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CD, DVD et livres: l’actualité d’octobre
10/15/2015


Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    Œuvres chorales de Zilcher


    Mendelssohn par le Quatuor Escher




 Sélectionnés par la rédaction


   David Porcelijn dirige H. Andriessen


   Show Boat à San Francisco (2014)


   Christophe Rousset dirige Zaïs


   Gould: les enregistrements Columbia


   Trois opéras anglais contemporains




 Oui !

Thomas Dausgaard dirige Schubert
Fabio Biondi dirige Caldara
Le Quatuor Ignaz Pleyel interprète Pleyel
Christopher Nupen filme Daniil Trifonov
Musique anglaise par Paul et Huw Watkins
Hans-Christoph Rademann dirige Heinichen
La Fille de Debussy de Damien Luce
Ulf Schirmer dirige Les Femmes curieuses de Wolf-Ferrari
William Christie dirige Théodora de Haendel
Evgeny Nikitin change Wagner
Otto Klemperer dirige Mahler
Nelson Freire interprète Villa-Lobos
Andrei Gavrilov interprète Ravel et Prokofiev
Wolfgang Sawallisch dirige Schumann
Ma non troppo de Binet
Günter Wand dirige Brahms
Œdipe sur la route de Bartholomée
Gerald Finley interprète Chostakovitch
Valery Gergiev dirige Chostakovitch
Tõnu Kaljuste dirige Dean et Tüür



Pourquoi pas ?

Thomas Dausgaard dirige Schubert
Dennis Russell Davies dirige Schubert
Les Indes galantes à Bordeaux (2014)
Fabio Biondi dirige Adriano in Siria de Veracini
Enrico Bronzi interprète Haydn et Wranitzky
Le Baron tzigane à Mörbisch (2011)
Musique anglaise par Paul et Huw Watkins
Kevin Mallon dirige Beck
Heiko Mathias Förster dirige Alfred de Dvorák
David Grimal interprète Brahms
Svetlin Roussev interprète Sibelius et Vladigerov
Le Quatuor Borodine interprète Chostakovitch
Tatiana Nikolaïeva interprète Chostakovitch
Paavo Järvi dirige Chostakovitch



Pas la peine

Willem Mengelberg dirige Schubert
Michael Greenberg dirige Pyrrhus de Royer
Zubin Mehta dirige Turandot
Otto Klemperer dirige Wagner
Andrés Orozco-Estrada dirige Brahms
Mariss Jansons dirige Brahms
Vladimir Jurowski dirige Brahms
Howard Griffiths dirige Brahms
Guennadi Rojdestvenski dirige Chostakovitch



Hélas !

Andrzej Kosendiak dirige Mozart





L’entretien du mois





Michael Stegemann





En bref


Brahms: des symphonies en abondance
Dvorák rencontre Goethe
Wagner: Evgeny Nikitin mais aussi Christian Arming
(Presque) tout Chostakovitch en six nouveautés
Gesualdo inspire Tõnu Kaljuste en Estonie
Svetlin Roussev met la Bulgarie à l’honneur
Retour sur Beck le Bordelais
Œdipe sur la route de Bartholomée: heureuses retrouvailles
Quand Binet fait ses (hauts de) gammes
La clarinette de Stamitz: rien que du classique
Naufrage polonais pour un pasticcio mozartien
«Original Jackets»: pluie de rééditions chez Warner


Brahms: des symphonies en abondance


        


        


        


