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02/06/2009
Francis Poulenc : Huit chansons françaises arrangées pour chœur a cappella (n°s 6, 2, 4, 3, 7 et 8)
John McCabe : Scenes in America Deserta
Clément Janequin : La Guerre
Orlando de Lassus : Dessus le marché d’Arras – Toutes les nuitz
Pierre Passereau : Il est bel et bon
John William Hobbs : Philis is my only joy
Traditionnel : The Little Green Lane (arrangement [part-song] S. E. Lovatt) – Greensleeves (arrangement Bob Chilcott) – Blow Away the Morning Dew – Widdicombe Fair (arrangements Gordon Langford) – The Turtle Dove (arrangement Philip Lawson)
Frederick Bridge : The Goslings
Arthur Sullivan : The Long Day Closes

The King’s Singers : David Hurley, Robin Tyson (contre-ténors), Paul Phoenix (ténor), Philip Lawson, Christopher Gabbitas (barytons), Stephen Connolly (basse)
Enregistré en public au Royal Albert Hall, Londres (5 août 2008) – 62’
DVD Signum Vision SIGDVD005 (distribué par Intégral) – Son AC 3.5.1 PCM Stéréo, Dolby Digital 5.1, DTS 5.1 – Format 16/9 — PAL Region 0 (worldwide) – Pas de sous-titres, notice en anglais d’Andrew Stewart






2008 marquait le quatre-cent-cinquantième anniversaire de la disparition de Clément Janequin (1485-1558) et, en invitant les King’s Singers à se produire au cours des Concerts Promenade de Londres l’an dernier, les organisateurs n’avaient qu’une exigence: le programme devait comporter La Guerre, œuvre emblématique du célèbre compositeur de la Renaissance française. Par la même occasion, les King’s Singers célébraient les quarante ans d’existence de leur ensemble vocal, formé en 1968 par six amis choristes, étudiants au King’s College de Cambridge. Le programme devait aussi être le reflet de leurs multiples talents et de l’étendue de leur répertoire.


L’effectif des King’s Singers – deux contre-ténors, un ténor, deux barytons et une basse – est dû au hasard des voix des six amis d’autrefois mais cette formation originale est maintenant le facteur essentiel de leur style et essentiel à la sonorité distinctive du close harmony (les voix ramassées dans un intervalle de dixième au plus, avec une basse) qu’ils pratiquent parallèlement au chant polyphonique et même par cellules au cours de celui-ci. Leur répertoire particulier relève aussi de l’époque de Cambridge, l’art choral du Moyen-Age et de la Renaissance familier grâce à leurs activités de choristes, le chant à quatre pupitres en choral de glees et de part-songs typiquement britanniques et les chansons traditionnelles et populaires (cross-over) relevant de leurs moments de détente. Suivirent des aspirations d’interprétations et de créations contemporaines et commandes furent faites, au cours des années, entre autres à Ligeti, à Berio et à John McCabe à l’honneur ici.


Pour ce concert promenade, dont le DVD rend parfaitement compte, leur sélection, partie de Janequin, se greffe sur l’un des thèmes en filigrane des Proms 2008, le chant traditionnel. En toute logique, on trouve ainsi au programme quatre chants de la Renaissance française, six des Huit Chansons françaises de Francis Poulenc, quatre chansons traditionnelles anglaises, trois part-songs de l’époque victorienne (tout comme les lieux, le Royal Albert Hall) et une œuvre contemporaine de John McCabe, l’ensemble issu de leur répertoire courant.


Parmi les qualités marquantes des King’s Singers, une grande musicalité, une exigence technique sans concession, une diction le plus souvent impeccable, des talents de comédiens, une pointe d’humour de bon aloi et une présence scénique chaleureuse. En chœur, l’individu s’efface devant le son quasi instrumental de l’ensemble; en chant dramatisé les personnalités affleurent, discrètement au service des paroles. Les voix travaillées, au vibrato réduit, parfois un peu sèches, ne cherchent pas l’ampleur mais la précision et, malgré une légère diphtongaison du français, toute la sève des textes jaillit au diapason de la musique, que ce soit la poésie lyrique de Toutes les nuitz ou l’esprit fripon d’Il est bel et bon aux gloussements de «poulaille» ou les rythmes effrénés des onomatopées de La Guerre, de Dessus le marché d’Arras ou de «Clic, clac, dansez sabots». La sélection en anglais s’enracine fermement dans une culture britannique partagée et va crescendo de la douce sentimentalité des chansons victoriennes à quatre voix ou la nostalgie amoureuse de la belle mélodie de Greensleeves (ici en close-harmony avec soliste) jusqu’au désopilant Widdicombe Fair qu’ils interprètent en fin de programme, bride sur le cou.


Les deux tours de force restent peut-être les huit minutes de La Guerre de Janequin et les quinze des Scenes in America Deserta de John McCabe (né en 1939) non seulement pour une maîtrise vocale maintenue sur la durée mais pour la perfection de l’interprétation en profondeur de ces deux œuvres à part. La Guerre est le récit des encouragements préparatoires et de l’attaque savoureusement animée de la bataille de Marignan que les King’s Singers mènent rondement, les paroles cinglantes et l’œil vif. L’œuvre de John McCabe, composée sur des extraits poétiques du livre éponyme de Peter Teyner Bantham, capte la sonorité des mots au-delà de leur sens logique et s’y établit; c’est une tapisserie sonore finement colorée aux climats changeants, aux miroitements instables et aux échos entrelacés, composée à l’intention des spécificités des King’s Singers qui, avec adresse et application, en soulignent le relief verbal, les chuchotements, les angoisses et la beauté étrange.


En bis pour un public de promenaders attentifs, exigeants et en fin de parcours reconnaissants, une merveilleuse interprétation du mélodieux The Long Day Closes, chanson victorienne d’Arthur Sullivan à laquelle les King’s Singers insufflent une belle simplicité de sentiment sans sentimentalité aucune, petit tour de force en soi.


Le DVD propose en plus du concert une brève histoire de l’ensemble vocal, quelques images de moments saillants de son passé et des entretiens avec les choristes, trois par trois, qui ne manquent pas d’intérêt. La notice, après une brève introduction, se concentre principalement sur la présentation des compositeurs et des œuvres. Malgré la diction limpide et engagée des choristes, on peut regretter que les textes chantés ne soient pas reproduits dans le livret.


Le site des King’s Singers


Christine Labroche

 

 

 

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