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Entretien avec P. Rophé
03/18/2013


Alors qu’il s’apprête à diriger à l’Opéra Comique la première du spectacle associant Le Secret de Suzanne et La Voix humaine, Pascal Rophé répond aux questions de ConcertoNet.



P. Rophé (© Benjamin Ealovega)


Quelles sont les deux œuvres que vous allez diriger cet après-midi?
Je dirige Le Secret de Suzanne de Wolf-Ferrari et La Voix humaine de Poulenc avec Anna Catarina Antonacci, Vittorio Prato et l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, dans une mise en scène de Ludovic Lagarde.


Ce sont des œuvres éloignées du répertoire contemporain où nous vous connaissons plus, comme Akhmatova de Bruno Mantovani que vous avez dirigé à l’Opéra de Paris en 2011.
Tout à fait, c’est d’ailleurs à dessein que j’ai accepté de diriger cette production. J’ai encore à Paris une image de «chef fin du XXe siècle» et j’aime à me présenter dans un répertoire où l’on ne m’attend pas. Je le fais d’ailleurs avec beaucoup de joie et de plaisir.


Est-ce type de répertoire que vous allez jouer à l’Orchestre national des Pays de la Loire (ONPL)? Est-il possible de jouer tout ce que l’on veut en dehors de Paris?
L’ONPL est un grand orchestre régional très actif dans son territoire. Il y a beaucoup d’abonnés et de partenaires culturels à qui je vais, dans un premier temps, ouvrir les portes de l’orchestre. J’entends par là, la danse, le théâtre, le cinéma, ... Je vais essayer d’établir des ponts avec tous ces acteurs. Quant à la programmation, je crois que le public, quel qu’il soit, est curieux et prêt à s’aventurer dans des territoires mal connus si nous savons le prendre par la main et lui donner des clés d’écoute.


On évoque beaucoup en France le besoin de réduire les dépenses. Des institutions comme l’ONPL sont-elles à la merci d’une diminution de leurs frais de fonctionnement?
Toutes les institutions culturelles risquent de faire face à une stabilisation de leurs budgets dans le meilleur des cas, voire une réduction. Au jour d’aujourd’hui, je crois savoir que le budget de l’ONPL est stable. Ensuite, tout dépendra de l’évolution de l’économie à une plus grande échelle. Nous, musiciens, devons prendre en compte la raréfaction de l’argent public qui nous fait vivre en majeure partie.


Il y a de nombreux ensembles qui, pour favoriser la création et contrôler les coûts, ont tendance à co-commander des œuvres. C’est le cas de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR), qui va créer en janvier prochain le Concerto pour violon «Aufgang» de Pascal Dusapin, que vous connaissez très bien. Est-ce que vous comptez faire de même?
Je compte absolument faire la même chose et retisser des liens entre l’ONPL et les grands réseaux européens de co-commandes.


Vous commencez à être très actif en Asie. C’est une partie du monde où la musique classique semble très active et très vivante. Est-ce que vous avez le même sentiment?
La plus active, je ne sais pas, mais la plus dynamique certainement. Il y a un réel engouement pour ce que l’on appelle chez nous la musique savante. Il se trouve par ailleurs que mon agent général est le bureau de Kajimoto, qui est japonais. J’ai donc des contacts naturels en Asie. Je travaille régulièrement avec l’Orchestre de la NHK à Tokyo et nous y partons avec l’ONPL pour la Folle journée fin avril. Nous ferons également une tournée en Chine au mois de septembre. C’est vrai qu’il y a une énergie et une grande demande dans cette région du monde; je continuerai d’y aller régulièrement ainsi que de nombreux autres chefs.


Vous évoquez cette extraordinaire institution qu’est la Folle journée. Est-ce que l’ONPL va encore plus s’en rapprocher?
Bien sûr, je connais bien René Martin au préalable et je suis déjà allé au Japon l’an dernier pour la Folle journée. C’est bien sur un des partenaires les plus importants de l’orchestre et je travaille avec lui pour que l’ONPL ait la place qu’il doit avoir dans ce magnifique projet qu’est la Folle journée.


Il me semble que vous et Philippe Auguin êtes les seuls chefs français à la tête d’ensembles français. Avez-vous un commentaire sur cet état de fait?
Il est vrai qu’à ce jour je me trouve être le seul Français (avec Jean-Claude Casadesus) à la tête d’un orchestre national. J’espère y voir un signal important et entrouvrir une porte; il y a bon nombre de chefs français de grand talent qui travaillent à un très haut niveau international et il me semblerait normal que notre pays puisse également profiter de leur expérience.


Il fut une époque où il n’y avait que Pierre Boulez comme chef français connu et actif à l’international. Il y a maintenant, en plus de vous, Bertrand de Billy, Stéphane Denève, Louis Langrée, Francois-Xavier Roth, Alain Altinoglu, ... toute une génération de talents.
Absolument, ainsi que je le disais précédemment, il y a de nombreux chefs qui ont entre 40 et 50 ans et qui font de très belles carrières. Je m’en réjouis et ce sont tous des camarades. Il ne faut quand même pas oublier qu’il y a eu avant nous de grands chefs comme Alain Lombard, Emmanuel Krivine, Michel Plasson, ... qui ont fait un travail extraordinaire. Je compte en tout cas inviter tous ces amis à l’ONPL, car j’estime qu’un orchestre de haut niveau doit pouvoir s’enrichir des meilleurs chefs possibles.


Dernière question, quand l’enregistrement d’œuvres modernes que vous avez fait avec l’OSR cet été doit-il sortir?
C’est en préparation. Nous avons enregistré avec l’OSR trois grandes œuvres du compositeur suisse William Blank, qui sont absolument magnifiques. J’ai été enchanté de ces sessions avec cet excellent orchestre que je connais bien et avec lequel j’ai toujours réalisé de très beaux projets.


[Propos recueillis par Antoine Leboyer]

 

 

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