About us / Contact

The Classical Music Network

Editorials

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

CD, DVD et livres: l’actualité de novembre
11/15/2012



Les chroniques du mois




 Must de ConcertoNet


    Nikolaï Lugansky dans Rachmaninov




 Sélectionnés par la rédaction


    Philippe Herreweghe dirige Schubert


    Patrick Messina interprète Mozart




 Oui!

Les Avatars du piano de Ziad Kreidy
Musique anglaise par le duo de violons Retorica
Les Fine Arts interprètent Kreisler, Ysaÿe et Zimbalist
Marek Janowski dirige Bruckner
La Ville morte au Deutsche Oper (1983)
Guy Van Waas dirige La Mort d’Abel de R. Kreutzer
Jos van Immerseel dirige Schubert
Le Trio Wanderer interprète Beethoven
Danielle Laval interprète Clementi
Musique de Jean Françaix pour instruments à vent
Médée de Cherubini à La Monnaie
Nikita Boriso-Glebsky interprète Lalo
Tempus Perfectum consacré à Massenet
Le Journal de Théodore Dubois
Geoffroy Jourdain dirige Schumann
Le Quatuor Danel interprète Debussy
Colin Davis dirige Nielsen
Valery Gergiev dirige Rachmaninov et Stravinski
Racha Arodaky interprète Scarlatti
Six œuvres de Denis Levaillant
Bart Vanoosthuyse interprète Corigliano et Carter
Daniel Myssyk dirige Dvorák et Suk




 Pourquoi pas ?

E.-F. Lühl-Dolgorukiy arrange et interprète Mahler
Deux œuvres de François Sarhan
Le Quatuor Alcan interprète Gould et MacMillan
Le Quatuor Pellegrini interprète Schnabel
G. Schmalfuss dirige Cartellieri
Le Quatuor Sendrez
Mykola Hobdych dirige Silvestrov
Tõnu Kaljuste dirige Pärt
Marc Minkowski dirige Schubert
Irmina Trynkos interprète Waghalter
Jos van Immerseel dirige Debussy
Roger Norrington et Sylvain Cambreling dirigent Berlioz
Le Quatuor Hermès interprète Haydn et Beethoven
Christian Arming dirige Franck
Marin Alsop dirige Bartók




Pas la peine
Bruno Weil dirige Beethoven et Mendelssohn
Ferdinand Leitner dirige Orff
Emmanuel Rossfelder interprète Rodrigo
Valery Gergiev dirige Tchaïkovski
Jos van Immerseel dirige J. Strauss




Hélas !
Valery Afanassiev interprète Schubert







L’entretien du mois



Le Trio Wanderer







Le match du mois


         
Symphonies de Schubert: Herreweghe, van Immerseel ou Minkowski?





En bref


Une Médée pour le théâtre
Nikita Boriso-Glebsky: à suivre
Le Quatuor Melos au sommet de son art
Sérénades tchèques au Canada
«J’assiste à ma mort de mon vivant»
Outhere rembobine son catalogue
Paysages et contes de Denis Levaillant
Seulement deux concertos pour clarinette américains
Franck célébré dans sa ville natale
Gergiev et les émigrés russes
Le Rodrigo bien sage de Rossfelder
Le romantisme bien tempéré de Tafelmusik
Le Quatuor Danel autour de Debussy
Retour d’une messe oubliée de Schumann
Une bonne image de l’orchestre debussyste
Le gai Françaix
Bartók chez Naxos, de Bournemouth à Baltimore
Connaissez-vous Waghalter?
Le Quatuor Hermès sous l’égide du Quatuor Ysaÿe
Tchaïkovski-Gergiev: une rencontre décevante
Danielle Laval au Parnasse de Clementi
Leitner ne fait pas triompher Orff
Pour en savoir plus sur le dernier Massenet
Berlioz qui pleure et Berlioz qui rit
Colin Davis et Nielsen: deuxième étape





Une Médée pour le théâtre





La Médée de Cherubini (re)vue par Krzysztof Warlikowski sera reprise au Théâtre des Champs-Elysées du 10 au 16 décembre prochain. C’est le moment que BelAir choisit pour éditer la captation de cette production réalisée en septembre 2011 par Stéphane Metge à La Monnaie, où elle avait été créée en avril 2008. Avec son inséparable complice Malgorzata Szczesniak pour les décors et costumes, le metteur en scène polonais, qui faisait alors ses débuts à Bruxelles, a de nouveau conçu un spectacle méritant d’être apprécié bien au-delà de ses provocations sulfureuses et de son penchant coutumier pour le trivial et le sordide. Si la «modernisation» (et la sonorisation, enlaidissant les chanteurs de micros miniatures) des dialogues parlés n’était peut-être pas indispensable, Warlikowski confirme avant tout ses exceptionnelles qualités d’homme de théâtre, tant dans sa réflexion et son actualisation du mythe que dans sa direction d’acteurs. Ce sont d’ailleurs des talents de comédiens davantage que de chanteurs, pour la plupart handicapés par une prononciation rendant sans doute utile le sous-titrage français, qu’on appréciera dans la distribution: sensiblement différente de celle qui sera présentée avenue Montaigne, hormis la Médée alcoolique et tatouée de Nadja Michael et le Créon veule et grotesque de Vincent Le Texier, elle est accompagnée avec vigueur et conviction par Les Talens lyriques de Christophe Rousset (BAC076 ou Blu-ray BAC476). SC




