Back
Neville Marriner (1924-2016) 11/06/2016 Le legs discographique de Neville Marriner
N. Marriner (© Star Fotos/Horst Maack)
Un doyen de la direction d’orchestre nous quitte
Le début du mois d’octobre a été marqué par la disparition d’un des plus vieux chefs d’orchestre encore en activité, en la personne de Neville Marriner, dont les enregistrements, pour beaucoup de mélomanes, auront bercé l’enfance et auront bien souvent mis le pied à l’étrier pour aborder le monde de la musique classique. Portrait d’un vulgarisateur au sens noble du mot.
Neville Marriner naît à Lincoln, dans l’est de l’Angleterre, le 15 avril 1924. Son père Herbert (charpentier de profession) et sa mère Ethel étaient de grands amateurs de musique classique («fanatical classical music enthusiasts») comme il aura lui-même l’occasion de s’en souvenir au cours d’une interview: ils poussèrent donc leur rejeton à étudier le piano et le violon, ce dernier instrument prenant rapidement le pas, Neville ayant comme premier professeur Frederick Mountney, qui fit l’essentiel de sa carrière musicale à Nottingham. Il entre au Royal College of Music à Londres à l’âge de treize ans où il a notamment comme professeur W. H. (Billy) Reed, un ami du compositeur Edward Elgar. En 1941, il entre dans les services de reconnaissance de l’armée britannique mais il est blessé vers la fin de la guerre et doit passer cinq mois à l’hôpital de Swanley dans le Kent. Le hasard veut que son voisin de lit soit un jeune officier de la Royal Air Force blessé au début du mois de novembre 1944 dans un accident d’avion du nom de Thurston Dart, mathématicien (il fut promu officier scientifique le 1er avril 1944) mais surtout claveciniste de talent: sans le savoir, Neville Marriner venait de rencontrer un des personnages les plus importants de sa vie musicale. A la fin de la guerre, Dart, en dépit d’un bras blessé, alla étudier le clavecin et la musicologie auprès du grand musicologue belge Charles van den Borren (1874-1966) à Bruxelles, développant un goût pour la musique ancienne qu’il transmit à son ami Neville.
C’est donc après avoir repris ses études (il gagne notamment la France où il étudie pendant un an avec le violoniste René Benedetti au Conservatoire de Paris), que Neville Marriner fonde avec Dart le Jacobean Ensemble, petite formation de musique ancienne qui enregistre très vite, dès 1950, des sonates de Purcell. Fortement influencé par son ami, Marriner était tout aussi conscient que lui de ce que la manière dont on interprétait alors la musique baroque et même de l’époque classique devait être dépoussiérée mais, alors que Dart plaidait pour une nette rupture en n’utilisant que des instruments d’époque, Marriner pour sa part souhaitait conserver les instruments modernes: c’était ensuite à l’interprétation de s’adapter. Pour autant, au sein du Jacobean Ensemble, Thurston Dart et Neville Marriner purent développer leur goût commun pour la musique ancienne, enregistrant par exemple chez Argo Les Nations de Couperin (avec Marriner et Carl Pini comme violonistes, Desmond Dupré à la viole de gambe et Dart au clavecin) puis des compositeurs aussi rares que Giovanni Coperario, John Ward ou Thomas Lupo (Peter Gibbs occupait alors le poste de deuxième violon, Dennis Nesbitt celui de deuxième viole de gambe).