Une nouvelle intégrale, deux rééditées, une autre qui s’achève, une autre encore qui commence et, par-dessus le marché, une version isolée: malgré une discographie riche en références incontestées, tout n’a pas encore été dit sur les Symphonies de Brahms – c’est, du moins, ce que semblent penser les éditeurs, même si la présente récolte n’apporte pas de fruits mémorables.
C’est en public qu’Andrés Orozco-Estrada (né en 1977) et le Tonkünstler-Orchester de Vienne, dont il vient de laisser à Yutaka Sado le poste de Chefdirigent qui était le sien depuis 2009, ont enregistré leur intégrale, en 2013 à Grafenegg (Deuxième, Troisième) puis en 2014 à Vienne. Solide, d’un goût très sûr, le travail du chef colombien se fonde sur un ensemble de bonne qualité instrumentale mais n’offre rien de saillant (coffret de trois disques Oehms Classics OC 1813).
Même si la prise de son n’est guère meilleure, on trouvera bien davantage de chaleur, de puissance, de poésie, d’inspiration, de respiration et de personnalité – nonobstant des choix (rarement) contestables – chez Günter Wand (1912-2002) avec l’Orchestre symphonique de la NDR (Hambourg), dont il fut le Chefdirigent de 1982 à 1991. Cette intégrale, réalisée en public en 1990 et en 1992 (Deuxième), ne doit pas être confondue avec les deux publiées chez RCA, en studio dix ans plus tôt et, de nouveau en public, cinq plus tard. En tout état de cause, une version hautement recommandable en «fond de discothèque» (coffret de trois disques Profil Edition Günter Hänssler PH14046).
Déjà connue sous la forme de deux volumes séparés successivement publiés, l’intégrale donnée en concert par Mariss Jansons (né en 1943) avec son Orchestre symphonique de la Radio bavaroise entre 2006 et 2012 à Munich et Vienne (Troisième) est rééditée en un unique coffret. Ce nouvel avatar confirme hélas les impressions suscitées par la sortie du second volume, avec une très malencontreuse Première, poussive, lestée par les effets et par un discours plus soucieux de l’instant que de la construction. Si l’orchestre, confortablement moelleux, se montre tout à fait à son avantage dans une belle prise de son, on ne reconnaît pas davantage le chef dans les trois autres symphonies, préférant l’alanguissement à l’épopée, trop souvent monumentales et ronflantes, à l’exception d’une Deuxième volontiers tendre et rêveuse (coffret de trois disques BR-Klassik 900140).
Vladimir Jurowski (né en 1972) et l’Orchestre philharmonique de Londres, dont il est le principal conductor depuis 2007, concluent leur intégrale avec un second volume réunissant les Troisième et Quatrième, ici aussi en concert, respectivement en 2010 et 2011. Très – sans doute trop – attentif au détail, le chef russe brille par sa science orchestrale coutumière mais en fait trop souvent des tonnes, s’égarant dans l’opulence, la coquetterie ou le spectaculaire (London Philharmonic Orchestra LPO – 0075).
Howard Griffiths (né en 1950), quant à lui, avec l’Orchestre d’Etat brandebourgeois de Francfort (sur l’Oder) dont il est Generalmusikdirektor depuis 2007, a choisi le studio et commence par un copieux album associant les Première et Deuxième. Mais son Brahms allant voire hâtif avance sans aspérité et, donnant l’impression de se contenter d’un survol des œuvres, ne parvient pas à retenir pas l’attention, avec en outre un orchestre montrant parfois ses limites (Klanglogo KL1513).
Le «collectif d’artistes» Les Dissonances s’aventure en public en 2013 à Dijon dans la seule Quatrième, sans malheureusement renouveler la réussite fulgurante de la Cinquième de Beethoven trois ans plus tôt. On pourra certes apprécier l’ambiance chambriste et la clarté inhérentes à un petit effectif (trente-cinq cordes seulement, avec cuivres à l’ancienne), mais l’absence de chef, si elle ne ressent pas dans une mise en place qui n’est jamais prise en défaut, explique sans doute en grande partie la raideur trop métronomique du propos. Comme s’y ajoute une absence de flamme confinant à un déni du romantisme de la partition mais en accord avec une sécheresse de sonorité renforcée par l’omniprésence des timbales, le compte n’y est pas. Dommage, car quelques mois plus tôt, David Grimal (né en 1973), directeur artistique de l’ensemble, offrait un Concerto pour violon autrement plus vivant et séduisant, d’une formidable qualité technique – avec la cadence de Kreisler dans le premier mouvement – et d’une grand inventivité musicale. Le tout est complété par un DVD présentant une captation un peu trop mouvante de la Quatrième et par un opuscule d’une soixantaine de pages intitulé Utopie et combat, sous la forme d’un entretien agaçant de verbosité et de prétention entre Grimal et Paul Audi (Dissonances Records LD004). SC