Nikita Boriso-Glebsky: à suivre





Dans le cadre d’un partenariat avec la Chapelle musicale Reine Elisabeth, Fuga Libera met en valeur les jeunes musiciens qui s’y perfectionnent. Ce disque consacré à Lalo obéit au même principe que celui paru l’an dernier et dans lequel Hrachya Avanesyan interprète Dvorák – même orchestre (Sinfonia Varsovia), même chef (Augustin Dumay, maître en résidence à la Chapelle) – sauf que l’Arménien n’a pas (encore) remporté de prix au Concours Reine Elisabeth au contraire de Nikita Boriso-Glebsky (voir ici). Le programme mêle le connu et le méconnu: le violoniste livre une interprétation quasiment irréprochable (à l’exception du Rondo, trop mesuré) de la Symphonie espagnole et, aux côtés de Jean-Philippe Collard, s’engage en faveur de la Sonate à laquelle il confère du relief et de la couleur. Les brefs Arlequin et Guitare pour violon et piano constituent de ravissants suppléments. Sonorité séduisante, émission homogène, ligne claire, discours ferme et structuré: les qualités abondent chez ce violoniste de grande valeur qui a ce petit quelque chose en plus qui fait toute la différence. Selon l’expression consacrée dans de tels cas: à suivre (FUG 594). SF




Le Quatuor Melos au sommet de son art





Le Quatuor Melos, dont le nom résultait de la contraction des patronymes de son benjamin, le premier violon Wilhelm Melcher, et des frères Gerhard et Hermann Voss, respectivement au second violon et à l’alto, le violoncelliste Peter Buck complétant l’ensemble, demeure notamment renommé pour son intégrale Schubert réalisée entre 1971 et 1975 chez Deutsche Grammophon mais n’en est pas moins déjà un peu oublié. Il n’a pourtant cessé son activité que voici seulement sept ans, frappé par le décès de Melcher alors qu’il préparait une tournée d’adieux. La composition de la formation stuttgartoise, fondée en 1965 par quatre musiciens issus des orchestres de chambre de Heilbronn et Stuttgart, était restée inchangée jusqu’en 1993, lorsque l’Américaine Ida Bieler en devint le second violon. Dans sa collection de concerts de musique de chambre du festival de Schwetzingen, où l’on trouve aussi un bel album consacré au Quatuor Amadeus, hänssler CLASSIC présente un programme donné deux ans plus tard, le 9 mai 1979, par le Quatuor Melos au sommet de son art, sous réserve de petites scories techniques, pour sa troisième apparition à l’affiche de la manifestation badoise. On n’aborde sans doute plus le Quatuor opus 76 n° 5 de Haydn de la sorte, mais que le résultat est vivant, que la pâte sonore est goûteuse, que cette musique prend corps de façon convaincante quand on renonce à la jouer précautionneusement, du bout d’un archet pusillanime! Deux ans plus tôt, les Melos avaient créé le Quatrième (1975) et dernier des Quatuors de Wolfgang Fortner (1907-1987), œuvre concise (quatre mouvements d’une durée de 17 minutes), dense et tragique, qui paraîtrait sans doute austère si elle était confiée à d’autres, mais qui éclate ici de vigueur et d’engagement. Pour conclure, ils insufflent un magnifique élan au Quatuor de Ravel, qu’ils avaient «officiellement» enregistré la même année pour Deutsche Grammophon (93.716). SC




Sérénades tchèques au Canada





L’orchestre à cordes est la formation qui convint à Dvorák pour la version définitive de la Sérénade opus 22 et du Nocturne opus 40, les deux essentiellement de 1875. Quand il encouragea son élève (et futur gendre) Josef Suk à tenter une œuvre moins sombre que ses premières, ce fut aussi pour les cordes que celui-ci composa sa propre Sérénade opus 6 (1892). Réunies ici sous le titre «Sérénades tchèques», les trois partitions, de modeste ambition, ont en commun une respiration ample, un souffle généreux, de poétiques traits intimes et une fragrance tchèque. S’y ajoute, comme l’écrit Erismann, «un charme qui ne s’est pas émoussé avec le temps». Le charme n’a pas échappé au directeur musical et chef fondateur du jeune orchestre de chambre Appassionata, Daniel Myssyk, qui les réunit dans un même programme tout à fait séduisant. Si l’on peut lui reprocher certaines attaques ou fins de phrases trop marquées surtout pour Suk, il dirige la phalange canadienne avec la netteté énergique ou la douceur appropriée, son élan lyrique loin de tout excès de langueur romantique. Attentif aux rythmes et aux textures changeantes, il soigne le détail du relief orchestral, les musiciens concentrés et tout à son écoute. La présence et le bel équilibre spectral d’une prise de son d’une exceptionnelle transparence révèlent toute l’expertise des techniciens audiophiles de Fidelio Musique (FACD-036). CL




«J’assiste à ma mort de mon vivant»





