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01/09/2009
Ludwig van Beethoven: Missa Solemnis, opus 123 (*) – Fantaisie chorale, opus 80 – Les Créatures de Prométhée, opus 43 (extraits)

Edda Moser (soprano), Hannah Schwarz (mezzo-soprano), René Kollo (ténor), Kurt Moll (basse), Homero Francesch (piano), Chorus of Radio Hilversum (*), Wiener Jeunesse-Chor, Koninklijk Concertgebouworkest (*), Wiener Philharmoniker, Leonard Bernstein (direction), Humphrey Burton (réalisation)
Enregistré en public à Amsterdam (26 février-4 mars 1978) et à Vienne (23 octobre-6 novembre 1985 et 11-12 novembre 1978) – 133’
Deutsche Grammophon/Unitel Classica 00440 073 4501 (distribué par Universal) – Son PCM Stereo – Format 4/3 – Région Code 0 – Notice trilingue de David Gutman





Bien que l’œuvre ne soit ni parmi les plus populaires ni parmi les plus faciles d’accès du compositeur, la Missa Solemnis de Ludwig van Beethoven (1770-1827) connaît au moins cinq versions en vidéo : deux sont dirigées par Herbert von Karajan à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin (respectivement disponibles chez Deutsche Grammophon et chez Sony), une troisième par Fabio Luisi avec l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde (à l’occasion de la « réouverture » de la Frauenkirche) et une quatrième est conduite par Michael Gielen à la tête de l’Orchestre symphonique du Südwestfunk. La présente version est dirigée par Leonard Bernstein (1918-1990) à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, reflet de plusieurs concerts donnés entre le 26 février et le 4 mars 1978.


La Missa Solemnis a nécessité plusieurs années de travail à Beethoven puisque, commencée en 1819, elle ne fut achevée qu’en 1823 pour être finalement créée l’année suivante. Nécessitant des effectifs considérables, elle est à la fois une consécration du génie du compositeur et une préfiguration de la Neuvième symphonie qui, à bien des égards, en représente la quintessence (cette dernière étant d’ailleurs composée à la même époque). Au disque, Bernstein a officiellement enregistré cette œuvre à trois reprises, l’une en 1960 avec l’Orchestre symphonique de Londres (chez Sony), couplée à la Fantaisie chorale, l’autre à l’occasion d’un concert donné le 23 septembre 1962 à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York (également disponible chez Sony) et la dernière, toujours en public (concert capté le 3 février 1978), à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam avec les mêmes solistes que dans la présente version (Deutsche Grammophon). On ne s’étonnera donc pas que, du point de vue stylistique et musicologique, la version vidéo soit très proche de cette dernière.


Les premières images donnent la tonalité du concert : faisant suite aux solistes, séparés du chef par l’orchestre, Bernstein descend la célèbre rampe de la salle du Concertgebouw, traverse l’orchestre en donnant au passage quelques accolades aux musiciens et salue un public qui l’accueille immédiatement par des applaudissements chaleureux… A la tête d’un orchestre de grande qualité aux effectifs conséquents (on remarque notamment six cors, trois bassons et un contrebasson, pas moins de huit contrebasses !), Leonard Bernstein instaure d’emblée une atmosphère recueillie mais, contrairement à Karajan dans son extraordinaire interprétation captée en 1978 au Festival de Pâques de Salzbourg (DVD Deutsche Grammophon), exempte de toute solennité ce qui est, on en conviendra aisément, paradoxal pour cette œuvre… Il faut dire que, si on la compare à celle de son aîné autrichien, la direction de Bernstein est autrement spectaculaire : qu’on le voie bondir sur scène, le corps tout entier renversé en arrière, tenant sa baguette à deux mains ou la confiant à sa main gauche, le temps pour la droite d’exprimer avec une plus grande vérité ce qu’il souhaite dire, le visage ruisselant de sueur dès la fin du Kyrie ! Très logiquement, l’exubérance totalement assumée par Lenny véhicule un climat beaucoup moins religieux que ne peut le faire la gestique plus hiératique de Herbert von Karajan.


