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CD, DVD et livres: l’actualité d’août
08/15/2015



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


   Philippe Herreweghe dirige Dvorák


   Stravaganza interprète Corelli


   Le violoniste Thibault Noally




 Sélectionnés par la rédaction


   Laurence Equilbey dirige Le Désert


    Ferneyhough par le Quatuor Arditti


   Le Roi Lear de Sallinen à Helsinki (2002)


   Gilbert Amy : le temps du souffle


   Jacques Mercier dirige Ibert


   Le Quatuor Hansa interprète Valen


   Musiques de film de Schnittke


   Le violoniste Josef Spacek


   C. Rousset dirige Les Danaïdes de Salieri


   Tancrède de Campra




 Oui !

Kotaro Fukuma interprète Chopin
Miroslav Kultyshev interprète Chopin
Ivan Moravec interprète Chopin
Le Chevalier à la rose au Teatro Colón (1961)
Klaus Tennstedt dirige Mahler
Myung-Whun Chung dirige Mahler
R. Strauss. A l’extrémité de l’arc-en-ciel
La violoniste Johanna Martzy
La Favorite à Toulouse (2014)
La Fiancée du tsar à Berlin (2013)
Les Contes d’Hoffmann à Madrid (2014)
Don Pasquale et L’Elixir d’amour à Glyndebourne
Le violoniste Johannes Pramsohler
Rumon Gamba dirige d’Indy
John Eliot Gardiner dirige Mendelssohn
Alexander Paley interprète Tchaïkovski
Le pianiste Michael Krist
Marek Janowski dirige Bruckner
Paavo Järvi dirige Chostakovitch
Christopher Hogwood dirige Vivaldi



Pourquoi pas?

L’Accademia Ottoboni interprète Boccherini
Maxence Pilchen interprète Chopin
Jukka-Pekka Saraste dirige Mahler
Iván Fischer dirige Mahler
Alexander Paley interprète Rameau
Johanna Martzy interprète Mozart
Claudio Abbado dirige à Lucerne (2011-2012)
Lear de Reimann à Hambourg (2014)
Andrew Davis dirige Berlioz
Stradivaria interprète Fontana
Christopher Hogwood dirige Bach
Soo Park et Mathieu Dupouy interprètent Chopin
Le pianiste Alexander Kostritsa
La Passion de Jésus-Christ de Paër
Musique pour flûte, violoncelle et piano de Hummel
La violoniste Arabella Steinbacher
Dimitri Kitaïenko dirige Prokofiev
Marin Alsop dirige Prokofiev



Pas la peine

Maria Gabrys interprète Chopin
Alain Lefèvre interprète Chopin
Paul Daniel dirige Mahler
Joolz Gale dirige Mahler/Simon
Baltic Baroque interprète Vivaldi
Gustavo Dudamel dirige Mahler
Gerard Schwarz dirige Mahler
Youri Temirkanov dirige Mahler
Fabio Luisi dirige Wagner
Daniel Klajner dirige Wagner
Symphonies de Mozart arrangées par Hummel
«The Chopin Project» d’Olafur Arnalds & Alice Sara Ott
Andrew Litton dirige Prokofiev




Hélas !

Andrew Rangell interprète Chopin
L’Ensemble StilModerno interprète Galuppi
Œuvres de Mozart arrangées par Alkan
Musique sacrée de Vanhal





Les matchs du mois


                

Préludes de Chopin: A. Lefèvre vs. M. Pilchen



                      

Cinquième de Mahler: P. Daniel, J.-P. Saraste ou K. Tennstedt?



              

Neuvième de Mahler: M.-W. Chung, I. Fischer ou J. Gale?





En bref


La Grande Sonate de Tchaïkovski: A. Paley vs. M. Krist
Le Mendelssohn aérien de John Eliot Gardiner
Résurrection de Mahler: G. Schwarz vs. Y. Temirkanov
Deux visages de Chostakovitch
Le violon (trop) impeccable d’Arabella Steinbacher
Paër dans les pas de Haydn
Hogwood: une anthologie Vivaldi de premier ordre...
... mais une anthologie Bach mitigée
Vanhal desservi par une justesse toute relative
Janowski: une intégrale brucknérienne de premier choix
Symphonies de Prokofiev: de l’ancien et du nouveau
Chopin de traverse
Savoureuses variations de Hummel
Wagner à l’orchestre avec Fabio Luisi et Daniel Klajner
Pauvre Galuppi!
C’est Mozart qu’on assassine


La Grande Sonate de Tchaïkovski: A. Paley vs. M. Krist


        