A peine a-t-il achevé les Souvenirs de ma vie (publiés il y a quatre ans par Symétrie) que Théodore Dubois (1837-1924) entame son Journal qu’il alimentera régulièrement du 24 août 1912 au 21 décembre 1923. Préfacé, introduit et annoté par Charlotte Segond-Genovesi et Alexandre Dratwicki, il montre à quel point le compositeur conserve un esprit en éveil et une plume assurée au crépuscule de son existence. L’ancien directeur du Conservatoire de Paris évoque essentiellement son métier et la vie musicale, sans renier ses principes et réfréner ses opinions, parfois insupportablement rétrogrades, jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale éclate: à partir de ce moment-là, la musique occupe une place anecdotique. Durant ces longues années, vécues dans l’angoisse, l’attente et l’inconfort, il retrace le déroulement du conflit, comme s’il suivait le positionnement des troupes sur une carte, évoque le contexte politique et analyse les implications économiques et sociales de ces événements dramatiques – rien que pour cela, ce témoignage a du poids pour ceux qui s’intéressent à cette période de l’Histoire. Après l’Armistice, la musique reprend une place plus importante, mais les conséquences du conflit préoccupent sérieusement l’auteur, qui observe et commente avec lucidité ce qui se trame outre-Rhin. Comme il le pressentait, les «Boches» se vengeront bel et bien et, comme bien d’autres contemporains, l’opinion de Dubois sur cette nation change radicalement: raisonnablement estimée d’abord, radicalement détestée ensuite. Après avoir vécu la Belle Epoque, le musicien subit les Années folles: selon lui, la société s’engage dans une coupable direction et la musique de l’époque – celle du Groupe des Six par exemple – suscite en lui plus que de l’indifférence: de l’incompréhension voire du mépris. Dubois constate également avec impuissance que sa musique n’intéresse plus guère ses contemporains, mais il espère que le futur lui rendra justice. Distingué et réservé, il évite de trop ouvrir son cœur, comme si l’homme, longtemps en charge de fonctions officielles, entendait coûte que coûte préserver sa stature. Mais lorsqu’il s’inquiète pour son «cher Rosnay», où se situe sa maison familiale gravement endommagée durant les combats, évoque avec tendresse sa petite-fille, Jacqueline, et témoigne douloureusement mais pudiquement du décès de son épouse, c’est un homme sincère et touchant qui s’exprime. SF




Outhere rembobine son catalogue


        


Sous l’appellation Rewind («rembobinage»), Outhere distribue une nouvelle marque – semi-économique (la pochette se contente d’indiquer où la notice peut être téléchargée mais les liens ne fonctionnent pas même si l’on finit par trouver le document sur le site...) – afin de valoriser le riche catalogue du nombre croissant d’éditeurs qu’il a fédérés au fil des années dans le domaine «classique» (aeon, Alpha, Fuga Libera, Phi, Ramée, Ricercar et Zig-Zag Territoires). Pour les onze premiers titres, le choix est vaste, de Bach par Foccroulle jusqu’à Tharaud dans Kagel, mais plutôt que le (Johann) Strauss d’Anima Eterna Bruges et Jos van Immerseel (1999), évidemment intéressant mais modérément idiomatique (même dans les... Images de la mer du Nord) et, surtout, manquant de pétillant aussi bien que de souplesse (REW 505), on préférera par exemple les dix-huit sonates de Scarlatti par Racha Arodaky (2005), d’une tenue technique et artistique exemplaire (REW 507). SC




Paysages et contes de Denis Levaillant





Denis Levaillant (né en 1952) fête ses 60 ans avec faste: un double album sous la forme d’un beau livre intitulé «Paysages de conte», introduit par Gérard Condé et enrichi de reproductions de neuf peintures de David Chambard (né en 1950). Pianiste et compositeur mais aussi philosophe, écrivain et pédagogue (voir ici), voilà une personnalité protéiforme et libre dont l’éclectisme ne surprendra donc pas et qui ne s’interdit pas un mouvement lent en bémol au centre de son concerto pour piano Echo de Narcisse (1996), par ailleurs d’une «irréprochable» modernité. De fait, les six œuvres formant cette anthologie d’enregistrements pour la plupart réalisés en public sont dédiées chacune à la mémoire d’un grand ancien – Mozart, Liszt, Rimski-Korsakov, Ravel, Varèse, Ligeti – et n’hésitent pas à recourir, dans un but expressif et dramatique, à une palette très variée de styles et de climats. D’où la réussite indéniable, dans les limites esthétiques inhérentes au sujet et, on l’imagine, à la commande de l’Opéra national de Paris, de la Suite tirée de son ballet La Petite Danseuse (2002). C’est également par une Suite de six extraits qu’on découvre ses évocations intensément poétiques pour le film muet La Femme sur la Lune (1995) de Fritz Lang, où un octuor, étendu par traitement électronique en temps réel, se mue à l’occasion en orchestre. La recherche sur les sonorités et la verve rythmique caractérisent ces partitions qui puisent aussi bien dans le jazz que dans les traditions africaines ou l’électroacoustique tout en conservant un souci bien français de la couleur: ainsi des Paysages de conte (1998), cinq miniatures destinées à la série «Alla Breve» de France Musique et «début d’un projet de grand opéra fantasmagorique inspiré des contes de Perrault» avec l’écrivain Orlando de Rudder. Fasciné par le timbre, Levaillant trouve dans le travail en studio un prolongement «extrêmement fécond» qui convient visiblement à son tempérament créateur: il a ainsi sélectionné des sons dans Les Couleurs de la parole (1991), «cinematic symphony» en trois fois trois brèves parties, pour les échantillonner, les traiter et les mixer en une autre et plus vaste «cinematic symphony» en six mouvements intitulée Drama Symphony (1995): suggérant houles, cataclysmes et autres cauchemars cinématographiques, la profusion de timbres et d’effets est assurément démesurée et spectaculaire mais nullement gratuite (DLM éditions DLM 2512). SC