Neville Marriner cumule à cette époque les casquettes puisqu’il devient professeur au College d’Eton en 1948 (l’année suivante, il se marie avec Diana Carbutt, dont il aura deux enfants, l’un n’étant autre qu’Andrew Marriner, actuel clarinettiste solo de l’Orchestre symphonique de Londres) avant d’enseigner pendant dix ans le violon au Royal College of Music, tout en entamant une carrière de musicien au sein de divers trios et de quatuors, notamment le Quatuor Martin qu’il rejoint en 1949 et dont le premier violon était alors le canadien David Martin. Jouissant d’une certaine notoriété, le quatuor joue dans plusieurs festivals, en particulier celui d’Aldeburgh à l’invitation personnelle de Benjamin Britten. Marriner mène également une carrière de musicien d’orchestre, d’abord comme violoniste du rang à l’Orchestre Philharmonia, qu’il intègre en 1952 (le grand producteur Walter Legge s’en souvint, évoquant «Marriner [qui] est un artiste admirable [et] qui fut jadis deuxième chef d’attaque de mon orchestre» (cité par Elisabeth Schwarzkopf, La Voix de mon maître, p. 101, Belfond, 1983), puis comme chef d’attaque des seconds violons à l’Orchestre symphonique de Londres, poste qu’il occupe de 1956 à 1968. C’est à cette époque que Marriner, pourtant qualifié par son ami le critique Norman Lebrecht comme ayant été «un tortionnaire patenté de chefs d’orchestre» (Maestro, mythes et réalités des grands chefs d’orchestre, p. 319, J.-C. Lattès, 1993) observe et apprend des plus grands chefs sous la direction desquels il est amené à jouer, d’Arturo Toscanini à Wilhelm Furtwängler, de Herbert von Karajan à Josef Krips en passant par George Szell et Pierre Monteux, auprès de qui il étudie la direction d’orchestre dès 1950. Bien que jouant dans des phalanges réputées, il se mit à être de plus en plus critique à l’égard tant des orchestres (l’indiscipline et le relâchement de la qualité des pupitres de cordes de l’Orchestre symphonique de Londres le hérissaient au plus haut point) que des chefs (certains se contentant de diriger sans développer de véritable goût interprétatif, se souvenant par exemple de deux désastreux Messie de Händel donnés le même jour sous la direction de Henry Wood), se montrant en outre de plus en plus sceptique en voyant les répertoires baroque et classique joués dans une optique franchement romantique.
C’est alors qu’il eut l’idée de réunir une douzaine d’amis du Symphonique de Londres pour jouer de la musique ensemble, choisissant leurs diverses options interprétatives de manière totalement démocratique, privilégiant à cette occasion les répertoires baroque et classique. Ils choisirent de se réunir dans une petite église à deux pas de Trafalgar Square, en face de la National Gallery: l’orchestre de l’Academy of St Martin in the Fields (qui doit son nom à l’altiste de l’orchestre Michael Bowie) était né. John Churchill, programmateur musical de Saint Martin, suggéra de donner des concerts, dont le premier eut lieu le 13 novembre 1959. Parmi le public, Louise Dyer, épouse d’un riche fermier australien, et surtout fondatrice en 1932 de la maison d’édition L’Oiseau-Lyre. Impressionnée par le concert, elle proposa à l’équipe d’enregistrer six premiers disques pour cet éditeur: c’est ainsi que les 25 et 26 mars 1961, l’Academy of St Martin in the Fields se réunit au Conway Hall et enregistra son tout premier disque consacré à Corelli (le Concerto grosso opus 6 n° 7), Torelli (le Concerto grosso opus 6 n° 10), Locatelli (le Concerto grosso opus 1 n° 9), Albicastro (le Concerto n° 6 en fa majeur) et Händel (le Concerto grosso opus 6 n° 6). Plusieurs disques suivirent dès 1962 (un nouveau récital consacré cette fois-ci à Avison, Manfredini, Albinoni), puis en 1963 (les trois premiers Concerti grossi de l’Opus 3 de Händel) et 1964 (Telemann, Gabrieli, Vivaldi et Händel de nouveau), publiés chez Argo.
Multipliant chez Argo les disques consacrés aux maîtres italiens («Nous avons immédiatement enregistré tous ces Italiens marchands de glaces» disait-il en plaisantant), mais aussi aux compositeurs baroques (Händel), classiques (Mozart et Haydn en premier lieu), romantiques (les Symphonies pour cordes n° 9, 10 et 12 de Mendelssohn sans oublier les Sonates pour cordes de Rossini) et modernes (Pulcinella et Apollon Musagète de Stravinsky ainsi qu’un premier disque consacré à Elgar), Neville Marriner et ses camarades frappent un grand coup en enregistrant en 1970 Les Quatre Saisons de Vivaldi. Coup de tonnerre un peu comparable aux Brandebourgeois de Harnoncourt enregistrés en 1964! Avec Alan Loveday en violon solo et Simon Preston au continuo (orgue et clavecin), Neville Marriner offrait au grand public une version «révolutionnaire» des quatre concertos de Vivaldi. Aujourd’hui, à leur écoute, on mesure surtout... l’évolution intervenue depuis lors! Car, si, à l’époque, tout cela pouvait renouveler l’œuvre, on sourit en entendant un orchestre assez fourni, aux cordes usant sans complexe du vibrato, des mouvements un peu mollassons (le premier Allegro de L’Eté), un clavecin ou orgue assez intrusif (les premier et troisième mouvements de L’Eté), quelques traits assez étranges (le troisième mouvement du Printemps, le deuxième mouvement de L’Automne ou le dernier mouvement de L’Hiver), une option parfois romantique (le deuxième mouvement de L’Hiver). Pour autant, succès planétaire qui propulsa Neville Marriner et l’Academy of St Martin in the Fields sur le devant de la scène, Marriner regrettant même qu’à l’époque, on ne leur demandait que de jouer Les Quatre Saisons!