Ces deux albums permettent d’entendre la Sonate en sol majeur (1878) de Tchaïkovski qui, pour mériter le qualificatif de «Grande Sonate», n’en est pas moins relativement rare, à la scène comme au disque.
Enregistré au Théâtre Saint-Bonnet de Bourges (en janvier 2012), Alexander Paley (né en 1956) se montre à la hauteur de sa réputation de spécialiste de la musique russe (voir son disque consacré à Anton Rubinstein). S’il paraîtra manquer de longueur et de densité pour les amateurs d’un Tchaïkovski plus massif et plus dense, ce piano au toucher mobile et vif repose sur une gestion intelligente et sensible des tempos – ainsi qu’en témoigne un splendide Andante, dont l’émotion subtile jaillit aux détours de la timidité et du silence. Une interprétation toute en émotivité – vite encline à la nostalgie – et en intériorité – paraissant se refléter dans le Lac des cygnes –, qui porte une attention particulière aux timbres (malgré une prise de son trop métallique). Le pianiste d’origine moldave livre, dans la même veine, l’intégrale des Saisons (1876) de Tchaïkovski (double album Aparté AP087).
Au sein d’un album reproduisant des enregistrements de concert (datant de mars 1972) du pianiste Michael Krist (né en 1946), on trouve une Grande Sonate davantage conforme aux exécutions courantes – par l’accentuation des contrastes de nuances et le romantisme exacerbé. Si l’approche est, de prime abord, moins intéressante – à l’image d’un Andante plus prosaïque que chez Paley –, Krist parvient au même résultat par des chemins différents. Le Finale révèle ainsi pleinement les qualités de sensibilité du pianiste autrichien et sa technique accomplie (malgré de menues approximations dues au live). Les trois séries de Variations qui complètent l’album n’appellent en revanche presque aucune réserve: celles sur un thème de Paganini (1863) de Brahms scintillent de fantaisie et de souplesse virtuose, les Variations et Fugue sur le Prélude en do mineur de Chopin (1884) de Busoni sont maîtrisées (à défaut d’être toujours dominées) et celles sur un thème de Bach (1904) de Reger ensorcellent par leur chromatisme décadent (double album Telos Music TLS 195). GdH




Le Mendelssohn aérien de John Eliot Gardiner





Des textures allégées exaltant les couleurs orchestrales ainsi qu’un avantage très net aux sonorités aiguës: tel pourrait être le résumé de la lecture de John Eliot Gardiner pour ces œuvres bien connues de Mendelssohn (Cinquième Symphonie «Reformation», les ouvertures Ruy Blas et Mer calme et heureux voyage). Une extrême lisibilité se dégage constamment, animée par un élan rythmique superbe. D’où vient alors ce sentiment partagé à l’écoute de ce disque enregistré en public en 2014? A trop vouloir privilégier les timbres de l’Orchestre symphonique de Londres, le chef britannique s’enferme par trop en une élégance superficielle qui oublie le drame sous-jacent de ces œuvres si narratives. Les tenants d’une optique plus théâtrale en resteront à l’incomparable Leonard Bernstein à New York (Sony), tandis que les autres pourront aimer le geste toujours subtil et cohérent de Gardiner, porté par cette pulsation rythmique évitant les pièges du «tout analytique». Outre la très belle prise de son, on notera en revanche un minutage malheureusement un rien trop chiche (SACD LSO Live LSO0775). FC




Résurrection de Mahler: G. Schwarz vs. Y. Temirkanov


        


Ces deux albums viennent grossir les rangs des enregistrements de la Deuxième Symphonie (1894) de Mahler.
Capté en concert à la Philharmonie de Liverpool, celui de Gerard Schwarz (né en 1947) édifie un Mahler bien charpenté et riche de nombreux accents. Si l’interprétation est enlevée avec logique et finesse, le format de l’orchestre anglais se révèle trop léger pour concurrencer les grandes versions de l’œuvre. Les deux premiers mouvements séduisent par leur subtilité mais déçoivent par leur timidité. Le troisième s’avère plutôt transparent, presque insipide au moment de l’animation finale (en raison de cuivres un tantinet approximatifs). L’«Urlicht» ne s’anime pas beaucoup plus dans les rangs (assoupis) du fond d’orchestre et le chant de Catherine Wyn-Rogers – d’une appréciable douceur nocturnale – manque de mystère et de profondeur dans la voix. Le début du dernier mouvement prend trop de temps pour se mettre en place, faisant du surplace là on l’on aimerait de l’angoisse ou du frémissement. S’achevant dans l’indifférence, le Finale donne parfois le sentiment d’une gestion erratique des tempos, et aussi d’une baguette qui ne maîtrise pas systématiquement les élans des cordes. L’entrée en scène d’Ailish Tynan et du Chœur de Liverpool ne change rien à l’affaire: il s’agit d’une version honnête mais ordinaire de la Résurrection mahlérienne (double album Artek AR-061-2).
Dans un album porté au CD pour la première fois, Youri Temirkanov (né en 1938) met bien plus de nerf dans cette même Symphonie en ut mineur gravée en 1980. Mais le style est à mille lieues de ce que l’on recherche aujourd’hui, dans ce répertoire. Nerveux, bien ponctué, clair, ce Mahler au spectre étroit manque de grandeur comme de souffle. L’Allegro maestoso se resserre sur la mélodie au risque de l’asphyxie. L’Andante moderato procède d’une lecture sobre et juste de la partition – les pizzicatos tombent bien, les équilibres de nuances sont respectés, la rythmique est balancée – mais n’en reste pas moins plutôt fade. L’In ruhig fliessender Bewegung présente une personnalité plus affirmée – au grinçant bienvenu: dommage que le tempo soit aussi traînant! Malgré une justesse douteuse, la voix puissante mais dominée d’Evguenia Gorokhovskaya impressionne dans l’«Urlicht». Le Finale est le mouvement le plus réussi, malgré ses couleurs très terriennes – au brûlant qui n’évite pas le sirupeux, par moments – et certaines approximations dans la battue. On relève enfin une soprano tout aussi solide que froide (Galina Kovaleva) et des chœurs massifs (ceux du Kirov). Un Mahler atypique (double album Melodiya MEL CD 10 02253). GdH




