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CD, DVD et livres: l’actualité de juin
06/15/2012



Les chroniques du mois




 Must de ConcertoNet


    Riccardo Minasi interprète Vivaldi




 Sélectionnés par la rédaction


    Ex Tempore au temps de Bach


    G. Carmignola interprète Haydn




 Oui!

Le Quatuor Modigliani
François-Frédéric Guy interprète Beethoven
Musique orchestrale et concertante de J. C. Pepusch
Le Concerto Köln interprète des concertos italiens
L’héritage de Kirsten Flagstad chez Decca
Gianandrea Noseda dirige Casella
Pasticcio Barocco interprète Zelenka
Marek Janowski dirige Bruckner
Nicole Corti dirige Le Miroir de Jésus de Caplet
Cédric Pescia interprète Cage
Aline d’Ambricourt interprète Scarlatti
François-Xavier Roth dirige Mahler
Initium et Contraste interprètent Koechlin
Dennis Russell Davis dirige Bartók et Lutoslawski
La Walkyrie à Francfort
Die stumme Serenade de Korngold
Biographie d’Emile Goué
Fauré autour d’Eric Le Sage
Midori Seiler interprète Beethoven
Le Quatuor Italiano en concert
Markevitch dirige Verdi et Rossini
Le Quatuor Pacifica interprète Chostakovitch




 Pourquoi pas ?

La Liberté dans la musique d’E. Humbertclaude
Andreas Scholl chante Bach
Le pianiste James Rhodes
Gerard Schwarz dirige des orchestrations de Bach
Yoav Talmi dirige des orchestrations de Bach
Song of Songs de Boris Yoffe
Chiarastella Onorati chante Liszt
Simone Young dirige Bruckner
Thomas Bauer chante Le Voyage d’hiver
Rachel Talitman interprète J.-B. Cardon
Jean-Louis Beaumadier interprète Vivaldi
Claudi Arimany interprète F. et K. Doppler
Alexandre Tharaud interprète Bach
Biographie de Cortot par B. Gavoty
Récital russe de Gérard Caussé et Brigitte Engerer
Tugan Sokhiev dirige Tchaïkovski
Le ténor Thomas Blondelle




Pas la peine
G. Schröfel dirige Le Miroir de Jésus de Caplet
Simone Young dirige Mahler
James Gilchrist chante Le Voyage d’hiver
Xavier de Maistre et L’Arte del Mondo




Hélas !
Mario Venzago dirige Bruckner
«Silfra» avec Hilary Hahn







Les matchs du mois


          Première de Bruckner: Janowski, Young ou Venzago?




    
Deux versions du Miroir de Jésus de Caplet







En bref


Hilary Hahn: la faille
Un disque peu banal
Première incursion concertante d’A. Tharaud chez Bach
Bernard Gavoty défend Cortot
Les deux premières Symphonies de Mahler: Young vs Roth
Electrifying... mais pas seulement
La passion Scarlatti
Un aperçu du répertoire méconnu de la harpe
Les Italiano à Londres
Chostakovitch: les Pacifica à mi-chemin de leur intégrale
Un respectable épigone: Ludwig Thuille
Tugan Sokhiev dans Tchaïkovski: la suite
Lutoslawski/Bartók: l’hommage
J. Gilchrist et T. Bauer entreprennent leur Voyage d’hiver
L’alto russe de Gérard Caussé
Méthode Goué
Saphir honore la flûte (1)
Saphir honore la flûte (2)
La chatoyante Walkyrie francfortoise de Sebastian Weigle
Le Sage et ses amis interprètent Fauré
Koechlin fait son entrée chez Timpani
Une harpe vénitienne
Beethoven par Midori Seiler et Jos van Immerseel
Korngold joue la comédie





Hilary Hahn: la faille





Un interprète d’exception peut-il avoir mauvais goût? Dans le cas de Hilary Hahn, le doute, précédemment alimenté par un intérêt suspect pour le Concerto d’Edgar Meyer, n’est hélas désormais plus permis. Deutsche Grammophon a offert à sa «Grammy®–winning American violinist» la possibilité de réaliser un disque avec Volker Bertelmann, alias Hauschka, «maître du piano préparé»: ce «two-year long exploratory improvisation project» a accouché d’un album, «Silfra», inspiré par la faille éponyme, qui, située en Islande (l’enregistrement a d’ailleurs été effectué dans ce pays), «marque la ligne de partage entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne». Si l’on ne peut être que disposé à suivre hors des sentiers battus une musicienne aussi remarquable, dont la curiosité esthétique n’est pas en cause, comme en témoigne sa récente intégrale Ives, les considérations nébuleuses de la notice, cosignée des deux artistes, suscitent d’emblée l’inquiétude («Tout en vivant toute une vie à l’intérieur de sa tête, il a bon fond et il y a en lui une douceur incorruptible»). Musicalement, le résultat se situe à la hauteur de ces craintes, et même au-delà: douze plages de moins de 2 minutes à plus de 6 minutes pour plus de trois quarts d’heure de grand n’importe quoi, de brouet vain et puéril, creux et répétitif, insipide et planant: on en viendrait à regretter un Fazil Say! C’est dire à quel point cette publication constitue une anomalie dans une carrière discographique jusqu’alors irréprochable (479 0303). SC




