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02/22/2015
Richard Wagner : Der fliegende Holländer
Bryn Terfel (Der Höllander), Anja Kampe (Senta), Matti Salminen (Daland), Marco Jentzsch (Erik), Liliana Nikiteanu (Mary), Fabio Trümpy (Steuermann), Nelson Egede (Dalands Diener), Statistenverein am Opernhaus Zürich, Chor der Oper Zurich, Jürg Hämmerli (chef de chœur), Philharmonia Zurich, Alain Altinoglu (direction), Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors, costumes), Susana Mendoza (costumes), Franck Evin (lumières), Nele Münchmeyer (réalisation)
Enregistré à l’Opernhaus Zürich (2013) – 139’
DVD Deutsche Grammophon 000440 073 51734 (ou Blu-ray 000440 073 51741) – Son PCM Stereo DTS 5.1 – Format 16/9 – Region code: 0 – Notice en français, anglais et allemand, sous-titres en français, anglais, allemand, espagnol, chinois et coréen
Ce nouveau Vaisseau fantôme de Wagner en vidéo s’imposait-il véritablement? Filmant une production dont ConcertoNet avait rendu compte, en 2012, lors de sa création zurichoise, il transpose l’action «dans les locaux d’une compagnie maritime du XIXe siècle qui cherche à établir des comptoirs le long des côtes africaines», faisant des marins des employés de bureau et des femmes des dactylos. Ces distingués messieurs – en frac, chapeau melon et lunettes rondes – finiront punis de leurs crimes coloniaux par des guerriers africains sortis d’une brousse fantasmagorique et décochant sur eux des flèches empoisonnées (voir le trailer). Cette mise en scène à concept d’Andreas Homoki a sa cohérence – celle d’un univers clos réduit à une grande pièce, rehaussée tantôt d’une immense carte de l’Afrique, tantôt d’une toile de houle marine animée –, lui permettant de faire du Hollandais un revenant. Homoki revendique d’ailleurs s’être inspiré du cinéma muet des années 1920 pour dépeindre cette maison hantée. Mais on ne sent pas suffisamment les embruns pour embarquer à bord de cette expédition, la monotonie du décor unique gagnant vite le (télé)spectateur.
C’est le rôle-titre qui fait le prix du DVD, tant la distribution est dominée par Bryn Terfel, incontestablement un Hollandais d’exception, possédant tant la stature physique que l’épaisseur vocale du personnage. La Senta – pourtant vocalement investie – d’Anja Kampe passe nécessairement au second plan, là où nombre de mises en scène en font le caractère central du livret de Richard Wagner. Si le vétéran Matti Salminen demeure un Daland imposant, le temps a passé sur un organe qui tarde à se chauffer, se perd dans les graves et s’époumone parfois. Ce que ne compensent pas entièrement, à l’écran, une incarnation d’évidence et des duos réussis avec le Hollandais. En Erik, Marco Jentzsch reprend un rôle qu’il investit mieux que dans la – plus intéressante – production de Martin Kusej, trois ans plus tôt à Amsterdam. Outre un Timonier à la voix nette mais petit format (Fabio Trümpy), mentionnons également une Mary de bonne tenue (Liliana Nikiteanu). Enfin, à la tête de la Philharmonie de Zurich, Alain Altinoglu adopte des tempos qui privilégient les contrastes – le point fort de sa direction attentive et en maints aspects captivante – sur l’épaisseur du trait, valorisant le détail sur la puissance du geste, n’évitant pas quelques baisses de rythme.
Gilles d’Heyres
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