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Le mois du mélomane professionnel
11/01/2014




Dans ma chronique du 1er octobre, j’ai promis de vous parler de la production, à Gand, d’Elektra de Strauss. Chose promise, chose due. On dit que l’art est difficile et la critique aisée. Pas toujours. Je le sens en ce moment quand je dois dire tout le bien que j’ai pensé de cette soirée face aux mauvaises critiques de mes confrères, y compris dans ces colonnes. Oui, j’ai aimé. A commencer par la mise en scène qui me pose pourtant souvent de si grands problèmes. Le décor aussi, avec l’idée de la chambre d’enfant d’Elektra qui, sans rester plongée dans l’enfance, aurait suivi le chemin de sa sœur vers une vie normale malgré les événements tragiques. Que dire de l’excellence de la lecture de la partition, difficile par ailleurs, par Dmitri Jurowski à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Flandre? Très bonne Elektra de Caroline Whisnant et «effrayante» Klytämnestra de Renée Morloc. Voilà! J’ai dépassé la difficulté!


Deux événements pour le dernier jour du festival d’Ambronay.
Un concert offert aux enfants par l’ensemble Les Esprits animaux pour essayer de leur expliquer la musique baroque. Très réussi vu la réaction des enfants (et des adultes qui les accompagnaient, y compris moi-même). Des exemples tirés de Bodin de Boismortier, de Corrette et de Telemann, y compris son charmant Burlesque de Quixotte.
Le second, en l’abbatiale, consacré par le chœur et l’orchestre Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon à des cantates de la famille Bach sur le thème du «Combat de saint Michel». Excellente prestation avec une mention particulière pour un duetto alto-ténor chanté par Damien Guillon et Nick Pritchard. Bonne reprise du festival par Daniel Bizeray, qui prend bien la succession d’Alain Brunet. On attend l’automne 2015 avec impatience.


Déception, en revanche, au concert de l’Orchestre de Paris. Le jeune violoniste américain Chad Hoopes (né en 1994), technique parfaite et magnifique violon qui ne suffisent pas à insuffler l’âme ibérique qu’il faut pour bien jouer la Symphonie espagnole de Lalo. Peut-être que plus tard, avec la maturité, il comblera ce manque. Et que dire de cette Carmen-Suite que Rodion Chédrine a écrit pour sa femme danseuse. 45 minutes de souffrance. Dès le lendemain, je me suis rendu au Père Lachaise sur la tombe de Bizet pour lui demander de pardonner cette grave atteinte à son chef-d’œuvre.


Anna Fedorova est une pianiste ukrainienne dont l’interprétation du Deuxième Concerto de Rachmaninov sur YouTube a attiré près de 2 millions d’internautes. A l’Athénée, elle ne nous a pas bouleversés dans un programme Scarlatti, Brahms, Liszt et Chopin. Une chose qui m’a beaucoup plu: ayant «raté» la Sonate K. 20 de Scarlatti en début de concert (l’émotion probablement), elle l’a jouée en bis pour se rattraper et elle l’a bien jouée.


Enfin, nous avons reçu le second tome consacré par Jean-Michel Molkhou aux grands violonistes du XXe siècle. Quel travail abouti et intelligent! Un vrai plaisir pour les violonistes et, pourquoi pas, pour les autres.


Benjamin Duvshani

 

 

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