Un disque peu banal





L’amusante carte de visite que voici! Dans son texte de présentation, le ténor belge Thomas Blondelle, deuxième prix au Concours Reine Elisabeth en 2011, disserte sur la notion de banalité. Partant des Banalités de Poulenc, l’album propose une sélection de mélodies légères et humoristiques, souvent très courtes (21 secondes seulement pour Grafschrift de Damien Parmentier), et sur des sujets anecdotiques, voire franchement futiles: par exemple, les spirituelles Trois Mélodies de Satie dont la première évoque le triste destin d’une grenouille en bronze dans la bouche de laquelle les mouches se couchent le soir, le satirique Lob des hohen Verstandes de Mahler, le fameux et irrésistible I bought me a cat de Copland ou encore l’inclassable Stripsody de Cathy Berberian, mélange inouï de borborygmes et de phrases prises au vol. En somme, de la musique décalée, comme la photographie de la couverture, mais qui change de l’ordinaire: pour un premier disque, il faut l’oser. Le timbre peut paraître mat mais il convient à cet exercice que Thomas Blondelle accomplit avec talent. Le jeune homme évolue avec plus de naturel dans les mélodies en allemand et s’impose d’ailleurs comme un véritable ténor de caractère – qu’une maison d’opéra pense à lui pour Mime ou Loge. En revanche, les mélodies en italien lui conviennent relativement moins bien, à cause justement de ce manque de lumière dans la voix, tandis que dans celles en français, la diction est correcte, sans plus. Accompagnement compétent de Daniel Blumenthal (Fuga Libera FUG591). SF




Première incursion concertante d’A. Tharaud chez Bach





Après un premier disque en solo consacré aux «concertos italiens» de Bach, voici, sauf erreur, le premier disque où Alexandre Tharaud interprète des concertos pour clavier du célèbre compositeur. Face à une très rude concurrence (de Gould à Richter au piano, de Cuiller à Gilbert pour le clavecin), Tharaud nous livre ici d’excellentes versions de pages pourtant fort connues et dont on pouvait penser ne plus rien avoir à apprendre. N’hésitant pas à bousculer nos habitudes interprétatives (une main gauche très présente dans l’Allegro du BWV 1054, un Adagio étonnamment sombre dans le BWV 1052), le jeune pianiste nous séduit de bout en bout, sauf dans le BWV 1056, d’un profond ennui. La vivacité des rythmes (primesautier dans le troisième mouvement du BWV 1052, presque brutal dans l’Allegro conclusif du BWV 1054 mais jamais raide pour autant, d’une liberté inouïe dans l’Allegro assai du BWV 1058) et la beauté des couleurs (notamment dans le Largo du BWV 1065) font de son jeu une véritable palette multicolore où chacun trouvera ce qui lui convient. On regrettera néanmoins quelques affectations inutiles comme ces légers ralentis dans le premier mouvement du BWV 1052 ou dans les trilles du mouvement lent du BWV 1054 qui enlèvent à la partition ce côté naturel que Tharaud avait si bien su préserver dans d’autres disques (on pense naturellement à son magnifique hommage rendu à Jean-Philippe Rameau). Le résultat n’en est pas moins extrêmement convaincant grâce également, il faut le dire, aux Violons du Roy dont la finesse du jeu et la clarté des timbres (le premier mouvement des BWV 1052 et BWV 1058) sont exceptionnelles (Virgin Classics 50999 087109 2 5). SGa




Bernard Gavoty défend Cortot





Parue chez Buchet-Chastel pour le centenaire de la naissance d’Alfred Cortot, sa biographie par Bernard Gavoty (1908-1981) est rééditée à l’occasion du cinquantenaire de sa mort, le 15 juin 1962. De père français et de mère suisse, le personnage méritait évidemment une biographie, ne serait-ce que par son activité protéiforme: pianiste virtuose, bien sûr, mais aussi chambriste (notamment avec Thibaud et Casals), chef d’orchestre (il dirigea la création française du Crépuscule des dieux), compositeur (mélodies, Suite pour orchestre), éditeur (Chopin, Schumann, ...), écrivain (La Musique française pour piano, qui fait encore autorité), collectionneur (des milliers de partitions et ouvrages), pédagogue (fondateur de l’Ecole normale de musique) et animateur de la vie musicale française durant de nombreuses décennies. Et les péripéties d’une vie riche en rencontres et en voyages méritaient aussi, à défaut d’index, un beau cahier iconographique inséré au centre du livre et, surtout, serait-on tenté de dire, la plume surannée d’un membre de l’Institut. Les deux parties du livre offrent une vision exhaustive du sujet: la première («L’Homme»), plus développée, déroule classiquement et chronologiquement les grandes étapes de sa vie, tandis que la seconde («L’Artiste»), en donnent une vision plus kaléidoscopique («Esquisses pour un portrait», «Le pianiste et l’interprète», «Le pédagogue», «Collections, écrits et maximes» et, pour conclure, «Le Livre de Jean», bref recueil de réflexions morales constitué en 1938 à l’attention de son fils adoptif). S’il affiche dans son avant-propos une volonté de «juste milieu» et s’il juge parfois l’écrivain Cortot avec une certaine sévérité, Gavoty ne cherche pas pour autant à dissimuler l’empathie qu’il éprouve pour son «modèle». C’est particulièrement clair lorsqu’il aborde, avec moult précautions liminaires, la très controversée période de l’Occupation: lui accordant le bénéfice de la bonne foi, il concède que le pianiste a commis une «faute grave» en acceptant de donner des concerts en Allemagne (certes avec Thibaud et Furtwängler, certes en exigeant de jouer aussi pour les prisonniers français). Mais il considère que l’éphémère «haut-commissaire aux Beaux-Arts» (1940) puis fondateur du «Comité professionnel de l’art musical et de l’enseignement libre» (1943) n’a pas été animé par l’ambition personnelle ou par la volonté de collaborer. Vision idéalisée du pays de Goethe et Schumann? Aveuglement, à tout le moins, que le comité d’épuration, à la Libération, sanctionnera d’une suspension de toute activité professionnelle jusqu’au 1er avril 1946. SC