Dvorák rencontre Goethe





Premier essai lyrique délaissé par son auteur aussitôt après sa composition en 1870, l’opéra Alfred n’a jamais été représenté du vivant de Dvorák. Il aura ainsi fallu attendre la création en 1938 pour entendre cette œuvre en traduction tchèque, puis 2014 pour que le festival Dvorák de Prague monte une version de concert de la version originale en allemand. C’est précisément la captation de ce concert que l’on retrouve pour une première discographique de cette œuvre jusqu’alors inconnue, unique opus lyrique du maître bohémien dans la langue de Goethe. Si cette œuvre de jeunesse laisse encore percevoir de nombreuses filiations avec Meyerbeer et surtout Wagner, l’irrésistible imagination mélodique de Dvorák irrigue déjà la belle Ouverture ou les soutiens aux interventions du chœur. Las, cette intéressante découverte pèche par ses interprètes principaux, tous deux en délicatesse avec la justesse, rendant maints passages pénibles à l’audition. C’est dommage car la baguette de Heiko Mathias Förster sait donner vie à cette partition certes peu originale mais constamment vivante et variée. Une version d’attente fort correcte, en espérant que d’autres sauront se pencher à l’avenir sur cette partition (album de deux disques ArcoDiva UP0140-2 612). FC




Wagner: Evgeny Nikitin mais aussi Christian Arming





Ne pas se fier à son apparence : Evgeny Nikitin (né en 1973) a bel et bien l’étoffe des grands interprètes de Wagner. Le baryton russe, qui possède une voix phonogénique, ne se contente pas de chanter mais incarne de véritables personnages: le Hollandais («Die Frist ist um»), Telramund (duo au deuxième acte avec l’Ortrud de Michaela Schuster, que l’on écoute aussi avec plaisir), Wolfram («Wie Todesahnung») et Wotan, dans ses adieux à Brünnhilde. Voix somptueuse, diction mordante, longueur de souffle impressionnante, expression juste, modelé impeccable du phrasé, les qualités s’accumulent. Le titre de ce premier récital, «Opera Arias», prête cependant à confusion, trois des sept plages étant des extraits purement orchestraux (Ouverture du Vaisseau Fantôme, Prélude du troisième acte de Lohengrin, Marche funèbre du Crépuscule des dieux), exécutées de façon vive, souple et nette par un Orchestre philharmonique royal de Liège faisant honneur à sa réputation: cordes unies, bois expressifs, cuivres majestueux. Directeur musical de la formation depuis 2011, Christian Arming soutient le chanteur dans un souffle puissamment dramatique (Naïve V 5413) SF




(Presque) tout Chostakovitch en six nouveautés


        


        


        


