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07/22/2007
Krzysztof Penderecki : Die Teufel von Loudun
Tatiana Troyanos (Jeanne), Cvetka Ahlin (Sœur Claire), Ursula Boese (Sœur Louise), Helga Thieme (Sœur Gabrielle), Andrzej Hiolski (Urbain Grandier), Bernard Ladysz (Père Barré), Horst Wilhelm (Père Mignon), Ernst Wiemann (Père Ambrose), Karl-Heinz Gerdesmann (Jean d’Armagnac), Rolf Mamero (Guillaume de Cerisay), Kurt Marschner (Adam), Heinz Blankenburg (Mannoury), Ingeborg Krüger (Philippe Trincant), Elisabeth Steiner (Ninon), Helmut Melchert (Baron de Laubardemont), William Workman (Prince Henri de Condé), Carl Schultz (Bontemps), Franz-Rudolf Eckhardt (Un huissier), Arnold van Mill (voix d’Asmodée), Chœur de l’Opéra d’Etat de Hambourg, Günther Schmidt-Bohländer (chef des chœurs), Orchestre philharmonique d’Etat de Hambourg, Marek Janowski (direction musicale), Konrad Swinarski (mise en scène), Lidia & Jerzy Skarzynski (décors), Rolf Liebermann (direction artistique), Krzysztof Penderecki (direction artistique générale), Joachim Hess (réalisation)
Enregistré à Hambourg (1969) – 107’46
DVD Arthaus Musik 101 279 (distribué par Intégral) – Notice en anglais, français et allemand


Rolf Liebermann, qui présida aux destinées de l’Opéra de Hambourg entre 1959 et 1972, s’est attaché à ce que certaines de ses productions fassent l’objet de captations vidéo en studio et en play-back. Parmi ces témoignages réédités chez Arthaus Musik, l’ordinaire (de qualité) des grandes maisons germaniques a bien entendu été privilégié: Les Noces de Figaro, La Flûte enchantée, Fidelio, Der Freischütz, Zar und Zimmermann, ...


Mais on y découvre par ailleurs Marek Janowski dans Orphée aux Enfers: hormis cette prestation inattendue, le chef allemand, en poste à Hambourg de 1969 à 1974, dirigea également Les Diables de Loudun (1969) de Penderecki, créés quelques mois plus tôt par Henryk Czyz. Philips publia l’enregistrement sonore et Joachim Hess, réalisateur attitré de Liebermann, filma la mise en scène de Konrad Swinarski et les décors des époux Skarzynski, sous la «direction artistique générale» du compositeur et avec la quasi-totalité des chanteurs qui avaient assuré la première mondiale de l’œuvre.


Dans le répertoire du XVIIIe et du XIXe, la série hambourgeoise porte la marque de son temps – le tournant des années 1960 et 1970 – par ses scénographies datées, sinon périmées: c’est d’autant plus le cas ici – dans une esthétique sombre et austère digne des Rois maudits – que la musique, si elle n’a sans doute rien perdu de son impact, n’en demeure pas moins emblématique d’une époque à la fois aventureuse et intransigeante. Dignes descendants des dérèglements religieux de Sancta Susanna et de L’Ange de feu, ces Diables possèdent la noirceur des Soldats (dont ils reprennent, au troisième acte, le procédé des actions simultanées) et le caractère grinçant de Wozzeck (dont ils retiennent le découpage en scènes très brèves, tandis que le capitaine et le docteur de Berg trouvent leur pendant dans le duo grotesque formé par le pharmacien et le chirurgien).


La qualité assez médiocre de la bande son ne permet hélas pas d’apprécier pleinement une partition qui, à l’égal de la Passion selon saint Luc, marque l’aboutissement de la première manière de Penderecki, d’un expressionnisme saturé de stridences et de clusters. Mais on y retrouve le formidable Andrzej Hiolski, qui fut Jésus dans cette Passion hors norme, d’ailleurs à nouveau dans un rôle christique. Le propos prend toutefois ici une dimension plus politique et contestataire, puissante dénonciation des injustices, des totalitarismes et de la torture, vibrant plaidoyer humaniste. De ce point de vue, le livret (en allemand), adapté par le compositeur à partir d’une pièce de John Whiting elle-même fondée sur un ouvrage d’Aldous Huxley, et la musique forment un tout parfaitement convaincant.


Ces rééditions d’Arthaus, si elles sont accompagnées d’une notice instructive, d’un résumé de l’action et d’une présentation sommaire des principaux artistes, ne comportent en revanche aucun bonus: le manque se fait peut être davantage sentir que pour Mozart ou Beethoven, car on aurait par exemple aimé savoir, près de quarante ans plus tard, quel regard les protagonistes jettent désormais sur cet opéra, à commencer par Penderecki lui-même, qui en a effectué une révision en 2001, présentée l’année suivante à Dresde dans une mise en scène de Harry Kupfer.


Simon Corley

 

 

 

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