Les deux premières Symphonies de Mahler: Young vs Roth


        


Encore et toujours Mahler... avec la publication de ces deux enregistrements d’orchestres allemands conduits par leur directeur musical respectif. La Deuxième Symphonie livrée par Simone Young (née en 1961) à la tête de l’exemplaire Philharmonique de Hambourg bénéficie d’une prise de son particulièrement claire. Mais la construction limpide des mouvements extrêmes manque d’arêtes pour s’imposer face aux versions concurrentes. Surtout, l’Andante moderato et le Scherzo sont trop univoquement charmants et tirent dangereusement vers le décoratif (... avec, en prime, quelques ralentis douteux). Alors que Dagmar Pecková est davantage appliquée qu’impliquée dans l’Urlicht, la plasticité des forces chorales et le renfort du beau soprano de Michaela Kaune ne sauvent pas le dernier mouvement d’une certaine apathie (Oehms Classics OC 412). Dans la Première Symphonie, François-Xavier Roth (né en 1971) se révèle en chef mahlérien, à la tête du rutilant Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg-en-Brisgau. Le premier mouvement brille de mille feux alors que, vigoureux et enlevé, le deuxième convainc par son tranchant et sa détermination. Quant au Stürmisch bewegt final, il parvient à un juste équilibre entre ténèbres et paradis, noirceur et clarté. Seul le troisième mouvement déçoit: plus concentrés que transcendés, les interprètes ne semblent pas percer pas les mystères de la marche funèbre. Capté lors d’un concert en 2011 et complété par un fervent Im Sommerwind de Webern, ce live n’en reste pas moins une belle surprise (Hänssler Classics 93.294). GdH




Electrifying... mais pas seulement





«Markevitch’s electrifiying Verdi Requiem, "live" in Moscow, 1960»: c’est ainsi qu’ICA Classics présente, comme un slogan, ce témoignage qu’il ne faut pas confondre avec l’enregistrement réalisé un an plus tard par les mêmes interprètes pour Philips. Il y avait bien de l’électricité dans l’air ce soir-là – date étrangement non précisée – mais l’auditeur retiendra avant tout le tranchant, la théâtralité et la noirceur de cette version absolument dépourvue de latinité. A un solide Orchestre philharmonique de Moscou se joignent un Chœur de l’Académie d’Etat formidablement engagé et concentré ainsi qu’un quatuor de solistes entièrement russe parmi lesquels les immenses Galina Vichnevskaïa et Ivan Petrov. Les ouvertures de Rossini de 1957 publiées par EMI dans ses «Introuvables» constituent un complément bienvenu mais Igor Markevitch aurait dû donner un coup de fouet supplémentaire à un Orchestre national de l’ORTF moyennement brillant pour que le bonheur soit complet. Si théâtre il y avait dans le Requiem moscovite, il en manque un peu dans ce Rossini (ICAC 5068). SF




La passion Scarlatti





Après un documentaire Domenico Scarlatti l’intemporel ici un peu décevant, Aline d’Ambricourt (née en 1967) publie, toujours chez Intégral, un récital entièrement consacré à son compositeur d’élection. Mettant en valeur un somptueux et rutilant instrument (1763), l’un des deux seuls du facteur florentin Gian Piero Migliai qui soient aujourd’hui encore en état d’être joués, le disque propose seize de ses cinq cent cinquante-cinq sonates, certaines bien connues (K. 24, K. 27, K. 141, K. 159, K. 208, K. 466, K. 531) mais une bonne moitié à découvrir. Cette généreuse anthologie, servie par le jeu de la claveciniste française, franc et sonore, solide et juste, dépourvu de tout chichi, trouvera sa place au côté de celles déjà laissées, pour ne s’en tenir qu’à la période récente, par Bertrand Cuiller, Mathieu Dupouy ou Kenneth Weiss (221.241). SC




Un aperçu du répertoire méconnu de la harpe





L’éditeur belge Harp & Company et la harpiste Rachel Talitman continuent, avec abnégation, à défricher le répertoire dévolu à la harpe qui, sauf pour quelques spécialistes, demeure très largement méconnu. Après avoir notamment interprété des pièces d’Albrechtsberger, Cras ainsi que Bax et Elgar, voici venu le tour de Jean-Baptiste Cardon (1760-1803). Harpiste virtuose, ayant partagé son existence entre la France et la Russie, auteur d’un traité sur L’Art de jouer de la harpe, Cardon a laissé derrière lui plusieurs compositions destinées à cet instrument, dont les cinq œuvres au programme du présent disque. Avouons-le immédiatement: seuls les amateurs écouteront ce disque qui, de manière générale, suscite beaucoup d’ennui. Le caractère volontariste du premier mouvement du concerto (la harpe n’étant en fait accompagnée que de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle) et le caractère dansant du deuxième ne suffisent pas à en faire une page véritablement intéressante, l’imagination de Cardon arrivant rapidement à bout de souffle. Le premier trio souffre de fréquents problèmes de justesse de la part du violon et de l’alto, le second trio se caractérisant par des motifs bien répétitifs qui, n’évoluant jamais, instaurent rapidement un désintérêt complet. Le pire se trouve malheureusement dans les deux sonates pour harpe et violon (tenu par Tigran Maytesian), où les accents criards (que l’on espère volontaires) du violon s’avèrent des plus déplaisants dans les Allegro des deux sonates au point que l’on ne prête même plus attention à la harpe, pourtant censée être le centre de ce disque. Après un premier opus consacré au Vicomte de Marin, on oubliera donc bien vite ce deuxième volume consacré à l’école française de la harpe, tout en en soulignant l’évident intérêt musicologique (CD-5050-23). SGa




