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11/28/2019
Clara Haskil. Le mystère de l’interprète
Pascal Cling, Prune Jaillet et Pierre-Olivier François (réalisation)
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21 [*]
Franz Liszt : Deux Etudes de concert: 2. «Gnomenreigen» [**]
Robert Schumann : Kinderszenen, opus 15
Louis-Claude Daquin : Le Coucou
Domenico Scarlatti : Sonates, K. 132 et K. 193
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 7, opus 10 n° 3: 2. Largo e mesto
Clara Haskil (piano), Wiener Symphoniker, Carlo Maria Giulini (direction)
Enregistré à Vevey (date non connue), en public à Vienne (15-18 mars 1960) [*] et date et lieu d’enregistrement non connus [**] – 70’ (DVD, + bonus 50’) et 60’ (CD)
Louise Productions Vevey LPV 001 (distribué par Socadisc) – Format 16/9 – Son Dolby Digital 2.0 – Livret et sous-titres en français, allemand et anglais
 Must de ConcertoNet
Voilà une parution qui va ravir les admirateurs de la pianiste roumaine et suisse Clara Haskil (1895-1960). Sur l’histoire de sa vie existait une très ancienne biographie de Bernard Gavoty, puis un ouvrage plus complet de Jérôme Spycket. Sa discographie est aujourd’hui bien rééditée autant par Universal, qui détient le fonds de studio de Philips et le peu enregistré pour Deutsche Grammophon. Des enregistrements épars d’EMI («Références»), de l’INA, de Cascavelle, Lyrinx, AS Disc, Audite,SWR Music ou Archipel Records ont permis de compléter cette discographie officielle avec des enregistrements plus ou moins pirates de concerts réalisés au cours de sa courte carrière internationale, principalement des concertos de Mozart et Schumann.
Les enregistrements inédits que nous propose le disque de ce coffret édité à Vevey sont des archives de choix. Un Concerto en fa mineur de Chopin (trois existaient déjà dans sa discographie) enregistré dans un son plutôt acceptable avec l’Orchestre symphonique de Vienne dirigé par Carlo Maria Giulini en mars 1960: une interprétation bouleversante par une pianiste en était de grâce dont le mouvement lent est à la fois une leçon de phrasé chopinien et un véritable discours amoureux. Puis des bandes réalisées par Charlie Chaplin sur le piano de son Manoir de Ban à Vevey alors qu’il venait d’acquérir un magnétophone de très bonne qualité, rendues disponibles par la famille Chaplin. Cela permet d’entendre des Scènes d’enfant de Schumann (un peu écourtées) et des curiosités de son répertoire comme Le Coucou de Daquin, deux Sonates de Scarlatti et le Largo e mesto de la Septième Sonate de Beethoven ainsi que des bribes de voix des convives de ce concert improvisé entre les prises, une première absolue, aucun enregistrement de la voix de la pianiste n’étant connu à ce jour. Une Ronde des lutins de Liszt enfin semble être un enregistrement test réalisé pour Columbia à une date inconnue et récupéré dans les archives de la Phonothèque nationale suisse. Un magnifique butin!
Que l’on n’attende pas du DVD des images de Clara Haskil en concert. A ce jour on n’en connaît aucune! Mais à l’aide d’une riche iconographie, de témoignages, d’interviews, le film Clara Haskil. Le Mystère de l’interprète est un captivant itinéraire dans la vie de cette pianiste qui a traversé l’histoire tourmentée de l’Europe du vingtième siècle avec ses deux guerres, échappé aux nazis, survécu à une méchante malformation thoracique et fait tardivement un début de carrière européenne avant de mourir bêtement des suites d’une chute dans la gare de Bruxelles.
Le film aussi a son histoire car lancé, par Pascal Cling (1962-2015), il mit onze ans à voir le jour. Après un énorme travail préparatoire interrompu par le décès du réalisateur, le projet fut repris en main par Prune Jaillet et Pierre-Olivier François. Y interviennent notamment, pour témoigner, commenter ou expliquer, Eugène Chaplin, enfant à l’époque où elle fréquentait ses parents, Marguerite Colombo, amie de la pianiste, les pianistes Christian Zacharias, Michel Dalberto (prix Clara Haskil) et Eliane Reyes, Joëlle Caullier et Alain Lompech pour la musicologie.
Probablement afin de ne pas surcharger le film, certains chapitres ont été traités à part comme des bonus parmi lesquels l’indispensable témoignage de Nikita Magaloff, qui parle aussi de Lipatti et Casals, celui de Jeanne Haskil, sa sœur violoniste, et des interviews de pianistes primés au Concours Haskil (Cédric Pescia, Adam Laloum). Martha Argerich apparaît aussi pour témoigner de sa rencontre avec cette immense artiste à qui cet ensemble, un véritable trésor avec son livret très soigneusement illustré, rend un hommage bien mérité.
Olivier Brunel
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