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Le mois du mélomane professionnel
07/01/2016




Notre avantage sur ceux qui nous ont précédés est le fait que, quand on est obligé de garder la chambre pour des raisons de santé tout en n’ayant pas les moyens de Marcel Proust pour faire venir des musiciens chez soi, on peut encore ne pas être privé de musique. Je viens de décrire mon mois de juin, sauf pour une sortie à la fin du mois.


D’abord, une soirée inoubliable sur Mezzo. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir dans la mémoire «le plus beau concert de sa vie». J’ai cette chance et il s’agit, je crois vous l’avoir déjà dit, des Gurrelieder de Schönberg au Théâtre des Champs-Elysées, en 1981, avec l’Orchestre national dirigé par Seiji Ozawa. Le vrai bonheur! Eh bien, Mezzo a programmé l’œuvre et nous avons pu, après l’avoir entendue en direct à la Philharmonie (voir ici), l’écouter encore par la Philharmonie de Bergen en Norvège. Je devrais féliciter tout le monde. Je le ferai pour le chef Edward Gardner et pour la Waldtaube d’Anna Larson. Il fut aussi agréable d’entendre Thomas Allen en « Sprecher ». Toujours le même tsunami d’émotions devant ce chef-d’œuvre de cette période bénie des dieux (de la musique évidemment) qui termine le XIXe siècle et qui commence le XXe, le chant de cygne du romantisme et du postromantisme. Et puis, la surprise. N’ayant pas éteint assez rapidement, j’ai compris que le bonheur n’est pas venu seul ce soir-là. La Deuxième de Mahler par la Tonhalle de Zurich sous la direction remarquable de David Zinman. Depuis que j’ai découvert cette Résurrection, c’est une vraie histoire d’amour entre nous avec son point culminant au pied de Massadah au bord de la mer Morte, avec l’Orchestre philharmonique d’Israël et, si ma mémoire ne me trahit pas, Daniel Oren. Il faut être un marathonien de la musique comme je le suis pour pouvoir «digérer» ces deux chefs-d’œuvre à la suite. Ne me demandez pas comment j’ai dormi après. Mal, avec les oreilles bourdonnantes. Tout ce que je n’ai jamais aimé dans la musique dans la tête. Soirée bénie.


La suite de ce mois de juin sur Mezzo fut encore alimentée par un merveilleux Enlèvement au sérail de Glyndebourne. Il ne pouvait en être autrement puisque l’opéra est mis en scène par mon grand favori, David McVicar, par qui je jure depuis son inoubliable Walkyrie de Strasbourg il y a quelques années. Probablement le seul à savoir combiner le Tradition et la Modernité sans les excès que nous connaissons trop bien. Encore un choix de compliments difficile avec un gagnant, le merveilleux Osmin de Tobias Kehrer, fort en technique, en musicalité et surtout en talent d’acteur. Sa présence sur scène est un régal.


Et puis une autre mise en scène dont je craignais le pire après les paroles de mes collègues sur «le cirque, les acrobates, les danseurs, les décors primitifs...». Et qui a fini par m’enchanter. En 1953, jeune étudiant en médecine, je fréquentais le Centre américain du boulevard Raspail pour y faire un peu de sport. Une affiche m’a indiqué qu’on cherchait des musiciens amateurs pour monter Didon et Enée de Purcell. J’ai fini par être le premier violon solo de cette production. Mon amour pour cet opéra ne s’est pas démenti depuis. Eh bien, cette production qui nous venait de Rouen (voir ici) a fini, après toutes les craintes, comme une des meilleures productions de cet opéra que j’aie jamais vues. Les acrobates, les danseurs, la sorcière en pieuvre, ont «baroquisé» l’œuvre d’une manière étonnante. Qui sait si ce n’est pas comme cela qu’on jouait l’opéra à sa création. Excellent orchestre du Poème harmonique avec son excellent chef Vincent Dumestre. Excellent Enée de Henk Neven. Excellente Belinda d’Ana Quintans et presque excellente Didon de Vivica Genaux. Quel dommage qu’elle ne contrôle pas assez l’émission de la voix et le timbre. N’empêche que sa «mort de Didon» fut bouleversante. Tout cela était dû, évidemment, à la mise en scène de Cécile Roussat et Julien Lubek. Qu’ils en soient remerciés.


Bravo pour le Quatuor Belcea et l’intégrale des Quatuors de Beethoven. Une femme forte qui mène trois hommes à la victoire.


Deux jours avant la fin du mois, une sortie. ULIF-Copernic continue son programme culturel et musical. Le chœur amateur s’est vu proposer de travailler La Création de Haydn. Ils se sont bien tirés de cette difficulté, qui est grande, avec tous les honneurs, sous la direction de leur chef Itaï Daniel, dans une version avec un piano (Hannah Moatti) et un quatuor à cordes de jeunes musiciens. La qualité des trois solistes, Sophie Landy, soprano, pour Gabriel et Eve, Ronan Meyblum, ténor, pour Uriel, et Emilien Hamel, baryton, pour Raphaël et Adam, fut pour beaucoup dans le succès de cette soirée. Nous attendons impatiemment le programme musical de 2016-2017.


Je m’apprête à passer de grandes vacances (très méritées), comme les professeurs. Vous me trouverez pour un nouvel éditorial le 1er octobre 2016 et d’ici là, bonnes et musicales vacances!


Benjamin Duvshani

 

 

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