Les Italiano à Londres





ICA Classics publie un concert donné le 22 février 1965 par le Quatuor Italiano au Royal Festival Hall de Londres. L’excellente notice de Tully Potter ne le situe pas dans son contexte, ni ne précise l’accueil qui lui a été réservé, mais tout porte à croire qu’il s’agit de l’entièreté de la prestation à l’exception du bis s’il y en a eu un. Il existe sans doute des formations à la sonorité plus séduisante ou encore plus précises dans les attaques mais la cohésion, la rigueur (de la pensée, de la construction) et l’engagement de celle-ci ne saurait être remise en cause. Malgré un léger souffle, ce document préserve l’atmosphère de ce concert au programme des plus classiques. Leur interprétation personnelle du Quatuor K. 458 de Mozart ne se résume pas un pur divertissement tant il y a juste ce qu’il faut de distinction, de profondeur et d’allégresse. Les Italiano restituent avec maîtrise la structure peu évidente du Quinzième Quatuor de Beethoven dont le Molto adagio constitue, grâce à ces musiciens inspirés, un grand moment de noble émotion. Un Quatuor opus 44 n°4 «La Tirana Spagnola» de Boccherini tout en souplesse complète ce témoignage remarquable qui vient en complément des enregistrements officiels de la formation chez Philips et Decca (ICAC 5070). SF




Chostakovitch: les Pacifica à mi-chemin de leur intégrale


        


«Soviet Experience»: ainsi s’intitule l’intégrale des Quatuors de Chostakovitch en cours chez Cedille. Le Quatuor Pacifica a, en effet, choisi de mettre ces partitions en perspective d’autres quatuors de la même époque: le Treizième (1950) de Miaskovski dans le «volume I» publié l’an dernier, le Second (1941) de Prokofiev dans le «volume II» qui paraît aujourd’hui (des versions en technicolor – chantantes voire jubilatoires, mais stylistiquement éloignées de la radicalité chostakovitchienne). Exécutés avec une constante fiabilité technique et une identité sonore très homogène, les huit premiers Quatuors (1938-1960) de Chostakovitch parviennent au bon équilibre entre la raucité caustique du climat et le brillant quasi symphonique de l’instrumentation – avec une tendance (toute américaine) à faire primer le second sur la première. En résulte une interprétation lyrique et admirablement bien léchée de ces partitions (l’Allegretto non troppo du Cinquième Quatuor, tout le Huitième), intensément chaleureuse (l’Andantino du Quatrième, le mouvement lent du Deuxième), découpée avec assurance et clarté (l’Allegretto du Sixième, l’Allegro du Septième). Mais sans l’angoisse des Borodine – ni l’inventivité des Fitzwilliam ou l’authenticité des Beethoven. Prise de son splendide (deux doubles albums CDR 90000-127 et 130). GdH




Un respectable épigone: Ludwig Thuille


        


Né à Bolzano (Bozen, alors dans le Tyrol autrichien), Ludwig Thuille (1861-1907), disciple de Rheinberger et ami de R. Strauss, enseigna à Munich dès 1882: il fut réputé pour son Traité d’harmonie et Abendroth, Bloch ou Braunfels figurent parmi ses élèves. Son abondant catalogue est consacré essentiellement, si l’on excepte notamment une symphonie et un concerto pour piano, au lied, à l’opéra – où il fut qualifié de «Puccini allemand» – et à la musique de chambre. C’est précisément ce dernier aspect que met à l’honneur Champs Hill Records en regroupant deux disques, dont l’un déjà publié en 2004 chez ASV: le London Conchord Ensemble donne le Sextuor pour piano et vents (1889), qui a conservé une relative notoriété, et le Trio avec piano (1885), tandis que Tomer Lev et le Quatuor Falk interprètent les deux Quintettes avec piano (1880 et 1901). Agréable et d’excellente facture, entouré d’un parfum vaguement brahmsien, comme chez un Reinecke ou un Herzogenberg, tout en rappelant le jeune Strauss, le discours manque néanmoins de véritable enjeu et se déroule de façon assez largement prévisible. Au-delà d’un ton souvent un tantinet nostalgique, le charme archaïsant de la Gavotte du Sextuor ou l’énergie de l’Allegro vivace final du Trio viennent toutefois apporter une note bienvenue de diversité, tandis que la générosité et l’ampleur du Second Quintette (plus de quarante minutes) ne manquent pas d’allure (CHRCD001-002). Par ailleurs, Telos sous les doigts d’Ulrich Urban (né en 1939), publie ce qui est présenté comme le premier enregistrement intégral de son œuvre pianistique éditée – la notice mentionne par ailleurs diverses partitions de jeunesse inaccessibles – dont l’essentiel, hormis un triptyque de 1883 (son Opus 1), date des dernières années de sa vie (1904-1906). Pas de sonates, de variations ou, plus généralement, d’ouvrages de grande ampleur, mais onze pièces de genre («Capriccio», «Humoresque», «Ronde», «Sérénade», «Sur le lac», «Valse», ...) généralement brèves, réparties en quatre courts recueils. Une musique bien écrite mais, dix ans après les ultimes Klavierstücke de Brahms et cinq ans avant l’Opus 11 de Schönberg, désespérément inoffensive, pour jeunes filles de la bonne bourgeoisie, dans la filiation des albums schumanniens et assez comparable aux pages d’un MacDowell ou, de nouveau, du jeune R. Strauss. Plus inspiré et personnel, le dernier diptyque – une longue «Thrénodie», sous-titrée «in memoriam F. v. R.» (son ami compositeur Felix von Rath) et une «Burla» – amène toutefois à porter un jugement nettement moins sévère sur cette production (TLS 132). SC




