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04/10/2015
«Easter from King’s»
Gregorio Allegri : Miserere mei (Psaume LI)
Bartholomäus Gesius : Hosianna dem sohne Davids (Matthieu 21.9)
César Franck : Panis angelicus (St Thomas d’Aquin)
William Byrd : Ave verum corpus (Innocent VI)
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem, K. 626: Lacrimosa
Jean IV du Portugal : Crux fidelis (Venantius Fortunatus)
Frederick A. G. Ouseley : O Saviour of the world (Book of Common Prayer)
Claudio Monteverdi : Christi, adoramus te (antienne des Fêtes de la Sainte Croix)
Georg Frederick Händel : Le Messie, HWV 56: Hallelujah (Apocalypse 19.6, 19.16, 11.15)
Ralph Vaughan Williams : Five Mystical Songs: «Let all the world» (George Herbert)
Johann Sebastian Bach : Christ lag in Todesbanden, BWV 625
Cantiques:
William Horsley : There is a green hill far away (poème de C. F. Alexander)
Ride on, ride on in majesty («Winchester New» de William Henry Monk d’après un choral du Musicalischen Hand-Buch, Hambourg, poème de Henry Milman)
Johann Crüger : Ah, Holy Jesu (Johann Hermannn, traduction Robert Bridges)
When I survey the wondrous cross («Rockingham», arrangement Edward Miller, poème d’Isaac Watts)
Were you there? (arrangement James Whitbourn)
This joyful Eastertide («Vruechten» de David’s Psalmen, arrangement Charles Wood, poème de George R. Woodward)
Christ is risen today (Lyra Davidica, 1708)
King’s College Choir, Stephen Cleobury (directeur musical), Tom Etheridge, Douglas Tang (orgue), Pamela Hossick (réalisation)
Enregistré en la chapelle du King’s College, Cambridge (13-15 décembre 2013) – 73’10
BBC DVD KGS0009 – Son: 18 bit 48kHz PCM Stereo, Format: NTSC SD 16.9 – Region code: 0 (mondial) – Pas de sous-titres, textes anglais inclus
Bien qu’il y ait une importante série de concerts organisée au King’s College de Cambridge, il s’agit ici du service religieux de Pâques tel qu’il est donné à la chapelle tous les ans et, depuis 2004, présenté en direct sur BBC 2. Le programme, qui fut par la suite donné à la chapelle pour Pâques 2014, se compose de chœurs, de cantiques et de lectures bibliques et poétiques, l’ensemble des textes suivant chronologiquement la semaine sainte jusqu’à la résurrection. Le choix musical reste très classique, avec des œuvres presque toutes célèbres et les cantiques bien connues des anglophones – l’assemblée est d’ailleurs invitée par trois fois à se joindre aux choristes et à l’orgue, et elle s’exécute avec beaucoup de musicalité et de vigueur. La ferveur religieuse qui découle de la cérémonie est sans doute grande mais c’est l’excellence de la prestation qui en assure le plaisir musical.
Organiste, professeur de musique à King’s College, chef de chœur des BBC Singers jusqu’en 2009, Stephen Cleobury dirige le Chœur de King’s College depuis 1982, assurant jusqu’au répertoire du service quotidien. Sous sa direction, les seize soprani et alti reçoivent une formation des plus fines, tout comme les choristes boursiers, ténors et basses, qui les rejoignent pour former un chœur de trente-trois voix chantant a cappella ou avec accompagnement d’orgue. A l’orgue, deux jeunes organistes boursiers: Tom Etheridge assure la première partie, son toucher léger et discret, mais c’est au généreux toucher affirmé de Douglas Tang qu’échoit l’ampleur requise par la suite. L’interprétation est en général belle, celle du Miserere d’Allegri, légèrement écourté, de haute tenue, la voix du soprano soliste d’une pureté éthérée, sa qualité mélodique s’élevant jusques aux notes les plus aiguës. Leur talent convient parfaitement à la touchante délicatesse du Panis angelicus de Franck comme à l’austère mais émouvant Ave verum corpus de Byrd et à la douce noblesse du Christe de Monteverdi. La sagesse freine les rythmes chaloupés du spiritual Were you there? mais non l’éloquence, et, malgré une certaine distanciation, l’émotion du «Lacrimosa» de Mozart reste intacte et la relative vitesse d’exécution du chœur «Hallelujah» de Händel ajoute à la puissance plus qu’elle n’en enlève, la pureté et l’énergie des jeunes voix tout à fait convaincantes. Le programme ne propose rien d’inattendu. Franck est le seul représentant du XIXe siècle, son Panis angelicus datant de 1872, et Vaughan Williams tout juste celui du XXe, grâce aux Five Mystical Songs terminés en 1911. La brillante partie d’orgue et l’interprétation rayonnante du cinquième chant, l’antienne «Let all the world», viennent en glorieuse conclusion à la prestation, avant le cantique Jesus Christ is risen today chanté par tous, les soprani du chœur de nouveau en merveilleux déchant composé encore une fois par Stephen Cleobury.
A la jeunesse des musiciens s’ajoute la jeunesse des récitants, huit des neuf textes étant confiés à des étudiants en licence et à deux jeunes chercheurs. Les textes extraits des Evangiles selon saint Marc et saint Luc narrent la passion du Christ avec en point d’orgue trois poèmes méditatifs de la Renaissance anglaise (Donne, Herbert et Crashaw) et l’éclat d’allégresse d’Everyone Sang écrit par Siegfried Sassoon en 1918. La voix plus mûre de l’aumônier, Richard Lloyd Morgan transmet avec clarté le poids philosophique du long poème de John Donne, Riding Westward, comme celle du doyen Jeremy Morris la solennité des deux prières.
Le film reste très sobre: gros plans sur les visages d’enfant, plans de détail sur la beauté des hauts vitraux et des voûtes et plans d’ensemble principalement lors de l’unique déplacement des choristes de devant l’autel aux stalles des deux côtés du chœur. L’éclairage vient de la douce lumière des cierges. Le fait que ce soit un service religieux est ainsi respecté avec la discrétion qui convient. Les œuvres sacrées programmées retiennent néanmoins l’attention du mélomane et on ne peut qu’admirer la rigueur et la précision que Stephen Cleobury obtient de ces belles voix jeunes.
Le site du Chœur de King’s College
Le site de Stephen Cleobury
Christine Labroche
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