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CD, DVD et livres: l’actualité de septembre
09/16/2016



Les chroniques du mois



 Sélectionnés par la rédaction


    Le Chœur de la Radio de Berlin


 L’Enlèvement au sérail à Glyndebourne (2015)


    Daniel Cuiller dirige Madin


    I due Foscari à Londres (2014)


    L’Ensemble vocal de la SWR


    Masaaki Suzuki dirige Bach


    Raluca Stirbat interprète Enesco


    Josu de Solaun interprète Enesco




 Oui !

We Want the Light de Christopher Nupen
Le Quatuor Diotima interprète Srnka
L’Opéra des gueux à la BBC (1983)
Tempesta di Mare dans Leclair, Charpentier et Rameau
Médée à Corinthe de Mayr à Martina Franca (2015)
Masaaki Suzuki dirige Bach
Raphaël Pichon dirige Bach
Damien Guillon dirige Bach
Œuvres de Dai Fujikura
Karine Deshayes chante Rossini
Mariss Jansons dirige Rachmaninov
Patrick Gallois dirige M. Haydn
Christoph von Dohnányi dirige Schubert
Poliuto à Glyndebourne (2015)



Pourquoi pas ?

Hans Knappertsbusch dirige Beethoven
Philippe Graffin interprète Schumann et Mendelssohn
Maxime Pascal dirige Berlioz
La rondine à Berlin (2015)



Pas la peine

Tempesta di Mare dans Lully, Rebel et Marais



Hélas !

Roby Lakatos interprète Vivaldi
Daniele Gatti dirige Berlioz





Le match du mois


      

Musique pour piano d’Enesco: Raluca Stirbat ou Josu de Solaun?




En bref


Poliuto sauvé par le chef et les chanteurs
M. Haydn: début d’intégrale réussi
Un grand Dohnányi dans Schubert
Une sympathique Rondine
Symphonie fantastique: l’esprit plutôt que la lettre
Jansons confirme ses affinités avec Rachmaninov
Un Schumann coloré et optimiste
Le panorama rossinien de Karine Deshayes
Vivaldi à la mode tzigane




Poliuto sauvé par le chef et les chanteurs





L’année passée à Glyndebourne, Mariame Clément a été peu inspirée par Poliuto (1848) de Donizetti, qu’elle transpose en Europe de l’Est dans la seconde moitié du XXe siècle. Sans faux pas ni faute de goût, hormis la robe hideuse que Paolina porte au début, sa mise en scène peine à captiver – direction d’acteur banale, peu d’idées. Des blocs de béton mobiles délimitent un espace sombre et oppressant, les costumes et la lumières ne présentent guère d’intérêt, la tenue des policiers semblant provenir d’autres productions. Rien de déshonorant ou de déplacé, mais pour sa première représentation au Royaume-Uni, Poliuto méritait mieux. Heureusement, chef et chanteurs lui rendent justice. Sous la direction modèle d’Enrique Mazzola, l’Orchestre philharmonique de Londres apporte de l’éclat et du tempérament à ce bel ouvrage, lui imprime de l’impulsion, le sublime, même, grâce à des cordes aussi souples que précises et à des bois impeccables. Dans le rôle-titre, Michael Fabiano a tendance à passer en force, mais il atteint le haut du registre sans trop resserrer l’émission. Malgré un médium commun et parfois détimbré, le ténor possède les outils et l’intelligence requis pour le ce répertoire. Le timbre d’Ana María Martínez, distribuée en Paolina, ne compte pas parmi les plus séduisants, mais la soprano maitrise au plus haut point les exigences du bel canto: assurance des aigus, solidité des graves, soudage parfait des registres, précision des vocalises. Les qualités s’accumulent aussi pour le Severo parfaitement dimensionné d’Igor Golovatenko qui compense la faible profondeur des graves par une émission égale et un phrasé soigné. Egalement au fait des canons du beau chant, Matthew Rose impose, quant à lui, un Callistene d’une autorité écrasante, par sa stature et sa somptueuse voix de basse. D’excellents choristes complètent l’ensemble (Opus Arte DVD OA 1211 D ou Blu-ray OABD 7201 D). SF




