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Entretien avec Emmanuel Krivine
01/15/2015


La destinée musicale d’Emmanuel Krivine (né en 1947) est bien connue: suite à un accident, il abandonne sa carrière de violoniste pour se consacrer à la direction d’orchestre. Un temps réputé, de son propre aveu, pour ses relations parfois rugueuses avec les musiciens, il a évolué au point de constituer autour de lui en 2004 une phalange «égalitaire», La Chambre philharmonique. En marge d’un concert qu’il a donné en décembre dernier avec l’Orchestre philharmonique du Luxembourg à la tête duquel il conclut cette saison un mandat entamé en 2006, il répond, égal à lui-même, aussi précis que direct et laconique, aux questions de ConcertoNet sur la direction d’orchestre, les orchestres et leur évolution.



E. Krivine


Vous êtes le directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg et de La Chambre philharmonique. Le premier joue sur instruments modernes, le second sur instruments d’époque, avec cordes en boyaux et vents sans pistons. Vous, issu de la grande école romantique du violon, comment conciliez-vous ces deux tendances?
Effectivement je suis issu du violon mais également de l’école de Karl Böhm en ce qui concerne le conducting. Quant aux instruments d’époque, je les fréquente depuis plus de quinze ans, ne serait-ce que parce que mon épouse joue dans plusieurs formations de ce style et je suis immergé dans La Chambre philharmonique depuis dix ans.


Vous avez fondé La Chambre philharmonique, ce phalanstère itinérant. Comment harmoniser la nécessité d’être un leader et le besoin de rester un musicien parmi les autres?
Le mot leader n’est pas approprié. Le métier a été déformé depuis le XIXe siècle. En fait, le chef d’orchestre doit être avant tout un musicien.


Comment travaillez-vous avec ces deux orchestres?
De la même manière. En privilégiant l’écoute par rapport à l’autorité: une «autorité écoutante». Ce n’est pas parce que le système a différencié musique de chambre, petit orchestre, grand orchestre, que l’approche de la musique doit être différente.


Nous voyons de plus en plus de jeunes chefs – de plus en plus jeunes – qui émergent et accèdent très vite aux sommets. Comment analysez-vous ce phénomène?
Il s’agit simplement du mouvement du pendule après le «vieillisme», qui est une imbécilité, voici le «jeunisme», autre imbécilité.


Croyez-vous au «son orchestral». Dès lors, comment adaptez-vous le son aux musiques que vous dirigez?
Le son orchestral provient de l’écoute et du désir d’entendre quelque chose. Le son n’est pas, comme on le croit souvent, une «pâte sonore» s’adaptant à toute musique. C’est le langage de chaque œuvre, de chaque orchestre, de chaque chef, qui déterminera le son.


Le fait d’avoir été violoniste influence-t-il votre conception de la sonorité orchestrale?
Je ne crois pas, car pour moi le violon était une «erreur d’aiguillage». J’ai toujours approché la musique dans sa totalité, voulant être organiste dès l’enfance. En revanche, cela aide beaucoup en ce qui concerne la praxis.


La mondialisation bat son plein. Existe-t-il encore une spécificité orchestrale «française», qui se distinguerait de celles des autres pays?
Non, vous avez raison, les orchestres sont maintenant comme beaucoup d’autres choses une partie d’un grand synthétiseur mondial. En revanche, ici ou là, on peut résister, ce que nous pratiquons à Luxembourg comme à La Chambre philharmonique, et je connais quelques bonnes maisons dans le monde qui résistent également.


Comment jugez-vous la situation, en termes de notoriété et de visibilité, de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg en Europe?
L’OPL est infiniment meilleur que sa réputation. J’espère qu’un jour elle sera à la hauteur de sa qualité et je lui souhaite un très bel avenir.


Le site de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg
Le site de La Chambre philharmonique

[Propos recueillis par Emmanuel Andrieu]

 

 

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