Les solistes vocaux sont généralement très bons, notamment les voix masculines : mention spéciale à Kurt Moll qui, même s’il est surpassé par José van Dam dans la version dirigée par Karajan, chante avec une grande probité le magnifique « Agnus Dei » (le violon solo de l’orchestre du Concertgebouw faisant, à cette occasion, figure de partenaire de choix). L’œuvre étant néanmoins très exigeante pour le quatuor de solistes, on trouvera quelques baisses de régime (à cet égard, le « Qui tollis » s’avère décevant en raison de voix un peu atones) mais la représentation distille a contrario quelques moments de pure grâce : tel est notamment le cas du l’« Et incarnatus est » qui, accompagné par une flûte aérienne, donne à entendre une totale communion de l’ensemble des interprètes. Si l’on doit comparer cette version aux autres disponibles en vidéo, notamment à celle de Karajan précédemment citée, celle-ci pêche surtout par des chœurs qui manquent d’ampleur (seulement 82 chanteurs), de justesse dans le ton à donner et de puissance dans l’émission : n’est pas le Wiener Singverein qui veut !


La Fantaisie chorale bénéficie également de plusieurs enregistrements vidéo : parmi les plus recommandables, on signalera notamment les versions, toutes deux à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin, dirigées au Schauspielhaus par Claudio Abbado avec Evgeny Kissin en soliste (dans le cadre du concert « Beethoven in Berlin » donné le 31 décembre 1991) et à la Philharmonie par Daniel Barenboim, également au piano (le concert, donné en février 1995, étant couplé avec un magnifique Triple concerto avec Itzhak Perlman et Yo-Yo Ma). La présente représentation nous permet de retrouver Leonard Bernstein à la tête d’un de ses partenaires de prédilection, l’Orchestre philharmonique de Vienne, lors de concerts enregistrés au Musikverein entre les 23 octobre et 6 novembre 1985. Doté de timbres forcément magnifiques, l’orchestre est dirigé avec une certaine nonchalance par un Bernstein qui fait visiblement totalement confiance aux musiciens. L’interprétation est bonne (même si le Presto est abordé avec une certaine pesanteur) mais l’intérêt musical est malheureusement quelque peu éclipsé par le jeu et les attitudes totalement caricaturales du pianiste Homero Francesch… On en restera donc à la version plus convaincante interprétée et dirigée par Barenboim.


Le présent DVD se conclut par quelques extraits du ballet Les créatures de Prométhée dirigés par Bernstein à la tête, là encore, de l’Orchestre philharmonique de Vienne lors de concerts captés les 11 et 12 novembre 1978. Sauf erreur, il s’agit du seul enregistrement vidéo d’extraits de cette œuvre qui, il est vrai, ne figure pas parmi les chefs-d’œuvre de Beethoven. Ce ballet peut être qualifié de musique de circonstance : il s’agit en effet d’un simple divertissement mélodique que Beethoven réutilisera ultérieurement (le thème principal du finale étant notamment reproduit dans le dernier mouvement de la Symphonie « Héroïque »). Bernstein dirige ici, outre l’Ouverture, deux Adagios (qui mettent successivement en valeur la clarinette basse, remplaçant ainsi le cor de basset original, et le hautbois) et le Finale. C’est une belle interprétation qui, sans revêtir de caractère essentiel, permet à l’orchestre de démontrer encore une fois ses légendaires qualités et sonorités.


Au total, un DVD à réserver en priorité aux admirateurs de Leonard Bernstein mais qui, compte tenu de son intérêt musical, ravira tout mélomane qui ne possèderait encore ni Karajan (dans la Missa Solemnis), ni Barenboim (dans la Fantaisie chorale).


Sébastien Gauthier

 

 

 

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