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Entretien avec Juliette Deschamps
03/04/2015


Depuis ses débuts à la mise en scène avec Era la notte conçu pour Anna Caterina Antonacci – avec qui elle a aussi créé trois ans plus tard Altre stelle, Juliette Deschamps (née en 1977) a élaboré un parcours original, sensible à la musique, à son rayonnement intime, au-delà des barrières génériques. Elle le démontre avec le «Projet Goldberg», fruit de la rencontre avec Dan Tepfer, pianiste qui rapproche le jazz et le répertoire classique, autour des Variations de Bach. C’est à l’issue de ce premier concert dans le cadre de sa résidence artistique à l’Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, à l’invitation de sa directrice générale, Valérie Chevalier, que nous l’avons rencontrée. Parmi les prochains rendez-vous de la résidence, Juliette Deschamps prépare une carte blanche autour de la musique sacrée pour début avril, et règlera une production scénique au début de la saison prochaine.



J. Deschamps (© Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon)


Pourquoi avez-vous avez choisi d’inaugurer votre résidence artistique à Montpellier par un concert «illustré» par la vidéo?
J’utilise la vidéographie comme un cahier de réflexions depuis que j’ai vingt ans, où je note des traces, des images, comme dans un journal intime. Dans l’image vidéo, on peut avoir une proximité, une intimité avec les personnages plus grande, ou du moins différente de celle que l’on obtient au théâtre. Dans cette autre forme d’écriture, il y a une grande importance de la pose, comme en peinture, à laquelle je suis très sensible, de par mon parcours et ma culture.


Comment travaillez-vous l’outil vidéographique?
La vidéo permet de composer des tableaux, au sens pictural du terme. Le silence du film me fascine, car il permet un retour à la musique. Les images ne la recouvrent jamais, elles l’éclairent, nourrissent l’écoute. Dans cette dimension très contemplative, il y a presqu’un côté statuaire, qui donne l’impression d’un temps suspendu.


Cela ne va-t-il pas à l’encontre d’une certaine dynamique théâtrale?
Depuis Chéreau, il y a cette interrogation sur l’opéra, savoir si c’est du théâtre ou non. Je sens pour ma part, que l’opéra regarde parfois plus vers les arts plastiques. Et le théâtre, c’est aussi une part importante d’image. Tout cela pose la question des genres et de ce qui les distingue.


Et dans le travail sur les Variations Goldberg?
Cette réflexion sur les rapports entre plastique et musique a constitué l’un des points de départ pour le «Projet Goldberg». L’œuvre de Bach peut avoir quelque chose d’intimidant dans son achèvement absolu, définitif. A partir des trois thèmes que j’énonce au début, comme trois rêves – les enfants, l’insomnie du commanditaire et le syllogisme de Cioran – j’essaie de construire une écriture musicale en contrepoint.


[Propos recueillis par Gilles Charlassier]

 

 

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