Deux visages de Chostakovitch





Même s’il ne s’est pas fourvoyé, Chostakovitch a dû se plier aux exigences du régime stalinien, comme l’illustre ce disque regroupant trois cantates, deux composées sous la dictature, l’autre durant le dégel, relatif, suite à la mort du «petit père des peuples». Varié tant dans sa forme que son contenu, et comportant quelques pages de grande qualité mélodique, malgré ses concessions au «réalisme socialiste», Le Chant des forêts (1949) mérite d’être connu et n’est pas tout à fait indigne de son auteur. Moins long et plus anecdotique que cette cantate de proportions importantes, Le soleil brille sur notre patrie (1952), également sur un texte d’Eugène Dolmatovski (1915-1994), se caractérise par une simplicité mélodique et harmonique, une grandiloquence univoque et une naïveté qui prêtent aujourd’hui à sourire mais le soin apporté à l’écriture suggère que Chostakovitch n’a pas bâclé son travail. A la tête d’un Orchestre symphonique national d’Estonie d’une tenue exemplaire et d’un chœur plus que motivé, l’un et l’autre clair et puissant (même le chœur de garçons), Paavo Järvi réussit l’exploit de rendre ces ouvrages un tant soit peu intéressants au moyen d’une direction engagée et minutieuse. Mais le chef-d’œuvre incontestable et le moment de loin le plus émouvant du disque, c’est évidemment L’Exécution de Stepan Razine (1964), magnifiquement interprétée par un orchestre tendu, inquiétant, coupant, agissant même, parfois, comme un rouleau compresseur – cette version supporte la comparaison avec celle, phénoménale, de Kirill Kondrachine avec Vitaly Gromadski. Alexei Tanovitski, basse solide et éloquente, retient plus l’attention que le ténor, Konstantin Andreyev, qui ne démérite cependant pas. La notice ne comporte pas les textes chantés, ceux de Dolmatovski ne s’illustrant de toute façon pas par leur qualité littéraire (Erato 0825646166664). SF




Le violon (trop) impeccable d’Arabella Steinbacher





On peut se contenter d’être bref pour décrire le dernier disque d’Arabella Steinbacher (née en 1981) avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Charles Dutoit. Comme dans son album Bartók, les qualités techniques de la violoniste bavaroise n’appellent en effet que peu de commentaires: assurance, justesse, précision, moelleux. Tout est impeccablement en place, la seule faiblesse de ces cordes soyeuses résidant peut-être dans une puissance parfois insuffisante du poignet. Le Concerto en mi mineur de Mendelssohn ne manque ainsi pas de charme, malgré des tempos globalement trop lents (y compris dans la cadence, mais surtout dans la baguette) et un accompagnement souvent décoratif. Le Concerto en ré majeur de Tchaïkovski souffre davantage de cette approche propre mais lisse. Avare en aspérités, plombé par la mollesse de la direction, il ne permet pas de mettre en valeur le souci des détails de la soliste allemande – qui fait de la cadence de l’Allegro moderato un diamant de petite taille mais fort bien poli – et son sens du legato. Un disque de bonne tenue mais peu marquant (Pentatone PTC 5186 504). GdH




Paër dans les pas de Haydn





Voilà une bien belle idée que de rendre hommage à la figure de Ferdinando Paër (1771-1839), compositeur italien admiré de Beethoven qui multiplia les postes de prestige, de l’Italie à Dresde, avant de finir logiquement sa longue carrière à Paris. Il aurait fallu cependant se donner davantage de moyens et confier cet enregistrement à un chef plus convaincant, trop appliqué ici autour d’une lecture qui manque de caractère. C’est dommage car l’œuvre en vaut la peine, rappelant souvent l’apparente simplicité d’un Haydn, en proposant des airs mélodiquement inspirés, d’une étonnante fluidité et admirablement variés. Créée à Vienne en 1803, quelques jours avant Le Christ au mont des Oliviers de Beethoven, la cantate La Passione di Gesù Cristo a en réalité les dimensions d’un véritable oratorio, de facture classique mais très agréable à l’écoute. Des doutes subsistent quant à sa parenté avec l’œuvre éponyme d’Antonio Caldara, créée en 1730 sur un livret de Metastasio. Compte tenu de la qualité des solistes réunis sous la direction de Sergio Balestracci, tous à la hauteur, ce disque constitue somme toute une bonne version d’attente (CPO 777 698-2). FC




Hogwood: une anthologie Vivaldi de premier ordre...