Pour autant, comment se plaindre? Car cette année 1970 marque l’envolée de l’aventure discographique de l’ensemble orchestral à tel point qu’une caricature parue dans le New York Times montrait paraît-il un perroquet écoutant la radio qui annonçait «C’était l’Academy of St Martin in the Fields...», et l’oiseau de conclure de lui-même «... dirigée par Sir Neville Marriner»! Neville Marriner enchaîne les disques: Mozart bien sûr (symphonies, opéras, concertos dont le Concerto pour clarinette avec un Jack Brymer étincelant), Bach (de bons Brandebourgeois avec Iona Brown en guise de premier violon, Neil Black au hautbois, Claude Monteux à la flûte...), Beethoven (très belle version des deux Romances avec Josef Suk), Händel (de multiples concertos, les grandes pages que sont la Water Music et la Royal Fireworks Music mais surtout un Messie enregistré en 1975 qui assoit définitivement la réputation du chef et de son ensemble sachant que plusieurs autres versions seront ensuite enregistrées, notamment celle de 1984 à la tête de l’Orchestre de la Radio de Stuttgart et avec notamment Lucia Popp et Brigitte Fassbaender comme solistes). Ajoutons à ce florilège Britten, Mahler (Chants d’un compagnon errant avec Robert Tear), Dvorák, Telemann, Vaughan Williams, Ravel, Richard Strauss (de très réputées Métamorphoses), Schubert, Fauré, Elgar, Rossini, Tippett/ Pour nombre de mélomanes à travers le monde, l’association Marriner-Academy of St Martin in the Fields devient non seulement un gage de qualité pour toute œuvre de musique classique mais bien souvent fait figure de standard. La consécration devient pleinement populaire lorsque Marriner et les siens enregistrent en 1984 la bande-son d’Amadeus, le célèbre film de Milos Forman consacré à Mozart: plus de 6,5 millions de disques vendus!
Enregistrant pour différents éditeurs (Philips, Decca, EMI…), Neville Marriner développe également son activité de chef d’orchestre: «Je ressentais que je ne pouvais tout exprimer en tant que violoniste. Quand vous êtes chef d’orchestre, vous travaillez avec tout un groupe de musiciens extrêmement talentueux. Ils vous font face et vous devez prendre ce qu’il y a de meilleur en eux. C’est pour ça que la satisfaction musicale que vous en ressortez est d’autant plus forte» expliquait-il. En 1969, il fonde l’Orchestre de chambre de Los Angeles puis devient coup sur coup directeur musical de l’Orchestre du Minnesota (de 1979 à 1986) puis premier chef invité de l’Orchestre de la Radio de Stuttgart (de 1983 à 1989). C’est également à partir des années 1970 qu’il collabore occasionnellement avec les plus grands orchestres à travers le monde: le Philharmonique de Vienne, qu’il dirige peu mais notamment au festival de Salzbourg les 1er et 2 août 1998 dans un programme Beethoven-Haydn-Mozart (festival où il débuta en août 1982 à la tête de l’Academy of St Martin in the Fields), le Philharmonique de New York qu’il dirige dès 1978 mais aussi l’Orchestre de chambre de New York (dès 1971), l’Orchestre de St Luke’s qu’il dirige notamment dans Rossini, l’Orchestre symphonique de Détroit, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam (avec lequel il enregistre notamment Les Planètes de Holst et les Variations Enigma d’Elgar), l’Orchestre symphonique de Vienne (avec lequel il donne de nouveau un triptyque Beethoven-Haydn-Mozart) ou, plus récemment, le Philharmonique de Radio France (dans un programme entièrement consacré à Mozart).