M. Haydn: début d’intégrale réussi





Resté dans l’ombre de son illustre frère aîné, Michael Haydn (1737-1806) n’en poursuivit pas moins une carrière aussi honorable que confortable, côtoyant notamment Mozart régulièrement à Salzbourg. Le remarquable ouvrage de Marc Vignal (Bleu nuit, 2010) a contribué à faire mieux connaître ce petit maître particulièrement apprécié en son pays pour sa musique religieuse. Moins attendues, ses symphonies recèlent quelques surprises agréables pour l’auditeur attentif, même si leur enchainement pourra paraître fastidieux sur la durée. Alors qu’il a contribué à enregistrer des volumes de l’intégrale des symphonies de Joseph Haydn pour Naxos, Patrick Gallois récidive cette année pour le même éditeur, en lançant un projet identique pour le cadet des Haydn. Ce premier volume s’intéresse à des symphonies de la pleine maturité, toutes composées entre 1781 et 1784. D’une durée sensiblement identique (environ 20 minutes, hormis la Vingt-cinquième), ces œuvres sont en trois mouvements (sauf la Vingt-quatrième) comme plus de la moitié des quarante-trois symphonies composées par Michael Haydn entre 1759 et 1789. Certaines ont été attribuées à son frère, mais c’est surtout la Vingt-cinquième, enregistrée sur ce disque, qui est connue pour avoir longtemps été considérée comme la Trente-septième de Mozart – le prodige n’en ayant en réalité composé que l’introduction lente. Le geste de Patrick Gallois fait ici merveille, illuminant ces œuvres d’un esprit piquant et alerte avec le concours d’une formation tchèque, la Philharmonie de chambre de Pardubice, qui s’en sort fort correctement de son côté. Un premier disque de bon augure (8.573497)! FC




Un grand Dohnányi dans Schubert





Après une superbe Neuvième Symphonie de Bruckner, l’éditeur Signum Classics nous offre l’opportunité d’écouter un nouveau concert de l’Orchestre Philharmonia dirigé par son chef honoraire Christoph von Dohnányi, consacré lui aussi à une Neuvième mais cette fois-ci de Schubert, captée lors d’un concert donné le 1er octobre 2015 non au festival de Salzbourg comme c’était le cas pour Bruckner mais au Royal Festival Hall de Londres. Beaucoup moins médiatique que nombre de chefs du moment, Dohnányi s’impose néanmoins parmi les plus grands tant il impressionne par sa maîtrise et sa justesse dans l’appréhension de l’œuvre, témoignant d’une hauteur de vue sans faille qui fait mouche une nouvelle fois. Car, tout en prenant cette Neuvième à bras le corps et en n’en éliminant donc pas le côté parfois emphatique, il la dépoussière considérablement. Bénéficiant d’un excellent orchestre, il aborde par exemple le deuxième mouvement avec une fraîcheur à laquelle répond parfaitement la petite harmonie, celui-ci étant pris par ailleurs à une belle allure. Dirigeant avec beaucoup de rythme le troisième mouvement, où tout coule avec un naturel confondant et où les sonorités sont emplies d’une douce rêverie nostalgique, Dohnányi sublime l’Allegro vivace conclusif avec une vigueur des plus appréciables, allant toujours de l’avant et donnant ainsi au mouvement une dynamique que l’on n’y trouve pas souvent. Aussi, même si vous possédez les témoignages géniaux de Wand (RCA) ou de Furtwängler (Deutsche Grammophon), tous deux avec Berlin, voici, parmi les approches traditionnelles de la Grande symphonie de Schubert, une version à ne manquer sous aucun prétexte (SGCD461). SGa