Seulement deux concertos pour clarinette américains





Ce disque paru chez aeon réunit le Concerto pour clarinette (1977) de John Corigliano (né en 1938) et celui, plus tardif (1996), d’Elliott Carter, décédé le 5 novembre dernier à l’âge de 103 ans: intéressante confrontation puisque, hormis que leurs auteurs soient tous deux nés à New York (d’où le choix de la photographie en couverture), ces deux œuvres partagent peu de points communs. Le premier est «orchestral», foisonnant et immédiatement accessible tandis que le second privilégie une approche «chambriste» et repose sur une écriture plus concise et cérébrale, proche en cela de Webern et Stravinsky – rien d’étonnant à ce que la création en ait été confiée à l’Ensemble intercontemporain et Pierre Boulez (Alain Damiens en soliste). Consciencieusement dirigé par Paul Meyer (lui aussi clarinettiste), le Brussels Philharmonic apporte un soutien remarquable à un des siens, l’excellent Bart Vanoosthuyse. Le minutage bien peu généreux (50 minutes) est regrettable : le Concerto pour clarinette de Copland, également new-yorkais, aurait constitué un complément légitime et logique (AECD1230). SF




Franck célébré dans sa ville natale





L’Orchestre philharmonique royal de Liège consacre son premier disque avec le chef autrichien Christian Arming (né en 1971), directeur musical depuis septembre 2011, à César Franck, l’enfant de la cité ardente. L’ardeur, c’est ce qui manque sans doute le plus à une Symphonie en ré mineur allégée, très travaillée, délicatement ouvragée et d’une grande subtilité instrumentale. L’intérêt de cet album au très généreux minutage réside donc davantage dans les deux raretés qui viennent en complément: le jeune Franck aux origines du poème symphonique, dans le vaste et ample Ce qu’on entend sur la montagne (1846), antérieur à celui de Liszt, et le vieux Franck compositeur pour la scène, avec le «ballet allégorique» tiré de Hulda (1885), opéra en quatre actes et un épilogue d’après une pièce de Bjørnson dont la création, partielle comme intégrale, ne fut que posthume et où le «Pater seraphicus» fait preuve d’une grâce et d’une verve inattendues (Fuga Libera FUG596). SC




Gergiev et les émigrés russes





Couplage plus géographique et chronologique qu’esthétique pour cette nouvelle parution chez LSO Live, enregistrée en public voici plus de trois ans: Valery Gergiev associe en effet deux œuvres quasi contemporaines de compositeurs russes émigrés aux Etats-Unis (et où le piano, une fois n’est pas coutume, contribue à la palette orchestrale). Il exalte la dimension spectaculaire et la force expressive des Danses symphoniques de Rachmaninov: parfois, le trait est certes grossi et la pâte orchestrale un peu épaisse, mais on reconnaît bien sa signature dans une direction volontiers électrique et survoltée. Dans la Symphonie en trois mouvements, le chef russe prolonge le succès d’un précédent disque Stravinski (voir ici): à la tête d’un Symphonique de Londres conforme à sa réputation de ductilité, il en donne une interprétation vigoureuse, tranchante et colorée, totalement insensible aux sirènes néoclassiques, tant à leur complaisance qu’à leur froideur (LSO0688). SC




Le Rodrigo bien sage de Rossfelder





Le plus en vue des guitaristes français de sa génération, Emmanuel Rossfelder (né en 1973), se devait évidemment d’enregistrer les partitions concertantes de Joaquín Rodrigo. Il s’en tient aux deux plus célèbres, le Concerto d’Aranjuez (1939) et la Fantaisie pour un gentilhomme dans un album bien court (45 minutes), qui aurait gagné à être complété par le Concerto pour une fête ou même par l’adaptation pour guitare des Sons dans la Giralda. La perfection technique et sonore du soliste pourra en fin de compte apparaître bien lisse, mais elle convainc davantage que l’accompagnement décevant de l’Orchestre d’Auvergne, renforcé par d’illustres souffleurs (Alexis Kossenko, David Walter, Patrick Vilaire, ...), et de son actuel chef invité permanent (et ancien directeur musical) Arie van Beek, dont le néoclassicisme suave et indolent manque trop souvent de mordant (Loreley LY050). SC