Toujours fringant, Neville Marriner abandonne toutefois la direction de l’Academy of St Martin in the Fields en 2011 au profit du violoniste Joshua Bell, devenant à cette occasion président à vie de l’institution qu’il avait créée près de cinquante ans plus tôt. Le 8 août 2014, il dirige un formidable concert au Royal Albert Hall, devenant à cette occasion le chef le plus âgé ayant jamais dirigé aux Proms. Toujours prêt à aider les autres, Marriner n’hésite devant aucune sollicitation. Son ami Norman Lebrecht raconte ainsi qu’il l’attendait pour un déjeuner dans une de leurs adresses à Kensington, Marriner arrivant à l’heure avec une partition sous le bras: «C’est une symphonie de Walton! Je ne la connaissais pas mais je l’ai étudiée ce matin dans l’Eurostar...». Et, à la question de Lebrecht, évidente de logique, «Mais pourquoi étudies-tu de nouvelles œuvres à ton âge?», Marriner répondit: «Oh, j’ai un ami qui vient de créer un nouvel orchestre et il avait vraiment besoin de quelqu’un pour le diriger. Je pouvais difficilement refuser...». C’est cet homme affable, réputé tant pour son enthousiasme que pour sa gentillesse, qui a donc disparu dans la nuit du 2 octobre 2016, trois jours après avoir dirigé à Padoue ce qui devait être son dernier concert: chef mais surtout musicien jusqu’au bout.
Le legs discographique de Neville Marriner
Il paraît que Neville Marriner possède le legs discographique le plus important après Karajan: c’est dire! Faire une sélection au sein de ces centaines d’enregistrements, certaines œuvres ayant été enregistrées en plus d’une occasion, relève certes de la gageure mais on peut essayer néanmoins d’indiquer aux amateurs et aux curieux les rendez-vous incontournables laissés par ce gentleman de la musique classique.
Baroque
C’est le style dans lequel Neville Marriner a débuté et celui pour lequel il reste aujourd’hui incontournable. Commençons par ses deux compositeurs préférés que furent Antonio Vivaldi (dont il enregistre dès 1965 le Concerto pour violoncelle en ut mineur RV 401 et le Concerto pour quatre violons n° 10 opus 3 pour L’Oiseau-Lyre) et Georg Friedrich Händel, dont les Concerti grossi tant de l’Opus 3 que de l’Opus 6 sont également rapidement enregistrés. Le style peu paraître dépassé aujourd’hui avec force cordes et un vibrato éclatant mais comment ne pas se laisser séduire par cette constante élégance, les instrumentistes de l’Academy of St Martin in the Fields révélant des couleurs qui, elles, n’ont guère perdu de leur éclat. Chez Vivaldi, privilégions donc Les Quatre Saisons mais aussi les très beaux recueils de La Stravaganza (janvier 1975) et surtout de l’Estro Armonico (Decca) qui allient avec un charme fou la tenue anglaise un rien guindée et de chaleureuses couleurs italiennes. Chez Händel, comment passer sous silence Le Messie: enregistré à plusieurs reprises, il faut surtout écouter la version donnée à Stuttgart avec notamment une merveilleuse Lucia Popp (EMI Classics). Pour les œuvres orchestrales, rien n’est à jeter même si la Musique pour les feux d’artifice royaux en particulier ont pris un petit coup de vieux. Mais, là aussi, comment ne pas se laisser prendre par les Concertos a due cori HWV 332, 333 et 334 (enregistrés en 1965 et que l’on peut trouver aujourd’hui dans des anthologies les réunissant par exemple à d’excellents concertos pour hautbois du même Händel) et par les Concertos pour orgue opus 4 et opus 7 avec George Malcolm en soliste? A côté de ces deux monstres sacrés (passons les enregistrements que Marriner a consacrés à Bach et qui, à nos yeux et après réécoute, ne méritent pas vraiment d’être retenus ici), mentionnons aussi les deux excellents disques consacrés aux douze Concerti grossi opus 6 de Corelli (Decca) et la très belle anthologie principalement consacrée à la musique baroque (le Canon de Pachelbel, le Menuet de Bérénice de Händel, l’Adagio d’Albinoni...) enregistrée au début du mois d’octobre 1973 (Philips).