Tugan Sokhiev dans Tchaïkovski: la suite





On pourrait assez rapidement fermer les yeux sur une nouvelle version de la célèbre Cinquième Symphonie de Tchaïkovski tant les références abondent dans cette œuvre. On aurait tort. Tout d’abord, elle est signée par un orchestre français, celui du Capitole de Toulouse, dont chacun s’accorde à reconnaître qu’il est aujourd’hui au plus haut niveau – sauf erreur, cette symphonie n’avait pas été enregistrée par une phalange hexagonale depuis celle gravée par l’Orchestre national de France, alors dirigé par Kurt Masur, disque également paru chez Naïve (voir ici). Ensuite, il s’agit de la deuxième incursion au disque du talentueux Tugan Sokhiev dans l’œuvre symphonique de Tchaïkovski, après une Quatrième plutôt réussie. Car les remarques qui avait été faites à propos de cette Quatrième valent également pour cette Cinquième. L’orchestre est très beau, bénéficiant notamment de cordes d’un soyeux rare et de vents tout à fait dans leur élément, notamment pour ce qui est des cuivres. La clarinette et le basson émerveillent dans le deuxième mouvement, les violoncelles et le hautbois s’amusent dans le troisième, les cors éclatent dans le dernier: alors, comment et pourquoi ne pas succomber? Tout simplement parce que certains traits peuvent sembler artificiels (la fin pompeuse du premier mouvement) et qu’un certain alanguissement innerve la première partie du quatrième mouvement. En outre, la concurrence discographique (Abbado, Mravinsky, Jansons...) nécessite aux nouveaux postulants des versions particulièrement extraordinaires pour mériter de réellement sortir du lot. Le complément (l’Ouverture de fête de Chostakovitch) est de tout premier ordre grâce, notamment, à des trompettes et des bois (clarinette et piccolo en premier lieu) d’une rare perfection (V 5252). SGa




Lutoslawski/Bartók: l’hommage





La Musique funèbre (1958) de Lutoslawski, écrite à la mémoire de Bartók, donne son titre à un beau disque d’à peine plus d’une heure de durée paru chez ECM New Series. Grâce à des interprètes familiers de l’éditeur allemand (l’Orchestre de chambre de Stuttgart avec son chef honoraire et ancien directeur musical Dennis Russell Davies), elle bénéficie d’une superbe lecture au scalpel, tout en ayant rarement sonné aussi nettement bartókienne. Elle est complétée, bien entendu, par des œuvres du compositeur hongrois, pas particulièrement funèbres, relevant de la musique pure – le Divertimento (1939), lui aussi pour cordes seules, lui aussi servi par une réalisation superbe d’intensité – ou d’obédience folklorique – les incontournables Danses populaires roumaines de 1917 (dans l’arrangement d’Arthur Willner et dans une interprétation fort colorée) et l’orchestration (1941) de sept des Vingt-sept Chœurs (1936), aussi rares que savoureux, avec le Chœur d’enfants de la Radio hongroise (476 4672). SC




J. Gilchrist et T. Bauer entreprennent leur Voyage d’hiver


        


Un ténor anglais et un baryton allemand entreprennent leur Voyage d’hiver. Dans une prise de son splendide et grâce à une élocution soignée, James Gilchrist offre une lecture intègre, investie de sentiments forts – et parfois extravertis. Mais on reste peu sensible à cette voix perçante, d’un métal un tantinet agressif et d’une couleur bien claire pour ce répertoire (... il faut dire qu’on demeure, s’agissant des Winterreise avec ténor, sous le choc de la récente et inclassable version Prégardien). On regrette aussi une émission occasionnellement étranglée. L’accompagnement de la pianiste Anna Tilbrook est fidèle au texte – sans plus (Orchid Classics ORC100018). Joué par Jos van Immerseel avec subtilité et maestria, le pianoforte (Christopher Clarke, 1988) du second disque divisera davantage. Il faut adhérer à cette sonorité à la pointe sèche et courte en résonnance – et admettre un rapport avec la voix qui procure une émotion déroutante (extrêmement saisissante parfois) mais trop souvent atrophiée. Affaire de goût (à juger ici par soi-même). Thomas Bauer investit, en tout cas, les poèmes de Wilhelm Müller avec intelligence et passion, n’hésitant pas à surjouer la caractérisation des mots. Certes, la disparition de Dietrich Fischer-Dieskau – et la rediffusion de ses enregistrements schubertiens – obligent à considérer qu’il reste à son cadet du chemin à parcourir (en termes de dépassement du texte comme de maîtrise de la respiration et de fluidité de la ligne de chant). Mais l’on tient là un authentique Liedersänger schubertien, ainsi qu’un disque engagé et sans concession (Zig-Zag Territoires ZZT101102). GdH