L’Oiseau-Lyre rend hommage à Christopher Hogwood, décédé voilà plusieurs mois (voir ici), avec une nouvelle somme discographique. Au côté de deux coffrets reprenant la totalité des enregistrements qu’il avait consacrés à Haydn et Mozart, voici un volumineux coffret de vingt disques rassemblant cette fois-ci tous les enregistrements dédiés à Vivaldi, réalisés entre 1975 et 1996. Même si l’on a pu l’oublier, le chef anglais a ainsi gravé à la tête de son ensemble The Academy of Ancient Music quantité d’œuvres du Prêtre roux dont la totalité des grands cycles de concertos (La Stravaganza, L’Estro armonico, les douze concertos du recueil de La Cetra ainsi que les douze de Il Cimento dell’Armonia e dell’Inventione, ensemble au sein duquel figurent notamment Les Quatre Saisons) avec des violonistes aussi talentueux que Monica Huggett, Catherine Mackintosh, Simon Standage, Elizabeth Wilcock ou Andrew Manze. Si l’on ajoute à ce palmarès plusieurs concertos pour violoncelle, pour hautbois, pour hautbois et clarinette même, pour basson, des sonates pour violoncelle et quelques œuvres sacrées comme le Stabat Mater et le Nisi Dominus servis par des solistes aussi brillants qu’Eric Hoeprich, Anner Bylsma, Frank de Bruine, Christophe Coin, Emma Kirkby ou James Bowman, on bénéficie là d’une somme tout à fait remarquable. Certes, dans le détail, certains mouvements s’avèrent un tant soit peu poussifs: entre autres, l’Allegro non molto de L’Eté ou le Concerto pour deux trompettes, beaucoup plus besogneux et plus terne que chez Claudio Scimone (Erato) par exemple. Certains traits trahissent également une manière un peu vieillotte de procéder, avec ces ralentis artificiels ou ces fins de phrase parfois trop appuyées (la fin du premier Allegro du Concerto RV 332 ou la fin du dernier mouvement du Concerto pour violoncelle RV 418). Si l’on souhaite faire la fine bouche, on pourra également déceler quelques problèmes de justesse ici ou là (l’Allegro conclusif du Concerto RV 329 ou du RV 242) mais, à côté de ça, que de joies! L’élégance des solistes est une évidence de chaque instant: rendons ici hommage, à défaut de pouvoir multiplier les références, à Andrew Manze dans le second Allegro du Concerto RV 259, à Monica Huggett dans le dernier mouvement du Concerto RV 332, petit joyau à l’équilibre idéal, à l’élan communicatif et aux timbres revigorants, à Simon Standage dans le Largo du Concerto RV 359, admirable par sa simplicité et par l’accompagnement tout en finesse de l’orchestre, à Stephen Hammer et Frank de Bruine dans le délicieux Concerto pour deux hautbois RV 535... On ne peut également qu’être séduit par l’alchimie qui transparaît à chaque instant entre les solistes et l’orchestre, l’équilibre étant bien souvent empreint d’une très grande évidence, conférant à ces gravures une liberté et une caractérisation propres à chaque mouvement et, au-delà, à chaque concerto ou sonate. Si le mélomane ne se séparera pas pour autant de ses disques signés par le l’Orchestre baroque de Fribourg, Viktoria Mullova ou, pour les pièces religieuses, Andreas Scholl, il se précipitera avec gourmandise sur ce coffret signé Hogwood (omniprésent à la fois comme chef mais aussi comme claveciniste), qui offre là une introduction conséquente et d’une qualité évidente à l’œuvre de Vivaldi comme on n’en a que peu sur le marché (480 8019). SGa




