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06/30/2007
Giuseppe Verdi : Aida
Nina Stemme (Aida), Luciana d’Intino (Amnéris), Salvatore Licitra (Radamès), Juan Pons (Amonasro), Matti Salminen (Ramfis), Günther Groissböck (le Roi), Miroslav Christoff (Un messager), Christiane Kohl (Une prêtresse), Chœur et Orchestre de l’Opéra de Zurich, Adam Fischer (direction)
Enregistré à l’Opéra de Zurich en mai 2006 – 217’
BelAir BAC 022 (2 DVD). Format : 16/9. Region free (distribué par Harmonia mundi)


Ils sont vraiment beaux, les décors d’Ezio Frigiero et les costumes de Franca Squarciapino, qui nous ramènent à l’Egypte coloniale, plus précisément à l’époque de la création d’Aida. Nicolas Joël a tenu à inscrire sa production dans les représentations d’une époque, refusant délibérément la reconstitution ou l’actualisation. Mais l’écrin, aussi beau soit-il, est vide. Les scènes de foule seraient les plus réussies – on croirait assister, au moment du triomphe, à l’inauguration du canal de Suez. Le metteur en scène assume en effet l’aspect grand opéra exotique avec un certain bonheur – encore que la scène zurichoise reste un peu étroite pour ce genre d’œuvre, et que la chorégraphie de Stefano Giannetti... On ne lui en reprochera pas moins une direction d’acteurs très sommaire, sans tension, qui ne rend guère justice à la dimension intimiste de la partition : tout, dans les regards, dans les jeux de mains, est prévisible et convenu ; certains passages, comme l’arrestation de Radamès, tombent totalement à plat. Seule Nina Stemme, que de grands – et parfois contestables – metteurs en scène ont dirigée, se révèle une authentique tragédienne. L’amant et le père sont aussi raides l’un que l’autre, la rivale a des airs de Mrs Quickly reconvertie dans le mélo. Cela dit, cette modestie devant l’œuvre a le mérite – hautement contestable aux yeux de certains – de la restituer telle qu’elle est. La production, de plus, est très bien filmée, avec des superpositions de plans très heureuses, permettant notamment de voir comment et pourquoi Verdi, dans telle ou telle ou scène, met tel ou tel instrument en saillie.


Ce n’est pas cela qui nous gêne. Lorsqu’on a une distribution d’exception, tout passe très bien. Or rien, ici, ne nous séduit. Nina Stemme, étoile montante du chant wagnérien et straussien – encore que son récent disque EMI la montre beaucoup moins convaincante que dans son Ariane genevoise – n’a guère à voir avec Aida ou avec le chant verdien en général. L’émission manque de souplesse, l’équilibre entre l’articulation et le phrasé ne se fait pas, la voix bouge – « Numi pieta », au premier acte, en souffre beaucoup. Le contre-ut de l’air du Nil met la chanteuse en péril, les aigus d’ailleurs étant souvent pris trop bas. Heureusement, elle s’identifie tellement à son personnage qu’on finit, sans les excuser vraiment, par se montrer indulgent pour tous ces défauts. Sanglé dans sa voix comme dans son uniforme, Salvatore Licitra a beau nous offrir d’heureux diminuendi dans les aigus, notamment à la fin de « Celeste Aida », il a encore fort à faire pour affiner son phrasé, déraidir son émission, éviter de forcer ses notes à partir du haut médium. On le placera néanmoins au-dessus de Luciana d’Intino, plus portée sur les décibels que sur les nuances, fort généreuse en graves vulgairement poitrinés, Amnéris fruste qui, loin d’émouvoir, agace par ses mines outrées dignes du mélodrame – ceux qui trouvaient une Fiorenza Cossoto trop peu subtile se poseront quelques questions. Comme on peut s’y attendre, le solide et sonore - et sexagénaire - Juan Pons a de l’autorité, mais reste un Amonasro très générique. Belles voix de basses enfin, guère attendues dans ce répertoire, avec un Matti Salminen, lui aussi sexagénaire, portant encore beau, et un Günther Groissböck très prometteur. Nos réserves portent tout autant sur la direction d’Adam Fischer, sèchement carrée, là encore bien peu verdienne, qui dirige à la serpe plus qu’à la baguette.


On s’en voudrait en revanche de passer sous silence le documentaire proposé en bonus, qui nous relate « la vraie histoire d’Aida », histoire qui se prolonge encore dans l’Egypte de nos jours, où l’opéra de Verdi est quasiment devenu un opéra national. Aida, au Caire, est toujours vivante.


Didier van Moere

 

 

 

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