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09/14/2009
Gaetano Donizetti : Maria Stuarda
Anna Caterina Antonacci (Elisabetta), Mariella Devia (Maria Stuarda), Paola Gardina (Anna Kennedy), Francesco Meli (Roberto), Simone Alberghini (Giorgio Talbot), Piero Terranova (Lord Guglielmo Cecil), Chœur et Orchestre de la Scala de Milan, Antonino Fogliani (direction), Pier Luigi Pizzi (mise en scène), Carlo Tagliabue (réalisation)
Enregistré à Milan en 2008 – 138’ (+ 12’ de bonus)
Arthaus 101 361 (distribué par Intégral) – Format : 16/9. Region code : 0 (worldwide). Notice trilingue.





On aura beau rappeler les mérites de l’ensemble de la partition, Maria Stuarda reste un opéra de femmes : les hommes, même le ténor, ne font que graviter autour des deux rivales. De ce point de vue, cette production scaligère de 2008 ne déçoit pas. Anna Caterina Antonacci, pourtant, s’avère un peu crispée dans son air d’entrée, pas très stable dans l’aigu : on sent plus une présence et un tempérament qu’une affinité profonde avec le style donizettien, alors qu’elle a si bien assimilé l’opéra français ; la cabalette du duo avec Leicester la montrera d’ailleurs d’une grande prudence. Mais le port est royal, là où d’autres, dans la haine, se font harengères. Elle prend ensuite de l’assurance, s’adapte beaucoup mieux à une écriture encore belcantiste, à la fois venimeuse et malheureuse, superbe dans le célèbre affrontement du deuxième acte où on la croirait costumée pour une revue sado-masochiste, avec son chapeau, ses pantalons de cuir et sa cravache : elle tient impeccablement sa ligne, sans déverser des sons poitrinés. Et elle offre un très beau troisième acte, où le phrasé s’assouplit, où la vocalise se libère. Face à elle, Mariella Devia reste aussi une reine, même dans la célèbre invective, mais plus donizettienne – il suffit, par exemple, de les comparer dans les récitatifs - pour le coup, une des plus belle Stuart que l’on puisse rêver. La voix s’est corsée, le médium a pris du corps, sans que l’aigu pâtisse : Lucia, sans quitter l’Ecosse, est devenue Marie. La ligne, dessinée sur un impeccable legato et un souffle maîtrisé, les couleurs, subtilement dosées, l’émotion, toujours à fleur de chant et jamais étalée, la colorature, précise et déliée, tout signale une vraie reine, jusque dans le repentir de la séductrice, gravissant noblement les degrés de sa passion.


Les personnages masculins se hissent aussi haut que leur emploi le leur permet. Francesco Meli ne chante pas Leicester comme du Verdi et conserve une souplesse belcantiste dans ce rôle de favori plus tendre que passionné, faible et malhabile, notamment dans un aigu aisé qu’il plie avec grâce aux nuances de sa cabalette du premier acte. Un peu grises au premier acte, les deux basses se révèlent ensuite, stylistiquement et dramatiquement, qu’il s’agisse du Cecil perfide de Piero Terranova ou du Talbot apaisant de Simone Alberghini – on n’est pas insensible, non plus, au beau mezzo de la Kennedy de Paola Gardina. Souvent traité avec condescendance, Antonino Fogliani témoigne dès le Prélude d’une bonne maîtrise de l’orchestre dans une lecture très scrupuleuse, très sombre aussi, de la partition, qu’il dirige en chef de théâtre connaissant son affaire sans sacrifier la prééminence du chant. Voilà quarante ans que Pier Luigi Pizzi met en scène Maria Stuarda, qu’il situe ici dans un décor métallique, palais pour Elisabeth, prison pour Marie, qui y sera décapitée : belle idée que d’unir ainsi le destin des deux reines. Les chœurs semblent parfois composer des tableaux vivants, au service d’une lecture d’un réalisme à la fois stylisé et assumé – on croirait, pour un peu, que la hache du bourreau va s’abattre sur Marie. Magnifiques costumes, on s’en doute. Belles lumières aussi, d’un évident symbolisme. Le spectacle se réduit à cela : la direction d’acteurs, très traditionnelle, joue sur du velours avec Antonacci, mais ne peut métamorphoser le jeu un peu désuet de Devia, chez qui tout passe d’abord par le chant. Il n’empêche : c’est bien fait et ça fonctionne.


Didier van Moere

 

 

 

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