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05/02/2012 Richard Strauss : Die Liebe der Danae, opus 83 Manuela Uhl (Danae), Mark Delavan (Jupiter), Matthias Klink (Midas), Thomas Blondelle (Merkur), Burkhard Ulrich (Pollux), Hulkar Sabirova (Xanthe), Paul Kaufmann, Clemens Bieber, Nathan De’Schon Myers, Hyung-Wook Lee (Vier Könige), Hila Fahima (Semele), Martina Welschenbach (Europa), Julia Benzinger (Alkmene), Katarina Bradic (Leda)
Chor der Deutschen Oper Berlin, William Spaulding (chef du chœur), Orchester der Deutschen Oper Berlin, Andrew Litton (direction), Kirsten Harms (mise en scène), Bernd Damovsky (décors), Dorothea Katzer (costumes), Manfred Voss (éclairages)
Enregistré en public au Deutsche Oper Berlin (2011) – 177’
Album de deux DVD Arthaus Musik 101 580 ou Blu-ray 108 032 (distribué par Intégral)
Sélectionné par la rédaction
L’Amour de Danaé sortirait-il enfin du purgatoire ? L'avant-dernier opéra de Richard Strauss a connu sa véritable création à titre posthume en 1952 au Festival de Salzbourg. Il y eut bien une répétition générale publique en 1944, également à Salzbourg et sous la direction de Clemens Krauss, mais les événements contraignirent à annuler les représentations. Depuis, les reprises se font rares et cette «mythologie joyeuse» en trois actes peine à percer en dehors d’Allemagne. Le livret de Joseph Gregor, qui a repris un texte de Hugo von Hofmannsthal (mort en 1929) abandonné au profit d’Hélène l’Egyptienne, revisite le mythe de Jupiter, Midas et Danaé en l’enrichissant d’un arrière-plan psychologique assez lourd, ce qui ne facilite pas sa représentation. Dépourvu de ressort, le troisième acte, surtout le duo final entre Jupiter et Danaé, tire un peu en longueur alors que le deuxième acte constitue un formidable moment de musique et de théâtre. D’aucuns pourraient penser que Strauss y fait du Strauss mais, il n’empêche, quelle musique! L’orchestration est opulente, voire, par moments, lourde et calorique à l’image du gros gâteau à la crème que Mercure sert au troisième acte dans cette production du Deutsche Oper de Berlin représentée l’année passée.
La mise en scène très maîtrisée de Kirsten Harms évite les écueils dramaturgiques et s’inscrit dans une scénographie visuellement épatante de Bernd Damovsky – excellente idée que ce piano renversé et suspendu tout le long du spectacle – que viennent renforcer les éclairages de Manfred Voss. Sollicitant beaucoup le chœur, l’œuvre nécessite des voix solistes éprouvées et de dimension wagnérienne : Manuela Uhl marque le rôle-titre de son empreinte, Matthias Klink (Midas) cultive un fort beau timbre, Thomas Blondelle signe une interprétation savoureuse de Mercure tandis que Mark Delavan a la carrure requise pour Jupiter, un rôle en or créé par l’immense Hans Hotter. Sous la direction d’Andrew Litton, l’orchestre n’offre sans doute pas toute la séduction requise mais il se montre concerné, fiable et inspiré.
Comme il s’agit probablement de la seule version de L’Amour de Danaé disponible en DVD, cette publication ne peut être que chaleureusement recommandée. Malgré des sous-titres en français, un texte de présentation trilingue, de remarquables conditions de captation (Myriam Hoyer) et une bonne vingtaine de minutes de bonus (dont des extraits de répétition), quel dommage que les saluts à l’issue de ce grand spectacle aient été coupés.
Sébastien Foucart
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