... mais une anthologie Bach mitigée





Si le coffret dédié à Vivaldi est excellent, celui que L’Oiseau-Lyre consacre aux enregistrements de la famille Bach réalisés par Christopher Hogwood s’avère plus inégal. Rassemblant des enregistrements effectués entre août 1975 (les Sonates de Johann Christian) et février 1997 (certaines cantates de Johann Sebastian), ce nouveau coffret de vingt disques se veut une anthologie extrêmement diversifiée de la famille Bach puisqu’au célébrissime père sont également adjointes des œuvres composées par ses trois fils les plus prolifiques, Carl Philipp Emanuel, Johann Christian et Wilhelm Friedemann. The Academy of Ancient Music est généralement un ensemble toujours aussi convaincant mais comment en serait-il autrement lorsque les solistes s’appellent Catherine Mackintosh ou Jaap Schröder au violon, Nicholas McGegan ou Rachel Brown à la flûte ou Michel Piguet tant au hautbois qu’à la flûte à bec? Pourtant, en maintes occasions, le résultat ne fonctionne pas vraiment, ni dans les Brandebourgeois, où les instrumentistes sont perfectibles en plus d’une occasion (la trompette n’est pas belle dans le fameux Deuxième Concerto non plus que les altos dans le Sixième), l’interprétation s’avérant par ailleurs fréquemment poussive et sans toujours grand intérêt, ni dans des Suites assez inconsistantes. En revanche, les autres concertos (pour un, deux, trois ou quatre clavecins, où brille un certain Christophe Rousset, ou pour violon) sont plus intéressants et même enthousiasmants à l’image du Concerto pour violon et hautbois BWV 1060 R ou des deux Concertos pour violon. Si les quelques cantates présentées ici sont à notre sens surpassées par des versions plus récentes, qui adoptent au surplus un sens interprétatif plus recherché, comment néanmoins ne pas succomber à la voix d’Emma Kirkby dans la Cantate des paysans? En outre, saluons la technique de Hogwood lorsqu’il s’assoit à son clavecin pour interpréter d’excellentes Suites françaises (qu’on nous permette néanmoins d’être moins enthousiaste à l’égard des Sonates de Carl Philipp Emanuel, le clavicorde adoptant parfois des sonorités désagréables dans un enregistrement où, sans doute la faute aux micros, on entend beaucoup trop la frappe). C’est bien dommage car les autres œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach présentées ici méritent largement le détour, à l’instar des six Sinfonias Wq 182, où brille toute la palette du Sturm und Drang, ou du Quatuor pour flûte en la mineur Wq 93, alliant avec justesse dextérité technique et beauté de la mélodie. Si ce coffret n’a évidemment pas à rougir, on préfèrera se tourner vers quelques disques épars réalisés par Hogwood, dont les affinités avec Bach n’étaient pas aussi grandes qu’avec Händel: d’ailleurs, n’y aurait-il pas là une autre belle anthologie à publier? (482 1736). SGa




Vanhal desservi par une justesse toute relative





On se fait toujours une joie de l’exhumation du répertoire religieux de la fin du XVIIIe, souvent résumé aux figures écrasantes de Haydn et Mozart. Jan Krtitel (Jean-Baptiste) Vanhal (1739-1813) était pourtant suffisamment reconnu en son temps pour faire partie du fameux quatuor formé en 1784 avec les deux génies précités et Dittersdorf! Auteur d’une considérable production religieuse constituée d’environ 250 pièces, dont pas moins de 48 messes, le compositeur bohémien a bénéficié tout récemment du travail d’une nouvelle association entièrement dédiée à sa personne et son œuvre. Créée en 2010, cette association basée à Nyon a permis l’édition du présent disque autour des œuvres inédites issues des archives du Musée tchèque de la musique à Prague. Malheureusement, les recherches musicologiques restent encore trop partielles pour dater correctement ces pièces, rendant difficile la nécessaire mise en perspective. Seuls le Kyrie et le Gloria en sol peuvent être précisément rendus à leur année de création, 1782. Las, toute la qualité réelle de ces différentes pièces, particulièrement la superbe Aria en si, souffre d’une interprétation difficilement supportable en raison du Chœur de garçons Boni Pueri, incapable de chanter juste. Présent dans presque toutes les œuvres, il hérisse le poil à chaque intervention. C’est d’autant plus regrettable que les solistes réunis, tout comme la direction sûre de Marek Stryncl (né en 1974) à la tête de la Philharmonie de chambre de Pardubice, ont quant à eux un bon niveau global. Pas assez pour sauver ce disque du naufrage de ces jeunes interprètes... (Arco Diva UP 0165-2 231). FC