Le romantisme bien tempéré de Tafelmusik





Suivant l’exemple donné par bon nombre de formations sur instruments anciens, l’Orchestre baroque Tafelmusik s’est mis à l’heure romantique, à l’image de cet album publié sous sa propre étiquette (lancée en janvier dernier) et associant, sous la direction de son premier chef invité Bruno Weil (né en 1949), deux piliers du répertoire symphonique. Avec la Troisième «Héroïque», l’ensemble canadien semble reprendre une intégrale des Symphonies de Beethoven entamée chez Analekta il y a quelques années mais interrompue après la parution des quatre premières (Cinquième à Huitième): le résultat, équilibré et réfléchi, n’est pas malhonnête, mais singulièrement et paradoxalement sage et banal au regard de ce que certains chefs et orchestres «traditionnels» réalisent aujourd’hui. De même, le chef allemand n’exalte que la dimension classique de la Quatrième «Italienne» de Mendelssohn, stylistiquement juste, pour peu que l’on soit convaincu de la pertinence des instruments anciens dans ce répertoire, mais trop souvent dépourvue de saveur et d’élan (Tafelmusik Media TMK1019CD). SC




Le Quatuor Danel autour de Debussy





Si Debussy est déjà bien servi par le disque cette année, cent cinquantième de sa naissance, à quelle avalanche faut-il s’attendre pour 2018, qui marquera le centenaire de sa mort? Le Quatuor Danel revient chez Fuga Libera après avoir bouclé son intégrale des Quatuors de Weinberg chez cpo. Les musiciens livrent une interprétation volontaire, cursive voire nerveuse du Quatuor. Si le propos est rigoureusement structuré, la sonorité manque d’onctuosité, à moins que ce ne soit intentionnel. Cette lecture rude et engagée aura ses adeptes. Le disque présente par ailleurs un intérêt documentaire puisqu’il invite à comparer la version pour piano (par Daniel Blumenthal) avec l’originale pour harpe chromatique (Francette Bartholomée) des Danses profane et sacrée. Composé à la sortie de l’adolescence mais créé à la fin du XXe siècle, le Trio pour violon, violoncelle et piano dénote un talent peu commun et mérite plus que de l’indulgence, surtout que l’interprétation de Marc Danel, Guy Danel et Daniel Blumenthal le met remarquablement en valeur. Michel Stockhem a rédigé une notice documentée et spirituelle, comme d’habitude (FUG 595). SF




Retour d’une messe oubliée de Schumann





Que connaît-on du dernier Schumann, ayant quitté Dresde fin 1850 pour un poste de Generalmusikdirektor à Düsseldorf, sur les rives de ce Rhin dans lequel, en proie à la folie, il se jeta en février 1854? La Troisième Symphonie et le Concerto pour violoncelle, bien sûr, sans doute aussi quelques pages chambristes et les Scènes de «Faust», mais beaucoup de ces trente ou quarante derniers opus écrits en moins de quatre ans restent dans l’ombre: sait-on par exemple qu’il existe un Requiem? Quant à la Missa sacra en ut mineur (1852/1853), autre contribution de ce luthérien à la liturgie catholique, elle est encore plus rare dans sa version originale avec orchestre que dans celle pour chœur et orgue réalisée par Schumann lui-même. Voilà qui rend particulièrement intéressante l’initiative de Geoffroy Jourdain et de ses Cris de Paris avec un ensemble ad hoc sur instruments d’époque, éclairée par une remarquable notice de Brigitte François-Sappey. De vastes proportions (40 minutes), l’œuvre se conforme au découpage traditionnel en cinq parties mais comprend en outre un bref Offertoire (le motet Tota pulchra es), inséré en 1853 et chanté ici par Marianne Crebassa, avant le grand Sanctus (11 minutes) qui renferme lui-même un O salutaris. Les textures sombres et les tournures parfois académiques du dernier Schumann se conjuguent à un style volontiers contrapuntique et archaïsant (Palestrina, Bach – les quatre notes tirées de son nom irriguent la partition – et Mozart). S’il ne tenait pas cette Messe en haute estime, Brahms ne peut pas ne pas l’avoir eue à l’esprit, car elle fut publiée par Clara à titre posthume alors qu’il travaillait déjà à son Requiem allemand. Dans ces pages où les interventions solistes sont très circonscrites et où le chœur tient donc le premier rôle, Jourdain, disciple de Laurence Equilbey, cultive le «son accentus» avec ses jeunes chanteurs: une pureté intense, dépourvue d’aspérités, détachée de ce monde, qui réussit peut-être encore plus au complément de programme, les guère plus connus mais non moins magnifiques Quatre Chants opus 141 pour double chœur, également posthumes, sur trois poèmes de Rückert et un poème de Goethe (Aparté AP044). SC




Une bonne image de l’orchestre debussyste





Encore Debussy, cette fois par Anima Eterna. L’orchestre utilise des cordes en boyau et recourt à des vents, des percussions, des harpes et un célesta de facture française et contemporains du compositeur: ni rêche, ni acide, la sonorité est pleine et agréable mais pas toujours d’une grande onctuosité. Sans se montrer transcendants, les musiciens s’impliquent et jouent avec précision tandis que Jos van Immerseel dose les couleurs, arrondit les angles et restitue correctement la sensualité de la musique. Si le Prélude à l’après-midi d’un faune traîne un peu et suscite une relative indifférence, La Mer s’avère dans l’ensemble remarquable, malgré quelques ralentissements inopportuns, tandis que les Images s’approchent de l’idéal, en particulier Iberia, dont le chef traduit adroitement le caractère hispanique. Ce disque trouvera difficilement sa place au sein d’une discographie extrêmement encombrée mais, dans la rubrique «historiquement informé», il tient la route et présente une bonne image de l’orchestre (Zig-Zag Territoires ZZT 313). SF