D’un bon niveau général, ces six parutions récentes dressent, mises bout à bout, un portrait assez complet de l’œuvre de Dimitri Chostakovitch (1906-1975).
Ainsi, réunir les Premier (1938), Huitième (1960) et Quatorzième Quatuors à cordes (1973) dans le même album est une bonne idée pour illustrer les évolutions du style du compositeur soviétique. Le Quatuor Borodine remet sur le métier son Chostakovitch dans ce tout nouvel enregistrement qui peut tenir d’excellente première approche. Au jeu de la comparaison, il est cependant loin d’égaler les versions historiques – à commencer par celle gravée en 1978 pour Melodiya par le même ensemble (Decca 0289 478 8205).
La réédition des Préludes et Fugues (1951) par Tatiana Nikolaïeva (1924-1993) – dont Melodiya nous rend la version de 1987 – permet d’établir la filiation polyphonique avec Bach tout en révélant «la véritable encyclopédie de la maturité stylistique de Chostakovitch» (M. Sabinina). Si la pianiste russe est allée plus loin dans sa seconde version (1991, Hyperion) de ce recueil qui lui fut dédié, Vladimir Ashkenazy paraît néanmoins avoir signé l’enregistrement de référence (1998, Decca). Ce triple album reste pour autant une alternative solide (MELCD 1002269).
Dans une veine tout aussi intimiste, Gerald Finley (né en 1960) apporte sa voix chaleureuse à la bouleversante Suite sur des poèmes de Michelangelo Buonarroti (1975), qu’il chante en italien. Contenant les émotions pour mieux lâcher la bride aux instants clés, le baryton canadien séduit pleinement. A la tête du Philharmonique d’Helsinki, Thomas Sanderling (né en 1942) pourrait, en revanche, donner davantage d’identité à l’accompagnement – souvent trop propre. Signalons que ce disque contient le premier enregistrement de la version orchestrée des Six Romances sur des poèmes anglais (1943), ainsi que la très rare ballade écossaise Annie Laurie orchestrée par Chostakovitch (Ondine ODE 1235-2).
Autre échelle, avec le répertoire symphonique et concertant. Valery Gergiev (né en 1953) trouve le ton juste dans une Neuvième Symphonie (1945) d’anthologie, qui dégage un sentiment d’évidence dès les premières notes de l’Allegro. Galvanisés comme jamais lors d’un concert capté à Saint-Pétersbourg en juin 2012 (avec retouches en studio), les musiciens du Mariinsky sont comme à la maison dans les mystères pénétrants du Moderato, la virtuosité fière et fantasque du Presto, la solennité auguste du Largo ou l’ironie grinçante et affirmative du dernier mouvement. Ce disque serait un vrai Must s’il n’était complété par un Premier Concerto pour violon (1948) plus contestable, réalisé un an plus tôt. Certes, l’accompagnement de Gergiev apporte bien des satisfactions. Mais le geste impeccable mais parfois trop neutre de Leonidas Kavakos (né en 1967), ainsi qu’une mesure dans le sentiment qui glace l’émotion et étouffe à l’excès l’angoisse, laissent une impression mitigée (SACD Mariinsky MAR0524).
De même, la Septième Symphonie (1941) enregistrée par Paavo Järvi (né en 1962) avec l’Orchestre national de Russie en 2014 gagne en objectivité et en clarté ce qu’elle perd en angoisse et en violence. Trop éloignée de Leningrad, cette version emprunte trop de chemins de traverse pour convaincre, même si les deuxième et quatrième mouvements acquièrent une légèreté dans la dynamique qui rappelle l’esprit de la Neuvième (SACD Pentatone PTC 5186511).
Pour des raisons différentes mais une conclusion similaire, le concert donné par Guennadi Rojdestvenski (né en 1931) avec le Philharmonique de Londres en 1983 (et capté par la BBC) offre une Huitième Symphonie (1943) à la sonorité trop occidentale, finement sculptée – mais qui pourrait être plus intimidante dans son monolithisme et moins fade dans les moments martiaux (London Philharmonic LPO 0069). GdH




Gesualdo inspire Tõnu Kaljuste en Estonie





La clarté et la précision de la direction de Tõnu Kaljuste à la tête de l’Orchestre de chambre de Tallinn et l’excellence de la prestation de son Chœur de chambre philharmonique d’Estonie, transparente et à la fois acérée et douce, mettent pleinement en valeur un programme à l’honneur de Carlo Gesualdo, compositeur ténébreux dont les complexités texturales suscitent encore l’admiration et la réponse musicale de compositeurs d’aujourd’hui. Brett Dean, compositeur australien né en 1961, s’inspira de «Moro Lasso» du Sesto Libro de Madrigali pour Carlo (1997), à l’origine pour quinze cordes, échantillonneur et bande. Kaljuste fit commande de la belle version pour cordes et chœur mixte, merveilleusement interprétée ici par les phalanges baltes. Si les premières et dernières mesures de la composition se réfèrent au choral d’ouverture du madrigal, le style de l’essentiel, bien que pénétré de brefs échos de l’œuvre de Gesualdo, s’ancre nettement dans le contemporain, les traits fragmentés des voix et des cordes criaillant comme des nuées d’oiseaux tout en évoquant la sombre violence de la vie du Prince de Venosa et sa repentance intime. Le chef estonien la fait précéder de sa propre transcription sculptée du madrigal entier. Erkki Sven Tüür (né en 1959), qu’il avait encouragé dans cette direction, choisit le motet O Crux benedicta du premier livre de Sacrae cantiones, son arrangement lisse pour cordes sonnant presque comme un orgue de chœur. Il partit de ce motet pour développer dans un même esprit et avec un même effectif L’ombra della croce (2014) aux élans crescendo et aux motifs tournoyants typiques de leur auteur. «Recomposé» en 2011 Psalmody (1993), pour chœur mixte et orchestre, ne fait pas référence à Gesualdo mais Tüür rattache la très apparente influence minimaliste à la tradition estonienne aux époques de la Renaissance et du premier baroque. C’est une ouverture peut-être voulue in fine vers la lumière, mais, bien que de facture solide, Psalmody n’atteint pas les hauteurs de Carlo, voire des morceaux indirectement de Gesualdo lui-même (ECM New Series 481 1800). CL




