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08/11/2016
«Ode to Freedom»
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125
Classical Music and Cold War - Musicians in the GDR (*)

Venceslava Hruba-Freiberger (soprano), Doris Stoffel (mezzo-soprano), James Wagner (ténor), Gwynne Howell (basse), GewandhausChor, Georg Christoph Biller, Ekkehard Schreiber (chefs de chœur), Rundfunkchor Leipzig, Gert Frischmuth (chef de chœur), Gewandhausorchester Leipzig, Kurt Masur (direction), Rodney Greenberg, Thomas Zintl (*) (réalisation)
Enregistré en public au Gewandhaus de Leipzig (1991) et réalisé en 2009 (*) – 71’ + 52’ (*)
Arthaus Musik Blu-ray 108122 (ou DVD 101794) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 [documentaire] et 4:3 – Region code 0 – Notice (en anglais) de Barbara Wunderlich – Sous-titres en anglais, français, espagnol et italien





Dans le cadre des célébrations du vingt-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin, Arthaus Musik publie ce Blu-ray qui associe à un concert symbolique un documentaire sur la musique dans l’ex-RDA pendant la Guerre froide.


Le concert ne retient guère l’attention. Non pas qu’il soit mauvais: Kurt Masur, en bon connaisseur du répertoire germanique, conduit l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig de façon convaincante, insufflant aux musiciens une vraie énergie. Dès l’Allegro ma non troppo, le trait est nerveux et, en dépit de quelques effets dynamiques inhabituels (à 10’), rend parfaitement justice à la partition. Les musiciens sont bons sans être exceptionnels, à la notable exception du timbalier, un spectacle à lui tout seul, qui n’est certes pas toujours parfaitement en mesure mais qui use d’une poigne incroyable, notamment dans le deuxième mouvement (dans lequel Masur observe toutes les reprises). L’Adagio molto e cantabile est très bien fait: pourtant pris à une bonne allure, ne souffrant jamais d’un legato excessif, il s’avère de façon assez surprenante plutôt convaincant, contrairement au dernier mouvement, qui ne monte pas en gamme. Si le quatuor de solistes (dominé par l’excellente basse Gwynne Howell, les deux solistes féminines étant en deçà) est seulement honnête, les chœurs s’avèrent décevants, ne prenant jamais l’œuvre à bras-le-corps. Quant à la réalisation de Rodney Greenberg, elle est on ne peut plus académique. L’image, dans des tons grisâtres qui tendent à dater le concert de façon excessive, est parfois approximative mais plutôt dynamique. Quelques plans originaux (les pizzicati à 14’20 ou les mains qui courent sur les cordes à 19’40) ne rachètent pas un concert honnête mais qui, dans la vidéographie de la Neuvième, passe largement au second plan. Celui qui voudra regarder un spectacle en lien avec la chute du mur ira bien entendu vers l’immense concert dirigé par Bernstein le jour de Noël 1989 au Schauspielhaus de Berlin!


La seconde partie de ce Blu-ray est consacrée à un documentaire fort intéressant sur la musique dans l’ex-Allemagne de l’Est. Avec la chute puis la partition de Berlin, la vie musicale a été un véritable enjeu de politique étrangère pour les diverses autorités qui ont vu là un moyen de propagande fort utile. C’est ainsi sous la direction du commandant russe Nikolai Berzarin que la vie culturelle renaît très vite dans Berlin-Est avec des représentations données aussi bien par des orchestres que des chœurs de soldats, le Staatsoper rouvrant dès le 23 août 1945 avec Orphée et Eurydice de Gluck, le Komische Oper rouvrant pour sa part en 1947 en programmant La Chauve-Souris. Le documentaire, enrichi par des témoignages de toute première main (le ténor Peter Schreier, le chef Kurt Masur, le réalisateur Georg Mielke, l’ancien chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt), montre ainsi comment l’Est a redoré le blason des grands compositeurs allemands (à commencer par Bach à Leipzig et à Dresde) pour mieux refuser le dodécaphonisme de l’Ouest, l’Est privilégiant la forme musicale. Alors que la construction du mur crée un traumatisme dans toute l’Allemagne, l’Est continue à faire vivre son activité musicale dans une optique politique clairement affichée: la Staatskapelle de Berlin se développe, la compagnie de disques VEB ne cesse de produire des enregistrements, attirant même à l’occasion les stars de l’Ouest (visiblement, le fait que Karajan ait enregistré Les Maîtres chanteurs avec la Staatskapelle de Dresde dans les années 1970 a eu un impact important), les tournées d’artistes de l’Est étant offertes comme une vitrine du bloc soviétique à l’égard de l’Ouest... Dans le même temps, certains musiciens sont recrutés par la Stasi et les affrontements idéologiques sont patents pour des artistes qui parcourent le monde et reviennent ensuite dans un pays vivant sous une chape de plomb. Le film s’achève sur un symbole magnifique avec la représentation en 1988 de Fidelio où le fait de briser ses chaînes n’avait jamais semblé aussi pressant, ni aussi proche. Il allait tout de même falloir encore attendre un an...


Sébastien Gauthier

 

 

 

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