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Le mois du mélomane professionnel
05/01/2015





Le mois a commencé par un véritable événement. Un Requiem de Verdi exceptionnel de qualité qui nous venait de La Scala avec Daniel Barenboim, l’orchestre et le chœur du théâtre et un quatuor de solistes de première classe: nous avons entendu Anja Harteros la soprano, Elīna Garanca la mezzo, Jonas Kaufmann le ténor et René Pape la basse, tous les quatre au mieux de leurs possibilités vocales et musicales. Inoubliable. Il y a eu cette année plusieurs soirées consacrées à cette œuvre et on peut dire que la qualité fait entendre autre chose à chaque fois. On voudrait garder son temps uniquement pour les meilleurs mais ce n’est pas vraiment possible. Réjouissons-nous de ces moments d’exception.


A Gand pour la nouvelle production de l’Opéra de Flandre, La Juive d’Halévy. Je n’ai malheureusement pas pu suivre le colloque sur le thème «Les Juifs et l’opéra» qui a suivi la première, mais je sais qu’il y aura une publication qui nous permettra de trouver les interventions dans leur totalité. L’opéra lui-même appelle quelques réflexions. D’abord, le parti pris du metteur en scène Peter Konwitschny d’évacuer le thème de la haine de ses protagonistes juif et chrétien pour ne garder que l’idée abstraite de Haine se rapportant à n’importe quel face-à-face. L’élément juif fut presque absent et le chrétien très peu présent. Je n’approuve pas. Je ne suis pas non plus très amateur de l’idée de faire évoluer les chanteurs dans la salle, se mêlant au public. L’idée de l’opéra est de séparer deux mondes, celui des «rêveurs» qui sont dans la salle et celui des acteurs qui fournissent le contenu du rêve, sur scène. C’est comme cela que je conçois la rencontre qui fait que l’opéra attire tant de monde. J’ai aimé la prestation de la ravissante Asmik Grigorian, que nous avons déjà rencontrée dans le rôle de Judith (La Juive en hébreu) dans Le Château de Barbe-Bleue de Bartók l’année dernière. Belle voix et beau jeu de scène. Plutôt décevant Eleazar de Roberto Saccà mais il a des circonstances atténuantes, la comparaison avec tous les grands ténors de l’Histoire. Le «Rachel, quand du Seigneur» de Shicoff à Vienne ou celui de Caruso en 1904 qu’on peut trouver sur YouTube, parmi d’autres. Une autre faute: avoir placé l’entr’acte presque deux heures après le début. Ce fut trop long. Et pourquoi ne pas faire deux entr’actes ? Ce grand opéra le mérite bien.
Anecdote: à l’arrivée, je vois l’entrée de l’opéra entourée de voitures de police et des policiers lourdement armés. A ma question sur le pourquoi, on me répond: «L’opéra s’appelle La Juive!». On pourrait en rire si ce n’était pas si triste.


Le Quatuor Hagen, que je connais et que je suis depuis ses débuts, est aujourd’hui au sommet de ses capacités et, en même temps, au sommet du monde du quatuor. Ils nous ont offert à l’Auditorium du Louvre les trois derniers quatuors de Mozart dédiés à Haydn. Toujours même qualité et même accueil heureux du public. On se demande ce que cela aurait été si Angelika Hagen, qui fut second violon, était restée avec ses frères et sa sœur. Cela aurait pu être la perfection, qui, comme chacun sait, n’est pas de ce monde.


Benjamin Duvshani

 

 

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