Svetlin Roussev met la Bulgarie à l’honneur





Douze ans après un premier disque (paru chez Ambroisie) consacré à des œuvres pour violon et piano de Pancho Vladigerov (1899-1978), Svetlin Roussev revient à la musique de son compatriote bulgare. Il choisit de défendre son tout Premier Concerto pour violon, une œuvre de jeunesse créée sous la direction de Fritz Reiner en 1921 (le Second sera composé 47 ans plus tard) qui ne manque ni de fraîcheur ni d’élan, rappelant immédiatement Korngold par son lyrisme et son opulence orchestrale débridés. Ivre de couleurs, ce Concerto dont les mouvements s’enchaînent d’un seul tenant se rapproche de la musique de film, restant toujours accessible par son expressivité attachante. Svetlin Roussev fait preuve d’un archet de caractère, également capable de nuances, tandis qu’Emil Tabakov, à la tête d’un bon Orchestre symphonique de la Radio nationale bulgare, offre un accompagnement harmonieux. Dans le Sibelius en complément, Roussev s’autorise quelques effets trop appuyés, renforcés il est vrai par une prise de son qui le met trop en avant – contrairement à l’équilibre du Vladigerov. L’accompagnement de Tabakov se fait plus discret ici, mais c’est là aussi la prise de son assez éloignée qui renforce cette impression. On fera donc avant tout l’achat de ce disque pour le Vladigerov, le complément dédié à Sibelius s’avérant moins abouti (Fondamenta FON1402016). FC




Retour sur Beck le Bordelais





Dans un récent coffret de trois disques, Michael Schneider et son ensemble La Stagione ont rendu un bel hommage aux symphonies de Franz Ignaz Beck (1734-1809), compositeur dont les origines allemandes ne doivent pas masquer une carrière essentiellement française qui culmina à Bordeaux, de 1762 à sa mort. Le présent disque, le cinquième d’une série débutée chez Naxos il y a plusieurs années, est également le deuxième à être conduit par Kevin Mallon mais cette fois-ci à la tête de l’Orchestre de chambre Thirteen Strings d’Ottawa et non plus de l’Orchestre de chambre de Toronto qu’il avait dirigé dans quatre symphonies de l’Opus 3. Le premier intérêt de cette parution est de ne pas «doublonner» les disques de Schneider, qui avait choisi d’autres recueils pour y puiser quelques symphonies à l’effectif orchestral et aux apports musicaux beaucoup plus riches. Le second intérêt réside néanmoins et bien entendu dans l’interprétation de ces six symphonies de l’Opus 2 (1760) qui, grâce aux cordes véloces de l’orchestre, est fréquemment emplie d’entrain et de légèreté. Si certains mouvements, avouons-le, suscitent un certain ennui (l’Andante de l’Opus 2 n° 2 ou le Presto de l’Opus 2 n° 6 par exemple), d’autres possèdent une verve réelle et, que ce soit dans un style qui rappelle fortement Haydn (le Presto de l’Opus 2 n° 4) ou Dittersdorf (l’Allegro de l’Opus 2 n° 6), tout cela s’écoute avec plaisir même si rien n’est ici fondamental (8.573323). SGa




