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08/29/2013
Benjamin Britten : Peter Grimes, opus 33
John Graham-Hall (Peter Grimes), Susan Gritton (Ellen Orford), Christopher Purves (Balstrode), Felicity Palmer (Auntie), Ida Falk Winland (First Niece), Simona Mihai (Second Niece), Peter Hoare (Bob Boles), Daniel Okulitch (Swallow), Catherine Wyn-Rogers (Mrs. Sedley), Christopher Gillett (Rev. Horace Adams), George Von Bergen (Ned Keene), Orchestra e Coro del Teatro alla Scala, Robin Ticciati (direction), Richard Jones (mise en scène), Patrizia Carmine (réalisation)
Enregistré en public au Teatro alla Scala, Milan (mai 2012) – 154’ (+ documentaire de 14’ en bonus)
Opus Arte OA1103D (ou Blu-ray OABD7119D) – Format : 16/9. Region code : 0 (worldwide) – Notice de présentation en français, anglais et allemand. Sous-titres dans les mêmes langues ainsi qu’en coréen et japonais





Ce nouveau Peter Grimes, filmé en 2012 à Milan, intéresse sans charmer. Il bénéficie pourtant d’une très efficace réalisation vidéo – voulue telle un photoreportage criminel (voir ici) – et d’une équipe musicale méritante.


Malgré l’enthousiasme presque candide qu’il met à diriger Britten et l’éclairage rythmique qu’il apporte à certains passages – ce dont témoigne sa lecture très analytique de la scène dans l’auberge –, le jeune Robin Ticciati ne convainc pas entièrement – trop uniformément motoriste, violent, voire mécanique... manquant cruellement de lyrisme pour faire chanter un orchestre milanais qui ne demande que ça. Tantôt spectateurs, tantôt acteurs du drame, les Chœurs de la Scala sont davantage puissants que fins ou précis (dans les attaques, les conclusions, voire la diction), mais impressionnent par la véhémence de leur engagement. Côté solistes, on relève un Balstrode (Christopher Purves) et un Ned (George Von Bergen) impeccablement distribués, alors que les expérimentées Felicity Palmer et Catherine Wyn-Rogers apportent, à défaut d’une voix parfaitement dominée, une épaisseur dramatique saisissante à Auntie et Mrs. Sedley.


Quoique superbement maîtrisé, le Peter Grimes de John Graham-Hall manque parfois de puissance et d’identité vocales. Il manque surtout de lyrisme pour se rendre attachant, même s’il s’agit pour le ténor britannique de répondre à n’en pas douter à une prescription du metteur en scène. Tout comme lui, l’Ellen de Susan Gritton présente un vibrato et une nasalité du timbre peu avenants, bien qu’elle trouve une certaine grandeur au deuxième acte et une réelle émotion au dernier. L’investissement scénique des deux chanteurs ne suffit pas à les élever au niveau des plus grands titulaires de ces rôles au disque. A l’inverse, ils collent parfaitement avec la mise en scène de l’ordinaire voulue par la production, faisant de Grimes un être assez déshumanisé, presque répugnant (un peu à la façon du Mime de Siegfried).


Richard Jones opte, en effet, pour une lecture d’un réalisme cru (à l’image de ces costumes plus vrais que nature ou du meurtre de l’apprenti, dont le cadavre ensanglanté est traîné sur scène par Grimes à la fin du deuxième acte). Il donne une grande cohérence au livret par le huis clos compact du décor, reposant sur la récurrence d’éléments entêtants (un immeuble sans âme de deux étages qui clôt le paysage, des mouettes figées, de sinistres préfabriqués...). Globalement efficace, le résultat n’est que peu émouvant – notamment le dernier acte, dénué de poésie. Est-ce à cause de la suppression de toute présence voire de toute référence à la mer? Le drame ne se passe ainsi plus au Borough, «petite ville de pêcheurs de la côte Est de l’Angleterre, vers 1830»... mais dans une communauté anglaise du dernier quart du XXe siècle. Le regard du spectateur est, en tout cas, plus d’une fois privé de toute perspective empathique. Une version intéressante mais raide.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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