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03/23/2009 Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 1, opus 21, n° 8, opus 93, et n° 9, opus 125
Gwyneth Jones (soprano), Hanna Schwarz (contralto), René Kollo (ténor), Kurt Moll (basse), Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Norbert Balatsch (chef de chœur), Wiener Philharmoniker, Leonard Bernstein (direction), Humphrey Burton (réalisation)
Enregistré en public à Vienne (6-7 novembre 1978, 11-12 novembre 1978 et 2-3 septembre 1979) – 144’14
DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4497 (distribué par Universal) – Format 4:3 – Region code: 0 – Son PCM/DTS 5.1
Bien connus au disque, les enregistrements beethovéniens de Leonard Bernstein avec la Philharmonie de Vienne sont désormais disponibles en DVD (voir par ailleurs ici): un bonus visuel toujours appréciable, tant la vision du chef américain respirant, et même transpirant, la musique par tous les pores de sa peau demeure revigorante, sa gestique jubilatoire contrastant avec la concentration compassée des musiciens saisie par la réalisation impeccablement académique de Humphrey Burton. Autre bonus, qu’on peut qualifier ainsi, puisqu’elle n’apparaît qu’à la fin des plages de cette publication regroupant la première et les deux dernières symphonies de Beethoven, la brève présentation des œuvres par Bernstein, qui donne clairement le ton de ses interprétations, tandis que la notice (en anglais, allemand et français) les replace dans leur contexte de façon concise mais intéressante.
Pull négligemment jeté sur les épaules, manches nouées autour du cou, exemples musicaux à l’appui, au piano ou en sifflant (faux), clair et concis, Bernstein semble revenir à l’esprit des «Young people’s concerts» des années 1960. Il souligne la modernité de la Première (1800) et s’efforce de réévaluer la Huitième (1812), ce qu’on retrouve parfaitement, dans la salle dorée du Musikverein, avec ce mélange d’opulence sonore et de juvénilité, ce style dramatique et contrasté, auquel les musiciens réagissent au doigt et à l’œil. On attend sans doute de nos jours un tempo plus rapide dans l’Andante cantabile con moto de la Première, mais les deux derniers mouvements ont déjà tout d’une «apothéose de la danse»: une véritable réussite, au regard d’une Huitième qui surprendra par son sérieux et son poids, voire son accentuation très appuyée.
Changement radical de décor pour la Neuvième (1824): en costume-cravate et baguette à la main, Bernstein brosse une immense perspective historico-religieuse, politico-philosophique et idéaliste, éminemment personnelle, mêlant David, Isaïe, Jésus, Aristophane, Schiller et Beethoven: à Berlin, dix ans plus tard, n’allait-il pas substituer, dans l’Ode à la joie finale, «Freiheit» (liberté) à «Freude» (joie), quelques semaines après la chute du Mur? La musique est à l’avenant: à la Staatsoper, les bois et trompettes sont doublés, les cordes et cors (six au lieu de quatre) renforcés. L’Allegro ma non troppo paraît d’emblée beaucoup plus qu’un poco maestoso, monumental portique qui trouve toutefois son équilibre grâce aux formidables incendies que sait allumer Bernstein. On retrouve ici le goût du chef pour l’exagération, avec un Molto vivace volontariste et énergique, un Adagio molto e cantabile parmi les plus lents, mais où l’on entrevoit plus d’une fois le paradis, et un finale grandiose en même temps que porté par une fougue exceptionnelle (fugue, coda).
Simon Corley
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