Une sympathique Rondine





Rolando Villazón met en scène une Rondine (1917) à son image: sympathique. Cette production très soignée de l’Opéra allemand de Berlin (2015) respecte l’esprit de cet ouvrage à part dans l’œuvre de Puccini, mélodrame évoquant l’opérette viennoise, surtout au deuxième acte. Le ténor le transpose au début des années 1920, dans un décor esthétique et léger, avec de beaux costumes. Malgré la justesse de la caractérisation des personnages, le jeu scénique demeure stéréotypé, ce spectacle de bon aloi se déroulant sans irriter ni passionner. Il comporte son lot d’idées, comme des références picturales, notamment à Magritte, et la présence de figurants masqués qui ressemblent à des mannequins. Dinara Alieva et Charles Castronovo forment un couple parfait, même s’ils se séparent à la fin. Le ténor français compense la puissance limitée de sa voix par un chant élégant et un style orthodoxe. Originaire d’Azerbaïdjan, sa partenaire exploite avec aisance un instrument plus charnu, le chant épousant la psychologie du personnage. De bons chanteurs se chargent des rôles secondaires. Le Prunier un peu trop cabotin d’Alvaro Zambrano manque juste de chair et la Lisette d’Alexandre Hutton de souplesse; impeccable Rambaldo, en revanche, de Stephen Bronk. Sous la direction précise et subtile de Roberto Rizzi Brignoli, l’orchestre restitue beaucoup du charme de cette musique, bien qu’il manque parfois de nerf, surtout au deuxième acte, qui rappelle le café Momus dans La Bohème (Delos DVD DV 7010 ou Blu-ray DV 7011). SF




Symphonie fantastique: l’esprit plutôt que la lettre


        

Près de deux cents ans après sa création, la Symphonie fantastique continue d’inspirer des visions très différentes, pour ne pas dire opposées, comme le montrent deux parutions récentes consacrées au chef-d’œuvre de Berlioz.
Le 9 septembre dernier, Daniele Gatti a repris des mains de Mariss Jansons les rênes de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam: pour marquer le début de ce mandat, la phalange néerlandaise publie sous sa propre étiquette un enregistrement réalisé à l’occasion de trois concerts donnés en mars et avril, qui augure fort mal de cette collaboration – plus d’un, à vrai dire, avait été assez surpris de la nomination à la tête de l’une des toutes meilleures formations européennes du chef italien, qui n’a guère brillé durant les huit années qu’il a passées avec le National de France. L’orchestre amstellodamois se montre certes fidèle à sa réputation d’excellence, mais cela ne suffit pas à sauver cette interprétation erratique et vulgaire, aux effets appuyés, quand elle n’est pas pâteuse ou somnolente – on entend pourtant Gatti encourager les musiciens de la voix (RCO Live RCO 16006).
Si un tel disque demeure, en un sens, fidèle à la lettre de la partition, Le Balcon, «orchestre sonorisé à géométrie variable» fondé en 2008, vise à restituer l’esprit révolutionnaire de cet ovni musical apparu trois ans seulement après la mort de Beethoven – le disque a d’ailleurs été réalisé dans la salle de l’ancien conservatoire de Paris, qui accueillit la création de l’œuvre. Le compositeur Arthur Lavandier (né en 1987) a conçu une version de la partition qui ne s’apparente pas principalement à une réduction pour orchestre de chambre mais qui, au fur et à mesure des cinq mouvements, s’éloigne de plus en plus de l’original – et ce à tous égards (harmonies, hauteurs, rythmes, couleurs) – à la mesure du basculement dans la folie de l’artiste dont Berlioz dépeint ici un «épisode de la vie». Le projet, commandé par Bruno Messina pour l’édition 2013 du festival Berlioz de La Côte-Saint-André, est séduisant et sympathique, les musiciens réunis autour de Maxime Pascal (né en 1985) excellents et motivés, le produit très soigneusement étudié, avec son propre site internet, ses fichiers téléchargeables pour écoute binaurale au casque, ses illustrations de Baptiste Virot à la manière d’un Combas ou d’un Di Rosa. Toutefois, malgré l’ampleur des moyens et astuces déployés – bruitages (tonnerre, eau...), instrumentarium improbable (cor des Alpes, clavier midi, guitare électrique...) comprenant l’intervention de la banda carcassonnaise Académie de musique de rue Tonton a faim dans les deux derniers mouvements – le résultat manque de corps, ce qui n’a pas lieu de surprendre au vu de l’effectif engagé (six cordes, quatre bois, trois cuivres, percussion), et, de façon plus inattendue, paraît paradoxalement trop sage, hésitant entre le sérieux des «interprétations composées» de Beethoven et Schubert par Hans Zender («Rêveries. Passions», «Scène aux champs») et l’univers sonore plus humoristique de la fin des années 1960 – les télescopages furieux de la Musique pour les soupers du roi Ubu de Zimmermann («Un bal»), les clins d’œil sarcastiques d’Orange mécanique («Marche au supplice»), les joyeux happenings de la Sinfonia de Berio («Songe d’une nuit du sabbat»). Une «expérience» qui mérite peut-être davantage d’être goûtée en concert, par exemple dès les 24 et 25 septembre pour la réouverture de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet (Le Balcon). SC




