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10/09/2003
Sergueï Prokofiev : La Guerre et la Paix
Olga Gouriakova (Natacha), Elena Obraztsova (Akhrossimova), Elena Zaremba (Hélène), Margarita Mamsirova (Sonia / Aide de camp), Irina Roubtsova (Peronskaia), Susanna Poretsky (Maria / Actrice), Nathan Gunn (André), Robert Brubaker (Pierre), Anatoli Kotcherga (Koutouzov), Vassili Gerello (Napoléon), Mikhail Kit (Rostov / Bennigsen), Stefan Margita (Anatole), Konstantine Ploujnikov (Abbé / Platon), Leonid Zimnenko (Bolkonski), Vladimir Matorine (Balaga / Cherbaty / Matveiev)
Francesca Zambello (mise en scène), John Mac Farlane (décors), Nicky Gillibrand (costumes), Dominique Bruguière (lumières)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Gary Bertini (direction)
Enregistré à l’Opéra Bastille en 2000
TDK-Mediactive (2 DVD)
Opéra créé pendant la « Grande guerre patriotique » pour soutenir l’ardeur combative de la population soviétique (à l’instar de la Septième symphonie de Chostakovitch), La Guerre et la Paix n'est pas forcément le meilleur opéra de Prokofiev mais voici assurément une fresque grandiose qui recèle de superbes moments et dans laquelle on se plonge avec plaisir. De la musique raffinée, agrémentée de valses, pour décrire la haute société russe en temps de paix, au déchaînement orchestral ou au ton sombre comme une encre noire pour décrire la guerre, Prokofiev déploie tout son art de compositeur pour porter à la scène le roman de Tolstoï. La Guerre et la Paix est un péplum dans le meilleur sens du terme, parfaitement découpé et réalisé (le cinéaste Eisenstein a participé à l’élaboration du livret), convoquant nombre de personnages (72 !) mais s’organisant clairement autour de quelques figures essentielles, accordant une place déterminante aux figurants et au chœur, et s’ancrant dans un contexte historique précis. Cette production restera comme l’une des grandes réussites de Francesca Zambello qui réalise une mise en scène à la fois imposante et très lisible, très cinématographique par son réalisme et sa continuité dans l’action (aucun baissé de rideau grâce à des changements de décors à vue). Des costumes somptueux ravissent l’œil tandis que les plateaux inclinés de la scène démultiplient les perspectives, les mouvements de foule sont parfaitement réglés… on ne manque pas d’être captivé par la dimension visuelle de cet opéra hors normes. Car cette mégaproduction démontre également le niveau de maîtrise technique et artistique auquel est arrivé l’Opéra National de Paris. La distribution, entièrement russe, est somptueuse, l’orchestre très bon comme toujours, on aurait seulement préféré un chef plus énergique que Gary Bertini, bref. Pour l’avoir vue à Bastille, la plus value du DVD est ici déterminante car il apporte le cadrage, qui permet de focaliser l’action sur cet immense plateau occupé en permanence. Les péplums ont aussi leurs scènes intimistes et l’image nous rend ce que nous perdions dans la salle. Réalisées par François Roussillon, un des grands spécialistes européens de la vidéo de musique classique, la captation et le montage sont remarquables de fluidité et de naturel, de pertinence et de cohérence. Certaines scènes comme l’annonce de la guerre ou l’incendie de Moscou sont particulièrement impressionnantes. Assurée par France Musiques, la prise de son n’appelle évidemment que des éloges. Un « making of » d'une heure dix extrêmement intéressant, de la fabrication des décors aux répétitions, avec une longue interview de Francesca Zambello, complète judicieusement le programme. Premier volume d’une collaboration à long terme entre l’Opéra National de Paris et TDK-Mediactive, La Guerre et la Paix est une incontestable réussite. D’autres DVD sont annoncés (Rusalka, Platée), bravo !
La critique de la production
Philippe Herlin
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