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Le mois du mélomane professionnel
06/01/2012


Un mois mal commencé avec un documentaire méchant et stupide sur Jascha Heifetz offert par Arte. On l’a présenté arrogant et indifférent tel qu’il n’était pas. Ma rencontre avec lui, qui fut un moment de bonheur, m’a fait penser surtout à une forme de timidité. Crime de lèse-majesté!


Ce mois de mai restera dans ma mémoire comme le mois des barytons. Une mauvaise nouvelle, la disparition de l’un des plus grands parmi eux, Dietrich Fischer-Diskau. Les lieder, évidemment, et tous les rôles d’opéra. Pour moi, il reste en mémoire la dernière scène de Lear de Reimann, une des scènes les plus émouvantes qu’il m’ait été donné de vivre. La voix, la présence scénique et l’engagement douloureux dans le personnage. Adieu!


Un mot aussi pour France Clidat. Quand on a la chance de vivre longtemps, on a la douleur de beaucoup de deuils.


Le deuxième baryton est quelqu’un que je connais bien mais qui me surprend à chaque fois. Il s’agit de Laurent Naouri, baryton à la voix claire, à l’intelligence des rôles qu’il chante, qui nous a encore convaincu l’année dernière par un Golaud impeccable. Il «officiait» dans le Service sacré d’Ernest Bloch, donné à la synagogue de la Victoire après 75 ans d’absence. Parfait! Le Chœur et l’Orchestre Colonne sous la baguette de Laurent Petitgirard le soutiennent. Œuvre somptueuse, alliant la grande musique d’Occident aux mélismes de la tradition hébraïque. Restons dans les synagogues pour dire le plaisir que nous avons eu d’écouter un concert d’amateurs dans celle de la rue Copernic avec, surtout, deux moments exceptionnels offerts par un pianiste-cardiologue, Jean-Pierre Salmona, et un violoniste-chirurgien, Jean-Michel Molkhou, qui nous a offert cette année un livre sur les grands violonistes du XXe siècle. Ce n’est que parce que nous le savions que nous ne les avions pas pris pour d’excellents professionnels.


Le troisième baryton fut le roumain George Petean qui tenait le rôle du duc d’Albe dans l’opéra de Donizetti dans la version française originelle, complétée par Giorgio Battistelli, que nous a donnée l’Opéra de Flandres (voir ici). Je me suis trahi car j’avais décidé de ne pas écouter les «ajouts» aux œuvres que les compositeurs n’ont pas pu finir, mais n’ai pas pu pas résister à la tentation de la nouveauté, surtout que cela a été fait dans le pays même où l’action se situe. Pas de mots pour décrire la joie de découvrir un baryton exceptionnel avec un timbre magnifique, un sens de la scène et une diction parfaite. Je n’arrêtais pas de penser à lui dans Macbeth ou dans Rigoletto ou, pourquoi pas, dans le rôle de Wotan. La musique est belle et le «compléteur» n’a pas hésité à s’inspirer, en plus du style Donizetti, de la musique du XXe siècle comme pour le chœur final qui rappelait le Poulenc du Stabat Mater ou du Gloria. Mise en scène, décors et orchestre, dirigé par l’excellent Paolo Carignani, ont ajouté au succès de cet opéra un peu oublié.


Le théâtre de l’Athénée a présenté une soirée «Nietzsche/Wagner: Le Ring». Pour ceux qui connaissent bien le Ring, ce fut trop long. Pour ceux qui ne le connaissent pas assez, trop court. N’empêche qu’on a eu quand même quelques bons moments à écouter Muriel Ferraro, Paul Gaugler et Aurélien Pernay interpréter, accompagnés par l’orchestre Lamoureux en «formation Siegfried Idyll», des moments remarquables du Ring, surtout le dialogue Wotan-Brünnhilde de la fin de La Walkyrie.


Excellente idée de recommencer Musicora au palais Brongniart après quelques années d’absence. Une plongée dans le monde de la musique et beaucoup de rencontres.


L’Orchestre de Paris s’est déplacé à la Cité de la Musique pour nous offrir, sous la direction d’Alain Altinoglu, un concert où le pianiste Romain Descharmes nous a... charmés par un Deuxième Concerto de Saint-Saëns brillamment enlevé. Dois-je avouer mon amour inconsidéré pour cette œuvre?


Pour terminer le mois, une soirée Debussy à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille avec le Quatuor Danel et Jean-Efflam Bavouzet. Un Trio de jeunesse sans grand intérêt. Debussy n’est pas encore là. Deux grands moments. La Sonate pour violon et piano par Marc Danel et Bavouzet, exceptionnellement belle, et le Quatuor. D’ailleurs, le Quatuor Danel vient d’enregistrer le sixième et dernier volume de l’intégrale des Quatuors de Weinberg. Nous allons y revenir bientôt.


J’espère que vous appréciez le changement de dénomination de cette chronique dont je vous laisse deviner le sens.


Bon mois de juin!


Benjamin Duvshani

 

 

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