Jansons confirme ses affinités avec Rachmaninov





Bien que Mariss Jansons ait quitté depuis plus d’un an maintenant son poste de directeur musical de l’Orchestre royal du Concertgebouw, RCO Live n’en continue pas moins de publier divers concerts dirigés par lorsqu’il occupait le poste de directeur musical de la célèbre phalange néerlandaise. Les 28, 29 et 31 janvier 2010, le chef abordait la Deuxième Symphonie de Rachmaninov, qu’il avait déjà enregistrée en 1993 à la tête du Philharmonique de Saint-Pétersbourg (EMI), se plaçant alors au meilleur niveau d’une discographie dominée à notre sens par les versions majeures dirigées par Ashkenazy (avec Amsterdam déjà), Svetlanov (celle de 1964!) et Previn, pour n’en citer que trois parmi les plus incontestables. Bénéficiant ici à la fois d’un des meilleurs orchestres du monde et d’une prise de son exemplaire, Jansons livre une version au charme «ravageur» pour reprendre le mot d’un précédent compte rendu paru dans nos colonnes, cette symphonie figurant en effet déjà dans le cadre d’une anthologie consacrée à ses années amstellodamoises. L’orchestre est véritablement fabuleux: les cordes, le cor anglais dans le premier mouvement, la clarinette (l’ensemble de la petite harmonie en vérité) dans le troisième, des cuivres racés au possible tout du long... La beauté plastique de la symphonie est magnifiée à chaque instant, Jansons assumant à chaque instant une vision postromantique de l’œuvre qu’il traduit au travers de tutti de cors (dans le premier mouvement) ou d’élans de cordes dans le troisième (à 5’30): difficile de ne pas succomber. Pourtant, on sort de cette écoute un tout petit peu déçu par la sagesse globale qui innerve l’interprétation. On aurait aimé de temps à autre davantage de violence, plus d’emportements, une plus grande folie ou quelque soudaine explosion; or Jansons a souvent tendance à gommer ces divers effets, se laissant peut-être parfois griser par les sonorités chatoyantes de l’orchestre. Cela dit, à l’écoute de ce disque superbe, comment ne pas le comprendre (RCO16004)? SGa




Un Schumann coloré et optimiste




Cobra Records poursuit sa collaboration fructueuse avec Philippe Graffin (on se reportera à ce sujet à l’entretien qu’il avait accordé à ConcertoNet voilà deux ans), manifestement pilier de cet éditeur basé aux Pays-Bas avec ce quatrième disque. Après s’être intéressé à Mozart, Chtchedrine ou Marttinen, le violoniste français se tourne cette fois vers la musique romantique allemande du XIXe siècle, autour notamment du concerto bien connu de Mendelssohn. La version honnête ici proposée ne bouscule pas une discographie évidemment abondante pour un tel chef-d’œuvre, et c’est plutôt vers le Schumann qu’il faudra se tourner en priorité. Ce disque bénéficie en effet de la direction vive et alerte du Finlandais Tuomas Rousi, à la tête d’un honnête Orchestre de Padoue et de la Vénétie, qui parvient à rendre tout l’esprit de ce concerto trop souvent sous-estimé: un ton chantant, coloré et optimiste irradie ce disque, tandis que Philippe Graffin ne se met jamais trop en avant, en une optique plus lyrique que virtuose. On passera en revanche sur la Fantaisie pour violon de 1853, une œuvre également tardive mais peu inspirée, qui n’apporte rien à la gloire de son auteur (0043). FC




