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07/30/2007 Gioacchino Rossini : La Cenerentola Antonino Siragusa (Don Ramiro), Marco Vinco (Dandini), Alfonso Antoniozzi (Don Magnifico), Carla di Censo (Clorinde), Paola Gardina (Thisé), Sonia Ganassi (Cenerentola), Simon Orfila (Alidoro), Chœur et Orchestre du Théâtre Carlo Felice de Gênes, Ciro Visco (chef des chœurs), Renato Palumbo (direction ), Paul Curran (mise en scène), Gino Rossi (réalisation)
Enregistré à Gênes en mai 2006 – 169’
TDK DWWW-OPLACEN. Format : 16/9. Region code : worldwide (0) (distribué par Intégral)
Pour situer sa Cenerentola, Paul Curran a choisi l’année 1912, à cause des conflits sociaux qui la marquent. A vrai dire, on en sent peu la trace. De là en tout cas les décors Modern Style, le palace avec ses grooms, souvent à bicyclette, la voiture qui vient chercher Angelina. On sent plus le luxe – nonobstant la cuisine et le balai de l’héroïne – que la pauvreté. Cela dit, les décor sont jolis, les costumes aussi, il y a d’heureux effets – comme ces panneaux qui se lèvent avant le finale de l’opéra. La production, cependant, ne va pas chercher bien loin : on se situe parfois à mi-chemin entre le conte de fée et Feydeau, entre Andersen et le boulevard. Autant dire que le metteur en scène exploite tous les ressorts du comique, jusqu’au bouffe, ne renonçant pas aux clichés, notamment dans la scène d’ébriété de Don Magnifico au premier acte, n’allant pas au-delà de la représentation traditionnelle des types et de leurs ridicules. Quoi qu’il en soit, c’est bien fait, animé, voire mouvementé.
Renato Palumbo, s’il dirige très honnêtement, n’arrive pas à faire pétiller la partition, laissant parfois ici ou là ses musiciens, ce qui suscite un certain ennui dans les finales. Le spectacle souffre aussi d’un continuo paresseux, grave défaut dans ce répertoire. Excellente ailleurs, Sonia Ganassi, avec sa voix trop mûre, ne trouve pas en Angelina le rôle qui lui convient mieux, assez peu crédible en jeune fille laissée pour compte, n’en ayant ni la fraîcheur ni la mélancolie. Les passages virtuoses sentent l’effort – au point de provoquer des grimaces et un strabisme que les gros plans ne nous épargnent guère. Le Don Ramiro d’Antonino Siragusa a la vocalise assez aisée, mais est nasal de timbre, coince un peu ses aigus – bien vilain contre-ut à la fin de l’air du second acte ; les phrasés restent aussi assez sommaires, peu conformes aux exigences de l’élégance belcantiste. Marco Vinco et Alfonso Antoniozzi passent bien leur chemin en Dandini et en Don Magnifico, sans toutefois la subtilité dans la bouffonnerie d’un Paolo Montarsolo hier ou d’un Simone Alaimo aujourd’hui. Tout ce monde – les deux sœurs aussi – n’en devrait pas moins travailler davantage en souplesse le chant syllabique rapide. Si bien que le meilleur de tous est l’Alidoro de Simon Orfila, belle voix demandant à mûrir et à s’assouplir, mais déjà très prometteuse, comme en témoigne le très bel air « La del ciel nell’arcano », souvent sacrifié à cause de sa difficulté, composé pour la basse Moncoda en 1821, où s’affirment une aisance, une autorité dignes d’un philosophe.
Honorable, la production a néanmoins peu de chance de faire date.
Didier van Moere
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