Classique
Mozart évidemment! Et pas seulement parce que Neville Marriner a enregistré la bande-son d’Amadeus mais surtout parce que, là encore, dirigeant avec une élégance confortable ce répertoire, il a laissé d’indémodables versions des Symphonies (que Philips a réunies dans une intégrale complétée pour les dernières par Josef Krips). Excellente version également des Concertos pour piano avec Brendel et des concertos pour divers instruments à vent (cor, flûte et harpe, hautbois...) dominés par une des plus fameuses (elle servit de bande-son au film Out of Africa!) et des plus séduisantes versions qui soient du Concerto pour clarinette avec Jack Brymer en soliste (Philips). Si Marriner a également gravé avec beaucoup de réussite une partie des Sérénades et Divertimentos pour instruments à vent (anthologie de six disques parue chez Philips) ainsi que certains divertimentos pour cordes (dont le formidable Divertimento K. 138), il est impossible de ne pas mentionner le Requiem, non plus que d’excellentes versions de Così fan tutte – quelle équipe quand même avec Karita Mattila, Anne Sofie von Otter, José Van Dam et Francisco Araiza! – et surtout peut-être de La Flûte enchantée (Philips). Ayant également enregistré avec beaucoup de réussite Haydn (les Symphonies «Parisiennes» en particulier), mentionnons enfin les huit Symphonies de Boyce (Capriccio): la référence de ces petits bijoux.
Musique romantique
Plutôt que de s’appesantir sur les grands classiques que sont notamment Beethoven et Brahms, allons chez Mendelssohn où les réussites de Neville Marriner sont patentes, à commencer par un Second Concerto pour violon d’anthologie publié chez Philips avec Viktoria Mullova en soliste. Mais aussi des symphonies pour cordes, les deux Concertos pour piano avec Murray Perahia (CBS Recordings) et Le Songe d’une nuit d’été (Arleen Auger et Ann Murray en solistes, les forces des Ambrosian Singers et du Philharmonia chez Philips), réussite totale pour ce dernier. Attendait-on Marriner chez Rossini? Pas forcément a priori même s’il enregistre les Sonates pour cordes pour Argo dès 1967. On se précipite sur l’anthologie en trois disques des ouvertures du maître de Pesaro (Decca, collection «Trio») où, aux côtés des classiques, on découvre les rarissimes ouvertures d’Edoardo e Cristina, de Demetrio e Polibio, de Maometto II ou d’Ermione. Quant aux Sérénades pour cordes, elles font depuis longtemps les beaux jours de la collection justement nommée Decca «Legends». Citons également une belle version du Barbier gravée en juin 1982 avec Agnes Baltsa, Thomas Allen et Francisco Araiza (Philips): toute la verve requise est bel et bien présente!
Musique britannique
Une des constantes de Neville Marriner est d’avoir défendu les compositeurs de son pays, les enregistrant sans cesse et multipliant les réussites. Commençons par l’anthologie (en deux disques Decca «Eloquence») consacrée à Vaughan Williams (Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis, The Lark Ascending...), que l’on complètera par exemple avec les Cinquième et Sixième Symphonies (Collins Classics). Delius (la Sérénade pour cordes enregistrée à la fin du mois de janvier 1977), Britten (notamment son opéra Curlew River chez Philips en 1996), Walton et Elgar ont trouvé chez Marriner un interprète des plus avisés.
Anthologies
Les maisons de disques multipliant les anthologies à petit prix, on se précipitera sans réserve vers la somme de vingt-huit disques éditée chez Decca et consacrée aux «Argo Years»: de Vivaldi à Strauss, de Baermann à Rossini, de Mozart à Fauré, tout y est! Pour un peu tordre le cou à un Marriner exclusivement baroque ou classique, Decca a également publié une anthologie «Marriner and the Academy. 20th Century Classics» nous permettant d’écouter des œuvres aussi bien de Barber que de Prokofiev, en passant par Pulcinella et Apollon Musagète, la Musique pour cordes, percussions et célesta mais aussi la Troisième Symphonie de Charles Ives, Rakastava de Sibelius, la Sérénade de Wirén ou la Petite Suite de Nielsen.
Sébastien Gauthier
|