Œdipe sur la route de Bartholomée: heureuses retrouvailles





Créé en mars 2003 à la Monnaie, diffusé, à l’époque, à la RTBF, Œdipe sur la route de Pierre Bartholomée (né en 1937) paraît enfin au disque. Sur un livret de haute valeur littéraire d’Henri Bauchau (1913-2012), qui a adapté son propre roman éponyme, le premier opéra de l’ancien directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège nous a fortement impressionné lors de la création mais le souvenir s’estompait, faute d’enregistrement, de rediffusion et de reprise. Ce sont d’heureuses retrouvailles: de la musique de belle facture, une orchestration d’une richesse remarquable, un langage pas aussi personnel que celui de Philippe Boesmans, qui appartient à la même génération, mais d’une rigueur impeccable et un formidable José van Dam, encore dans la plénitude de ses moyens et qui a l’élégance de ne pas écraser une distribution estimable. Cette publication nous prive de la mise en scène de Philippe Sireuil et des décors de Vincent Lemaire mais quelques extraits, de mauvaise qualité, existent sur YouTube pour se faire une idée. La prise de son laisse entendre de nombreux de bruits de scène mais cet enregistrement rend justice au travail de la Monnaie, impliquée depuis longtemps dans la musique contemporaine, et à un compositeur qui mérite de bénéficier d’une notoriété plus importante, surtout à l’étranger – la création d’un nouvel opéra est toutefois prévue à Metz en 2017. Dommage que la notice ne comporte pas de présentation plus substantielle de l’œuvre et que la biographie des artistes, obsolète, a de toute évidence été rédigée il y a plusieurs années, ce qui suggère que la publication était prévue depuis longtemps. Au tour, maintenant, d’immortaliser l’opéra suivant de Bartholomée, La Lumière Antigone, également sur un livret de Bauchau (Evidence EVCD011) SF




Quand Binet fait ses (hauts de) gammes





Binet, après Bas de gamme, publie Ma non troppo, deuxième volume de sa série Haut de gamme. C’est que le créateur des inénarrables Bidochon est mélomane, et même musicien – l’album s’ouvre d’ailleurs, en deuxième de couverture, sur un... joli feuillet d’album de deux pages intitulé... Deuxième de couv’, à la portée de la plupart des pianistes amateurs. Trois histoires se tricotent parallèlement, chacune autour d’une œuvre du grand répertoire: Destroy, le claviériste d’un groupe de rock, qui a sa vision très personnelle de la Passacaille en ut mineur de Bach; Madame Fleury-Descrières, lointaine descendante de Florence Foster Jenkins, qui s’attaque au lied Sur les ailes du chant de Mendelssohn; un quintette à cordes dont tous les membres souffrent de narcolepsie et qui tente de relever le défi de l’Adagio du Quintette en ut de Schubert. Autant de désastres annoncés, cocasses à souhait, flirtant avec le burlesque et l’absurde, mais aussi et surtout, autant de regards tendrement vachards sur ces amateurs, passionnés qui vivent tous la musique jusqu’à l’extrême (Dargaud, 48 pages). SC




