comme Marc Vignal sait le faire, c’est-à-dire très bien.
Je ne dirai pas grand-chose des deux opéras, Katerina Izmaïlova en direct du Bolchoï, dirigé par Tugan Sokhiev et mis en scène par Rimas Tuminas, et le spectacle Le Château de Barbe-Bleue et La Voix humaine dirigé par Esa-Pekka Salonen et mis en scène par Krzysztof Warlikowski. Magnifiques pour les oreilles, sur tous les plans et une torture pour les yeux. Je suis fatigué de dire tout le mal que je pense des mises en scène contemporaines. J’aspire maintenant aux versions de concert et aux films-opéras réalistes. Je me demande même, par moment, si nous n’allons pas avoir un jour un aveu de ces metteurs en scène de théâtre qui n’ont rien à faire à l’opéra, sur leur incompréhension de l’acceptation des publics et des critiques de leurs travaux.
J’ai l’intention de prendre de longues vacances de fin d’année. Il n’y aura donc pas d’éditorial le 1er janvier. On se retrouve le 1er février 2017 et je vous souhaite donc déjà une merveilleuse année!
Benjamin Duvshani
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