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09/27/2009
Gaetano Donizetti : L’Elisir d'amore
Heidi Grant Murphy (Adina), Paul Groves (Nemorino), Laurent Naouri (Belcore), Ambrogio Maestri (Dulcamara), Aleksandra Zamojska (Giannetta), Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, Edward Gardner (direction), Laurent Pelly (mise en scène), François Duplat (réalisation)
Enregistré à l’Opéra Bastille (juin 2008) – 133’
BelAir Classiques BAC040 (distribué par Harmonia mundi) – Format : 16/9. Code : 0 (worldwide)





Quand comprendra-t-on que tout n’est pas bon à mettre sur le marché du DVD ? Cet Elixir d’amour - dont la distribution a d’ailleurs changé au cours des reprises - donne raison à ceux qui n’ont cessé de clamer que Gerard Mortier, en matière d’opéra italien, n’était guère un expert. Le filet de voix aussi court qu’acidulé, monochrome sinon achrome, de Heidi Grant Murphy, qu’il nous a tant de fois infligé, transforme la riche fermière Adina en soubrette à l’aigu coincé, à la vocalise savonnée, renvoyant à une ère qu’on croyait révolue. Quelques jolies nuances ici ou là, notamment dans « Prendi, per me sei libero », ne sauraient suffire. Le pire nous est cependant réservé par Laurent Naouri, qui massacre Belcore par ses coups de glotte, son incapacité au legato, son ignorance du bel canto – au premier acte, « Più tempo, o Dio, non perdere » fait peine à entendre et il aboie ses notes dans le finale. Alors qu’il compenserait évidemment ces défauts vocalement rédhibitoires par son aisance scénique, il charge tellement le personnage qu’il en devient grotesque. Avec Paul Groves, heureusement, les choses s’arrangent. Non qu’il constitue un modèle de chant donizettien : il faudrait une voix plus finement colorée et plus ensoleillée, un legato plus raffiné, une émission plus souple – dans le volubile « Obbligato », face à Dulcamara, il manque d’agilité. Mais il se montre, dans son genre, stylé, nuancé surtout, avec un « Una furtiva lagrima » joliment phrasé à défaut d’être vraiment belcantiste. Et il joue à merveille le benêt transi. L’authenticité reste ainsi incarnée par le superbe Dulcamara d’Ambrogio Maestri, madré mais bon enfant, truculent mais pas vulgaire, qui renoue avec la grande tradition du buffa : magnifique timbre là où l’on distribue souvent des chanteurs en fin de course et de voix, fluidité du chant syllabique rapide, élégance d’une ligne jamais sacrifiée aux effets comiques. La classe.


Edward Gardner a beau tenter de trouver un ton et de dépasser le premier degré du buffa, il dirige sans finesse et sans élan un spectacle qui, heureusement, tient le coup grâce à un Laurent Pelly très en verve ici. S’il ne canalise pas Laurent Naouri – peut-être d’ailleurs veut-il Belcore outrageusement macho – le metteur en scène imprime à la représentation un rythme vif, transposant l’action dans l’Italie des années 1950, visiblement inspiré par le cinéma de l’époque : on plonge dans le néoréalisme, avec meules de foin, mobylettes et tracteur. La greffe prend très bien sur la comédie musicale qu’il affectionne particulièrement, à la faveur d’une direction d’acteurs inventive et précise, qui dessine finement, non sans une certaine tendresse complice, les personnages – Nemorino, pour benêt qu’il soit, échappe au ridicule. Bref, il ne tombe pas dans certains travers dont pâtissaient sa Grande-Duchesse de Gérolstein ou sa Fille du régiment.


Cet Elixir, en tout cas, est loin d’être un grand cru musical. Gageons que la reprise prévue pour octobre prochain aura plus de bouquet et sera plus longue en bouche : la distribution concoctée par Nicola Joel paraît à la fois plus adéquate et plus alléchante. Quant aux DVD, il y a beaucoup mieux à déguster sur le marché.


Didier van Moere

 

 

 

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