La clarinette de Stamitz: rien que du classique





Carl Stamitz (1745-1801) est un des meilleurs représentants de la fameuse Ecole de Mannheim qui, aux côtés de Haydn principalement, illustra ce Sturm und Drang et donna lieu à quantité de symphonies, concertos et autres pièces à l’esthétique plus ou moins recherchée. Les trois disques présentés ici relèvent du répertoire pour soliste avec ces dix concertos pour clarinette auxquels sont également adjoints le Concerto pour clarinette, et violon ainsi que le Concerto pour clarinette et basson. Eduard Brunner, longtemps clarinettiste solo de l’excellent Orchestre de la Radio bavaroise, nous fait bénéficier ici d’une lecture extrêmement convaincante de ces divers concertos même si, avouons-le, tous ne sont pas du plus grand intérêt. Car la structure des œuvres est toujours la même: deux mouvements rapides encadrant un mouvement lent, chaque mouvement laissant le soliste à jouer quelque cadence de son cru, les cordes offrant en chaque occasion un accompagnement qui se doit d’être à la fois présent et délicat. De ce point de vue, l’Orchestre de chambre de Munich est un partenaire de premier ordre, vif et enlevé quand cela s’avère nécessaire, discret et attentif quand cela est requis. Au milieu de ces divers mouvements qui s’écoutent nonchalamment, on remarquera notamment le troisième (Rondo alla Schas) du Onzième Concerto, dont les tonalités se retrouvent dans l’Ouverture de La Chasse du jeune Henry de Méhul, et le deuxième mouvement du Cinquième Concerto, bâti de façon originale sur un rythme de sicilienne. Les timbres de la clarinette d’Eduard Brunner sont très agréables et les mélodies s’enchaînent avec un plaisir évident qui culmine dans le Premier Concerto, peut-être en fin de compte le plus beau de tous. Quant aux deux concertos requérant, aux côtés de la clarinette soliste, un violon et un basson, ils offrent une alliance de timbres extrêmement intéressante et inattendue (en particulier le dernier mouvement du Concerto pour clarinette et basson). Bref, une belle parution pour qui souhaite découvrir ce répertoire (coffret de trois disques Tudor 1630). SGa




Naufrage polonais pour un pasticcio mozartien





Pourquoi éditer un disque dont les interprètes aussi calamiteux? On s’interroge, même si la liste nombreuse des sponsors apporte un premier début de réponse. L’idée de réunir plusieurs extraits de messes de Mozart pour en élaborer une nouvelle («The Salzburg Marian Mass»), à la manière d’un pasticcio, n’est pas ici en cause. On se réjouit toujours de découvrir des éléments épars peu connus rassemblés en un tout – plus ou moins – cohérent. Le problème vient de l’interprétation du Chœur de garçons NFM de Wroclaw, incapable de chanter le moindre passage sans oublier la nécessaire justesse. De quoi plomber un disque aux solistes par ailleurs fort honnêtes, tandis que la formation de chambre de l’Orchestre baroque de Wroclaw, dirigée par Andrzej Kosendiak, sauve les meubles, mais sans briller pour autant. Ajoutons à cela un minutage particulièrement chiche – 46’33! – pour les standards actuels. De quoi inciter à conseiller à nos amis polonais de revoir sérieusement leur copie pour leur prochaine parution discographique (Accord/NFM ACD 215-2). FC




«Original Jackets»: pluie de rééditions chez Warner


        


        


        


Désormais à la tête d’un catalogue riche comme la caverne d’Ali Baba, Warner en profite pour ressortir, à prix cassé mais dans une collection soignée (reproduisant les «Original Jackets» des gravures d’origine), certaines références – principalement issues du label EMI. Une aubaine pour les mélomanes qui ne connaîtraient pas déjà ces disques qui ont fait le bonheur des discophiles – à l’image du legs de Klemperer au début des années soixante: moins pour la célèbre mais trop pompeuse sélection d’Ouvertures, de Préludes et d’extraits symphoniques d’opéras de Wagner (double album 0825646075904) que pour les deux Mahler que réédite Warner: le Chant de la terre incarné par Christa Ludwig et Fritz Wunderlich – l’un des plus beaux disques mahlériens de tous les temps (0825646075980) – et une Symphonie «Résurrection» qui résiste au temps par le souffle parcourant sans cesse les pupitres du Philharmonia et la ferveur des chanteurs réunis autour du chef allemand (0825646090297).
Trois parutions des années soixante-dix peuvent également être distinguées: le Villa-Lobos incontestable de Nelson Freire – un disque Teldec réalisé en 1973 (0825646090242) –, les coups d’essais des tout jeunes Andrei Gavrilov et Simon Rattle dans le Concerto pour la main gauche de Ravel et le Premier Concerto de Prokofiev – une relecture radicale et décoiffante, qui vire au coup de maître (0825646116614) – et surtout l’intégrale insurpassable des Symphonies de Schumann dirigée par le regretté Wolfgang Sawallisch en 1972 (lire ici), avec une Staatskapelle de Dresde qui semble réinventer ces partitions note après note (double album 0825646075942). GdH



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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