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05/08/2008 Ludwig van Beethoven : Missa solemnis, opus 123 Anna Tomowa-Sintow (soprano), Ruza Baldani (mezzo-Soprano), Eric Tappy (ténor), José Van Dam (baryton-basse), Wiener Singverein, Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan (Direction)
Enregistré en public au Grosses Festpielhaus, Salzbourg lors du Festival de Pâques (1979) – 83’
Deutsche Grammophon 073 4391 (distribué par Universal)
Il semble que Herbert von Karajan et André Gide auraient tous deux exprimé à leur manière leur volonté de ne pas se couper des générations futures. Avec beaucoup d’élégance, l’écrivain français avait exprimé sa crainte que son style écrit devienne anachronique tandis que le chef autrichien peaufinait avec un soin maladif des vidéos montées de façon très maniérée destinées à le mettre en valeur et où, comme l’a montré un récent documentaire sur Arte, certains musiciens jouaient en play-back pour le seul besoin de l’image.
Ce document se distingue cependant d’autres témoignages visuels de Karajan réalisés en studio. Il s’agit d’un concert donné au Festival de Pâques de Salzbourg en 1979, manifestation créée par Karajan pour lui permettre de réaliser des représentations d’opéra répondant à ses exigences et à ses méthodes de travail.
Quel concert cela a-t-il dû être! Dés les premières mesures, le tempo, l’intensité, le ton..., tout est là. La musique avance avec une régularité de pulsation et une longueur de ligne qui sont la marque des très grands beethovéniens. Orchestre, solistes et chœurs sont stupéfiants de maîtrise et de virtuosité. Malgré l’extraordinaire difficulté de l’œuvre, il se dégage une puissance unique sans que soient sacrifiées la concentration et la profondeur du propos. C’est en écoutant ce document que l’on réalise pourquoi nombreux sont ceux qui, tout en reconnaissant à Sir Simon Rattle un talent évident ainsi qu’une réelle ouverture d’esprit, regrettent que le son si particulier de l’Orchestre philharmonique de Berlin soit maintenant abîmé de façon irréversible.
Oubliez donc les plans destinés à mettre en valeur le profil du chef et sa fameuse mèche blanche, il s’agit tout simplement d’une des plus belles Missa solemnis qui soient, signe d’un âge d’or hélas révolu.
Antoine Leboyer
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