Le gai Françaix





Indésens! n’oublie pas de célébrer lecentenaire de Jean Françaix (1912-1997): après un coffret consacré à sa musique de chambre, le label fondé par Benoît d’Hau publie une petite anthologie de sa musique pour instruments à vent – l’un n’exclut d’ailleurs pas l’autre, puisque doublonnent le Divertissement pour basson et quintette à cordes (1942), même si ce dernier est cette fois-ci dénommé «divertimento», et le Thème et variations (1974) pour clarinette et piano. La pièce la plus développée de ce nouveau programme en est en même temps le joyau, puisqu’il s’agit de la réédition de l’enregistrement du merveilleux Concerto pour clarinette (1967) réalisé en 1992 par Philippe Cuper sous la direction du compositeur et autrefois paru chez Adda. Gravitent autour deux œuvres pour trompette (toutes deux datées de 1975) – Le gai Paris (avec nonette à vents) , qui donne son titre à l’album, et la Sonatine (avec piano) – que fait pétiller Eric Aubier, le bref Divertimento pour flûte et piano (1953), où l’on retrouve le toujours exceptionnel Vincent Lucas, et les non moins concises Cinq Danses exotiques pour saxophone (alto) et piano (1957/1961), dont l’humour à la Milhaud est mis en valeur par Nicolas Prost. Un disque hautement recommandable malgré une petite erreur dans la description des plages au verso de la pochette et un regret: alors que 2012 s’achève, c’est encore le versant léger de Françaix qui est mis à l’honneur, laissant encore et toujours dans l’ombre ses partitions plus «sérieuses» (INDE045). SC




Bartók chez Naxos, de Bournemouth à Baltimore





Après trois volumes avec l’Orchestre de Bournemouth, Marin Alsop poursuit son cycle Bartók à la tête de l’Orchestre symphonique de Baltimore avec un programme engageant consacré à deux incontournables, le Concerto pour orchestre et la Musique pour cordes, percussion et célesta. Marin Alsop est directeur musical de l’orchestre depuis 2007 et, de toute évidence, elle a su créer le climat de confiance nécessaire pour venir à bout de la mise en place délicate qu’exigent les deux œuvres sans sacrifier l’élan vital que les caractérisent. Toutefois, devant l’excellence des nombreuses interprétations encore disponibles, s’y attaquer est une gageure et surpasser une impossibilité. Marin Alsop est Américaine, autrefois élève de Bernstein, et sa direction en porte la marque indélébile. Les rythmes de la Musique, très marqués, plus syncopés qu’à l’ordinaire, détendent le climat dès l’Andante initial qui en perd de sa poésie, et accentuent l’exubérance des deux mouvements vifs, le finale un éclat de lumière sans ombre, proche de la joie. L’exquis Adagio y cède une partie de son mystère et l’effet de «la soie qui se déchire» ou du «halo crissant et moiré» qu’entendaient respectivement Messiaen et Boulez se transforme en un souffle exotique et chaud. L’énergie est phénoménale et les couleurs orchestrales restent un régal comme en témoigne le Concerto, riche, dramatique, nuancé, le climat enfin plus hongrois qu‘américain et plus proche du souhait du compositeur dans le respect «de la transition graduelle de l’austérité du premier mouvement vers l’affirmation vitale du dernier». Le troisième mouvement (Elegia) est magnifique (Naxos 8.572486). CL




Connaissez-vous Waghalter?





Ignatz Waghalter (1881-1949): il n’y que Naxos, ou presque, pour oser s’intéresser à de tels oubliés de l’histoire de la musique. Juif polonais né à Varsovie, il s’établit très tôt à Berlin où, après des études avec Gernsheim, il mena une carrière de chef d’orchestre, devenant notamment le premier directeur musical de l’Opéra allemand (1912-1923). Auteur de cinq opéras, d’opérettes et de musiques de film (pour la mythique Ufa), il occupa brièvement des fonctions à New York et à Riga, mais fut contraint de quitter l’Allemagne pour la Tchécoslovaquie, puis l’Autriche et les Etats-Unis, où il échoua dans sa tentative de former un orchestre classique de musiciens noirs et finit ses jours dans l’anonymat. Né dix jours avant Bartók et mort presque exactement un an avant Weill – les rencontra-t-il dans leur commun exil new-yorkais? – Waghalter, pour prendre comme points de repère deux figures germaniques de l’époque, entretient bon nombre d’affinités avec Bruch mais aucune avec Schönberg. Sa Rhapsodie (1906) comme son Concerto pour violon en la majeur (1911), écrits pour son frère cadet Wladislaw (1885-1940) et tous deux ici en première mondiale, frappent moins par leur originalité que par leur veine mélodique, qualité que ses contemporains avaient également relevée dans ses œuvres lyriques. Malgré une sonorité parfois peu agréable, Irmina Trynkos, rend justice à cette générosité, bien accompagnée par l’Orchestre philharmonique royal et Alexander Walker. La violoniste gréco-polonaise, dont l’intérêt pour le compositeur est venu d’une rencontre avec son petit-fils en 2009, présente en outre avec le pianiste géorgien Giorgi Latsabidze un charmant diptyque de pièces de genre (Aveu et Idylle) ainsi que la Sonate en fa mineur (1902), déjà enregistrée il y a quelques années par Lilian Scheirich et Mary Siciliano (DWG Music): ayant valu au tout jeune Waghalter le prestigieux prix Mendelssohn, cette sonate peut difficilement dissimuler, comme celle du non moins jeune Strauss, son ascendance schumannienne (8.572809). SC