L’alto russe de Gérard Caussé





Au côté de Brigitte Engerer, l’une des plus fidèles artistes de Mirare, Gérard Caussé fait son entrée au catalogue de l’éditeur nantais avec un récital 100% russe, jusqu’au cliché – la place Rouge sous la neige en photo de couverture – mais, fort curieusement, 100% anglais pour l’orthographe des noms des compositeurs (y compris dans la notice de Rodolphe Bruneau-Boulmier). Mais s’il parle la langue de Shakespeare, ce récital d’un peu moins d’une heure chante sans aucun doute dans celle de Pouchkine, comme en témoigne son plat de résistance, la Sonate pour alto (1975) de Chostakovitch, qui conclut le disque: soutenu par une partenaire plus sage, inhabituellement presque effacée, l’altiste français empoigne la partition, ne refuse pas les excès, sans négliger pour autant de soigner la sonorité, et ose des tempi très retenus. Ces pages testamentaires sont précédées d’une rare Elégie (1893) de Glazounov et de transcriptions de pièces de genre – trois de Tchaïkovski (dont la célèbre «Mélodie» tirée de Souvenir d’un lieu cher) et une de Rachmaninov (l’inévitable Vocalise) – qu’il sert avec une générosité prenant parfois le pas sur l’exactitude de l’intonation (MIR 172). SC




Méthode Goué





Enseignant en sciences et compositeur, Emile Goué (1904-1946) a connu les affres de la Seconde Guerre mondiale: mobilisé dès le début du conflit, il endura cinq ans de captivité en Allemagne, où il contracta une maladie dont il devait décéder l’année suivant sa libération. Malgré les privations, cet homme brillant et spirituel a continué à composer et est même parvenu à mettre sur pied une activité musicale avec ses compagnons d’infortune (enseignement, concerts). Fondateur du Centre international Albert Roussel et président des «Amis d’Emile Goué», Damien Top lui consacre une biographie qui tombe à pic puisque le disque permet, depuis quelques années, de découvrir sa musique (voir ici). De nombreuses lettres reproduites dans cet ouvrage prouvent que la musique constituait pour lui une nécessité intérieure et à quel point le souci de forme le préoccupait. Comme d’habitude dans la collection horizons de Bleu Nuit éditeur, l’ouvrage est remarquablement rédigé, illustré (photographies, exemples musicaux) et documenté. Il manque un index des œuvres pour retrouver rapidement les analyses incorporées dans des caractères plus petits tout au long de la biographie. Espérons que les efforts développés par les défenseurs de Goué encouragent les organisateurs de concert à programmer davantage sa musique. SF




Saphir honore la flûte (1)





Le renouvellement interprétatif du répertoire baroque ne doit pas pour autant nous faire oublier certaines gravures plus anciennes qui, bien que dépassées à plus d’un titre, recèlent un grand nombre de qualités qu’il serait injuste d’occulter. Tel est le cas de ce disque consacré à des concertos pour piccolo (dont certains à l’origine pour flûte à bec ou flûte traversière) de Vivaldi, enregistrés pour la plupart en mai 1979 par un Orchestre national de France alors dirigé par Jean-Pierre Rampal. En soliste, Jean-Louis Beaumadier, qui, selon Christian Merlin (dans son récent Au cœur de l’orchestre paru chez Fayard), donna «ses lettres de noblesse» au piccolo, «remettant à l’honneur tout un répertoire soliste où sa virtuosité est renversante». Et force est de constater que le charme opère! On soulignera en particulier la finesse du premier mouvement du RV 444 et la formidable fraîcheur interprétative de l’Allegro con molto du RV 443, qui n’a pris aucune ride et qui pourrait en remontrer à bien des baroqueux d’aujourd’hui! Certes, le style général a parfois vieilli comme en témoignent ces ralentis excessifs en fin de phrase ou ces fins de mouvement un peu lourdes de la part de l’orchestre (cela est particulièrement audible dans le mouvement conclusif du RV 445 et dans le premier mouvement du RV 108), témoignages d’une façon de faire qui était alors tout à fait normale. En complément, on écoutera avec un égal intérêt le RV 533 pour deux flûtes à bec, Beaumadier étant rejoint pour l’occasion par Philippe Pierlot, le National ayant pour sa part laissé la place à l’ensemble La Follia (l’enregistrement, ainsi que celui du RV 441 datant cette fois-ci de 1997). Là encore, on ne boudera pas son plaisir devant une interprétation tout en spontanéité, respectant ainsi à la lettre ce que l’on pourrait appeler le style vivaldien (Saphir Productions LVC 1171). SGa




Saphir honore la flûte (2)





Le Catalan Claudi Arimany, après un premier volume consacré à des pièces pour deux flûtes et piano avec son confrère Shigenori Kudo et le pianiste Alan Branch, poursuit son intégrale de la musique des Hongrois Franz (1821-1883) et Karl (1825-1900) Doppler. Pour les deux volumes suivants, réunis en un fort généreux double album, ils sont rejoints par d’autres flûtistes (János Bálint, Maxence Larrieu, Massimo Mercelli) et accompagnateurs. Signées de l’un ou l’autre des frères compositeurs ou bien parfois des deux ensemble, les œuvres varient les formations (flûte ou deux flûtes et piano, mais aussi deux flûtes seules, flûte, violon et piano, flûte et trio avec piano et même soprano, deux flûtes et piano) mais l’inspiration reste la même, faisant la part belle, bien évidemment, au souffle et à l’agilité des interprètes: pièces de genre (Nocturne de salon, Mazurka de salon, Chanson d’amour, ...) et paraphrases de pages célèbres, en particulier d’opéras (Hunyady László, La Muette de Portici, Faust, Robert le diable, La Fille du régiment, Le Barbier de Séville mais aussi la Sonate «A Kreutzer») et pots-pourris d’airs populaires, notamment magyars (deux plaisants cahiers de Perles de la nouvelle musique hongroise). Ne s’en tenant pas à une approche exclusivement virtuose de ces partitions, Arimany, en digne disciple de Rampal, leur insuffle une vraie vie et pourra donc susciter l’intérêt aussi bien que le plaisir au-delà du seul cercle des spécialistes de l’instrument (Saphir Productions LVC 1178). SC




