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02/18/2002
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni
Cesare Siepi (Don Giovanni), Otto Edelmann (Leporello), Elisabeth Grümmer (Donna Anna), Lisa Della Casa (Donna Elvira), Anton Dermota (Don Ottavio), Enna Berger (Zerlina), Walter Berry (Masetto), Deszö Ernster (Il Commendator)
Wiener Philharmoniker, Wilhelm Furtwängler (direction)
Clemens Holzmeister (mise en scène)
Deutsche Grammophon 073 019-9, enregistré au Festival de Salzbourg 1954
Pourtant peu intéressé par les innovations technologiques, Wilhelm Furtwängler accepta que les caméras fixent le Don Giovanni qu’il dirigeait lors du festival de Salzbourg de 1954. Lui qui faisait peu d’enregistrements en studio accepta, dans la foulée des représentations, de faire entrer les caméras, les projecteurs et les micros dans la salle à la place du public pour capter cette production mythique. Grand bien lui prit car on possède ainsi un témoignage historique de la première importance ! La performance technique se révèle exceptionnelle, bien sûr le grain de l’image est plus épais, les couleurs sont un peu passées et le son est monophonique, mais le tout s’avère finalement bien peu en retrait par rapport à une captation moderne tant est grande la qualité de réalisation. Les plans larges prédominent, il n’y a pas de gros plans sur les visages, il y a peu de mouvements de caméra, on se rapproche en cela du point de vue du spectateur, ce qui nous change de certaines captations usant et abusant du zoom et du gros plan. On profite bien des décors, qui sont riches et un peu kitsch, mais heureusement les talents d’acteurs de tous, par delà quelques conventions, donnent à l’ensemble une vie incomparable. La distribution vocale regroupe ce qui se faisait de mieux à l’époque : les «petits» rôles comme Zerline et Masetto sont admirablement tenus, on ne perd rien au remplacement d’Elisabeth Schwarzkopf (qui faisait Elvire cet été) par Lisa Della Casa, Grümmer, Dermota et Edelmann confèrent une rare dimension à leurs rôles et Cesare Siepi reste l’un des grands Don Giovanni de l’histoire. Mais c’est la présence de Wilhelm Furtwängler, qui disparaîtra trois mois plus tard, qui fait tout le prix de ce DVD. Sa direction ample, fouillée, qui a le sens de la continuité et de l’architecture troublera certaines oreilles trop exclusivement nourries aux baguettes baroqueuses, mais ravira, emportera tous les mozartiens.
Philippe Herlin
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