Janowski: une intégrale brucknérienne de premier choix





Pentatone fait paraître, dans un coffret de dix disques, l’intégrale des Symphonies d’Anton Bruckner réalisée par Marek Janowski à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande. ConcertoNet a déjà rendu compte en détail de l’enregistrement des différentes symphonies, qu’il s’agisse de la Première, de la Deuxième, de la Troisième, de la Quatrième, de la Cinquième, de la Sixième, de la Septième, de la Huitième ou de la Neuvième. On ne sera donc pas disert sur cette somme dont on a souligné à la fois la cohérence interprétative (une poigne implacable, un vrai sens de la respiration, une volonté d’aller droit au but en esquivant parfois, il est vrai, le lyrisme de certains passages) et l’exceptionnelle qualité tant instrumentale qu’au niveau de la prise de son, extrêmement précise et claire. Le présent coffret est augmenté non pas, comme on aurait éventuellement pu le penser, de la Symphonie n° 0, de la Symphonie d’étude n° 00 ou même du Te Deum, pendant choral assez naturel de la Neuvième Symphonie, mais de la Messe en fa mineur, enregistrée elle aussi au Victoria Hall de Genève, en juin 2012. L’orchestre est de nouveau à son meilleur, tant dans les ensembles que dans les passages solistes (le premier violon dans le Kyrie, à l’image de ce que Bruckner a également composé dans son Te Deum), de même que le Chœur de la Radio de Berlin, excellent de bout en bout: à cet égard, la fin de l’Agnus Dei est une merveille. Si l’on note également la présence d’un très bon quatuor de solistes, on obtient à l’évidence un résultat des plus convaincants. Ce coffret, complété par une notice trilingue fort complète de Franz Steiger, s’affirme donc sans conteste parmi les meilleures sommes actuellement disponibles pour qui souhaiterait acquérir une intégrale des symphonies de Bruckner (PTC 5186 520). SGa




Symphonies de Prokofiev: de l’ancien et du nouveau


         


         


Peu présentes au concert, hormis la Première «Classique» et la Cinquième, les sept Symphonies de Prokofiev – huit si l’on compte les deux versions de la Quatrième – ne sont cependant pas oubliées par les maisons de disques, comme le montre cette série comprenant une réédition et des nouveautés.
Vingt ans après son intégrale réalisée à Moscou (Melodiya), Dimitri Kitaïenko (né en 1940) revenait à Prokofiev en public entre 2005 et 2007 à la tête de l’Orchestre du Gürzenich de Cologne (dont il est devenu chef honoraire en 2009). Réalisés pour l’éditeur autrichien Phoenix Edition, ces cinq disques sont maintenant réédités chez Capriccio. Déjà précédemment associé à la formation colonaise pour des cycles consacrés à Chostakovitch et Tchaïkovski, et ayant entamé depuis lors un cycle Rachmaninov, le chef russe aborde cette musique avec une conception très cohérente, aux antipodes de l’intégrale au vitriol réalisée par Guennadi Rojdestvenski (Melodiya): une direction très ouvragée, policée, gommant les dissonances et les grincements, ample et retenue au point de paraître trop lente. Même s’il met bien en valeur les origines chorégraphiques de la Quatrième (dans ses deux versions) et les ambiguïtés de la Septième, Kitaïenko ne fait pas pétiller la Première, manque de noirceur dans les terrifiantes Deuxième et Troisième et, surtout, reste en retrait, trop académique et solennel, dans les Cinquième et Sixième. Dommage, car l’orchestre confirme les excellentes prestations mahlériennes gravées sous la direction de son Kapellmeister Markus Stenz (coffret de cinq disques C7190).
Marin Alsop (née en 1956) poursuit son intégrale avec l’Orchestre symphonique de l’Etat de São Paulo dont elle est regente titular depuis 2012: les troisième et quatrième volumes comprennent respectivement les deux premières symphonies et la Troisième, chacun étant complété par des pages orchestrales assez rarement jouées, le bref poème symphonique Rêves, pour l’un, l’Esquisse automnale et la Suite scythe, pour l’autre. Plus vive que Kitaïenko, à la tête d’une formation fine et précise, l’Américaine ne convainc toutefois pas pleinement, demeurant trop sage et appliquée: le résultat, qui n’a hélas pas toujours le mordant des deux derniers mouvements de la Troisième, manque le plus souvent de consistance et de tension (Naxos 8.573353 et 8.573452).
Après une Sixième Symphonie parue en 2013, Andrew Litton (né en 1959) a-t-il lui aussi emprunté la voie d’une intégrale Prokofiev? Rien n’est moins sûr, car il cédera en octobre prochain à Edward Gardner les fonctions de sjefdirigent et de kunstnerisk leder qu’il exerce depuis 2003 auprès de l’Orchestre philharmonique de Bergen. En tout état de cause, la sortie toute récente de la Cinquième, couplée à la Suite scythe, laisse assez perplexe quant au devenir d’une telle entreprise: c’est en effet avec une baguette bien lourde qu’il s’enlise à souligner les détails et à transformer la symphonie en showpiece errant d’un effet de manche à l’autre. Dommage, ici aussi, car l’orchestre se montre d’une confortable rondeur (SACD Bis BIS-2144). SC




Chopin de traverse


                    
          