Le Quatuor Hermès sous l’égide du Quatuor Ysaÿe





Nascor survivra-t-il à son parrain, le Quatuor Ysaÿe, qui vient d’annoncer son intention de mettre fin à sa carrière en janvier 2014? Il serait dommage que l’éditeur cesse ses activités, lui qui a déjà permis de faire découvrir les quatuors Modigliani et Ardeo mais aussi le pianiste Alberto Nosè, la violoniste Fanny Clamagirand et le violoncelliste István Várdai. Voici désormais le Quatuor Hermès, qui, fondé en 2008 Conservatoire de Lyon, s’est ensuite perfectionné avec des quartettistes aussi prestigieux que Miguel da Silva, Valentin Erben, Hatto Beyerle, Walter Levin, Eberhard Feltz et Arnold Steinhardt, et travaille aujourd’hui avec les quatuors Artemis et Ysaÿe. Premier prix aux concours de Lyon (2009) puis (ex æquo) de Genève (2011), les jeunes musiciens se lancent pour leur premier album dans un programme difficile, éclairé par une notice évidemment remarquable de Bernard Fournier. Plus soucieux de rigueur et de logique du discours que de séduction sonore, ils s’élèvent à la hauteur des défis posés par l’Opus 20 n° 5 de Haydn, où l’on entend en outre la leçon des interprétations sur «instruments anciens» mais où, à force d’ascèse archaïsante, l’expression paraît un peu trop surveillée et corsetée. Il y davantage d’élan, mais non moins de finesse, dans le radieux Douzième Quatuor de Beethoven, où il est tentant d’entendre dans le Quatuor Hermès un talentueux héritier stylistique de ses mentors du Quatuor Ysaÿe (NS10). SC




Tchaïkovski-Gergiev: une rencontre décevante





Si c’est avec l’Orchestre du Mariinsky que Valery Gergiev a donné de par le monde les Symphonies de Tchaïkovski, notamment à Paris début 2010 et, pour les trois dernières, les a enregistrées en vidéo (chez Mariinsky), il a choisi, pour cet album de deux disques consacré aux trois premières, son autre orchestre, le Symphonique de Londres, capté en public au premier semestre 2011 au Barbican et à Zurich. Mais c’est hélas le Gergiev des mauvais jours, avec un sens du détail intéressant mais trop maniéré, un rubato parfois infernal, une direction languide au point de manquer de tonus et de ne réserver que de trop rares éclats (Finale de la Deuxième), le résultat paraissant globalement le moins décevant dans la Troisième «Polonaise», servie en outre par une meilleure prise de son (LSO Live LSO0710). SC




Danielle Laval au Parnasse de Clementi





D’autres intégrales des trois volumes du Gradus ad Parnassum (1817, 1819 et 1826) de Muzio Clementi (1752-1832) sont désormais (plus ou moins) disponibles – dix pianistes italiens (Arts Music), John Khouri sur instruments d’époque (San Francisco Fortepiano Society) – ou en cours – Alessandro Marangoni (Naxos) – mais le retour de celle réalisée par Danielle Laval (née en 1939), qui fut en son temps la première, mérite d’être salué. Enregistré en 1981 pour Accord, le coffret de cinq microsillons avait déjà été réédité et tient désormais en quatre disques, toujours avec une notice exhaustive et passionnante de Carl de Nys. Né avant Mozart, Beethoven (qui l’admirait) et Schubert, et mort après eux, Clementi est non seulement une personnalité dont la biographie, à la charnière du XVIIIe et du XIXe, est attachante mais aussi un compositeur dont l’œuvre, entre classicisme et romantisme, mériterait une plus large audience, à commencer par ses nombreuses sonates, sans doute plus adaptées au récital de piano que cet imposant ensemble de cent études. Cela étant, les pièces purement didactiques y sont somme toute assez rares – l’objectif de Clementi était de faire travailler le style autant que la technique – et bon nombre sont d’ailleurs regroupées en Suites associant des pages de même tonalité. Certaines ne dépassent pas la minute, d’autres sont en revanche très développées, allant même au-delà de 10 minutes (la Trente-neuvième, «Scena patetica», ou la Quatre-vingt-unième en sol), d’autres encore réservent des surprises (Quatre-vingt-quinzième, «Bizzareria»). S’il ne faut sans doute pas écouter ces quatre heures de musique à la suite, force est néanmoins de constater que la pianiste française, célébrée pour sa curiosité (Chaminade, Rota, ...) mais aussi pour un récent album Poulenc, parvient à faire oublier ceux qui ont plus ou moins explicitement caricaturé cette musique – Debussy dans Children’s Corner («Docteur Gradus ad Parnassum»), Satie dans sa Sonatine bureaucratique (4765042). SC




