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Entretien avec Henk Swinnen
02/26/2013


Henk Swinnen assure depuis début février la direction générale de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR). Ce Belge, hautboïste de formation, a exercé des fonctions équivalentes aux Pays-Bas auprès de l’Orchestre de chambre de la Radio, de l’Orchestre Philharmonique de la Radio et de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. Il nous reçoit pour évoquer son rôle, ses projets et ses premières impressions.



H. Swinnen


Quel est le rôle du directeur général d’un orchestre et comment travaille-t-il avec le directeur musical?
Je suis le responsable de la gestion complète de l’entreprise culturelle qu’est l’OSR. Je m’occupe un peu de tout mais, surtout, j’ai une vue générale et une vision sur le futur. Les responsabilités que j’ai sont autour du marketing, du sponsoring, de la communication mais aussi du domaine artistique. Je m’occupe également d’aspects administratifs et j’ai déjà commencé à introduire les outils les plus actuels utilisés par les équipes pour faciliter le travail des différentes branches. D’un point de vue artistique, nous avons un défi important devant nous. Monsieur Järvi a un contrat jusqu’en 2015. Une procédure sera rouverte pour chercher un successeur. Il faudra trouver quelqu’un qui combine de nombreuses qualités tant psychologiques que musicales ou administratives. Il nous faudra quelqu’un qui soit très présent et qui soit un vrai partenaire pour les musiciens et pour moi.


Les musiciens d’un certain niveau doivent déjà avoir des agendas déjà remplis pour 2015. Un orchestre comme celui de Boston se retrouve après trois saisons sans directeur musical après le départ de James Levine suite à ses problèmes de santé. Cela paraît incroyable et on peut même se demander si son niveau artistique ne pourrait pas être en danger. Y a-t-il un risque d’attendre et doit-on régler la question du futur directeur musical très rapidement?
Des institutions comme l’Orchestre symphonique de Boston ou l’OSR ont une telle qualité qu’elles ne perdront pas leur traditions ni leur réputation si elles se retrouvent sans directeur musical. Je crois qu’il faudra envisager au moins une saison sans directeur musical. Nous ne sommes pas pressés. Il faut surtout trouver la personne juste. Il y a eu dans le passé des situations où l’on n’a pas osé faire cela et où le directeur musical a été nommé “sous pression”. Je veux éviter ça.


Marek Janowski avait évoqué la difficulté que représente le fait que les musiciens partagent leur temps durant l’année sur une demi-saison symphonique et une autre au Grand Théâtre pour des prestations qui peuvent être assez lourdes. Une des raisons qui ont été évoquées sur le refus de Bertrand de Billy de prendre la tête de l’OSR était qu’il ne pouvait pas avoir la possibilité d’approuver qui allait diriger l’orchestre au Grand Théâtre. C’est une situation caractéristique de Genève et de sa taille. Que pensez-vous des défis et des opportunités que cela présente?
Cela présente avant tout des opportunités. Il va falloir revoir la convention avec le Grand Théâtre et prendre en compte une lettre de magistrat qui a été envoyée et qui parle d’un rapprochement de la gestion des deux institutions. Si nous délivrons 40% de notre activité à une institution unique, il est important de la faire profiter de l’expertise artistique qui se trouve dans notre maison. Ce sera important pour nous deux. Dans le cas où nous nous rapprochons, il sera indispensable que le théâtre soit impliqué également dans la nomination d’un directeur musical et artistique qui dans ma vision, devra passer assez de temps dans la fosse avec l’orchestre.


Ce qui était le cas de directeurs musicaux du passé comme Armin Jordan ou Horst Stein.
Et c’était une époque où l’orchestre était au plus haut niveau. Je crois que et le Théâtre et l’OSR profiteront tous deux d’une vision artistique partagée.


Il existe à Genève de nombreuses institutions à côté de l’OSR et du Théâtre: l’ensemble Contrechamps, l’Orchestre de chambre de Genève , ... N’y en a-t-il pas trop pour une région de cette taille et ne pourrait-on pas harmoniser encore plus les missions?
Non, à mon avis, il faut des profils et des identités bien différenciés et transparents. L’ensemble Contrechamps se consacre à la musique contemporaine. C’est un public en soi. L’Orchestre de chambre de Genève a aussi ses propres supporters avec une identité et un profil qui n’a que peu de choses à voir avec ce que nous faisons. L’OSR, c’est la grande phalange. Nous jouons les grandes œuvres symphoniques et les grands opéras. Chaque ensemble a sa place dans cette société. Et je vois qu’il y a plein d’initiatives culturelles comme le Wagner Geneva Festival qui vient de se présenter.


Vous ne participez pas à ce Festival?
Non, mais nous soutenons pleinement ce festival qui a tout à fait sa place dans cette année Wagner. Je dois complimenter cette équipe qui a établi un programme multidisciplinaire très original.


On pourra y entendre une création de Michael Jarrell, la visite de l’Ensemble intercontemporain dans un programme très intelligent.
C’est un excellent exemple d’un festival à Genève. J’espère que nous pourrons en faire un avec l’OSR et je pense vraiment que chaque institution musicale ici a un profil très prononcé et sa propre place.


Je voudrais finir par évoquer un sujet qui a souvent été mentionné sur ConcertoNet. Le Victoria Hall est bien situé dans la ville. La salle a beaucoup de charme et de qualités. Elle souffre quand même d’être assez étroite. Il arrive que musiciens et publics ne puissent pas entendre parfaitement. Il n’y a qu’à deux reprises depuis les cinq dernières que j’ai vu utiliser les rideaux latéraux qui permettent de donner plus d’espace aux pupitres, d’améliorer le son et de permette plus d’échanges entre les musiciens. N’y a-t-il pas de travail également à faire avec le Victoria Hall en tant qu’institution?
C’est certainement une voie à explorer. J’ai plusieurs idées là-dessus que je dois d’abord évoquer avec les musiciens. Il y a du chemin à faire pour améliorer encore la qualité du son. Il serait par exemple possible de changer la disposition de l’orchestre. Je suis favorable à une disposition à la viennoise avec les contrebasses derrière les premiers violons et les seconds violons en face. J’ai entendu ainsi d’autres ensembles qui sont venus à Victoria Hall avec des résultats très satisfaisants. Mais ce sera certainement un thème et un défi de travailler sur ce point pour avancer. Comme je suis là depuis juste trois semaines, il me faudra le temps pour bien analyser ce sujet avant de faire des démarches définitives.


C’est effectivement court. Merci d’autant plus d’avoir reçu ConcertoNet et nous espérons d’ici quelques mois pouvoir faire le point avec vous.


[Propos recueillis par Antoine Leboyer]

 

 

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