Alors que les disques consacrés à Chopin se succèdent à un rythme soutenu (lire ici et ici), ces trois albums rendent un hommage plus original au compositeur polonais, qu’ils abordent par des chemins de traverse.
Le premier – «The Chopin Project» – est l’œuvre du compositeur de musiques de film Olafur Arnalds (né en 1986), qui se sert de certaines mélodies (le Largo de la Troisième Sonate, les Nocturnes en do dièse mineur, sol mineur, do mineur, le Prélude en ré bémol majeur) pour créer des ambiances globalement méditatives et nostalgiques (voir les extraits vidéo sur le site de l’album). Interprété par Alice Sara Ott (née en 1988), qui a notamment émergé avec un disque consacré aux Valses de Chopin (DG), cet album de trois quarts d’heure réunit neuf compositions aux noms suggestifs (Verses, Réminiscence, Written in Stone, Letters of a traveller), recourant au piano préparé comme à toute une gamme de musiques arrangées et de bruits divers (ainsi qu’aux interventions de la violoniste Mari Samuelsen). Le résultat – assez fade – laisse perplexe (Mercury Classics 481 1486).
Autres chemins de traverse, ceux – fort différents – empruntés par Soo Park et Mathieu Dupouy (né en 1977) dans les deux Concertos pour piano. Alternant, dans chaque opus, entre le pianoforte et le pianino (Pleyel), les deux interprètes ont entrepris de faire entendre ces partitions telles que le compositeur lui-même les joua dans des concerts privés où il accompagnait ses solistes. L’ensemble est de très bonne tenue, mais ne procure pas les mêmes frissons que dans les versions avec quintette à cordes et, plus encore, avec orchestre (Label-Hérisson LH11).
Enfin, on saluera l’intelligence du projet d’Alexander Kostritsa (né en 1988), qui réunit «trois générations de Mazurkas»: celles – précurseurs – de Maria Agata Szymanowska (1789-1831), celles de Frédéric Chopin (1810-1849) et celles de Karol Szymanowski (1882-1937). La confrontation aurait certainement eu plus d’intérêt si les œuvres avaient été mélangées et non juxtaposées. Au travers de la sélection de vingt-quatre pièces charmantes de quelques secondes, Szymanowska a en tout cas le mérite de mettre en valeur le génie des neuf Mazurkas de Chopin et l’inventivité des dix de Szymanowski retenues par le pianiste russe. Mais l’on regrette que son toucher manque autant de moelleux (divine art dda 25123). GdH




Savoureuses variations de Hummel





Sentiments ambivalents à la découverte de ce nouveau disque consacré à la musique de chambre de Johann Nepomuk Hummel (1778-1837), compositeur très prolifique dont une grande partie de l’œuvre reste encore à explorer. Les deux premières pièces ici gravées font appel à la flûte, malheureusement desservie par une Linde Brunmayr-Tutz bien fruste. Il faut dire que la prise de son manque de chaleur et n’aide guère les interprètes. Toujours plaisante, la musique de Hummel affiche sa dette envers Mozart, tout en développant certains traits particulièrement originaux, tel le Menuet facétieux de la Grande Sonate. Le disque vaut surtout pour ses savoureuses Variations pour violoncelle et pianoforte, inspirées mélodiquement et merveilleusement rendues par le rythme pétillant de Bart van Oort au pianoforte. On retient également les couleurs du violoncelle de Jaap ter Linden, certes un peu juste dans l’aigu, mais qui fait preuve d’une belle introspection dans la délicate cinquième variation. L’Adagio, Variations et Rondo sur un thème russe s’avère tout aussi réussi, notamment la subtile et ténébreuse sixième variation, ainsi que la sereine conclusion. Les trois interprètes évitent toute virtuosité facile ou sentimentalisme, signant une version équilibrée de ces œuvres, tout à fait recommandable (Fra Bernardo FB 1502793). FC




Wagner à l’orchestre avec Fabio Luisi et Daniel Klajner


        


Les opéras de Wagner constituent, pour les formations orchestrales, une matière riche mais pas inépuisable. En témoignent ces deux doubles albums qui ne parviennent pas à faire la preuve de leur pertinence discographique.
Enregistré en novembre 2014 au Goetheanum de Dornach, celui de Fabio Luisi (né en 1959) avec le Philharmonia de Zurich offre classiquement une sélection mêlant préludes et interludes. Un Wagner net et juste dans les Préludes des Maîtres chanteurs de Nuremberg et de Lohengrin, ainsi que dans ceux de Parsifal (sans beaucoup de mystère) et Tristan et Isolde (plus probant). D’une réjouissante liberté, «La Mort d’Isolde» constitue même le moment fort de l’album. A l’inverse, les extraits de la Tétralogie déçoivent: un «Voyage de Siegfried sur le Rhin» trop souple, une «Marche funèbre de Siegfried» plutôt plate, une «Chevauchée des Walkyries» connaissant quelques baisses de tension. Quant aux Ouvertures, on préférera le panache de celles de La Défense d’aimer et des Fées à la timidité conventionnelle et pesante de Rienzi et Tannhäuser (Philharmonia Records PHR 0102).
Enregistré au Schützenhof de Herford en décembre 2013 et mars 2014, le second album se concentre sur les quatre opéras de l’Anneau du Nibelung, dont Andreas N. Tarkmann (né en 1956) a condensé l’essentiel des épisodes en une sorte de symphonie dramatique en quatre parties («Der Ring – symphonisch») au flux continu et au résultat habile. Dirigée par Daniel Klajner (né en 1963), la Nordwestdeutsche Philharmonie se révèle impeccablement professionnelle, faisant défiler les thèmes wagnériens en quatre-vingt-dix minutes d’orchestration muette. Un best of sympathique – mais un best of seulement (Coviello Classics COV 91417) GdH




Pauvre Galuppi!