La chatoyante Walkyrie francfortoise de Sebastian Weigle





C’est en écoutant cette Walkyrie francfortoise qu’on mesure à quel point on s’est sorti de la crise du chant wagnérien qui affecta la fin du siècle dernier. Qu’un opéra de province soit capable de produire un live aussi exemplaire est franchement réjouissant. On salue surtout la direction de Sebastian Weigle, à la tête d’un orchestre parfaitement à la hauteur et concentré comme jamais. Familier de Bayreuth, le chef allemand (né en 1961) s’investit dans la partition d’une baguette souple, lente mais colorée, étonnamment lyrique. Osant alléger les phrasés et tordre les tempos, il captive souvent – sans convaincre toujours (fin du I, début du III) – et évite l’écueil du geste «plan-plan» d’un Mehta ou d’un Zagrosek, intéressant davantage que Rattle (pour évoquer des enregistrements récents). Côté voix, la Sieglinde d’Eva-Maria Westbroek domine le Siegmund de Frank van Aken (vaillant mais chevrotant) sans imprimer sa marque sur le rôle (plus ardente au deuxième acte qu’au premier, malmenée par la tessiture du dernier). Susan Bullock parvient à se faire touchante en Brünnhilde même si la voix manque vraiment d’assise. Terje Stensvold présente un baryton plutôt assuré (beau diseur au II, s’empâtant parfois dans son texte au III) et juste: un dieu très humain. Enfin, alors qu’Ain Anger livre le Hunding sonore et menaçant qu’on attend, Martina Dike se surinvestit dans le rôle de Fricka (au risque de s’époumoner) dans un registre surexpressif qui confond Freia et Fricka mais qui est à l’unisson de ce Wagner à fleur de peau venu de Francfort (quatre disques Oehms Classics OC 936). GdH




Le Sage et ses amis interprètent Fauré





Suite (et pas fin) de l’intégrale de la musique de chambre avec piano de Fauré par Eric Le Sage et ses amis chez Alpha, qui a débuté par les œuvres pour violoncelle et piano. Cette fois, le pianiste et François Salque s’associent à Daishin Kashimoto et Lise Berthaud pour les Quatuors avec piano. A part quelques options discutables, comme le début du Premier Quatuor abordé sans toute la fermeté attendue, cette nouvelle version ne suscite aucun reproche, bien au contraire, en ce sens qu’elle traduit fidèlement l’alliage d’intimité, de distinction, de franchise et de virilité qui caractérise cette musique. La souplesse et la netteté des contrastes thématiques, rythmiques et dynamiques lui assurent un relief bienvenu. Valorisée par la prise de son, la sonorité traduit le pouvoir d’évocation de certaines pages comme l’Adagio non troppo du Second Quatuor, une merveille. Le plaisir que procure ces musiciens complices et inspirés est donc de nouveau au rendez-vous et cette entreprise est donc bien partie pour se hisser au niveau des Schumann gravé pour le même label. A noter la présentation remarquable, en particulier les belles photographies en noir et blanc des artistes dont l’esthétique se rapproche de celle du studio Harcourt (601). SF




Koechlin fait son entrée chez Timpani





Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître pour un éditeur attaché à la défense des musiques françaises négligées, Charles Koechlin ne figurait pas encore au catalogue de Timpani! Il est vrai que Naxos et Hänssler ont apporté, ces dernières années, des contributions importantes et de qualité à sa discographie, mais il reste encore beaucoup à découvrir parmi les 226 numéros d’opus de ce compositeur, sans doute parce qu’il accordait plus de prix à son indépendance esthétique et à son engagement politique qu’à sa notoriété: ainsi de ces «œuvres complètes pour ensembles», faisant appel à des associations instrumentales souvent inattendues. Même si aucune plage ne dépasse 4 minutes, chacune est un petit bijou et le minutage total du disque, éclairé par une impeccable notice de Michel Fleury, n’en est pas moins généreux. Les douze pastels mélancoliques des Paysages et Marines (1916), originellement écrits pour piano seul, offrent diverses combinaisons de flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano; les délicatement archaïsantes Sonatines (1943) pour hautbois d’amour (accompagné par une flûte, une clarinette, un sextuor à cordes et un clavecin), exactement contemporaines de celles de R. Strauss, en sont stylistiquement assez proches; le Septuor à vents (1937) se caractérise par sa fraîcheur et, ici encore, par une nomenclature assez inhabituelle – flûte, hautbois, cor anglais, clarinette (à laquelle est confiée la «Monodie», premier des six mouvements qui comprennent par ailleurs deux fugues), saxophone alto, basson et cor; enfin, la tardive Sonate à sept (1949) pour flûte, hautbois, quatuor à cordes et clavecin possède également, entre nostalgie et légèreté, un charme indéniable. Déjà réunis, également chez Timpani, pour un remarquable disque Onslow, les ensembles Initium et Contraste se montrent tout aussi convaincants dans cette musique de nature pourtant si différente (1C1193). SC




