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Le mois du mélomane professionnel
05/01/2016




Trois soirées à la Philharmonie de Paris, qui continue à afficher ses succès par des salles pleines malgré la distance et l’heure tardive.


D’abord, la Turangalîla de Messiaen avec l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi et des solistes exceptionnels (voir ici). Nous avons encore le souvenir de Roger Muraro dans la Symphonie fantastique transcrite par Liszt, inoubliable. Il est au même niveau ce soir dans ce qui n’est pas loin d’être un concerto pour piano. Que dire de cette œuvre qui n’a pas encore été dit? Cette plongée dans un océan sonore qui vous poursuit durant des heures et qui remplit vos rêves. L’orchestre ne déçoit point. Et puis, il y a ce contraste bouleversant entre la cinquième partie, «Joie du sang des étoiles», jubilatoire et la sixième, «Jardin du sommeil d’amour», édénique de calme et de paix. L’érotisme est là dans toute sa splendeur et sa beauté pure. Grande soirée. Avoir fait précéder la symphonie de The Unanswered Question de Charles Ives fut une excellente idée. L’amour, la vraie réponse à la question. Oui, l’amour, mais celui des hauteurs.


L’Opéra de Paris s’est déplacé à la Philharmonie pour nous offrir des Gurre-Lieder pas moins sonores que la Turangalîla mais si différents de contenu avec la vengeance, la colère, le blasphème et la douleur (voir ici). Toujours le même souvenir du concert de février 1981 avec Seiji Ozawa au Théâtre des Champs-Elysées, que je considère comme le plus beau concert de ma vie. Quelques défauts dans les rapports chœur-orchestre mais c’est si peu important. La qualité du chant des solistes et leurs émotions et, surtout, la magnifique Waldtaube de Sarah Connolly. Vers la fin du ce «Chant du ramier», le crescendo général aboutissant à cet accord en fff de l’orchestre qu’on attend avec un tremblement intérieur. Quel grand moment de musique. C’est vraiment à un sommet de la musique romantique et postromantique qu’on arrive. Après cela, Schönberg ne pouvait que faire «autre chose». Félicitations à Philippe Jordan pour sa direction si active. Nous avons eu sur Mezzo d’autres Gurre-Lieder venant de Bergen, qui n’ont pas eu à pâlir devant ce que nous avons entendu à Paris.


Baignant dans la musique depuis plus de quatre-vingt ans, j’étais étonné de ne pas encore connaître le Stabat Mater de Dvorák dont je connais bien la musique. Je me suis rendu au concert de l’Orchestre de Paris avec une grande curiosité. Les conditions de l’écriture, la mort de ses enfants et le sujet, la mère souffrant devant son enfant sur la croix, promettaient une grande émotion. Eh bien, non. Il n’y en avait pas. C’était là la raison de mon ignorance. Une œuvre ratée. Ça arrive chez tous les compositeurs. Peut-être avait-il peur d’en faire trop. Dommage!


Après un hiver-non-hiver, aurons-nous un printemps-non-printemps? J’espère que non. Vivement le retour de la chaleur! La nature aurait-elle oublié que nous sommes déjà en mai?


Benjamin Duvshani

 

 

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