Décidément, après un décevant Alessandro nell’Indie donné à Würzburg en juillet, Baldassare Galuppi (1706-1785) n’a guère de chance en ce moment. L’Ensemble StilModerno propose une gravure techniquement faible des sept Concertos pour cordes et orgue composés par le Vénitien dans les années 1740. S’il n’est même pas sûr que les œuvres ici réunies ait été produites par Galuppi en un même élan d’inspiration, la lecture donnée par ce disque peine à en éclairer les infimes variations, donnant l’impression d’un long fil prévisible et finalement bien monotone. La faute à un premier violon très à la peine, qui embarque ses comparses dans sa vision timorée, même si quelques rares moments survivent à ce ratage, tel le superbe premier mouvement du Concerto quinto. Trop peu, malheureusement, pour conseiller l’achat de ce disque (Brilliant Classics 94648). FC




C’est Mozart qu’on assassine


          


Il faut croire que certains compositeurs résistent mieux que d’autres aux arrangements dont leur musique fait l’objet: tel est le cas de Bach, mais visiblement pas celui de Mozart, si l’on en juge du moins par deux parutions récentes.
En 1823, Johann Nepomuk Hummel (1778-1837), élève de Mozart entre ses huitième et dixième années, reçut commande de la réduction pour flûte et trio avec piano de trois symphonies – les Trente-huitième «Prague», Trente-neuvième et Quarantième. Kapellmeister à Weimar depuis 1819, il dédia à Goethe l’une de ces symphonies réduites pour une formation à laquelle, au fil de sa carrière, il destina au total une cinquantaine d’arrangements. Le texte original est globalement respecté, sinon que les dynamiques et l’articulation sont retouchées, des indications métronomiques de tempo – plutôt rapides – et des ornementations – plutôt d’un goût douteux – apparaissent et huit mesures supplémentaires (par rapport aux éditions modernes) s’insèrent dans l’Andante de la Quarantième. Uwe Grodd (né en 1958), Friedemann Eichhorn (né en 1971), Martin Rummel (né en 1974) et Roland Krüger (né en 1973) ne manquent pas de conviction mais de justesse (pour le flûtiste) et, surtout, de partitions pour lesquelles l’absence des couleurs et textures si familières de la version orchestrale ne donnerait pas autant qu’ici l’impression d’un vide béant. On peine donc à voir, même pour la renommée de Hummel, l’intérêt de remettre au goût du jour ces transcriptions dont l’une des finalités, à une époque où les moyens de diffusion de la musique étaient évidemment bien moindres que ceux dont a bénéficié le XXe siècle, était de permettre à des exécutants (très bons) amateurs et à un assez large public d’accéder à des œuvres de grande envergure qui, sinon, leur seraient restées hors de portée (Naxos 8.572841).
Hummel arrangea aussi pour piano seul bon nombre d’œuvres de Mozart, dont des concertos pour piano. Un peu plus tard, Charles-Valentin Alkan (1813-1888) fit de même, mais son activité de transcripteur et d’arrangeur est bien moins connue que celle de son contemporain Liszt. Toccata Classics, qui se lance avec ce disque dans une intégrale des transcriptions d’Alkan, permet d’en savoir davantage sur cet aspect important – ne serait-ce que quantitativement – de son travail: l’initiative est donc aussi louablement prometteuse que le résultat est cruellement décevant. Même si José Raúl López, par ailleurs signataire de l’intéressante notice (en anglais), n’y met guère du sien avec un jeu tour à tour raide et complaisant, l’explication tient principalement à la lourdeur rédhibitoire, à la maladresse pataude et à la naïveté accablante des arrangements. Là où Liszt s’approprie pleinement la partition originale comme pour mieux encore restituer la personnalité du compositeur, Alkan tente vainement de tout faire entrer dans son clavier sans éviter pour autant l’écueil de la trahison, et, bien qu’il fût lui-même un des virtuoses les plus reconnus de son temps, tout cela paraît fichtrement mal écrit. En pâtissent aussi bien le Vingtième Concerto, pièce de résistance de ce premier volume – malgré (ou peut-être aussi à cause de) sa cadence finale s’ingéniant à juxtaposer (laborieusement) les thèmes des trois mouvements – que les Menuets des Trente-neuvième et Quarantième Symphonies, l’Andante à variations du Dix-huitième Quatuor et une scène avec chœur extraite de la rare musique pour le «drame héroïque» Thamos, roi d’Egypte (TOCC 0240). SC



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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