Leitner ne fait pas triompher Orff





Ferdinand Leitner (1912-1996), dont le centenaire est célébré cette année, fut notamment l’un des défenseurs de l’œuvre de Carl Orff. De fait, il est ainsi l’un des rares à avoir gravé le «triptyque théâtral» des Trionfi qui, outre les incontournables Carmina burana, comprend les «jeux scéniques» Catulli Carmina et le «concert scénique» Trionfo di Afrodite. Acanta réédite en trois disques (qui auraient parfaitement pu tenir sur deux et dont le livret ne comprend pas les textes chantés) ces enregistrements de 1973 et 1974 avec le Chœur et l’Orchestre de la Radio de Cologne. Supervisés par le compositeur, qui avait déjà accordé sa bénédiction à de précédentes «versions autorisées», ils avaient été réalisés en vue de la célébration de son quatre-vingtième anniversaire. Non seulement, malgré de fort bons chanteurs – quatre, inhabituellement, au lieu de trois –, la concurrence est évidemment rude dans des Carmina burana parfois un peu éteints et à l’orchestre pas très dégrossi, mais dans les deux volets moins célèbres, le chœur et les solistes, remarquables (à commencer par le Catulle et l’Epoux de Donald Grobe), pâtissent d’un son assez gras. Au moment même, de l’autre côté du Mur, Herbert Kegel réalisait sa propre intégrale... en deux disques pour Berlin Classics, plus tendue, acérée et mordante et dont les Carmina burana sont en outre largement préférables (233584). SC




Pour en savoir plus sur le dernier Massenet





Le neuvième et dernier numéro, à ce jour, de la revue Tempus Perfectum de Symétrie aborde Massenet à la fin son existence. Damien Top analyse en profondeur la production de mélodies, peu connues (pour une première approche, voir ici). De leur côté, Raffaele d’Eredità et Sylviane Falcinelli, directrice de la rédaction, étudient le style, retracent le contexte et démontrent l’inventivité de deux opéras créés à titre posthume, les très rares et négligés Panurge et Cléopâtre. A l’exception du format, plus grand que celui des livres, ce qui peut compliquer le rangement, la revue se conforme à la politique de l’éditeur lyonnais: érudite, documentée, illustrée d’exemples musicaux et soucieuse de remettre les pendules à l’heure. Pour étudiants, chercheurs et mélomanes chevronnés. SF




Berlioz qui pleure et Berlioz qui rit





Dans sa collection de doubles albums semi-économiques de rééditions «Premium Composers», Hänssler Classic ressort deux enregistrements consacrés à Berlioz dans les années 2000 par les deux orchestres de la SWR. Celui de Baden-Baden et Fribourg, sous la direction de Sylvain Cambreling, qui en fut le Chefdirigent de 1999 à 2011, donne à entendre d’excellentes versions des ouvertures de concert: six œuvres qui, hormis Le Carnaval romain et Le Corsaire, demeurent assez peu connues, mais qui, préfigurant le poème symphonique lisztien et datant des débuts du compositeur, révèlent sa personnalité, son talent et son originalité précoces (Waverley, Les Francs-Juges, Le Roi Lear, Rob Roy). En revanche, la Symphonie fantastique captée en public avec l’Orchestre de Stuttgart et Roger Norrington, Chefdirigent de 1998 à 2011, désole par sa fadeur, son inertie et sa surcharge d’intentions (94.614). SC




Colin Davis et Nielsen: deuxième étape





Alors qu’Alan Gilbert vient de débuter une intégrale Nielsen à New York chez Dacapo, LSO Live poursuit la publication de celle de Colin Davis à la tête du Symphonique de Londres, également captée en public. Comme le premier, ce deuxième volume, enregistré entre mai et octobre 2011 et donnant à entendre l’alpha et l’oméga symphoniques du compositeur danois, se maintient à un haut niveau de réalisation et d’inspiration. Certes, comme à son habitude, le chef anglais ne sort pas des rails mais ne manque pas pour autant de vigueur et de saveur. Surtout, il confirme de profondes affinités avec ce répertoire nordique, connues depuis sa remarquable intégrale Sibelius à Boston dans les années 1970 (Philips), tant dans une excellente Première, qui ne nie pas ses influences, de Berwald à Borodine en passant par Brahms et Tchaïkovski, que dans le surprenant mélange de pessimisme et d’humour caractéristique de la Sixième «Sinfonia semplice», bien de son époque – qui est aussi celle du premier Chostakovitch, de Janácek et de Vaughan Williams – malgré son sous-titre trompeur. Colin Davis pourra paraître ici manquer de rugosité, mais la fin de cycle, qui ne devrait pas tarder à sortir, ayant étant présentée en concert en décembre dernier, méritera donc d’être suivie avec attention (LSO00715). SC




La rédaction de ConcertoNet

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com