Une harpe vénitienne





La question de la transcription ne cesse de se poser: la réussite est parfois patente, l’échec également (voir par exemple ici), certains autres essais se concluant simplement par une appréciation mitigée. C’est cette dernière impression que l’on éprouve en écoutant ce disque intitulé «Notte veneziana» et gravé par le talentueux Xavier de Maistre, actuel harpiste solo du Philharmonique de Vienne. Ce disque présente en effet un certain nombre de concertos ou de pièces musicales destinés à la harpe – c’est notamment le cas de la pièce injustement dénommée La Mandoline de Parish Alvars et du Carnaval de Venise de Félix Godefroid – ou à d’autres instruments (la mandoline et le violon notamment) qui ont été transcrits pour la harpe. Le résultat n’est pas vraiment concluant pour ces dernières œuvres. L’idée même de jouer à la harpe L’Hiver, tiré des Quatre Saisons de Vivaldi, manque d’intérêt et n’apporte aucune plus-value, à l’image également des transcriptions du Concerto pour hautbois de Marcello ou de l’Adagio d’Albinoni. De fait, on se laisse doucement porter par les, certes, très agréables sonorités que Xavier de Maistre tire de son instrument mais ce sentiment s’évanouit aussi soudainement qu’il est apparu. La transcription de concertos pour mandoline de Vivaldi s’avère plus logique, les deux instruments étant à cordes pincées et le résultat étant beaucoup plus convaincant à l’oreille. Si le soliste semble lui aussi plus à l’aise, il faut surtout souligner ici l’excellente intervention de l’ensemble L’Arte del Mondo, dirigé du violon par Werner Ehrhardt: on espère, en écoutant le premier mouvement du Concerto RV 93, qu’il accompagnera un jour un vrai joueur de mandoline tant son jeu s’avère revigorant et plein d’enthousiasme. Un disque à réserver donc aux amateurs du genre et aux fans de Xavier de Maistre qui, lorsqu’il interprète des œuvres spécifiquement dédiées à son instrument comme ce formidable Concerto de Ginastera, s’impose avec évidence comme un des maîtres actuels de la harpe (Sony Classical 88697937732). SGa




Beethoven par Midori Seiler et Jos van Immerseel





Zig-Zag Territoires réunit dans un coffret de trois disques les Sonates pour violon et piano de Beethoven que Midori Seiler (à ne pas confondre avec Midori tout court) et Jos van Immerseel ont enregistrées de 2007 à 2009 dans la salle de musique de chambre de la Philharmonie du Luxembourg. Le duo obtient de ses instruments – un violon italien anonyme du milieu du XVIIIe et une copie d’un Anton Walter de la fin du XVIIIe – une sonorité caractéristique (donc sans vibrato) mais jamais pauvre ni éteinte. Les options interprétatives restent dans l’ensemble pertinentes même si la Sonate «A Kreutzer» peine à s’épanouir, comme si elle appelle un mode de jeu plus moderne. Le propos est dense, vigoureux, structuré, contrasté, accentué, parfois de façon un peu trop anguleuse. Les tempi ne paraissent jamais trop échevelés – à la limite, l’Allegro de la Sonate «Le Printemps» aurait pu être abordé plus rapidement – et les interprètes veillent à rendre la fluidité de cette musique. Bien sûr, ce Beethoven incisif mais parfois un peu sec ne sera pas du goût de tout le monde, comme souvent avec les interprétations sur instruments dits «d’époque» ou «anciens», mais ce coffret propose une alternative aboutie aux versions plus traditionnelles. Malheureuse coquille: les pochettes indiquent Midori Seiler au clavier et Jos van Immerseel au violon alors que c’est évidemment l’inverse (ZZT307). SF




Korngold joue la comédie





cpo, qui s’est attaché de longue date à défendre la musique de Korngold, a eu l’heureuse idée de s’intéresser à La Sérénade muette (1950), dernier de ses six ouvrages lyriques à ne pas avoir encore bénéficié d’un enregistrement moderne – celui réalisé sous la direction de Korngold, récemment réédité chez Cantus Classics, est légèrement abrégé. Tombé dans l’oubli durant plus d’un demi-siècle, il n’a été repris qu’en 2007, à la faveur du cinquantenaire de la mort de l’auteur. Conçu en anglais pour Broadway mais finalement adapté en allemand par Raoul Auernheimer, le livret de Victor Clement – les vocals sont signés de Bert Reisfeld et Korngold lui-même – situe l’action en 1820 à Naples. Le tailleur Andrea Coclé est confondu pour avoir fait irruption dans la chambre de l’actrice Silvia Lombardi et, par erreur, pour avoir fomenté un attentat contre le ministre-président, lequel, haï dans le royaume, se trouve être l’amant de la jeune femme. Passible de la peine de mort, le tailleur accepte d’avouer les deux méfaits qui lui sont reprochés, en échange d’une promesse de grâce que le décès de la reine empêche finalement de tenir. Toutefois une révolution populaire conduit bien évidemment à un happy end: le véritable auteur de l’attentat se révèle et est porté au pouvoir, tandis qu’un double mariage unit Andrea et Silvia, d’une part, le reporter Sam Borzalino et le mannequin Louise (au délicieux accent parisien), d’autre part. L’œuvre est qualifiée de «comédie avec musique en deux actes» mais le petit ensemble instrumental (neuf musiciens, dont deux pianistes), l’association de huit chanteurs et huit comédiens ainsi que les tournures parfois jazzy de la partition évoquent bien davantage une opérette typique de l’entre-deux-guerres. Vives, alertes, parsemées de délicieuses mélodies et serties dans ces instrumentations suaves et étincelantes dont le compositeur a le secret, ces deux heures (dialogues compris) de pur plaisir sont servies par les Allemands de la Young Opera Company de Fribourg: des voix légères, fraîches et idiomatiques, sinon parfaites, avec Sarah Wegener et Birger Radde dans les deux rôles principaux, tandis que Klaus Simon anime le tout à la tête du pimpant Holst-Sinfonietta (777 845-2). SC




La rédaction de ConcertoNet

 

 

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