Le panorama rossinien de Karine Deshayes





Jean-Philippe Thiellay, co-auteur d’un très bon petit livre sur Rossini paru chez Actes Sud, a beau s’en défendre dans la notice d’accompagnement de ce disque, c’est bien d’un «récital de type "carte de visite"» qu’il s’agit ici. En quoi serait-ce d’ailleurs un mal? Car, en fin de compte, cette carte est signée aussi bien Karine Deshayes que Rossini lui-même dont on peut ainsi appréhender l’évolution stylistique du Barbier de Séville (1816) à la cantate Jeanne d’Arc (1832). Même si ce genre de disque n’est pas toujours convaincant, force est de constater qu’en l’espèce, la mezzo française offre un très beau panorama musical de l’œuvre du «cygne de Pesaro», qu’elle côtoie depuis ses débuts à l’Opéra de Lyon, où elle chanta au mois de février 2000 le rôle de Clarina dans l’opéra La cambiale di matrimonio, qui n’est autre que le tout premier opéra du jeune Rossini. Bénéficiant d’une agilité vocale à toute épreuve, Deshayes échappe à toutes les embûches et chausse-trapes des partitions rossiniennes, la moindre vocalise étant réalisée avec une aisance technique déconcertante (l’extrait de La Dame du lac). Mais surtout, elle réussit, alors qu’il serait si facile de faire d’un récital consacré à Rossini un alignement d’arpèges endiablés, à alterner les airs certes techniques et brillants (le célébrissime «Una voce poco fa» tiré du Barbier de Séville) avec ceux emplis de davantage de dramatisme, nécessitant de ce fait une appréhension plus réfléchie du texte à chanter et requérant un registre à la tessiture parfois plus grave. A ce titre, il est extrêmement judicieux d’avoir sélectionné ce premier extrait d’Otello («Assisa a piè d’un salice»), romance de Desdémone que lui chantait jadis sa nourrice africaine, à la poésie incroyable, ou la rarement donnée cantate Jeanne d’Arc, dont Rossini avait un temps songé à faire un opéra à part entière, projet malheureusement avorté. Regrettons éventuellement, ici ou là, un medium un brin insuffisant, la jeune cantatrice ayant une voix qui s’épanouit sans conteste davantage dans le registre plus aigu. L’accompagnement des Forces majeures conduites par Raphaël Merlin est très bon, notamment une petite harmonie succulente (cette flûte piccolo! cette clarinette!), même si les attaques des cuivres sont un peu sèches dans le premier air (celui de La Dame du lac). Relative déception aussi à l’écoute des quatre airs arrangés par Merlin: le répertoire rossinien ne permettait-il pas de piocher ici ou là un air supplémentaire pour compléter le panorama? Toujours est-il que voilà un bien beau disque qui, comme l’écrivait Stendhal, distille «une fraîcheur qui, à chaque mesure, fait sourire de plaisir» (Vie de Rossini, chapitre XL): en conclusion, et quoi qu’on en dise, une très belle carte de visite donc pour Karine Deshayes! (Aparté AP 121)! SGa




Vivaldi à la mode tzigane




Un des avantages, pour une musique extrêmement connue, est de pouvoir donner lieu à des interprétations fort diversifiées: en l’espèce, avouons que l’avantage est plutôt un inconvénient... Car, après les visions modernistes d’un Daniel Hope et Max Richter, voici l’interprétation alla tzigane des célébrissimes Quatre Saisons de Vivaldi sous l’archet véloce et imaginatif de Roby Lakatos. S’il défend avec vigueur sa vision d’une œuvre qu’il souhaite notamment «placer dans un Temps universel» comme il l’explique dans la notice d’accompagnement, force est de constater que le résultat hérisse plus le poil qu’autre chose. Passent encore les limites techniques que l’on essaie de masquer derrière quelque glissando de plus ou moins bon aloi (le premier mouvement du Printemps) ou la justesse capricieuse rencontrée à presque chaque mouvement du célèbre opus, mais à quoi bon faire des improvisations qui, certes effectuées «selon l’humeur du moment. En improvisation pure», transforment ces concertos en de la musique à peine divertissante à la limite du vulgaire (L’Automne, où aucun mouvement ne mérite d’être rattrapé)? Si l’Orchestre de chambre de Bruxelles fait ma foi ce qu’il peut dans cette galère qui vogue au gré de vents contraires, Lakatos alterne sans direction claire les passages où le violon semble vouloir se faire intime (le premier mouvement du Printemps) avec ceux emplis d’une affectation qui tend à faire un sort à chaque note (le premier mouvement de L’Eté ou le troisième de L’Automne). Quant aux œuvres contemporaines qui encadrent cette révision de nos classiques, elles ne laisseront guère de souvenir, hormis peut-être les agréables sonorités arabisantes du deuxième mouvement d’Alpha du compositeur Kálmán Cséki (Avanticlassic Avanti10422). SGa



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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